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16/04/2015

La Loge de Louxor (Jean Parvulesco)

 

Jean Parvulesco, La confirmation boréale, Jean-Paul Bourre, et l'élu du Serpent Rouge, La Loge de Louxor, pp. 181-183, aux Éditions Alexipharmaque

 

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la récente publication par les éditions parisiennes Les Belles Lettres, du dernier roman de Jean-Paul Bourre, L'élu du Serpent Rouge, est pratiquement passée inaperçu. Alors que, normalement, cela eut dû provoquer des remous tout à fait considérables, singulièrement déstabilisateurs. Car il s'agit là d'un récit à peine chiffré, les évènements dont on y traite s'y retrouvent tels qu'ils s'étaient réellement passés, en continuité seuls les noms des protagonistes y sont, nécessairement, changés, encore que le principal personnage du roman, François Mittérand s'y voit en permanence cité sous sa propre identité et avec ses véritables fonctions. Avant tout, il faudra donc savoir que L'élu du Serpent Rouge n'est pas du tout de la political-fiction, mais un document révélateur, relatant les dessous en profondeur des deux septennats de François Mittérand, des dessous vertigineux qui, bien au-delà de la politique, concernent directement les dimensions occultes de niveau, d'orientation et d'engagement suprahistorique, « surnaturel », qui ont souterrainement constitué l'interrègne du pouvoir présidentiel de l' « homme du rocher de Solutré ».

 

En dernière analyse, L'élu du Serpent Rouge apparaît comme un document d'une importance spirituelle et historique ou plutôt métahistorique – inhabituelle, décisive, et que l'on ne doit surtout pas commettre la périlleuse erreur de ne pas considérer comme tel, « passer à côté ».

 

Jean-Paul Bourre ne craint guère de serrer de fort près les choses, même les plus difficilement envisageables. Ainsi François Mittérand y est-il présenté comme un personnage hautement prédestiné, mystérieusement choisi pour une grande , très grande mission ultérieure, qu'il a finalement – accomplie – ou failli le faire, cela reste à voir à la fin de sa vie, et malgré le terrible empêchement de la maladie qu'il a voulu tenir cachée Jusqu'au dernier moment. Il a toujours voulu contrôler le secret de la spirale héroïque de sa propre vie, dans la perspective du « soi absolu ».

 

« Il a été soutenu, depuis sa sortie du stalag, à l'époque où il était prisonnier, jusqu'au marche du Panthéon. Ce chemin, il ne l'a pas fait tout seul. Nous devons savoir qui est derrière, à qui s'adressait la cérémonie du Panthéon », dira, dans L'élu du Serpent Rouge, « Patrice Villard », nom sous lequel Jean-Paul Bourre dissimule la personne de François de Grossouvre. Et encore sur François Mittérand : « Ce type est un initié, promis à un grand destin. S'il ne blasphème pas, s'il ne se détourne pas de l’œuvre qu'il doit accomplir, pour laquelle il a été choisi. S'il veut garder le pouvoir, il doit continuer le marquage spirituel de Paris, comme l'avait commencé Napoléon Bonaparte, lui aussi membre de la Loge de Louxor. »

 

La Loge de Louxor ? François Mittérand lui-même est légitimé comme appartenant à celle-ci, organisation supérieure paramaçonnique, ultra-secrète, aux buts « suprahistoriques » à la fois très lointains et très proches de l'actualité en cours. De plus en plus puissante, de plus en plus près des véritables centres, des véritables sphères du pouvoirs à travers l'Elysée. Car, désormais, tout dépendait de l'Elysée.

 

Jean-Paul Bourre : « La Loge de Louxor croyait aux pouvoirs occultes "sans distinction de races et de religions". Partout où une connaissance enfouie, oubliée, remontait à la surface, ils étaient là, pour détourner et stocker l'héritage, à d'autres fins, "émancipatrices", disaient les statuts de la Loge. » Et d'une manière plus percutante : « On pourrait résumer les objectifs de la Loge en quelques mots. Déstabiliser la papauté en démontrant les origines égyptiennes du christianisme. »

 

Mais, à l'Elysées dans l'entourage immédiat du président François Mittérand lui-même , deux grandes organisations supérieures d'influence étaient présentes et agissantes. Car il n'y avait pas seulement la Loge de Louxor. Il y avait le Prieuré, le « Prieuré de Sion », et le Prieuré c'était Patrice Villard. « Patrice Villard en personne », dit Jean-Paul Bourre. « Patrice Villard, Grand Maître du Prieuré, qui avait réussi à infiltrer le cercle restreint des amis du Président ». Il avait même été nommé responsable des chasses présidentielles. Cette fonction n'était qu'une couverture, derrière laquelle il jouait le rôle de conseiller occulte, servant d'intermédiaire avec certains milieux activistes. Et encore : « Villard, mais c'est l'un des conseillers du Président, un ancien de l'OAS ? Un type attaché à des idées d'honneur et de patrie, qui avait dérapé dans Le Figaro, il y a quelques années. Si je me souviens bien, il avait vanté la France et le baptême de Clovis, pour le bicentenaire de la Révolution. C'est tout juste s'il n'avait pas traité les révolutionnaires d'hérétiques. » Et plus loin : « Villard avait un bureau dans une des ailes du Château, derrière les appartements présidentiels. Une niche dorée, dans le périmètre du pouvoir monarque. La question revenait, sans qu'il puisse la chasser, ou trouver une réponse. Qu'avait donné Patrice Villard en échange ? Quel était l’intérêt du Président, lorsqu'il invita Patrice Villard dans le cercle de ses intimes ? » Il s'agit là, effectivement, d'une question absolument décisive. De laquelle dépendent bien de choses; si ce n'est tout. Question à laquelle la seule réponse avait été celle du mystérieux assassinat de François de Grossouvre dans son propre bureau de l'Elysée, « derrière les appartements présidentiels ». Or, à cette question, Jean-Paul Bourre n'a pas su apporter de réponse, qui est celle de l'assassinat de François de Grossouvre, devient à sou tour une autre question.

 

De toutes façons, l'assassinat de François de Grossouvre marque un tournant irrécupérable dans la marche finale des évènements ayant eu l'Elysée pour épicentre occulte, dans ces années-là.

 

Mais il ne faut oublier que L'élu du Serpent Rouge reste, fondamentalement, une tentative d'élucidation d'ensemble, et ultime, concernant le destin secret de François Mittérand en relation avec l’Égypte antérieure et ses mystères peut-être encore en action.

 

La mise à mort de François de Grossouvre imposait au Prieuré une mutilation sacrificielle à la fois irrévocable et tendue, dans un même mouvement, vers des inconcevables hauteurs, vers un surpassement mystagogique aux conséquences encore imprévisible. 

 

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10/04/2015

« Leur étoile ne connait pas de déclin » (Léonid Youzéfovitch)

 


 

Léonid Youzéfovitch, Le Baron Ungern - Khan des steppes, « Leur étoile ne connait pas de déclin », pp. 37-38, aux Éditions des Syrtes

 

Voici la généalogie d'Ungern telle qu'il l'expose lui-même à Ossendovski dans une conversation qu'ils eurent au printemps 1921.

 

« La famille des barons von Ungern-Sternberg appartient à une lignée dont les origines remontent à Attila. Du sang hun, germanique et hongrois coule dans les veines de mes ancêtres. Un des Ungern s'est battu aux côtés de Richard Cœur de Lion et fut tué sous les murs de Jérusalem. Même la tragique croisade des enfants ne se fit pas sans nous : Ralph von Ungern y trouva la mort à onze ans. Mon ancêtre direct, le baron Hans von Ungern-Sternberg, faisait partie de l'ordre des chevaliers Porte-Glaive qui apparut au XIIe siècle sur la frontière orientale de Allemagne pour combattre les païens – Slaves, Estes, Lettons, Lituaniens. Deux membres de notre famille tombèrent à la bataille de Grünwald. C'était une race guerrière de chevaliers enclins au mysticisme et à l'ascétisme, et leur vie a engendré un certains nombre de légendes. Heinrich von Ungern-Sternberg, surnommé "la Hache", fut un chevalier errant, vainqueur de tournois en France, en Angleterre, en Allemagne et en Italie. Il périt à Cadix dans un combat contre un adversaire espagnol digne de lui, qui lui fendit le heaume. Le baron Ralph von Ungern était un pirate, une terreur de la mer Baltique. Le baron Pierre von Ungern, chevalier et pirate lui aussi, possédait un château sur l'île de Dago. De ce nid de brigands, il régnait sur tout le commerce maritime des pays baltes. Au début du XVIIIe siècle, un certain Guillaume von Ungern, alchimiste, était bien connu en Europe sous le surnom de "Frère de Satan". Mon grand-père aussi était un bandit des mers : il faisait payer un tribu aux marchands anglais dans l'océan Indien. Les autorités britanniques mirent du temps à le pincer. Lorsqu’ils l'arrêtèrent enfin, ils le livrèrent au gouvernement russe qui l'exila en Transbaïkalie..."

 

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11/03/2015

Retour à l'Inde éternelle (Jean Parvulesco)

 

Jean Parvulesco, Le Retour des Grands Temps, Retour à l'Inde éternelle, pp. 266-268 , aux éditions Guy Trédaniel

 

Les meilleurs esprits occidentaux se sont utilisés à discourir à perte de souffle, depuis le début du siècle, sur l'agonie de la civilisation européenne et de ses valeurs fondamentales en voie de désintégration, et irréversiblement il faut croire. A l'heure présente, la situation est devenue radicalement autre : la civilisation européenne n'est plus en agonie, elle a enfin été admise à rejoindre les ténèbres de la mort. Ainsi se fait-il que la tâche des ceux des nôtres qui, plongés dans la plus parfaite clandestinité ontologique, sont encore en état de se battre ou croient l'être ne sera en aucun cas plus celle d'empêcher qu'une culture tragiquement périclitée ne meure, mais de pourvoir opérativement aux rituels occultes de sa mise en résurrection. L'ombre inapaisée de la dernière civilisation occidentale est ainsi conviée à des retrouvailles suprêmes avec Orphée, dieu de ses origines, dieu du retour de la mort. Mais, tout comme Dionysos, Orphée ne nous vint-il pas, lui aussi, de l'Inde ? Très secrètement, et même très clandestinement, en des temps et par des voies que certains retrouvent aujourd'hui ? Hölderlin, dans ses plus hautes, dans ses plus grandioses hymnologies de la fin l'avait profondément compris. Et Heidegger aussi, dans la mesure ou il avait eu a renoncer à la philosophie, exercice décadent et frappé d’impuissance, porteur de signes singulièrement funestes, pour ne plus se donner, dans les années sommitales de sa vie, qu'à la seule instruction du chant final de la poésie allemande.

 

Pour ceux des nôtres qui détiennent encore les attributions voilées des anciennes confréries héroïques de combattants d'une civilisation s'engouffrant, comme une autre Atlantide, dans les ténèbres océaniques de son auto-anéantissement historique et culturel, le sursaut salvateur de l'Europe et du Grand Continent eurasiatique et le mouvement de leur retour apocalyptique à la vie se doivent de passer par le ressourcement aux souffles revivifiants et noirs de l'Inde actuelle. "Le retour de Kali sera terrible", dit Olivier Germain-Thomas. Inde actuelle derrière laquelle se cache le mystère vivant de l'Inde éternelle ou, si l'on veut, de l'Inde antérieur, mystère aurifère et rouge, mystère de sang et d'ensoleillement ontologique, mystère unique d'une souche de sang unique, d'une souche de sang royale et solaire, mystère original de la Surya-Yamça. En tant que dieu du retour du Grand Continent eurasiatique à l'Inde antérieure, Orphée nous est donc, aujourd'hui, un dieu noir, mais, noir, il ne le sera pas toujours. Aussi, en attendant que le jour revienne, ou que nous-mêmes nous puissions retrouver, en nous, l'ancienne ouverture du jour en nous qui s'est éteinte, nous allons devoir nous résigner à porter les armes endeuillées de l'Orphée noir, dieu du retour nocturne, tragiquement et secrètement funèbre, à l'Inde d'aujourd'hui, telle que l'Inde en est venue à être elle-même aujourd'hui, elle-même apparemment non-épargnée. Orphée, dieu de l'Inde noire, dieu de retour occidental à l'Inde par les chemins des ténèbres ultimes.

 

Or, et aussi déconcertant que cela puisse paraître, aujourd'hui, en France, la seule tentative majeure, opérativement signifiante, du retour à l'Inde, à l'Inde dans son être d'aujourd'hui, se trouve assurée par Olivier Germain-Thomas, et par ce qu'il est tenu, ainsi, de représenter, qu'il le sache déjà lui-même ou pas tout à fait encore. D'où le statut d’exceptionnelle importance qu'il me semble qu'il faille tenter d'imposer à son Retour à Bénarès, confession déchirante et station métasymbolique déjà en place du grand mouvement de reflux qui véhicule aujourd'hui le retour à demi-clandestin des plus avancés des nôtres vers la patrie de leur plus profonde, de leur plus occulte prédestination activiste. Retour ontologique vers une patrie préontologique, pénétration tragiquement subversive des tenants et des aboutissants de nos dernières et plus sombres impermanences crépusculaires vers ces hauts lieux d’identité transcendantale que recouvrent, en nous-mêmes et sur la Frontière Nord du monde et de l'anti-monde, de l'être et du non-être, les neiges himalayennes de notre antériorité la plus immaculée, et sans doute encore la plus virginalement intacte.

 

Olivier Germain-Thomas : Enfin la terrasse. Je regarde le soleil.

 

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