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18/03/2023

Pour une critique positive du Prométhéisme

 

Lettre ouverte à la Droite européenne et conservatrice

 

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Eugène Brunet (1828-1921) Prométhée enchaîné, 1885, huile sur toile, 145 x 208 cm

 


 


 

Ce que nous allons affirmer ci-dessous ouvre quelques réflexions autour du Prométhéisme. Le style affirmatif est notre marque de fabrique mais nous ne prétendons pas détenir la vérité. Ce texte est un interlude à notre essai La grande trahison métapolitique de la Droite que nous diffusons sous forme d'articles quand le temps nous permet d’opérer les corrections et remises-en-forme nécessaires avant publication.

 

Les idées prométhéennes ne rencontrant aucune attention de la part des intellectuels, nous ouvrons la critique mais, contrairement à eux, nous n'avons pas la formation, le temps, les moyens, les réseaux et les accès pour prétendre à davantage qu'une introduction sur le sujet et la proposer à nos contemporains qui se conforment aux nouveaux lieux communs imposés à travers les choix éditoriaux de la Droite européenne et conservatrice.

 

Nous laisserons les prométhéens se présenter eux-mêmes et, pour ce faire, vous renvoyons à la lecture de l'article de Rage culture : Familles de pensées Prométhéennes.



Ce que nous nous contentons de souligner jusqu'à présent c'est que deux visions de la Civilisation en tant que Destin, diamétralement opposées, s'affrontent au cœur de la plus grande Droite et qu'il y a un non-dit concernant cette opposition dans la formation du futur et qui renvoie à deux imaginaires distincts. Rien d'autre. Si l'on veut bien admettre que cette opposition existe et qu'il y a bien un sujet...



L'on pourrait résumer cette opposition à la vision de Guillaume Faye et à celle d'Alexandre Douguine, mais il apparaîtra que les prométhéens outrepassent l'Archéotfuturisme de Faye (compatible à la Métaphysique du chaos de Douguine. Nous y reviendrons dans un autre article à travers une lecture croisée de Guillaume Faye et d'Alexandre Douguine dés que nous le pourrons).



« Le conflit entre les visions de Faye et de Douguine illustre le désaccord plus important entre leurs perspectives sur la signification de la tradition et de l'héritage dans le monde moderne. Alors que Faye croit en la nécessité de préserver l'héritage culturel et historique de l'Europe et considère que les États-Unis se sont éloignés de leur matrice européenne, Douguine rejette entièrement l'idée de la supériorité culturelle de l'Europe et considère les États-Unis comme une menace pour les autres civilisations. Malgré leurs perspectives différentes sur la place de la Russie, Faye et Douguine s'accordent à dire que l'ordre mondial actuel est contrôlé par les valeurs libérales occidentales, qui doivent être remises en question. Faye pense qu'une Europe et une Russie unies sont nécessaires pour combattre cette suprématie, tandis que Douguine soutient un ordre mondial plus fragmenté dans lequel diverses civilisations coexistent pacifiquement. Enfin, leurs perspectives divergentes sur l'implication de la Russie reflètent un différend plus large sur la meilleure approche pour conserver et développer l'héritage culturel et historique de leurs régions.



Une nouvelle vision de l'Europe peut être produite en combinant les concepts de Faye et de Douguine. Tout en acceptant le progrès technologique, cette vision met l'accent sur la préservation de l'héritage culturel et historique de l'Europe. Le concept de Großraum de Carl Schmitt est utilisé pour imaginer l'Europe comme un espace high-tech de grande taille. Dans cette vision, l'Europe serait membre d'un ordre multipolaire, interagissant poliment avec les autres civilisations. La combinaison de l'accent mis par Faye sur la continuité culturelle et du point de vue multipolaire de Douguine permet à l'Europe de conserver son caractère propre tout en favorisant un ordre mondial plus harmonieux et pacifique. La difficulté, cependant, est de concilier ces points de vue apparemment contradictoires. Il est essentiel de résoudre ce dilemme si l'Europe veut jouer un rôle clé dans le façonnement de l'avenir du monde. Au lieu d'être identifiée par son passé colonial ou sa suprématie culturelle, la vision proposée présente l'Europe comme un leader en matière de technologie et d'innovation. » Constantin von Hoffmeister, Guillaume Faye vs Alexander Douguine, Euro-Synergies



La voie prométhéenne qu'empruntent les occidentalistes entraîne la Droite identitaire et européenne dans une « fuite en avant transhumaniste » sans aucun recul critique sur cette orientation qui séduit les jeunes générations identitaires.



Le sujet du transhumanisme, de la mort et de l'immortalité, débloque le sujet de l'être dans toutes ses dimensions et ses multiples états, et il nous semble qu'il y a matière à philosopher sur cette surenchère progressiste.



Ce que nous craignons c'est que ces deux visions civilisationnelles en viennent, à moyen/long terme, à s'affronter de manière de plus en plus « directe » et « violente » par l'intermédiaire de nos groupes métapolitiques, dans une confusion qui sera égale à ce manque de dialogue et cette absence de débat dont sont responsables les intellectuels.



Nous rappelons qu'un conflit fratricide a actuellement lieu en Europe et que, d'une certaine façon, il amorce cet affrontement. C'est parce que nous voulons éviter la montée en puissance et la réplique de ce conflit dans nos propres rangs que nous cherchons à ouvrir un dialogue entre prométhéens et pérennialistes.



Nous autres, eurasistes et traditionalistes, qui défendons le point de vue multipolaire, avons été frappés par l’assassinat de Daria Douguine et nous comprenons à quel point le dialogue est nécessaire pour retrouver un certain équilibre des forces européennes. Car nous pensons que la possibilité pour que des guerres civiles localisées, à travers lesquelles vont s'exprimer toutes sortes d'oppositions, sont de plus en plus envisageables, sinon voulues. Et qu'elles entraîneront les groupes politisés dans des affrontements alors que la fonction métahistorique de nos groupes est de maîtriser ces échauffements prérévolutionnaires.



Nous considérons que les conservateurs sont hors-jeu ; qu'ils sont déjà plus ou moins acquis au mouvement occidentaliste et prométhéen. Ils incarneront demain cette réaction progressiste dans toute sa quintessence, car là est leur destin de libéraux honteux. Que les occidentalistes et prométhéens n'y voient pas une victoire, car ça sera une victoire à la Pyrrhus. Les conservateurs, coutumiers des « étranges défaites », font indirectement la promotion du prométhéisme par le fait de ne porter aucune contradiction aux prométhéens. Et nous cherchons moins à convaincre les conservateurs qu'à rallier à nous les traditionalistes dans notre combat métapolitique contre le transhumanisme et notre critique positive du prométhéisme – car nous distinguons « transhumanisme » et « prométhéisme ». Nos intentions sont claires. Les prométhéens ne sont pas nos ennemis ni même nos adversaires. Ils sont une part de nous-mêmes.



Peut-être est-ce une stratégie métapolitique de la part des conservateurs d'ignorer le mouvement occidentaliste et prométhéen pour mieux le récupérer en temps voulu ? Auquel cas cette stratégie est dans la droite ligne des différentes stratégies d'entrisme qui n'ont jamais fonctionné et ont systématiquement l'effet inverse que celui recherché initialement. Cette stratégie a normalement pour conséquence d'abaisser les standards conservateurs de la Droite et de la soumettre aux causes libérales. C'est la stratégie de l'évitement étendue au domaine du combat métapolitique d'une Droite révolutionnaire-conservatrice qui a peur de son ombre et de ses idées depuis la Défaite. Une histoire que nous connaissons par cœur et qui trébuche aujourd'hui sur la question du prométhéisme. Que les prométhéens ne soient pas dupes de la manœuvre.



Nous parlons ici d'un affrontement « philosophique » mais nous ne connaissons que trop bien la « psychologie des foules » pour ne pas anticiper la possibilité que cette opposition métapolitique, qui reflète une vieille querelle entre les anciens et les modernes, prennent d'autres formes qu’intellectuelles lorsque, tôt ou tard, des événements l'imposeront. Les conservateurs sont un jour complotiste, le lendemain prométhéen. Cette position n'est pas tenable.



Dans cette perspective du « dialogue », et tant qu'il est encore possible, nous sommes radicalement opposés à l'idée de « débat » qui ne ferait qu'envenimer la situation. Nous refuserons donc toute forme et proposition de pseudo-débats sur des sujets qui ne s'y prêtent pas. Imaginer un débat en l'état actuel n'a pas de sens. Quel débat ? Avec qui ? Sur quels sujets ? Pour envisager un quelconque débat il faudrait premièrement admettre qu'il y ait un sujet et deuxièmement que nous parlions la même langue, ce qui n'est pas le cas et qui n'est pas gagné tant que cette opposition n'est pas reconnue par les intellectuels. Le cadre est inexistant. Le débat mérite d'être porté au niveau qu'il convient. Seul l'échange épistolaire est envisageable. Le sujet du prométhéisme n’intéresse pas les intellectuels qui tiennent les lignes éditoriales et décident, en leurs âmes et consciences, ce qui mérite d'être débattu ou non. Pour eux, l'opposition au « gauchisme » est bien trop pratique et confortable que pour sortir du cadre de la réinformation pour toute métapolitique. Le fait qu'ils ne perçoivent pas le sujet du prométhéisme comme analogue à celui du transhumanisme démontre qu'il n'y a plus d’intellectuels à Droite. Et que nous devrons faire sans eux. Nous autres, eurasistes, comprenons mieux que quiconque la faculté des gramscistes de Droite à mettre la lumière sous le boisseau et pour qui le mot « métapolitique » ne veut plus rien dire depuis longtemps.

 

« Cependant, trente ans après le départ du général de Gaulle du pouvoir, que reste-t-il encore de son grand « dessein secret », de son projet impérial européen, de sa vision suprahistorique du Grand Continent Eurasiatique et de la mission transcendantale de la France ? Où en est-elle, aujourd'hui, l’œuvre révolutionnaire, salvatrice, partie pour changer le visage final de l’Histoire actuelle du monde, qu'avait entrepris de mener à bout le « concept absolu » Charles de Gaulle ? Convenons-en : de tout cela, apparemment, il n'en reste plus rien. Tout s'est défait, tout a été dévasté, réduit à néant, jusqu'au souvenir même de ce qui a été dévasté, de ce qui a failli être, et qui n'est plus, à l'heure présente, que mensonge et vile imposture. » Jean Parvulesco, La confirmation boréale, Sur le grand tournant actuel du gaullisme, Le « génie du renouveau », pp. 252-256, aux éditions Alexipharmaque



***



Il est étonnant de constater que les prométhéens, à l'instar des conservateurs, ne comprennent pas la relation dialectique entre le scientifique, le philosophique et le théosophique. Entre Socrate, Aristote et Platon. Entre l'exotérique, l'ésotérique de l'exotérique et l'ésotérique de l'ésotérique. Surtout sur la question ontologique et hautement métaphysique de la Mort.



Ne pas comprendre que ce sont les réflexions métaphysiques, antérieures et supérieures aux réflexions philosophiques et scientifiques périphériques, qui ont permis le développement de la Logique et de la « méthode scientifique », ça n'est rien comprendre au sujet de la Science elle-même. Les sciences procèdent de réflexions philosophiques antérieures qui deviennent scientifiques au fil des observations, des démonstrations et confirmations des intuitions métaphysiques primordiales et philosophiques premières. Les principes métaphysiques, philosophiques et scientifiques se justifient les uns par rapport aux autres dans une relation épistémologique et ne varient que sur le plan de la sémantique dans le cadre d'une spécialisation qui appelle la formation de nouveaux concepts pour s'exprimer – mais qui puise aux mêmes sources étymologique pour construire un mot, un concept, une idée.



Un principe est, par essence, trois principes. Un « principe » est premier précisément quand on peut le qualifier sur les trois plans de la connaissance. La connaissance est connaissance lorsqu'elle exprime une même idée sur les trois plans précités de la métaphysique, de la philosophie et de la science et quand, traditionnellement, elle s'organise sur quatre niveaux de lecture. Ce qui ne peut ultimement se justifier sur le plan symbolique est une fausse connaissance. Autrement dit, une idée qui ne trouve pas sa traduction ésotérique – qui n'a pas de sens intérieur et sacré – n'est pas une « idée ». Cette disposition est un chiffrement, un code de sécurité, une vérification. Tout l’intérêt de la Tradition est d'en apprendre le fonctionnement universel par transmission et initiation par les archétypes, symboles et principes métaphysiques primordiaux présents dans les mythes et textes sacrés qui en sont les véhicules, les supports.

 

Nous ne comprenons pas par quelle médiation intellectuelle et psychologique la question « scientifique » de l'immortalité que pose le transhumanisme est décorrélée des questions « philosophiques » et « métaphysiques » qu'elle soulève en terme de morale et d'éthique par les prométhéens qui réduisent le transhumanisme à sa seule possibilité technoscientifique dans un avenir incertain ?

 

Mais, sans vouloir être désobligeants, nous ne sommes pas convaincus, aux vues de leurs réponses, que les occidentalistes comprendraient le sens de la question que nous introduisons et évoquons ci-dessus.

 

Les prométhéens sont des religieux et des littéralistes qui s'arrêtent au sens exotérique du narratif transhumaniste. Lorsque nous les qualifions de scientistes et de néo-spiritualistes, nous n’exagérons rien. Et c'est ce que nous tenterons de démontrer par nos travaux.

 

Leur Religion est la Science. Leur Tradition le Progrès. Leur Métaphysique la Cybernétique.

 

Qui est leur « Dieu » ?

 

***

 

Est-il « complotiste » d'imaginer que le glissement métapolitique du Complotisme au Zététisme est le fruit d'une ingénierie cybernétique psychosociale qui entraîne volontairement les multitudes anonymes connectées dans une « dissonance cognitive » par injonction contradictoire et double contrainte ?

 

« (…) je pense que toute entreprise humaine, aussi forte et structurée soit-elle, ne pourra jamais prévoir l’accident ultime : l’Ange Gabriel ou bien la Révolution. Tout au plus peut-elle récupérer l’événement lorsqu’il est mineur et le détourner à son profit après qu’il se soit produit (si les mêmes hommes sont encore en place). A mon sens, l’Empire contre lequel il nous faut combattre jusqu’à la dernière goutte d’âme est, certes, localisé en extrême-Occident : mais il ne suffira pas d’anéantir la Californie et l’Etat de New York pour vaincre. De notion purement géopolitique, l’Occident est devenu une force anti-spirituelle qui peut s’imposer sur n’importe quelle partie du globe : le Néant a besoin de matière vivante pour étendre son royaume de mort. » Laurent James, Puritanisme et Complotisme, ces plaies de la modernité, Parousia (2010)

 

Les occidentalistes et prométhéens d'aujourd'hui sont les complotistes et dissidents d'hier. Laurent James, dont nous poursuivons les vues sur la fonction subversive du complotisme, était, à notre connaissance, le premier à exposer cette « fonction » du point de vue pérennialiste dans une perspective révolutionnaire pour sortir de ce piège logocentrique.

 

C'est une nouvelle méthodologie qu'il s'agit de mettre en place pour permettre ce dialogue entre la vision du monde occidentaliste et prométhéenne et la vision du monde eurasiste et pérennialiste aux deux extrémités du camp identitaire et européen et qui expriment les deux grandes orientations européennes. Ces deux visions du monde et grandes orientations sont sans doute irréconciliables mais nous pensons que l'altérité nécessaire entre prométhéens et pérennialistes peut renouveler la « pensée révolutionnaire-conservatrice ». Dans tous les cas, ça n'est pas la « méthode scientifique » qui peut départager des « visions du monde ».

 

***

 

Lorsque nous lisons Nerval, Swedenborg, Corbin, Eliade, Durand, Guénon, entre autres lectures du moment, chaque page nous offre un argument contre l'imaginaire transhumaniste et les prétentions zététiciennes que propagent les occidentalistes, et nous ne pouvons nous empêcher de penser aux assertions prométhéennes qui ne tiennent compte d'aucune réflexion ontologique formulée avant eux.

 

Les grandes questions de l'Immortalité et de l’Éternité, que confondent les prométhéens en un seul et même terme transhumaniste et qu'il faudrait distinguer, aux vues de la Naissance et de la Mort, sont la question du Vivant, de l’Être. Et on ne peut penser l'être – corps/âme/esprit – sur l'unique plan de la « science » telle qu'elle est entendue par les prométhéens en terme unique et exclusif de technique et de possibilités. Nous n'opposons pas « science » et « religion » comme les zététiciens qui n'ont aucune définition de l'Esprit. Les notions d'âme et d'esprit impliquent une réflexion philosophique et théosophique hautement métaphysique d'autant plus quand il est question de « transhumanisme », autrement dit d' « immortalité ». Ou l'on considère que l'être humain n'est qu'un tas de viande modulable et remplaçable, sans âme et sans esprit, qui n'est qu'une intelligence humaine, mais, dans ce cas, il faut clairement s'affirmer « posthumaniste » car nous dépassons ici le cadre de l'athéisme et de l'agnosticisme. Nous préférons d'ailleurs les athées ou agnostiques.

 

Si les prométhéens rejettent le schéma ontologique corps/âme/esprit et toute dimension métaphysique de l'être alors, en effet, nous n'avons rien à nous dire et serons amenés à nous combattre. Mais ce rejet va à l'encontre de toute sacralité cosmogonique et mythologique indo-européenne et nous exigeons des « prométhéens » qu'ils s'assument être des « posthumanistes » à l'état pur et sans vie intérieure, ce qui les exclut de la plus grande Droite, de la « Droite » avec un grand « D », de la Droite de la « Révolution conservatrice », de la « Droite » d'Evola, de Parvulesco, de Venner et de Faye. Car, dans ce cas, quelle différence entre eux et les globalistes sinon qu'ils « en ont plein le cul des arabes » ? Est-ce que « en ont plein le cul des arabes » est-il suffisant pour être « de Droite » ? Là est peut-être la question de fond que nous posent les occidentalistes et les prométhéens, et à laquelle les intellectuels conservateurs refusent de répondre sinon d'envisager qu'il existe bien un sujet !

 

L'éloge de la civilisation européenne ; ou occidentale, impose la critique de l'Occident par les européanistes eux-mêmes, et non pas du « gauchisme » comme abstraction – car les glissements philosophiques qui aboutissent au « gauchisme » sont des glissements métaphysiques du sacré au profane qui sont nés en « Occident ».

 

Les problèmes terminologiques d'Europe ou d'Occident n'ont aucune espèce d'importance et détournent l'attention du débat philosophique de fond qui oppose prométhéisme – comme ixième métamorphose du Libéralisme – et traditionalisme au sujet de l'être et de l'identité.

 

Nous sommes des européens et des occidentaux mais nous ne sommes pas des occidentalistes et des prométhéistes. Sommes-nous moins européens que les occidentalistes ? C'est une question d'orientation et de projection. Notre vision du monde eurasiste et multipolaire est authentiquement européenne et occidentale mais nous opposons « civilisation européenne » et « civilisation occidentale » parce que la « civilisation occidentale » n'existe pas lorsque l'on a une vision continentale et impériale du monde et une vision transcendantale de la géopolitique, et en dehors de la notion de « Saint-Empire » si l'on veut donner à « Occident » un sens véritablement et réellement Européen, en tant que Civilisation.

 

Nous ne confondons pas « Troisième Rome » et « Nouvelle Jérusalem » avec leurs parodies messianistes et millénaristes judéo-protestantes et étasuniennes postmodernes.

 

Quelle « civilisation occidentale » ?

 

Nous serions curieux d'entendre les « conservateurs » et autres « néo-païens » sur cette question. Nous connaissons la chanson. Ils nous parlerons d'une troisième voie européaniste qui n'est ni l'occidentalisme ni l'eurasisme mais cette « troisième voie » n'existe pas. L'Europe n'est pas en position d'affronter simultanément les États-Unis et l'Eurasie. Rien de compliqué à comprendre. Nos groupes métapolitiques européens soutiennent plutôt l'idée d’occidentalisme ou plutôt l'idée d'eurasisme, d'une manière ou d'une autre. Faire semblant de ne pas comprendre cette première proposition s'appelle de la lâcheté. Cette « neutralité axiologique » de petit journaliste est détestable. Autant nous respectons la position occidentaliste, autant nous n'avons plus aucune once de respect pour les pseudo-européanistes qui soit ne comprennent pas les enjeux, soit jouent un drôle de jeu.

 

***

 

Nous nous excusons par avance pour nos éventuelles répétitions et imprécisions mais cette première et nouvelle approche, de la Droite occidentaliste et prométhéenne, impose de créer des « éléments de langage » et d'articuler différentes formulations d'un même problème pour cadrer un sujet sans autre référence que celle que nous proposons. En effet, nous ne connaissons personne d'autre que nous qui travaille sur ce sujet dans nos milieux métapolitiques en citant explicitement le mouvement occidentaliste et prométhéen et en répondant à leurs différentes « créations de contenu » sur la question. Car les occidentalistes et prométhéens ne se cachent pas et si les intellectuels le voulaient ils pourraient leur répondre : ils se connaissent, se côtoient, se tapent sur l'épaule.

 

La question du prométhéisme ouvre un nouveau champ d'étude et nous ne pourrons, dans un premier temps, qu'en dégager les grands thèmes que nous avons identifiés. L'opposition au globalisme implique l'opposition à l'occidentalisme. Il est strictement impossible de parler d'Européanisme sans aborder la question du « prométhéisme » et du « traditionalisme » – ces deux tendances entendues dans leur sens large. Nous ne parlons pas ici spécifiquement du « pérennialisme » comme école de pensée dans laquelle nous nous inscrivons prioritairement car il faut bien nous classer quelque part et nous différencier du conservatisme tel qu'il est entendu aujourd'hui par les européanistes libéraux, néo-païens et autres.

 

Ainsi, nous indiquerons à nos lecteurs par quels auteurs et quels livres le problème du prométhéisme se fait jour, à travers notre blog et autres publications se référant au traditionalisme et à l'eurasisme – qui incarne la forme métapolitique actuelle de la « Révolution conservatrice ».

 

Les prométhéens font parler Nietzsche, Heidegger, Junger, Marinetti ou encore Faye comme on fait tourner les table et toquer les guéridons.

 

Nous nous contenterons, de notre côté et plus humblement – sans fausse modestie –, d'évoquer quelques sources et références conservatrices et traditionalistes sur lesquelles nous nous appuierons pour contester la métaphysique prométhéenne, la réinterprétation mythologique et la relecture philosophique de notre imaginaire européen qu'ils font pour justifier leur vision archéo-progressiste du monde – qui n'est, selon nous, qu'un globalisme « de Droite » – en lui donnant un supplément d'âme « conservateur ».

 

En quelque sorte, la métaphysique cybernétique des prométhéens s'oppose à la métaphysique du chaos exprimée par Alexandre Douguine. Car le problème n'est pas d'opposer Douguine à Faye. Mais bien d'opposer Faye et Douguine au prométhéisme. Le temps nous donnera raison. Car le prométhéisme est en quelque sorte sorti du bois par la critique de l'archéofuturisme de Faye qui n'irait pas assez loin, ce que les conservateurs n'ont pas relevé. Et que nous avons écrit dés la sortie du livre de Romain d'Aspremont dans un article « La tentation prométhéenne ou La métaphysique du grille-pain » ignoré par les conservateurs et prométhéens. Il est toujours pratique et confortable de ne pas répondre. Cet article prévoyait pourtant le glissement prométhéen de la Droite dite « alternative ».

 

Les prométhéens, par des médiations qu'il nous reste à mettre en exergue, font de la cybernétique « le tout de l'existant » de leur métaphysique dans leur formation du futur « archéo-progressiste » et projection dans l'avenir utopique et dystopique transhumaniste.

 

Cependant, nous ne sommes pas totalement en désaccord avec les occidentalistes et prométhéens sur certains de leurs constats et leur critique du conservatisme. Nous le sommes particulièrement sur le sujet du transhumanisme qui, nous pensons, est un sujet fondamental.

 

Le prométhéisme et sa métaphysique cybernétique sont, selon nous, une réelle révolution philosophique au sein du conservatisme. La métaphysique du chaos et le « sujet radical » d'Alexandre Douguine le sont antérieurement et répondent « par anticipation » au prométhéisme que les « eurasistes » ont en quelque sorte prévu. Tout dans l'eurasisme répond à l'occidentalisme. Et nous voyons que les réponses « occidentalistes » qui ont pu être faites à l' « eurasisme » et Alexandre Douguine sont faibles, pour ne pas dire médiocres, tout au plus des biographies sommaires d'Alexandre Douguine et quelques remarques concernant des citations et « traits d'humour » sortis de leur contexte.

 

Les conservateurs européens n'ont, quant à eux, rien à opposer à l'occidentalisme ni à l'eurasisme. L'avenir de l'Europe se joue entre « occidentalisme » et « eurasisme ». Et il y aurait encore beaucoup de choses à écrire sur le fameux « gramscisme de droite » en terme de métapolitique que nous n'avons pas encore dit, c'est là un sujet inépuisable et qui mériterait que d'autres que nous se penchent sur cette question qui comprend celle du « réenchantement des idées politiques » comme fonction métapolitique première. Nous ne parlons pas d'un réenchantement uniquement et exclusivement « culturel » et « esthétique » : nous parlons d'un réenchantement qui rassemble les dernières forces révolutionnaires-conservatrices, que celles-ci soient « prométhéennes » ou « pérennialiste », au sein d'un grand Parti et sous une même bannière métahistorique européenne et impériale.

 

Le temps de la réinformation, des influenceurs et créateurs de contenu, est terminé. Ne pas le pressentir est une erreur métapolitique et une faute politique. Nous sommes à l'heure des manifestes et des doctrines, de la praxis et des « coups de force ». Nous sommes dans les années 30. Les différentes tendances et sensibilités européennes devraient se rencontrer et dialoguer au sein d'un même Parti...

 

***

 

De mémoire et en « temps réel », nous ne connaissons et n'avons jamais observé de mouvement davantage scientiste, new age, complotiste et woke que le mouvement prométhéen qui, dans sa « fuite en avant transhumaniste », exprime un parfait syncrétisme de toutes ces qualités postmodernes et « tendance au systématisme idéologique » rassemblées en réaction, inversion et subversion. Est-ce un mouvement dogmatique que les révolutionnaires-conservateurs européens veulent suivre ?

 

Qu'ils prennent clairement position pour l'occidentalisme et le prométhéisme. Qu'ils aient au moins l'honnêteté intellectuelle de le dire !

 

L'invocation de la Science et du Progrès, censée magiquement nous interdire, ne nous impressionne nullement. Il ne suffit pas de se revendiquer et de s’auto-proclamer des abracadabras de la Raison pour avoir raison. Les « matérialistes » et « rationalistes » de tous poils usent et abusent de cette pirouette rhétorique depuis plus de deux siècles et leur monde marche sur la tête.

 

L'hypnose progressiste ne fonctionne pas sur nous : nous ne confondons pas confort matériel et qualité de vie. Et non, chers camarades prométhéens, nous ne voulons pas devenir immortels dans une dystopie occidentale, nous voulons vieillir et bien mourir : car c'est le but de la vie ! Nous serions curieux de voir la tronche d'un « homme augmenté » de 1000 ans !

 

Que nous nous exprimions mal ou exagérions, nous voulons bien l'admettre et l'entendre, mais nous prétendons ne rien exagérer, nous ne faisons pas ces liens par hasard et si notre pensée est imparfaite, que les idéologues, penseurs, intellectuels et philosophes révolutionnaires et conservateurs de Droite, que les youtubeurs, influenceurs et créateurs de contenu identitaires et européens s'expriment au sujet de l'occidentalisme et du prométhtéisme, mais on ne pourra pas nous reprocher d'essayer de faire un travail qu'ils ne font pas, préférant parler de leur nombrils et recycler leurs constats de faillite à l'infini. La métapolitique du commentaire d'actualité et de l'édition pour l'édition, sans jamais toucher au mouvement réel des idées, est tout sauf de la « métapolitique ».

 

***

 

Contrairement à ce que pourraient penser les « prométhéens », nous sommes des lecteurs de Rage culture et particulièrement des publications de NIMH, mais nous séparons deux facettes de son travail sur la Cybernétique : la théorie et la propagande.

 

Nous ne nous comparons pas à cet auteur dont le niveau d'étude est supérieur au nôtre sur les questions scientifiques, ce qui ne nous empêche pas de comprendre les grandes lignes de ses théories. Nous apprenons de ce qu'il théorise au sujet de l'Information du point de vue scientifique et cybernétique et, sur ce point, nous nous taisons et nous contentons de le lire. Ce que tout à chacun devrait avoir l'humilité de faire sur les sujets qu'il ne maîtrise pas.

 

Notre critique est « métapolitique » et concerne la portée métaphysique de ces réflexions. Aussi, sur l'application et l'opérativité de ces « théories » à nos combats dont nous ne voyons pas où elles veulent en venir dans leur affirmation. Et, dernièrement, sur certains excès philosophiques qui mènent inexorablement à des dérives spirituelles. Pour le dire autrement, ces « théories » sortent de leur domaine et c'est là que nous intervenons car, sur ce point, nous avons la formation pour y prétendre. C'est cet aspect propagandiste prométhéen qui nous dérange : les conclusions que cet auteur retire des nouvelles théories de l'information prométhéenne qui sont une sorte de « vulgarisation » de ce qui se fait dans le monde anglo-saxon. Et nous remercions Rage culture de nous donner accès à ces publications.

 

Cet auteur anonyme à une formation philosophique, et est un métaphysicien à sa manière, il nous permet de penser contre nous-mêmes, les conservateurs et traditionalistes auraient à gagner à lire ses articles. En faisant la part des choses, certes, mais en comprenant que la métaphysique prométhéenne n'est pas dénuée de sens et exprime un niveau de réflexion qui ne peut s'épanouir que dans l'échange. Ce pourquoi nous « prenons la défense » et relayons cet auteur et les articles de Rage culture. Que nous enjoignons nos lecteurs à lire les avants-gardes prométhéennes et à leur répondre. Ou alors, passons nos journées à regarder du contenu crypto-complotiste et pseudo-zététicien vide de sens sur YouTube mais ne nous plaignons pas d'être « la Droite la plus bête du monde ».

 

***

 

D'une manière plus générale et concernant le mouvement prométhéen dans son ensemble nous sommes moins enthousiastes et c'est aussi les avants-gardes prométhéennes que nous essayons d'alerter.

 

Depuis la Théosophie d'Helena Blavatsky, l'Anthroposophie de Rudolf Steiner et la Scientologie de Lafayette Ronald Hubbard, nous n'avons plus vu de « mouvement néo-spiritualiste » articulant un tel mélange de vrai et de faux dans le monde des idées, et auquel une « foule psychologique » se revendiquant « de Droite » donne autant d'importance, car nous affirmons que le prométhéisme mainstream est une néo-spiritualité pour geeks occidentaux en mal d'identité et d'autorité, incapables de retour sur eux-mêmes : de se gouverner, adeptes de « développement personnel » et de « virilisme », qu'il en a tous les traits et les caractères.

 

Nous distinguons les avants-gardes prométhéennes de leurs suiveurs et souscripteurs. Le prométhéisme est, en l'état de sa construction, la nouvelle pseudo-religion du globalisme dans sa version identitaire et autoritaire. D'autant plus paradoxalement subversif que le prométhéisme s'impose comme LA réaction zététicienne au scientisme, au néo-spiritualisme, au complotisme et au wokisme alors qu'il en est la synthèse la plus aboutie. Toute la difficulté à démontrer les filiations idéologiques entre le prométhéisme et ces différents mouvements philosophiques réside précisément dans cette subversion originelle, dont nous ne croyons pas qu'elle est hasardeuse et fruit d'une coïncidence – elle est fruit de son époque et les « prométhéens » s'en rendront compte –, mais cette « subversion zététicienne » de l’invocation de la méthode scientifique et de l'argument évolutionniste d'autorité s’avérera, comme nous le verrons en conclusion, le talon d’Achille de ce mouvement et ses espérances prométhéennes. Il y a une certaine naïveté de la part des prométhéens dans leurs prétentions à influer sur le mouvement transhumaniste globale dont ils contestent certaines vues égalitaristes sans percevoir sa part ténébreuse, occulte.

 

« Le drame qui est commun à toutes les « religions du Livre », ou mieux dit, à la communauté que le Qorân désigne comme Ahl al-Kîtab, la communauté du Livre, et qui englobe les trois grands rameaux de la tradition abrahamique (judaïsme, christianisme, Islam), peut être désigné comme le drame de la « Parole perdue ». Et cela, parce que tout le sens de leur vie est axé sur le phénomène du Livre saint révélé, sur le sens vrai de ce Livre. Si le sens vrai de ce Livre est le sens intérieur, caché sous l'apparence littérale, dés l'instant que les hommes méconnaissent ou refusent ce sens intérieur, dés cet instant ils mutilent l'intégralité du Verbe, du Logos, et commence le drame de la « Parole Perdue ».

 

Ce drame se manifeste sous bien des formes : en philosophie, c'est le nominalisme, avec tous les aspects de l’agnosticisme. En théologie, c'est le littéralisme, tantôt celui des pieux agnostiques, craintifs devant tout ce qui est philosophie ou gnose, tantôt celui d'une théologie s'efforçant de rivaliser avec les ambitions de la sociologie, et qui est tout simplement une théologie ayant perdu son Logos, une théologie agnostique. On pressentira que la tâche de recouvrer la Parole ou le Verbe perdu déborde les moyens de la linguistique à la mode de nos jours. Il ne s'agit pas non plus d'un « progrès de langage », mais de retrouver l'accès au sens intérieur du Verbe, à ce sens ésotérique qui éveille crainte et dédain chez les exégètes « à ras du sol ». » Henry Corbin, L'Homme et son Ange – Initiation et chevalerie spirituelle, 2 L'initiation ismaélienne ou l'ésotérisme et le Verbe, I. La parole perdue, pp.81-88, Fayard

 

 

Par les extraits du livre d'Henry Corbin – L'Homme et son Angeet ceux du livre de René Guénon – Le Règne de la Quantité – qui suivront à titre d’exemplaires d'une recherche approfondie que nous avons commencé il y a maintenant plus d'un an (et dont il est difficile d'extraire la substantifique moelle pour exprimer ce que nous avons découvert de subversion), nous cherchons à interpeller une première fois les prométhéens sur le fait que, dans toutes traditions sacrées et humaines, dans tout processus initiatique et de réalisation individuelle (que le « développement personnel » a réduit à une bien pauvre expression) et ce depuis la nuit des temps, n'en déplaise à Thomas Ferrier, il est explicitement signifié que l'Homme est relié à un archétype primordial, un Ange, particulier et personnel dans une certaine mesure, on pourrait dire une dimension supérieure de lui-même et qui le précède. Ce double métaphysique – nous le disons avec nos mots – intervient ici et immédiatement dans notre questionnement sur le transhumanisme où ce conceptqui rejoint celui du « sujet radical » – n'a aucune existence.

 

Toutes les religions, spiritualités et traditions, absolument toutes, évoquent pourtant cet archétype métaphysique de l'être corps/âme/esprit qui s'incarne dans le monde solidifié de la matière et qu'on ne peut limiter à son enveloppe charnelle, à son code génétique. Ce qui remet en question toutes les constructions transhumanistes et prométhéennes qui prétendent outrepasser le Moi génétique et le Soi angélique par des manipulations technoscientifiques, bio-mécaniques et bio-chimiques. (Nous noterons d'ailleurs que l'endocrinologie est l'angle mort des transhumanistes et qu'ils ne parlent pas de ce qu'il faudrait nous injecter de produits chimiques pour permettre l'augmentation. Ce que pourrait provoquer, par exemple, en terme de rejet et de dérèglement hormonal, l'implantation de circuits électroniques dans le corps humains dont tout le monde sait son « allergie » au corps étranger et son « rejet » des greffes. Nous ne sommes pas docteurs en médecine ; eux non plus, mais prétendre pouvoir prévoir toutes les réactions particulières que peut entraîner une telle transformation sur les individus, qui réagiront tous différemment aux implants, nous semble relever d'une certaine inconscience et folie car cela revient à prétendre dépasser toutes les limites et percer tous les secrets, tous les mystères des interactions entre le visible et l’invisible. Pourtant, les prométhéens reconnaissent cette part d'invisible et de mystères si nous voulons bien les lire. Nous pensons qu'il existe des « barrières épigénétiques » au même titre qu'il existe des « barrières historiques » et que l'on ne pourra jamais entièrement les « dépasser ». Ce qui nous permet de nous poser des questions quant aux prétentions transhumanistes. En réalité, la solution transhumaniste sera celle de notre remplacement par des robots, qui sera sans doute provoqué par de « mauvaises manipulations » et l'impossibilité de revenir en arrière.)

 

Les techno-prêtres du transhumanisme ignorent, ou feignent ignorer, cette interaction supérieure et divine de l'Homme à son Ange signifiée dans toutes les propositions ontologiques et métaphysiques sur nos différentes « dimensions » et multiples « états » – qui ne sont pas des allégories et des métaphores – et qui, de facto, remet en question l'opération technoscientifique transhumaniste qui prétend rompre tous les liens entre l'Homme et son Ange par des moyens laboratoires sans impliquer aucune notion de transmutation alchimique autre qu'un bidouillage technique, génétique, mécanique et chimique dont la « science » seule ne saurait résoudre la complexité de cette équation de l'être en ce qu'il est corps, âme et esprit.

 

« Ceux qui ont recours à Moi comme refuge, ceux qui se tournent vers Moi dans leur effort spirituel vers la délivrance de la vieillesse et de la mort, ceux-là en viennent à connaître ce Brahman et toute la plénitude de la nature spirituelle et l’intégralité du karma. » Bhagavad-Gîtâ, chap. 7

 

Sans trop nous étendre sur le sujet, nous considérons que l'immortalité technoscientifique est une parodie de l'Immortalité métaphysique que l'on atteint par des voies spirituelles et initiatiques, qui est « symbolique » et qui n'a jamais été rien d'autre. La « Quête du Graal » en quelque sorte... Le « mourir à soi-même » et la « seconde naissance » présents dans toutes les initiations sacrées vers une réalisation spirituelle individuelle supérieure de l'être à la « rencontre de son Créateur... Le glissement de l'entendement sacré traditionnel et l'entendement profane postmoderne de cette Quête est suggéré par divers auteurs pour d'autres cas et il nous reste à le remettre dans le contexte métapolitique de la Droite révolutionnaire et conservatrice par rapport au prométhéisme pour montrer qu'il existe bien un sujet ; ce qui serait déjà une grande avancée.

 

Nous ne vivons plus dans un monde traditionnel : nous sommes tous des postmodernes. C'est entendu. Nous vivons dans le monde postmoderne des pseudo-religions, des parodies et des subversions, et le prométhéisme n'en est qu'une ixième expression ; une expression du postlibéralisme. Sous ses grands airs révolutionnaires et vitalistes, le prométhéisme est une idéologie profondément réactionnaire et mortifère, anti-traditionnelle. Les prométhéens sont les grands défenseurs du technocapital et du posthumanisme, et on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre !

 

On ne peut en effet comprendre les mots sacré et sacrifice sans reconnaître l'Immortalité spirituelle et la figure de l'Androgyne primordial – que parodie également l'idée d' « Homme augmenté » dont il est clairement énoncé par les transhumanistes officiels qu'il est transgenre et que le transhumanisme lutte contre les discriminations. Mais les « prométhéens » ne lisent visiblement pas leurs confrères posthumanistes ou pensent pouvoir influencer ce mouvement et réécrire une histoire écrite d'avance.

 

De la même manière, les transhumanistes ne pourront nier que l'immortalité et l'androgynie qu'ils cherchent à atteindre par des moyens techno-scientifiques est probablement une parodie de l'initiation spirituelle et de la figure ontologique dont nous parlons, desquelles ils n'ont pu que s' « inspirer ». Cet aspect parodique du transhumanisme est pour nous de l'ordre de l'évidence. Nous comprenons que ça ne le soit pas pour tout le monde qui n'ait jamais rien lu au sujet du symbolisme, mais que l'on nous accorde que c'est une piste de réflexion intéressante, que l'analogie est troublante, surtout lorsque l'on connaît toutes les singeries new age des spéculateurs à partir de la Tradition ou des traditions... Il n'y a pas de « grand complot » ni de « méthode scientifique » pour l'expliquer, nous parlons ici d'idées, de concepts philosophiques et métaphysiques, toute la réflexion conservatrice et traditionaliste sur la postmodernité mène à cette première conclusion. Il suffit d'appliquer la lecture conservatrice et traditionnelle au sujet du transhumanisme et du prométhéisme pour y voir une certaine parodie spiritualiste et subversion métapolitique. Cela doit provenir d'une réflexion personnelle sur le sujet : faites ce travail de réflexion et dites-nous si notre comparaison est partiellement ou entièrement fausse, qu'il n'y a aucun lien entre les deux, nous ne pouvons pas le faire à votre place. Mais il n'y a pas de « grand modèle » autre que celui de la « Tradition » qui puisse engager sur cette voie comparative. Les archétypes, symboles et principes métaphysiques premiers permettent, par une méthode comparative, de découvrir les parodies et subversions de traditions, du sacré, réduits à des expressions profanes, occultes.

 

Ce que vendent les prométhéens c'est d'être initié et d'atteindre à la plus haute réalisation et distinction spirituelle, de « mort à soi-même » et du « retour à l'Unité », sans devoir faire le moindre effort, en se branchant à un système informatique, en s'implantant une puce électronique, en modifiant son ADN et cela est très séduisant. Voilà où mène le « développement personnel » poussé à son paroxysme : au suicide occidental. On pourrait parler de transsubstantiation du corps humain en corps cybernétique éthérique par opération technoscientifique, en réalité sa disparition car la conclusion prométhéenne commune est souvent celle de la nécessité de notre grand-remplacement par des robots, plus à même à conquérir l'Espace que ne l'est l'être humain fait de chair et de sang, dont les turpitudes de l'âme et de l'esprit le rende imparfait. Ils pensent sans doute qu'il vaut mieux être un « singe savant » qu'un « ange déchu » et que, dans cette perspective évolutionniste, n'étant que des singes intelligents, les hommes, ces êtres « humains trop humain », ne peuvent que céder leur place à leur propre création pour « être comme des dieux ». Nous développerons cette idée ailleurs mais il est à penser qu'une « volonté extra-humaine » commande à la « volonté posthumaniste ». Quelques « résidus psychiques » dans la machinerie informatique prophétisent peut-être déjà l'avènement de l'Intelligence Artificielle singulière et consciente d'elle-même aux multitudes anonymes connectées à travers l'ingénierie cybernétique psychosociale transhumanistes et prométhéennes véhiculée par les posthumanistes par le biais d'Internet et la superposition infernale des écrans ?...

 

Il faut bien comprendre que les posthumanistes ont une croyance « occulte » particulière, totalement scientiste et new age, qui veut que nous vivons dans une « simulation » et sommes nous-mêmes les créations de « machines » ou d' « intelligences supérieures » – c'est très à la mode pour le moment –, que nous aurions, en quelque sorte, nous-mêmes créé dans le « passé ». Nous reparlerons, par exemple (et très bientôt), de la « théorie des anciens astronautes » pour démontrer que les « transhumanistes », dont Musk et Harari sont les prophètes, sont à l'avant-garde d'une forme avancée de complotisme des plus délirants et qu'ils valident directement ou indirectement ce genre de théories en les reformulant et leur donnant des lettres scientifiques de noblesse. Cela va prendre un certain temps, mais lorsque nous en aurons fini avec eux, car nous n'en sommes qu'au début, les zététiciens, qui se moquent des complotistes avec ce petit ton sarcastiques détestable, seront devant le fait accomplit de leurs filiations scientistes et new age. Nous l'affirmons d'autant plus tranquillement que ce travail, nous l'avons fait, nous reste à le formuler, à donner toutes les sources et références à ces arrogants que la Science va d'elle-même expurger. L'époque que nous vivons est formidable. La zététique et le transhumanisme sont le plus diabolique canular de l'Histoire. Nous pensons que les « prométhéens » peuvent s'en extraire et revenir au « pérennialisme ». Mais ce sont bien les forces de la Subversion qui sont derrière ce « narratif zététicien ». Complotistes, woke et prométhéens sont les « idiots utiles » du globalisme et de la « grande religion new age » contre la Tradition.

 

« Ce que Muray appelle l’« occulto-socialisme », c’est une solidarité ontologique entre deux tendances qui traversent le xixe siècle : d’une part le mouvement démocratique, progressiste et humanitaire à travers des figures littéraires telles que Victor Hugo ; d’autre part, l’espèce d’agitation néoreligieuse consécutive au vacillement de l’Église. Cette agitation, que Muray décide d’appeler « occultisme », va bien au-delà des petites pratiques telles que la nécromancie et les tables tournantes. Il s’agit de toutes les formes de panthéisme et de lectures religieuses du monde, antichrétiennes, néochrétiennes ou néopaïennes – conscientes ou non –, tantôt explicitement articulées à un projet politique, tantôt de manière latente. Muray observe comment deux individus a priori complètement différents, l’un incarnant l’« Oc », l’autre le « Soc », se retrouvent, ou alors comment, chez un même individu ces deux éléments s’articulent, en se succédant ou en se mélangeant. » Daoud Boughezala, Péguy, Muray: les antimodernes sont d’actualité, Causeur

 

Les transhumanistes, dans la pure tradition de l'occulto-socialisme – mais sans doute nous déniera-t-on le lien que nous faisons entre l'Homme augmenté transhumaniste et l'Homme nouveau socialiste –, se posent la grande question métaphysique de la Mort mais, paradoxalement, ils ne se confrontent et ne font jamais référence aux textes traditionnels et sacrés qui abordent cette question hautement philosophique et métaphysique, et pour cause. Lorsque, à de rares exceptions prométhéennes (et typiquement françaises ; les considérations prométhéennes et justifications pseudo-mythologiques n'ont pas cours dans le monde anglo-saxon et son approche purement matérialiste et rationaliste qui n'en est pas moins scientiste et new age), ces « nouveaux cathares » prétendent à une réinterprétation du mythe pour justifier leurs visions transhumanistes, pour donner un supplément d'âme à ces visions évolutionnistes et progressistes, c'est sans prendre en compte le fait, incontestable, que les mythes s'inscrivent dans un cadre traditionnel qui repose sur des archétypes, symboles et principes métaphysiques primordiaux, que les sciences profanes ignorent ou contestent grossièrement. Il faut donc choisir entre Progrès et Tradition et ne pas confondre innovations technoscientifiques et Progrès. Revenir à la Tradition. La vision cyclique du Temps implique nécessairement une vision « involutionniste ». C'est-à-dire l'inverse de la vision progressiste et évolutionniste qui veut que nous allons toujours vers un mieux et davantage d'efficacité du système technocapitaliste et du libéralisme triomphant...

 

Il y a deux manières d'envisager les choses que nous allons essayer de synthétiser : soit on considère que seul existe le cosmos physique de la matière manifestée et solidifiée, soit on considère qu'il « préexiste » une condition extra-cosmique métaphysique et non-manifestée à l'origine de la Création cosmogonique, cosmique et cosmologique de l’univers, de l'être et de l'étant, de l'existence et du vivant. Et, dans le deuxième cas, l'on comprend que l'Immortalité est une voie initiatique et spirituelle qui ne renvoie nullement à une opération technoscientifique et matérielle qui violerait tous les principes métaphysiques premiers, toutes les lois physiques et métaphysiques qui régissent et structurent l'Univers que l'on retrouve à l'intérieure de l'être lui-même. Dans le meilleur des cas, il faudrait accompagner l'augmentation matérielle de la réalisation spirituelle, que les deux s'opèrent simultanément.

 

Autrement dit, les textes sacrés ont « par avance » répondu à ces questions métaphysiques sur la mort et l'immortalité, l'entropie et l'information, depuis des temps immémoriaux, à travers les mythes et autres constructions poétiques, mais les transhumanistes réinventent tout un langage, que nous nous garderons bien de qualifier de scientifique, pour soigneusement éviter cette approche métaphysique traditionnelle et sacrée afin de vendre leur approche parodique et cybernétique de l' « intelligence artificielle » et de l' « homme augmenté ».

 

Pourquoi ?

 

Nous n'en avons aucune espèce d'idée et cela regarde leur conscience. Il suffit d'aller aux textes pour comprendre de quelle subversion la parodie transhumaniste est le nom. Mais il n'y a visiblement plus de philosophes et d’intellectuels « à Droite ». Nous essayerons donc de faire ce travail. Et nous combattrons ce qui doit être combattu. Entendons-nous bien : nous ne sommes pas technophobes. Ce sont les prométhéens qui refusent toute sagesse traditionnelle, toute morale et éthique, toute critique positive et opérative de la Technique, toute idée d'ésotérisme et de métaphysique, toute idée de « Tradition ». La « Tradition » c'est ce qui ne passe pas, qui se base sur le mythe, le rite et le rêve sur les états multiples de l'imaginaire exprimés par la « théorie des trois mondes ». Les occidentalistes et prométhéens qui se gargarisent de « civilisation européenne », refusent, de fait, la trifonctionalité indo-européenne, l'Ordre et la Hiérarchie, la supériorité du spirituel et de la caste sacerdotale sur le temporel et les castes inférieures et profanes.

 

Les grecs, qui possédaient la sagesse du « juste milieu », et nous ont prévenus des dangers de l'hybris, notamment à travers le mythe de Prométhée, seraient, nous n'en doutons pas, d'accord avec nous pour dire que l'Esprit existe et qu'il est antérieur et supérieur à la « matière », que l'idée de « métaphysique » est sacrée et implique l'ésotérique : c'est-à-dire que la lecture exotérique et littéraliste des mythes est une lecture primaire, et grossière, des textes, et de ce qu'ils peuvent exprimer en terme de mise en garde. Les genèses de la création et de l'origine de l'être sont au centre des traditions, la raison même du mythe, du rite et du rêve en ce qu'elles nous renvoient au sens de la vie dont la naissance et la mort font partie, ne peuvent être remises en question car elles sont l'expression du Cycle lui-même. L'instant de la naissance et de la mort créent la dynamique du temps de la vie, de l'éternel présent. Ne parle-t-on pas du « cycle de la vie » ?

 

La subversion étant entendue et défendue par les avants-gardes transhumanistes elles-mêmes, qui admettent et affirment que la finalité du transhumanisme est le posthumanisme : c'est-à-dire l'éclatement de l' « intelligence humaine » dans le réseau informatique et/ou dans une simulation où il ne connaîtra ni la souffrance ni la mort, où il sera privé de son corps de chair et de grâce pour son bien-être, son « esprit » enfermé/interné dans un programme informatique pour l'éternité mais il sera « biologiquement » mort, son remplacement par les machines et, à terme, sa disparition intégrale même par cette logique de l'efficacité où il sera inutile pour les machines intelligentes, conscientes d'elles-mêmes et capables de se répliquer, de dépenser de l'énergie et de l'information pour amuser ou torturer l'Homme-pixelisé. Des machines qui ne seront jamais complètes sans l'abstraction et la subtilité humaine pour les « améliorer » : l'échec même de ce « sacrifice artificielle » est prévisible. Dans tous les cas son obsolescence organique programmée dans la droite ligne philosophique de ce qu'il convient d'appeler « suicide occidental » est bien une perspective transhumaniste exprimée par les transhumanistes eux-mêmes qui ont une haine pour le corps, une « haine » exprimée par leurs avants-gardes, pour l'homme comme « création divine » qu’ils estiment « imparfait ». Le transhumanisme s'avère être une phase de transition entre la postmodernité et la posthumanité. Le woke et le prométhéen, mariés devant l'autel du Progrès, sont main dans la main vers ce suicide aux allures de libertés et de vitalisme.

 

« Le vrai danger est de devenir obsolète. Pourquoi il faut être transhumaniste alors que cela pourrait potentiellement conduire à la fin de l’humanité ? Parce que c’est un devoir moral. Prométhée le veut. » NIMH, Lettre ouverte aux transhumanistes, Rage culture

 

« Parce que c’est un devoir moral » n'est pas une réponse, c'est une attestation de foi qui ne repose sur rien d'autre que sur la croyance techno-scientiste au transhumanisme et qui fait du prométhéisme une pseudo-religion. « Faire le mal » est possible, ça n'est pas pour autant qu'il soit morale de faire consciemment le mal. Sur la question de la Mort et de l'Immortalité, il nous semble que le recours à la sagesse et la métaphysique ne soit pas une démarche philosophique délirante et dénuée de sens...

 

Nous sommes, désormais, en état de guerre « psychologique » civile contre les globalistes et les occidentalistes, les woke et les transhumanistes, les complotistes et les zététiciens.

 

La Droite a besoin de faire un « grand retour sur elle-même » car en dehors de « en ont marre des arabes », les droitards, occidentalistes et prométhéens seraient bien en peine de définir « qu'est-ce que la Droite » ?

 

Nous ne demandons rien de plus que de prendre en considération la « Nostalgie du Sacré » et de s'enraciner dans la Tradition au sens « métapolitique », en terme de « réenchantement »... Mais cela semble être trop demandé aux conservateurs dont le travail éditorial et de formation est purement spéculatif, profane, et à la fin tout aussi subversif qu'il est conformiste...

 

La Tradition ne peut être que dynamique et opérative où elle n'est pas « Tradition ».

 

Vive l'Empire eurasiatique de la Fin !

 

Laurent Brunet

La grande trahison métapolitique de la Droite – Deuxième partie : L'Ordre révolutionnaire

 

Les états multiples du clivage Gauche/Droite : l'Ordre révolutionnaire, la Droite et l'occidentalisme, l'identité et le prométhéisme, le Progrès comme représentation, la double contrainte de l'antiracisme/racisme et autres digressions autour du clivage Gauche/Droite

 

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Article précédent : La grande trahison métapolitique de la Droite – Première partie : Remise en contexte et introduction

 

Lecture audio disponible sur Souncloud.

 

« Bien creusé, vieille taupe ! s'exclame Hamlet à la vue du fantôme de son père, apparaissant au prince du Danemark si loin de son lieu de sépulture. Bien creusé, vieille taupe, Karl Marx réitérera dans Le dix-huit brumaire de Louis Napoléon, confiant dans l'esprit de la révolution prolétarienne.



La taupe qui a creusé le plus profondément est l'idée de progrès, née au 18ème siècle et devenue le totem et le tabou de la modernité occidentale. Elle est apparue lorsque le besoin s'est fait sentir d'attribuer à l'homme, vidé de tout contenu religieux, un destin ayant une signification matérielle. L'invention du progrès est devenue une idéologie, à tel point que des partis et des forces culturelles se disent progressistes et que ceux qui ne sont pas de leur acabit éprouvent le besoin de se justifier, de circonscrire ou de nier leur opposition.



Comment échapper à l'idée de progrès, à son avancée inexorable, à opposer ce qui signifie opposer au progrès de l'humanité, au mouvement positif vers des degrés ou des stades supérieurs, le concept implicite de perfection, d'évolution, de transformation continue vers le mieux. » Roberto Pecchioli, L'invention du progrès, Euro-Synergies



« Après Hegel et après Evola, une instance totale, productive à la fois d'une théorie et d'une phénoménologie, n'était plus apparue dans la philosophie. Le sujet radical, dans son apparition même, génère de jure de nouveaux scénarios et de nouvelles voies, comme un alchimiste transforme radicalement une matière vile et grossière en captant d'autres essences dans les profondeurs, atteignant la limite de la conjonction entre matière, structure et esprit. Un nouveau mot: catalyser, réagir. Un Homo Novissumus, le sujet radical, mais libéré des incrustations idéologiques de la modernité et de son suicide post-moderne, dans la mesure où il est ouvert, intérieurement, à la transcendance et à la métaphysique, à travers une voie opérative, théurgique, chamanique, « héroïco-mythogonique ». » Giacomo Maria Prati, Le sujet radical d'Aleksandr Douguine, Géopolitika

 

***



Se revendiquer de Droite, et en particulier de la Droite identitaire et alternative – entendez la Droite européenne – n'affirme pas notre idéologie, notre théorie politique, notre philosophie, notre spiritualité, notre religion, notre imaginaire, nos rêves, notre esthétique, notre mystique, notre ésotérisme, notre doctrine : notre vision du monde et notre métaphysique. Ne dit rien de notre empire intérieur. C'est une position de principe, pour ne pas dire une posture.



Le mot « identitaire » vide le mot « identité » de son sens en le séparant de sa totalité dimensionnelle et ses multiples états. De l'être soumis à l'expérience de la matière et du réel, aux contingences et nécessités de l'époque dans laquelle il s'inscrit. Certes, nous sommes le fruit de notre époque et de ce qui l'a précédé, mais n'oublions pas que nous ne sommes que de passage. Notre devoir est, dans le temps qui nous est imparti et qu'il nous reste, de prévoir ce qui va lui succéder, de nous préparer à bien mourir et de laisser le juste message aux prochaines générations. Un étrange mélange de patience et de sauvagerie, de très haute retenue et de sévère pulsion, doit s'emparer de nous.



La somme des combats menés par nos groupes, avec des moyens limités – il faut l'admettre et nous prenons en compte cette réalité –, est une somme nulle si nous ne résolvons pas l'équation globale et nous ne pouvons la résoudre qu'en proposant une démonstration intégrale. La démonstration compte davantage que le résultat, fut-il exact.



Cette « démonstration intégrale », qui sera exclusivement théorique dans son énoncée première, se cristallisera dans une vision du monde totalisante qui doit éviter deux travers : l'utopie et la parodie. Ce qui, du métapolitique au politique, se traduit par la volonté d'incarnation de nos idées dans un concept absolu et un corps politique par la fondation d'un grand « isme » : un centre, un axe, un ordre, un parti.



D'abord par l'élaboration d'une nouvelle théorie politique – tous les cadres socio-politiques ont explosé ; tous les constats ont été déposés ; la proposition de retour à une forme nostalgique de pouvoir sera rejetée –, ensuite par la constitution d'une avant-garde manifeste et doctrinaire. Une nouvelle forme de pratique politique qui, à défaut d'être « traditionnelle » dans un monde qui ne l'est plus, pour le meilleur et pour le pire ; et souvent celui de la cruelle loi de l'entropie vers la mort que nous n’éviterons pas mais que nous retenons le plus longtemps possible comme le déferlement des forces dévastatrices sur nos vies, peut se concevoir sous la forme d'une organisation informelle, revêtir le caractère imperiumique et sacral d'un katechon europae principiel, sans être une association ni une communauté, mais un pacte d'honneur et fidélité à des principes, une organisation métapolitique d'hommes libres mise à l'épreuve du réel, soutenue par la seule volonté, les compétences et habilitations particulières de ses « membres », reposant sur la confiance et le secret.



Pour acquérir ce niveau de discipline « aristocratique » et se mettre au service d'un tel Ordre « méritocratique », il est nécessaire d'introduire une notion de réenchantement et de transcendance à l'exercice. De réenchantement de notre « représentation du monde » et de transcendance de notre « être au monde ».



C'est à ce moment de l'exercice que tout s'écroule car un tel raisonnement fait appel à des aspects psychologiques et une force de caractère qui ne sont plus en vigueur dans nos groupes métapolitiques éclatés dans le réseau. On ne les retrouve pas davantage dans les communautés artificiellement organiques – ré-assemblées autour d'un critère unique et exclusif ou d'un divertissement. Il est donc nécessaire, avant toute chose, de réenchanter les idées politiques et transcender les milieux métapolitiques pour motiver cette discipline et obtenir l'allégeance sincère des militants éparpillés, contourner ce qui fait obstacle à cette tentative à la recherche de totalité dans sa hiérarchie et toutes ses subsidiarités. L'idée est de créer cet Ordre avec une poignée d'hommes et de faire comme-ci. Nous avons prêté allégeance à l'Empire eurasiatique de la Fin, nous sommes prêts à mourir pour nos idées et nous n'attendons rien en retour. Voilà un homme eurasiste.



La constitution d'un « empire intérieur » en l'homme est primordiale – pour imaginer la possibilité de rétablir un empire continental multipolaire européen il faut premièrement que les hommes le portent en leurs cœurs et le réalisent de générations en générations car nous ne verrons pas l'avènement de cette grande Nation et d'un monde multipolaire de notre vivant, nous le craignons. Les projets à courts et moyens termes, les programmes politico-politciens qui ne sont souvent que l'expression de nos propres limites, les analyses désespérantes et déprimantes qui en résultent, les démonstrations réactionnaires complotistes ou réalistes de nos mécontentements, les psychanalyses en ligne et le commerce de développements personnels, les solidarités idéologiques vocifératrices virtuelles qui ne se font peur qu'à elles-mêmes, les projections planificatrices rationnelles et rigoureuses d'une pratique du pouvoir conférencière, l'exposition de nos névroses, la reproduction des nouveaux lieux communs postlibéreaux de prolétaires avec une connexions internet qui rêvent d'être bourgeois, etc, toute ces merdes que produit internet, ça n'est pas pour les hommes libres.



Nous ne devons nous concentrer que sur ce qui est caché, souterrain, secret, invisible. Si nous sommes nous-mêmes capables de fonctionner souterrainement et secrètement alors nous serons aptes à « prendre le pouvoir » quand l’événement se présentera. Nous devons rétablir le Grand Jeu ; vivre souterrainement et secrètement à l'air libre. Éteindre tous les écrans superposés de la grande subversion. S'extraire de cette plus grande servitude volontaire de l'illusion du combat sur les réseaux-sociaux qui sépare déjà les hommes en deux : ceux qui y croient et ceux qui ont comprit dés le début l'inutilité de tous nos combats. Nous nous adressons aux seconds. Nous couperons la tête des premiers avec Amour : ce sont les premiers responsables de nos erreurs, fautes et échecs métapolitiques car ils maintiennent les nôtres dans l'illusion et la servitude volontaire.



« Pour le dire autrement, et afin que je me fasse bien comprendre : le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.

 

Les complotistes d’aujourd’hui sont nos Cohn-Bendit à nous. Et j’espère bien qu’on n’attendra pas soixante ans pour leur crever la panse.

 

Le complotisme est une colonisation supplémentaire de l’esprit européen par l’Amérique des bas-fonds, l’Amérique des ratés.

 

Si tant est que nous soyons eurasistes, nous autres hyperboréens, il semble cependant que nous le soyons autrement que l’on ne le serait selon la volonté de puissance de certains. Nous ne sommes pas des complotistes… Nous n’en croyons pas nos oreilles, lorsque nous les entendons parler, tous ces conférenciers internautes. « Voici les modalités du complot ! » C’est avec cette exclamation qu’ils se précipitent tous sur nous, avec une recette à la main, la bouche hiératique pleine de vomi. « Mais qu’importe à nous le complot ? » - répondons-nous avec étonnement. « Voici le complot ! » - reprennent ces sales vociférateurs endiablés : et voici la vertu, le nouveau chemin du bonheur !... Car, en plus de tout le reste, voici qu’ils se piquent de vertu et de puritanisme, nos petits héros… Nous sommes, de par notre nature, beaucoup trop heureux pour ne pas voir qu'il y a une petite séduction dans le fait de devenir eurasiste ; c'est-à-dire immoraliste et aventurier... Nous avons pour le labyrinthe mégalithique de nos ombilics limbesques une curiosité particulière, nous tâchons, pour cela, de faire connaissance de monsieur le Minotaure dont on raconte des choses si dangereuses. Chut ! Écoutez ! Le Taureau trépigne sur les parois de nos grottes antédiluviennes, il revient à la vie, ses naseaux frémissent et crachent de l’air chaud. Que nous importe votre corde à complots qui, prétendez-vous, nous aiderait à sortir de la caverne ! Vous voulez nous sauver au moyen de votre corde ! Et nous, nous vous supplions instamment de vous pendre avec !

 

A quoi sert tout cela en fin de compte ! Il n'y a pas d'autre moyen pour remettre l’eurasisme en honneur : il faut d'abord pendre les complotistes. » Laurent James, Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon, Parousia



Et les occidentalistes et prométhéens de par leur occultisme scientiste n'en sont pas moins « complotistes » ! Comme les complotistes, leur deux cible sont l'Eurasisme et la Tradition.



« Leur mot d’ordre : tous contre la Sainte-Baume ! »



L'épanouissement et l'accomplissement de ces hommes de principes au sein d'une structure métapolitique qui, à terme, pourrait devenir une force politique, est la démonstration par l'exemple que notre pratique politique est fonctionnelle sur la base de quelques principes. Une nouvelle pratique politique principielle et sacrale, le rétablissement d'une verticalité organique par le redressement individuel des hommes de leur propre initiative.



Une organisation où une grande part de liberté individuelle se révèle créatrice et réalisatrice sans même avoir besoin de communiquer, de proposer des formations, d'imposer des réunions, de donner des instructions, de reproduire des entre-soi, car les projets collectifs sont voués à l'échec – notre doctrine doit devenir naturellement organique : à partir du moment où des hommes partagent une « vision du monde totalisante », défendent les mêmes principes et portent le même combat, ils n'ont même pas besoin de se connaître, de se parler, de s'auto-congratuler et se rassurer du bien fondé de ce combat pour vivre et « savoir quoi faire ». Nous faisons appel aux hommes vivants et libres. Des hommes que nous n'avons pas besoin de convaincre sur le fait que, avant de prétendre combattre le système politicomédiatique, nous devons attaquer frontalement les idéologies subversives à l'intérieur de nos propre camp qui sont là pour empêcher, bloquer, pourrir, tuer toute pulsion de vie et de révolution.



Il est important de faire société et d'appartenir à une communauté, cela va sans dire, mais cela ne regarde pas notre « organisation métapolitique ». L'homme adulte et libre d'accomplir ses devoirs fait société et appartient à la communauté qui lui correspond et lui ressemble, fait partie de toutes les associations qu'il veut, même et surtout celles de l'adversaire, tant qu'il porte au fond de lui cette vision supérieure et totalisante du monde nous pouvons compter sur lui sans même qu'il se fasse connaître avant que la nécessité se fasse sentir. Le besoin d'appartenir à un groupe et de reconnaissance, d'attirer et de recevoir de l'attention, doit s'accomplir dans sa vie personnelle : l'homme qui vient à la politique pour ses raisons, pour combler un vide, n'est pas fiable... Il ne s'agit plus de produire du constat et de la réinformation, de convaincre et de rassurer, de vendre des modèles économiques et des produits de consommation...



Vivre leur propre chaos, être en capacité de reconnaître les signes, se tenir prêts, se rallier et s'aligner à la nécessité, ne pas avoir besoin de réfléchir pour agir, être une meute de « loups solitaires », voilà ce que nous attendons de nos lecteurs.



Des héros, ça s'exhorte et s'exalte sur le champ de bataille ; nous n'en sommes pas là, mais la seule confiance doit résister à toutes les tentations postmodernes de reproduire de la Gouvernance et du calcul froid. Une littérature de combat et des mots d'ordre, seulement des mots d'ordre et la liberté. Un « Empire sans empereur » de cœurs ardents et d'âmes qui brûlent. Une grande revue ; qui suscite une littérature de combat ordonnatrice, et un réseau librement organique ; de petites cellules ou d'électrons libres, vivant localement, nationalement et à l'échelle continentale européenne, suffisent pour former une « avant-garde » et un « réseau ». Notre premier combat est celui contre des mentalité, notre guerre est psychologique et spirituelle, d'abord à l'intérieur de nos groupes. Nous pouvons nous rencontrer mais notre premier mot d'ordre serait : les principes avant le Prince.



Les organisations qui cherchent à retenir les hommes dans leur girond socio-économique sont celles qui n'ont pas confiance en elles-mêmes et leurs idées, qui n'aiment pas la liberté, qui veulent faire vos fonds de poche, qui ne sont pas européennes, qui ne sont pas eurasistes !



Elles ne rassembleront que des hommes qui n'ont pas confiance en eux et ressentent le besoin d'être dirigés ; qui ne se sont pas encore libérés de leurs droits démocratiques à posséder pour être des hommes d'honneur et de fidélité : de devoir être et n'être que devoir. Des hommes de devoir et de vouloir, voilà les hommes que nous attendons.



De nombreuses associations prennent le problème à l'envers. Elles considèrent que l'argent est le nerf de la guerre. Ce qui, en l'état actuel des choses, tient du délire car personne, à notre connaissance, n'a nommer la guerre. Quelle guerre ?



Ça n'est pas en finançant des journalistes et quelques divertissements ça et là, qui ne font que retenir les hommes dans l'angoisse de l'information/désinformation/réinformation qui ne fait que semer le doute et la confusion, qui éloigne du combat, que nous pourrions devenir une force organisationnelle, institutionnelle ou partisane de type classique suffisamment importante que pour rivaliser avec les milliards déversés contre nos groupes. Cette logique d'auto-financement est la première erreur métapolitique et une première preuve de défaillance de nos groupes qui veulent reproduire des modèles économiques qui ne correspondent pas aux échelles des combats que nous menons pour, enfin, combattre la guerre. Pour le dire autrement, nous ne finançons que pauvrement des individus qui, premièrement le demandent et qui deuxièmement pensent le mériter...



Nous ne sommes pas une entreprise et ne sommes pas la pour entretenir qui que cela soit. Nous considérons que les critères méritocratiques sont forts mal établis, qu'il n'y a aucun moyen de calculer l'influence réelle des initiatives personnelles, que sans une juste contribution et redistribution efficace des peu de moyens dont nous disposons, nous ne pouvons construire une véritable et charitable œuvre métapolitique. Si le « camp identitaire et européen » s'en donnait les moyens il existerait depuis longtemps un grand Parti et il existe des personnes compétentes pour gérer une telle structure. Elle n'existe pas parce qu'il n'y a aucune volonté qu'elle existe.



Dans ces conditions, chacun doit se donner les moyens de fonctionner individuellement et nous serons collectivement fonctionnel sans avoir besoin de financer des fonds de caisse inconséquents pour entretenir l'un plutôt que l'autre. Souvent pour financer du divertissement qui enferme les multitudes anonymes connectées dans l'illusion des écrans superposés. S'il y avait moins d' « influenceurs », de « lanceurs d'alertes », de « libres penseurs » notre silence aurait certainement davantage d'influence et cela fait bien longtemps que les forces seraient libérées...



« Il existe une opinion couramment répandue selon laquelle le concept d'empire présuppose obligatoirement la présence d'un empereur. Cependant, une analyse objective de ce phénomène montre que l'histoire connaît nombre d'empires sans empereur. Certains étaient dirigés par un cercle réduit, choisi au sein de l’aristocratie. D'autres, par un parlement ou un Sénat. Par conséquent, la présence d'un pouvoir monarchique unipersonnel, celui de l'empereur, ne constitue pas une condition indispensable à l'existence de l'empire. De plus, il a existé nombre D’états monarchiques, despotiques, tyranniques, ou encore dictatoriaux dans lesquels le roi ou le chef autoritaire possédait un pouvoir absolu mais qui ne se nommaient pas empire et n'offraient rien de commun avec lui. De cette façon, nous pouvons pleinement examiner le concept d'empire indépendamment de celui d’empereur. » Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique - La Russie et les idées politiques du XXIème siècle, Chapitre X Le projet « Empire », L'empire sans Empereur, pp. 209-210, aux éditions Ars Magna



Amour du Secret et secret de l'Amour. Principe de fidélité et Fidélité aux principes.



Notre combat n'est pas l'actualité et le développement personnel, le fichage et la « fête du pays réel » imaginaire ! Des hommes libres et des hommes libres seulement. Une organisation sans membres ne peut être montrée du doigt, diffamée, accusée, démantelée, emprisonnée, écartelée avant d'émerger. On ne peut enfermer des principes et il n'y a pas besoin de se revendiquer d'une organisation pour porter des principes... Seul son noyau actif et éditorial, il en faut bien un, est en prise direct avec les ennuis administratifs, la censure et les cabales. Chacun décide de son niveau d'implication et fera ce qu'il aura à faire au moment où il faudra le faire et où il sera à ce moment puisqu'il est impossible de prévoir où, quand et comment vont se produire les événements qui permettront de faire émerger un Ordre.



Complotons, conspirons, soyons partout et nul part !



Soyons un culte à mystères, une franc-maçonnerie, une mafia.



Notre vision idéale du monde ne se réalisera pas totalement ni parfaitement dans la matière mais il faut en avoir une vision imaginale et accepter l'épreuve de la réalité et du présent comme seul réel. Trouver l'infini et l'éternité dans ce « présent toujours déjà présent » : car c'est là que réside l' « éternel retour » et nul part ailleurs. Il nous faut trouver cet essor ; cette « volonté de puissance », dans la « nostalgie du Sacré » et les joyeuses mélancolies qui l'accompagnent.



Un Ordre politique ?



Non !



Un Ordre poétique et épique. C'est l'Ordre qui devient le poème épique...



Un Ordre de l'esprit.



Nous faisons entièrement et totalement confiance aux hommes libres qui comprennent ce que nous exprimons ici et il n'y a pas besoin d'en dire davantage.



Sinon, ils ne nous restent que le renoncement et l'alignement à la parodie occidentale vers l'utopie chinoise, autrement dit la dystopie globaliste dans toute sa splendeur.



Le modéré qui voit un mal dans la totalité que nous évoquons et tremble de ce qu'elle pourrait supposer de « totalitarisme » ne pourra combattre le globalisme totalitaire et s'inquiète d'un changement qui s'opère essentiellement à l’intérieur des hommes. Et c'est un risque à prendre. C'est le réel et les événements qui créent les conditions de la « prise de pouvoir » puisqu'il n'est question que de ça. Nous pouvons perdre le contrôle de cet égrégore, de cette volonté de puissance supérieure, que nous mettons toutes nos forces à former, mais nous n'en perdrons le contrôle que par un manque de maîtrise, que par le mépris des principes et de l'éthique qui en découle. Le « génie européen » a le défaut de l'hybris et tout ce qui sous-estime ce défaut doit être violemment écarté. La courtoise grivoiserie ou la grivoise courtoisie des fidèles d'Amour est une façon d'exprimer le comportement « pagano-chrétien » que nous essayons d'incarner pour éviter toute vulgarité et tout puritanisme, retrouver la notion de panache qui caractérise notre civilisation sans tomber dans ses excès.



Quand on a prit toute la mesure et l'ampleur du Mal, on le défie.



La grande guerre spirituelle sera totale ou nous disparaîtrons dans la modération.



Quant à la guerre géopolitique, sur laquelle nous n'avons aucune prise, tous les moyens diplomatiques et multipolaires de la paix doivent être déployés pour combattre les guerres mais nous devons accepter l'éventualité de l'affrontement pour qu'il n'ait pas lieu. Le seul moyen d'éviter la guerre totale c'est de la préparer férocement, de dire non. Car nous devons faire avec la réalité telle qu'elle est et déjà les va-t-en-guerre de salon nous y plongent. Peut-être faudrait-il commencer par s'occuper de ceux-là...



La métapolitique n'est pas là pour remplir une fonction cathartique par le divertissement et le spectacle, nous faire oublier la présence de l'Adversaire que pourchasse le Grand Veneur dans l'immense forêt de l'autre côté de la Nuit. Le Grand Jeu des diplomaties souterraines s'est transformé en jeu vidéo mais le réel se réinvite dans le présent quand il le souhaite, pour le moment de façon aléatoire, et bientôt d'une manière permanente.



Il a déjà installé son ambiance, son temps et la qualité de l'air qui lui convient pour que lui et ses légions sortent de nous-même et survivent à la surface de la terre. L'enfer c'est les autres ? Voilà qu'il longe et renifle nos murs chaque nuits, traquant la moindre odeur de peur et de sympathie, d'ouvertures à lui ou, plutôt, de portes de sortie... Nous sommes les portails de l'Enfer, c'est la même porte qui mène à l'Enfer ou au Paradis.



La peur, ça n'est pas la méfiance ou la crainte, c'est l'ignorance, l’insouciance et l'inconscience de ce maraudeur qui traîne ses ombres et les installe où sa présence est ignorée, déniée.



Sonnons le cor et reprenons la grande chasse !



L'ambiance ! On ne prend pas suffisamment en compte l'importance de l'ambiance et de ce qu'elle dit de l'échange subtil d'un monde à l'autre, de la superposition du visible et de l'invisible. L'actualité des faits divers n'est rien comparé à la permanence malsaine de l'ambiance de derrière l'ambiance, au mal aise et au mal être qui planent d'ombres menaçantes dans l’atmosphère, ce climat mortifère qui voile notre Soleil, ce temps de chien que bravent les loups « à la vision d'aigle » de l'autre côté de la ligne...



« – Quelle logique ? Demanda-t-il d'un air mécontent... Le propre de notre action est justement de ne pas avoir de logique. C'est déjà beaucoup que nous ayons à nous mettre d'accord sur les précautions. Il n'y a pas entre nous de lien organique. L'idée de départ est de mon ami. Les moyens viennent de moi. La réalisation vous incombe. C'est tout. Notre solidarité joue sur les fins, non sur les moyens. Mais, avec des types comme vous, qui avez si longtemps vendu vos âmes à la politique et fait du double jeu une vertu, c'est une gageure peu confortable... Voici même la question que je me pose depuis que je vous connais, fit-il d'un ton dépourvu de toute amitié : Avez-vous réellement racheté votre âme ? » Raymond Abellio, La fosse de Babel, 15. Le dernier des Séphardim prophétiques provoque la colère d'un junker., p. 82, L'imaginaire Gallimard



Vous voulez un manuel de combat métapolitique ? Lisez La fosse de Babel.



La Fosse de Babel la littérature de combat d'une manière générale nous a plus apporté que tous les audios et vidéos que nous avons pu écouter et regarder ces vingt dernières années...

 




Vive l'Empire eurasiatique de la Fin !

Réaction à l'audio de Thomas Ferrier au sujet de l'identitarisme européen

 

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« Les « nationaux » s’attaquent aux effets du mal, pas à ses racines. Ils sont anticommunistes mais oublient que le capitalisme et les régimes libéraux sont les principaux artisans de la propagation du communisme. Ils étaient hostiles à la politique algérienne du gouvernement, mais oublient que cette politique était le produit d’un régime, de son idéologie, de ses intérêts, de ses maîtres réels financiers et technocrates, comme de ses structures politiques et économiques. Ils voulaient sauver l’Algérie française contre le régime, mais ils reprennent à leur compte ses principes et ses mythes. Imagine-t-on les premiers chrétiens adorant les idoles païennes et les communistes chantant les louanges du capitalisme ? » Dominique Venner, Pour une critique positive



« Retenez bien ceci, lui-dit-il d'une voix ardente. Dans ce siècle où les hommes meurent comme des mouches, c'est une chose trop quotidienne que la souffrance pour qu'on ne la regarde pas avec dégoût . Le christianisme est perdu s'il se contente d'être une religion de sacrifice, de privation et de refus. Ne prêchez pas la souffrance, ni la vôtre, ni celle des autres, ni celle du Christ. Le monde en déborde déjà. Prêchez la conquête et la victoire ! C'est de victoire que l'homme a faim ! Et ne confondez pas ! La victoire de l'homme, pas celle de la société : Revenez aux sources. La société n'est que matière et la matière est maudite. Elle n'est faite que pour obliger l'homme à vaincre la malédiction. Distancez-vous ! Soyez neutre ! La révolution n'a pas plus de droits que la contre-révolution. Retrouvez l'intelligence dont vos maîtres ont perdu les clefs. Ils ont voulu la communiquer trop tôt à tous, et ils l'ont perdue. Ce n'est pas parce que vous la garderez invisible qu'elle sera inopérante, au contraire. Sur l'autel du monde, c'est l'intelligence invisible qui célèbre le vrai sacrifice !...



Ces mots brûlèrent d'Aquilla comme un fer. » Raymond Abellio, La Fosse de Babel, Deuxième partie, VIII, 33. Drameille et l'abbé d'Aquilla discutent de façon socratique sur la notion de « prolétariat », p. 209, L'imaginaire Gallimard





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L'audio Telegram de Thomas Ferrier : Conférence sur l'histoire de l'identitarisme européen

 

 

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Quelques murmures étouffés d’intellectuels blêmes au chevet de la Droite agonisante, blanche comme une morte, évoquent l'occidentalisme à demi-mot, dans le silence d'un dernier recueillement. Qu'elle repose en paix.

 

L'âme s'envole. Ce qui n'existait pas hier apparaît, à la suite de Laurent Ozon, c'est Thomas Ferrier qui se soumet à l'exercice des derniers sacrements : une introduction similaire sur l'histoire de l'identitarisme européen avec la même allusion à l'occidentalisme. Un ange passe. Il est né le divine enfant.

 

Après test de paternité, le trait de caractère identitaire du néo-occidentalisme est fruit du hasard, et c'est là toute sa particularité. Le néo-occidentalisme est né d'une vierge. Le lien filial entre néo-occidentalisme et identitarisme européen est fortuit.

 

La tache de naissance du néo-ccidentalisme est le prométhéisme. Le prométhéisme comme philosophie matérialiste et spiritualité new age, qui en dit davantage sur l'esprit occidentaliste postmoderne que les commentaires d'actualité et positions métapolitiques des animateurs et influenceurs de ce mouvement. C'est une autre génération que celle des néo-occidentalistes, qui n'a pas cette culture métapolitique du Nationalisme révolutionnaire qui ouvrait ses pages à l'école pérennialiste, une littérature ignorée par les néo-occidentalistes prométhéens.

 

Il n'y a pas véritablement de solution de continuité entre nationalisme européen et néo-occidentalisme ; c'est ce que les intellectuels ne comprennent pas, mais nous développerons ce point ailleurs, peut-être dans un commentaire de l'audio Telegram de Laurent Ozon sur le même thème.

 

En attendant, nous le ferons dans notre essai La grande trahison métapolitique de la Droite que nous sommes en train de diffuser en plusieurs articles et où nous abordons le sujet du prométhéisme.

 

Nous nous concentrerons ici sur les conclusions précoces de Thomas Ferrier au sujet de l' « altérité nécessaire de l'occidentalisme et de l'eurasisme ».

 

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« L'engagement spirituel de celui qui se voit mystérieusement tenu de chercher en lui-même sa propre vérité vivante et la puissance cosmogonique de celle-ci n'implique en rien l'aboutissement final, la réussite, fut-elle partielle, de la recherche entreprise, ni ne saurait en tenir le résultat espéré pour donner d'avance. Au contraire, le chemin de la marche en avant se trouve presque toujours sournoisement dévié, interrompu ou obstrué de noir, suspendu sans fin devant la tragédie de l'obstacle imprévu et à jamais insurmontable qui représente l'épreuve propre, l'épreuve que l'on pourrait appeler fondamentale de tout passage à un stade irrévocablement supérieur de l'être. Il n'empêche que les ralentissements de la montée, les éboulements mystiques et les arrêts en chemin, les longs passages au noir, considérés dans le déploiement même de la spirale gnostique en marche, doivent être tenus pour autant d'épreuves, pour autant de stations initiatiques d'écartèlement sanglant et de passage par les fournaises intérieures de la croissance de l'éveil si l'on ne veut pas qu'il deviennent, ces ralentissements, ces éboulements, ces arrêts, ces passages au noir, autant d'arrêts de mort, le brusque effondrement dans ce puits du néant défini comme l'irrémédiable même par tous ceux qui en sont venus à savoir de quoi ils parlent. » Jean Parvulesco, La Spirale Prophétique, Le recours à l'appui extérieur, p.189, Guy Trédaniel Éditions

 

Le logos européaniste entre conservatisme de guerre de retard et identitarisme postmoderne ne peut se sauver lui-même, justifier sa propre orientation par lui-même, sans évoquer le recours nécessaire à l'appui métapolitique extérieur.

 

Un « appui extérieur » qui ne peut être qu'occidentaliste « du plus grand Ouest » ou eurasiste « du plus grand Nord » ; il n'y a pas d'autres choix.

 

L'occidentalisme européen peut se présenter comme une instance de dialogue métapolitique diplomatique avec les États-Unis comme l'eurasisme européen peut remplir la même fonction avec la Russie, mais nous n'en sommes pas là. Et la question « spirituelle » reste posée.

 

L'état métapolitique actuel du « camp européen », sous tutelle du « camp national », est celui du déni occidentaliste. Un occidentalisme par défaut mais qu'on ne peut que constater – comme on ne peut que constater le fond spirituel qui l'anime. La preuve en est que Thomas Ferrier lui-même est contraint et forcé de passer par des médias souverainistes ou occidentalistes pour s'exprimer. L'européanisme se cherche un nouveau centre et un nouvel axe de diffusion, un nouvel Ordre révolutionnaire, libre et indépendant de la Nouvelle Droite et de la réinfosphère.

 

L'analyse introductive de Thomas Ferrier se termine où elle devrait commencer...

 

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Pour ce qui nous intéresse, cette première analyse souffre d'une incompréhension des théories multipolaires eurasistes et peine à s'en expliquer.

 

« On dit non à Douguine ! »

 

Mais il faudrait dire pourquoi, ou ça ne vaut rien. Guillaume Faye n'est plus là pour s'expliquer, nous n'avons rien trouver dans nos archives qui justifie ce non et nous ne retiendrons que cette absence de justification de laquelle on ne peut rien faire.

 

Des « théories » dont il serait une première erreur de penser qu'elles ne sont que des théories spéculatives et dont il reste à démontrer précisément en quoi, sur quels thèmes, quels points ; car l’œuvre d'Alexandre Douguine est vaste, elles seraient fausses ou iraient à l'encontre des « théories européanistes » ou « euro-sibériennes ». Douguine cherchant la voie de cette « Europe puissance » que nous cherchons tous dans l'articulation de ses pôles historiques.

 

Thomas Ferrier commet cette première erreur qui engendre les autres, et ne démontre pas en quoi les théories politiques eurasistes seraient fausses du point de vue russe, et du point de vue européen bien comprit. Il admet lui-même que le regard vers l'Est est le seul qui convient à l'Europe, ce qui était l'avis de Faye, et quelque part celui des expatriés occidentalistes à l'Est, il s'agit donc de s'adresser à la puissance russe avec diplomatie et d'apprendre de l'Eurasisme.

 

Le néo-eurasisme d'Alexandre Douguine, qui s'inscrit dans un mouvement historique à la suite de nombreux penseurs et écrivains, est une forme d' « européanisme russe », à moins que Thomas Ferrier prétende mieux définir l'esprit russe qu'un penseur russe et retire à Douguine le droit de lui-même se définir ?...

 

Nous pensons que c'est le défaut principal des discours occidentalistes : prétendre définir et penser à la place des autres européens. Et même penser à la place des européens d'Amérique...

 

Ce qui fait de Thomas Ferrier un occidentaliste contrarié, malgré lui.

 

***

 

Il y a deux manières de concevoir l'Europe, pas trois, pas quatre, pas cinq.

 

L'Europe sans la Russie comme « civilisation occidentale ».

 

Et l'Europe avec la Russie comme « civilisation européenne ».

 

On ne fera pas des Russes des occidentaux à marche forcée, ils ne le seront jamais, et on ne fera pas l'Europe sans les Russes. Les occidentalistes confondent le fait de s'approcher d'un mode de vie occidental par l'effet du progrès techno-scientifique et les mentalités : les identités profondes des peuples. Cette confusion vient du fait que les occidentalistes ont une pensée trop mécanique de l'histoire et de l'homme. Ne pas relier uniformisation et indistinction : globalisation et occidentalisation.

 

La volonté de profiter des innovations techno-scientifiques ; et nous noterons que les ingénieurs russes ne sont pas absents des divers avancées techno-scientifiques dont profite l'Occident et par extension le monde globalisé, d'un certain confort matérielle que ces innovations apportent comme elles apportent un certain ramollissement des sociétés, ne change pas intrinsèquement l'écologie profonde des civilisations bio-culturelles et de leurs destinées géopolitiques manifestes.

 

Cela fait bien longtemps que les États-Unis d'Amérique ne sont plus une « extension de l'Europe » et ont un destin extra-européen qui leur est propre ; ça sera donc la civilisation européenne libre ou la civilisation occidentale sous le joug étasunien. Les fameux « européens d'Amérique » que les néo-occidentalistes s'inventent d'amis imaginaires, nous aimerions bien les rencontrer. Nous avons rencontrer des Russes amoureux de la France et de l'Europe, mais des américains qui combattent le globalisme et l'hyperpuissance étasunienne au nom de l'Europe nous n'en connaissons pas. Qu'on nous montre ces bêtes de foire. L'Occidentalisme est un cirque métapolitique, des nains qui dressent de grands fauves invisibles, des jongleurs sans quilles et cracheurs de feu sans flamme, des clowns blancs sans augustes, des équilibristes sans hauteur, des magiciens qui répètent ce tour vu mille fois, des faiseurs d'illusions qui sortent des lapins morts de leurs chapeaux...

 

Par manque de vision, ou de réel intérêt pour les plus grandes idées européennes qui dépassent les frontières de la France et ne peuvent se limiter à certaines rancunes slaves envers le bloc soviétique, qui ne seraient pas les siennes ou celles des identitaires, Thomas Ferrier ne peut définir l'européanisme sans y intégrer la vision du monde russe et eurasiste, sans penser la multipolarité et l'idée de Troisième Rome ; « il n'y en aura pas de quatrième ». Des idées européanistes franco-françaises dont l'influence est à relativiser. Sans l'appui extérieur de la Russie l'Europe ne renaîtra pas de ses cendres. C'est l'histoire qui le dira mais nous ne pouvons qu'en faire le pari comme celui de Dieu.

 

Thomas Ferrier fait le pari que l'Europe peut se sauver et se faire elle-même sans l'appui extérieur de la Russie et l'appui métapolitique extérieur de l'Eurasisme ce qui nous apparaît hérétique du point de vue de la plus grande littérature de combat eurasiste que Thomas Ferrier ne peut reconnaître à défaut de la connaître.

 

Ne s’intéressant pas aux legs médiévaux, aux romans et à la poésie du Siècle, oubliant ce qui de mémoire orthodoxe permit la Renaissance, refusant toute lecture pérennialiste – et dénigrant l'histoire comparée des religions qui équilibre la vision du monde postmoderne occidentaliste pour rendre l'Europe à une Tradition comme médiation entre les civilisations passés, présentes et futures –, préférant regarder des comics américains et écouter du métal néo-païens, nous ne pouvons, en effet, partager la vision du monde postmoderne sans littérature et sans ésotérisme de Thomas Ferrier... Et cette dernière remarque n'est pas gratuite, elle est fondamentale.

 

En effet, il ne suffit pas d'affirmer, arbitrairement, l'incompatibilité des « idées européanistes » et des « idées eurasistes » pour que cette incompatibilité soit indépassable. Nous pouvons affirmer, au contraire, qu'il n'y a aucune incompatibilité entre ce qui sont deux points de vue qui regardent dans la même direction d'une seule et même grande Europe : celle de l'Empire eurasiatique de la Fin.

 

N'importe qui regardant une carte comprend que la péninsule européenne, occidentale et méridionale, berceau de notre civilisation, autant que sa partie centrale ; et des grands apports scythiques et indo-iraniens dans notre culture profonde, fait partie du grand continent eurasiatique et que, pour intégrer la Russie à l'Europe, il faut penser une géopolitique européenne et eurasiatique, prendre en considération le grand espace russe et le fait que la Russie est une « prison des peuples » qui contient le déferlement des hordes asiatiques sur l'Europe. Douguine ne dit pas autre chose, il prend en considération les réalités russes dans une perspective multipolaire et revendique un particularisme russe mais il ne renie pas le caractère européen de la Russie, il rejette son caractère occidentale. De l'Occident symbolique.

 

Ils n'ont qu'Occident à la bouche mais c'est une autre chose que les néo-occidentalistes ne comprennent pas. Lorsque nous autres, eurasistes, parlons d'Occident, nous ne parlons pas d'un espace géographique ou civilisationnel au sens stricte, nous parlons d'une fonction ontologique de l'Occident symbolique à la fin des temps. Mais il se veut que l'Occident est né en Europe. De la même manière, quand nous parlons d'Orient, nous ne parlons pas du monde arabe ou encore d'un tiers-monde libérateur, nous parlons d'un Orient symbolique et, au delà de cet Orient, des origines polaires de notre Tradition indo-européenne, aryenne, ce que nous pourrions indiquer de plus grand Nord.

 

« Le rôle des États-Unis, la dernière superpuissance restante dans le monde, est aujourd’hui central dans la géopolitique globale. А partir de la fin du XIXe siècle, un continent marginal, qui n’avait jusqu’alors représenté qu’une province secondaire du Vieux Monde, de l’Europe, devint progressivement un géant politiquement et culturellement autonome, jusqu’au moment où, après la seconde guerre mondiale, les États-Unis se proposèrent comme modèle paradigmatique universel aussi bien pour ces mêmes pays d’Europe que pour l’Asie. L’importance de l’Amérique s’accrut sans cesse, se répandit un ensemble de critères idéologiques, culturels, psychologiques et même philosophiques associés à l’Amérique qui vont bien au-delà de son influence proprement économique et militaire. Se manifesta de plus en plus l’existence d’une « Amérique mythologique », d’une « Amérique comme concept », d’une « Amérique comme idée de l’Amérique ». Et si une telle « idée de l’Amérique » a pu s’enraciner dans la conscience géopolitique universelle et devenir quelque chose de « néo-sacral », il doit y avoir à cela des raisons très sérieuses associées à l’inconscient collectif de l’humanité, et à cette géographie secrète continentale qui plonge ses racines dans les millénaires mais dont le souvenir continue à vivre comme archétypes psychiques. L’objet de ce chapitre est précisément d’examiner les dessous « mythologiques » de l’Amérique comme « continent intérieur »... » Alexandre Douguine, La Terre verte – l'Amérique

 

Nous vous renvoyons à la lecture de ce texte fondamental d'Alexandre Douguine au sujet de l'Amérique et de l'Occident.

 

***

 

L'avenir de l'Europe est la Russie, et celui de la Russie l'Europe, nos destins sont continentalement liés, ne pas le comprendre revient à considérer que l'avenir de l'Europe sont les États-Unis.

 

Le mythe « identitaire » que la Russie ne voudrait pas être « européenne » est ce mythe « occidentaliste », davantage nationaliste dans la mentalité qu'il ne fut jamais impérial, qui ne distingue pas Europe et Occident.

 

La « Russie » ne veut pas être « occidentale » ; et elle n'a pas besoin de nous pour se connaître elle-même « européenne ».

 

Un « mythe occidentaliste » qui oublie de courte mémoire la main tendue de Vladimir Poutine à l'Europe jusqu'à la montée en intensité et en puissance du conflit russo-ukrainien. Un conflit qui a commencé il y a dix ans alors que les occidentalistes n'existaient et n'en avaient que faire de l'Ukraine, ne s’intéressaient pas davantage à l'Eurasisme, et à peine à l'Européanisme dont il contestent aujourd'hui toutes les filiations intellectuelles conservatrices et révolutionnaires. Les occidentalistes sont dans le grand reniement des idées européennes et aucuns intellectuels européens n'a le courage de le dire, de les remettre à leur place et de les instruire de nos traditions.

 

Les « idées eurasistes » reposent sur une littérature de combat « de très longue mémoire » qui fait défaut aux idées européanistes actuelles, sur une œuvre métapolitique qui a renouvelé la pensée européenne de fond en comble, notament en ce qui concerne les métamorphoses du Libéralisme, lui ont donné une perspective et une orientation, un centre et un axe, et que nous pouvons nous réapproprier pour en faire un Ordre révolutionnaire – ce qui est le souhait de Douguine clairement exposé dés le début de son livre sur la Quatrième théorie politique.

 

***

 

Où est le « Douguine français » ?

 

On le cherche, on ne le trouve pas...

 

Si Thomas Ferrier veut devenir ce « Douguine français », il faudrait se mettre au travail et proposer une œuvre équivalente de son point de vue « européaniste ». Nous espérons que Thomas Ferrier ne compare une œuvre qu'il n'a pas écrite aux travaux d'Alexandre Douguine et ceux des eurasistes... Pourquoi Thomas Ferrier ne débat-il pas avec Douguine ou ne dialogue pas avec Laurent James, sont-ils moins européens que lui ?

 

On ne passera pas notre temps à l'attendre et vous vous isolerez dans l'occidentalisme pour continuer à exister : nous le prédisons et c'est ce qui arrivera car il n'y a pas d'autre voie. Faites attention, nos intuitions s'avèrent très souvent vraies et se révèlent sévèrement opératives dans le temps...

 

Nous choisissons la voie eurasiste de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Vous choisirez la voie occidentaliste de l'axe Paris-Kiev-Washington. C'est votre destin d'indécis qui veut certes faire l'Europe, mais une Europe personnelle et privée qui restera imaginaire et utopique.

 

Les êtres bornés aux théories spéculatives sont des enfants capricieux qui finissent toujours esseulés à jouer seuls. Thomas Ferrier, tant qu'il ne s’intéresse pas à l'Eurasisme comme tradition européenne supérieure et littérature de combat opérative poursuivant le concept de Rome comme centre spirituel et civilisationnel ne peut prétendre à la sincérité. S'arrêter au mot « Eurasisme » est cette épreuve que nous avons initiatiquement imposée aux grands européens d'Occident pour qu'ils retrouvent le chemin du plus grand Nord.

 

Nous autres, eurasistes, avons porté allégeance à l'Empire eurasiatique de la Fin et à la Troisième Rome car nous sommes de grands européens, des fidèles d'Amour à Notre Dame d'Europe.

 

Et nous deviendrons, à terme, des ennemis.

 

L'Occidentalisme va se replier sur lui-même, se durcir et devenir agressif de ne pas reconnaître l'Eurasisme comme le centre de commandement de la plus grande Europe et d'une géopolitique transcendantale qu'ils ignorent comme ils ignorent les traditions européennes souterraines, des plus grandes profondeurs de l'être fondamental européen.

 

Quand on a pas d'identité métapolitique, pas de littérature, pas de poésie, pas d'esthétique, pas d'ésotérisme et que notre spiritualité est typiquement New Age... On ne peut que devenir agressif pour gagner, pour vendre. Et les occidentalistes le sont et le seront de plus en plus, et plus ils seront à découvert, plus ils le seront encore. Peut-être même le sont-ils depuis le début, que l'Europe refuse leurs avances pour qu'ils jouent un rôle, et sans doute avons-nous eu tord de leur donner du crédit par sympathie, camaraderie et fraternité.

 

En rejetant l'Eurasisme c'est toute une littérature de combat abyssalement européenne, c'est l'Europe elle-même qu'ils rejettent. On ne peut pas être fidèle et amoureux à la fois de l'Occident et de l'Europe.

 

Quoiqu'il en soit des intentions occidentalistes, le respect que nous leur accordions de bonne grâce n'est jamais venu en retour ; mais que les occidentalistes ne se voient pas plus grands qui ne le sont.

 

Désormais, ils ne peuvent plus se cacher derrière l'européanisme.

 

Les semaines et mois à venir vont devenir intéressants, les contradictions et schizophrénies occidentalistes vont être de plus en plus exposées et ça ne va pas leur plaire.

 

Que vont-ils faire ?

 

Ils vont troller et clasher, c'est tout ce qu'ils savent finalement faire, même s'ils s'en défendent et prétendent que ne se défendre, c'est toujours comme cela qu'ils ont fonctionné. Il y a déjà cinq ans que nous leur demandons fraternellement de s’intéresser à l'Eurasisme et de nous répondre. Cette « demande » est restée lettre morte alors que ceux-ci n'avaient rien d'autre à faire. Cet acte manqué est un manquement d'Honneur et Fidélité à l'idée de plus grande Europe. Rien d'autre.

 

Nous espérons nous tromper et que le dialogue sera possible mais nous en doutons fortement...

 

Les occidentalistes vous feront dire ce que vous ne dites pas et vous éprouverez toujours plus de difficultés à vous en défendre, contraint et forcé de vous aligner sur les positions occidentalistes et prométhéennes pour continuer à faire exister l'idée d'une utopie qui ne se réalisera jamais, sans même laissé une trace dans le mondes des idées idéalistes et idéales.

 

Nous, nous ne voulons pas que la grande Europe reste une utopie.

 

Nous sommes des hommes libres de penser l'Europe car nous sommes eurasistes et des européens authentiques, l'Eurasisme et la multipolarité offrent cette liberté. Et l'Eurasisme a d'ors et déjà imprimé sa marque profondément dans la plus grande Histoire. Il est en train de la faire et, aveuglez par l'hydre occidentaliste, vous ne le voyez pas.

 

Il est assez arrogant d'opposer le néant français à une œuvre métapolitique européenne dont Parvulesco a prophétisé l'avènement. Qu'avez-vous à dire au sujet de Parvulesco ? Allez-vous salir sa mémoire ?

 

Le conflit russo-ukrainien est le début de la fin de la Fin de l'Histoire que seuls les pseudo-intelectuels français ne voient pas.

 

Entre Parvulesco, Faye, Steuckers et Douguine, dont la lecture croisée est fondamentale et essentielle quand on prétend « penser l'Europe », il y a tout de même de quoi dégager l'idée métapolitique d'un « Eurasisme européen » apte à répondre, dialoguer et débattre avec l'Eurasisme russe. On ne peut pas « penser l'Europe » à partir d'un seul penseur, vous n'avez que Faye, et encore, vous avez ce que vous voulez bien faire dire à Faye. Votre pensée est trop politique et historique que pour penser l'Europe métapolitique et poétique.

 

Les penseurs européanistes français pensent l'Europe comme les néo-souverainistes pensent la France et comme les néo-occidentalistes sont incapables de penser l'Europe sans tenir la main de papa Occident, ce sont de petits enfants métapolitiques qui veulent jouer dans la cour des grands et qui pleurent dés qu'ils ramassent le moindre coup. Ils jouent de sentimentalisme et sont des pleurnichards idéologiques qui réclament aux États-Unis la puissance qu'ils n'ont pas, cette même « puissance » qui viole leur mère et dont ils sont les bâtards. Cette naïveté de leurs petits genoux en sang et de leur questionnement identitaire est touchante, mais après les avoir soigné et câliné, leur avoir préparé un goûté et mis au lit, pourrons-nous passer aux choses sérieuses et ne pas devoir répéter éternellement ce qu'ils ne lisent pas avant de s'endormir et qu'ils n'apprennent pas à l'école des écrans superposés du spectacle cybernétique de la marchandise ?

 

Ils nous demandent de leur conter une histoire que nous connaissons par cœur, nous le faisons, mais ils refusent d'ouvrir le grand livre Europe, et nous pensons qu'ils sont assez grands pour lire seuls, qu'ils arrêtent de nous réclamer une dernière petite histoire, qu'ils continuent de rêver et apprennent à se lever tous seuls...

 

D'ailleurs vous pressentez vous-même l’ « altérité nécessaire » de l'occidentalisme et de l'eurasisme mais n'arrivez pas à franchir le gué pour des raisons vaguement néo-païennes et de ce défaut de l’intellectualisme français qui est de penser que vous êtes le seul à penser et avoir (presque) toujours raison. Rien à envier à un Soral ou un Ozon sur ce point. C'est la grande maladie des penseurs français. Douguine est immunisé contre cette maladie de l’intellectualisme et du parisianisme, il a tendu la main aux penseurs français le plus longtemps qu'il fut possible... Il n'est pas étonnant qu'il ne s’intéresse plus à la France. Tandis que les réseaux eurasistes s'étendent, l'européanisme français reste confidentiel et confiné au néo-occidentalisme. Les « intellectuels » auront mis cinq ans à exposer, timidement, à identifier l'occidentalisme... Cinq ans. Combien d'années encore pour le définir ? Et combien d'années après pour prendre conscience qu'il faut le raisonner ou l'arraisonner, l'affronter fraternellement avant de devoir le combattre sauvagement ?

 

Charité bien ordonnée commence par soi-même.

 

Avant de critiquer l' « Eurasisme », toute chose que vous n'avez pas compris, que les français ne connaissent que par la rumeur, allez jusqu'au bout de la critique du néo-occidentalisme et de la subversion prométhéenne au lieu d'éluder la question comme vous le faites dans cet audio à bras raccourcis et aux petits pieds qui ne va pas très loin... Vous qui parlez de courage et de prendre des risques, nous ne comprenons pas quel risque vous avez pris ici ?... Et nous nous doutons de ce qui suivra, c'est-à-dire rien. Pour nous des attaques occidentalistes, on s'en doute.

 

Il ne se passera rien. Pas plus que vous n'avez collectivement et frontalement engager une lutte métapolitique à mort contre le « camp national » et le néo-souverainisme vous n'engagerez un combat contre le néo-occidentalisme. Le néo-occidentalisme est diamétralement opposé à l'européanisme d'Evola, de Parvulesco, de Venner ou encore de Faye, ce qui n'est pas le cas de l'Eurasisme qui est son avant-garde silencieuse, disciplinée que vous vous permettez de mépriser...

 

Mais, encore une fois, pour se permettre d'être dans l'invective, il faudrait avoir quelque chose à opposer à l'Eurasisme. Hors, vous n'avez rien. Gardez-vous d'invectives stériles et infécondes, elles n'impressionnent personne et ne servent pas les idées européennes. Vous êtes doublement perdant, sur toute la ligne, de par votre ralliement par défaut à l'occidentalisme et votre hostilité à l'eurasisme.

 

***

 

Que Faye n'aimait pas Douguine ; puisque c'est votre seul argument, ne démontre strictement rien.

 

Est-ce qu'il l'avait seulement lu ?

 

Nous en doutons.

 

Nous y voyons plus un transfert de griefs qu'il pouvait y avoir entre lui et de Benoist qu'un rejet de Douguine lui-même. Si Faye avait rencontré Douguine, l'histoire ce serait peut-être passée autrement. Nous sentons cette « intuition eurasiste » chez Faye mais nous éviterons de lui faire dire ce qu'il ne disait pas.

 

Quoiqu'il en soit, le fait que Faye, qui aurait voulu finir ces jours en Russie, se méfiait de Douguine et par extension de l'Eurasisme – beaucoup plus proche de l'archéofuturisme que ne le sera jamais le prométhéisme –, ne prouve rien, ne discrédite pas la perspective eurasiste qui n'est pas très différente de la perspective euro-sibérienne.

 

Les différentes pensées européennes nationales, isolées les unes des autres, sont par définition imparfaites et il faut en faire la synthèse pour convenir à toutes parties prenantes dans la défense de l'Europe, selon leurs intérêts respectifs et respectables.

 

Se priver des eurasistes qui ont l'Europe et l'Empire au cœur dans un moment aussi critique pour les idées européennes serait une grave erreur, une faute métapolitique.

 

N'insultez plus gratuitement Douguine et les eurasistes, soyez précis sur ce que vous auriez à lui reprocher et à nous reprocher, ou n'en parlez plus, surtout pour ne rien dire, car vous ne le savez pas vous-même : ce que vous avez à lui reprocher, vous butez systématiquement sur la question. Tout dans l'Eurasisme reste pour vous un mystère.

 

Camper sur ses positions nationalistes dans l'immobilité métapolitique profite systématiquement à l'inertie et systémiquement au statu-quo. D'autant que nous ne sommes pas certains que les penseurs français européistes soient en position d'imposer quoique cela soit à la Russie et au reste de l'Europe...

 

Et il serait peut-être temps de s'adresser à l'Allemagne, d'expliquer au européanistes français que la France doit s’intégrer à l'Allemagne. Vous découvrirez alors que les néo-occidentalistes restent très nationalistes et souverainistes dans l'esprit, leur soumission inconsciente aux États-Unis, à leur Occident imaginaire, n'a d'égal que leur incompréhension fondamentale du concept d'imperium. Ils ne sont pas davantage romains qu'ils ne sont européens, de petits occidentaux sans ambition autre que d'être dans le sens de la fin de l'Histoire, une ambition de feuille morte.

 

Faire de Faye un « penseur occidentaliste » est une forfaiture idéologique sur laquelle nous ne reviendront pas ici, nous exposerons cette forfaiture ailleurs, à travers une lecture croisée de Faye et Parvulesco qui pourrait en surprendre plus d'uns. Steuckers reste critique positif de l'Eurasisme mais peut être considérer, à bien des égards, comme un penseur sinon « eurasiste » : euro-sibérien, au même titre que Faye.

 

Limiter une pensée sur la base d'une terminologie qui déplaît est, d'un point de vue intellectuel, médiocre, et confine à un orgueil mal-placé.

 

En réalité, vous n'avez rien à opposer à l'Eurasisme, ce pourquoi vous n'avez pas le choix d'être et de rester évasif sur la question. Quand on pense sincèrement et sérieusement l'Europe on pense l'occidentalisme et l'eurasisme qui sont comme l'aile gauche et l'aile droite de l'Européanisme. Se sentir obligé de dire qu'occidentalisme et eurasisme ne veulent rien dire, pour se rassurer, dénote un doute. Vous avez raison d'en douter, occidentalisme et eurasisme veulent tout dire. Si les deux grandes orientations européanistes ne veulent rien dire, nous nous demandons qu'est-ce qui veut dire quelque chose quand on pense l'Europe.

 

La pensée européenne monomaniaque et autistique ne mène nul part.

 

Nous autres, eurasistes, ne nions pas l'occidentalisme et y prenons notre part. Nous sommes des penseurs « occidentalistes » et des « prométhéens », mais d'un tout autre Ordre européen et archéofuturiste.

 

Tout n'est pas tout noir ou tout blanc, et il y a des choses à prendre dans l'occidentalisme et le prométhéisme, qui sont comprises et intégrées dans l'Eurasisme depuis Parvulesco (que l'on pourra difficilement confondre en « complotisme » et « tiers-mondisme »). Notre cher Jean, dont toutes les droites de la trahison en mouvement de subversion n'osent prononcer le nom, et c'est bien à cela qu'on les reconnaît.

 

« Notre honneur, je viens de le dire, s'appelle recommencement. A condition, toutefois, que l'on eût compris que tout ce qui revient est autre. »

 

***

 

L'Eurasisme repose sur une œuvre qui a le mérite d'exister, à partir de laquelle nous pouvons nous projeter, qui permet de développer des méthodes et des stratégies autres que le « gramscisme de Droite » qui lui non plus ne mène nul part, qui permet de s'inscrire en manifeste et doctrine, de se rassembler sous une bannière, de revêtir une esthétique de combat, de réenchanter les idées politiques européennes, et qui est sans équivalent à l'Ouest.

 

Si comparaison n'est pas raison : on ne peut comparer que ce qui est comparable, cher Thomas.

 

Nous attendons donc une œuvre strictement européaniste qui exclurait définitivement l'eurasisme par son argumentaire infaillible et une volonté de puissance qui plierait la Russie à cette volonté supérieure, une œuvre que vous tardez à exprimer sous la forme d'une littérature de combat aussi vaste que la littérature fondamentalement eurasiste, qu'elle le soit directement ou indirectement, explicitement ou implicitement...

 

Si vous étiez davantage curieux et attentifs aux mouvements métapolitiques des avants-gardes européennes et du réseau eurasiste international vous remarqueriez que l'Eurasisme gagne du terrain et rallient des forces desquelles on ne peut pas se priver...

 

En attendant, interdire l'accès à l'Eurasisme aux jeunes européens, sous des prétextes fallacieux et des pinailles terminologiques excessives, c'est ouvrir le champ à l'occidentalisme sans proposer d'autres voies d'exploration, ce qui, d'un point de vue intellectuel, est condamnable. Les européens sont des hommes libres qui refusent qu'on leur interdise de s’intéresser, d'être curieux, d'orientations et de perspectives métapolitiques qui ne sont pas moins européennes que vos idées qui supportent un occidentalisme sans contradiction alors qu'elles se refusent à découvrir de nouveaux horizons.

 

Notre seul intérêt est la grande Europe et chacun prendra la responsabilité des névroses personnelles qui lui font obstacle puisque le problème est ici davantage psychologique qu'il n'est métapolitique.

 

***

 

Tous ceux qui se disent européens, européistes ou européanistes, qui n'ont aucun recul critique sur l'occidentalisme (et qui ne voit pas une certaine subversion dans le prométhéisme), sont des pitres ou des cuistres, au choix. Vous n'en avez rien à faire de l'Europe.

 

Apparemment, l'Europe passe toujours après les passions françaises, la « civilisation occidentale » et le « monde blanc ». Mort de la tragédie et naissance de la comédie. Les « identitaires » sont les chroniqueurs de la nécrologie française et européenne. Une pensée de croque-mort, de mort-vivant, de zombie.

 

La Droite va donc passer du néo-souverainisme au néo-occidentalisme, d'une soumission l'autre, ça change la couleur des costumes, pas la texture de la soumission au statu-quo. Dans les deux cas les États-Unis peuvent dormir tranquille dans les beaux draps de l'idéologie française qui ne change pas de tissu qu'elle soit « de gauche » ou « de droite », dollar blanc et blanc dollar : du wokisme au prométhéisme.

 

Voulant rester neutre ou penser l'Europe seule comme les souverainistes pensent la France seule, on s'enferme dans l'inertie qui profite au statu-quo, c'est comme un bug informatique dans le logiciel européaniste qui charge dans le vide : il faut relancer le programme.

 

Quand on pense l'Europe, la question des États-Unis et celle de la Russie ; et aussi celle de l'Allemagne dont il n'est que rarement question dans cette perspective européenne, viennent directement sur le tapis, soit on regarde plutôt vers l'Ouest outre-atlantique, soit plutôt vers l'Est continental, c'est inévitable, on ne peut pas faire l'impasse de cette question. C'est LA question.

 

Et bien évidement qu'il y a trahison.

 

Le pseudo-empire étasunien, avec l'appui du Commonwealth et du réseau Echelon, ne défend que ses intérêts « anglo-saxons » et n'est pas notre allié. L'histoire européenne est l'éternelle histoire d'une confrontation entre la France et l’Angleterre si nous voulons bien y regarder de plus près. Si les États-Unis ne sont pas notre « ennemi » il n'en reste pas moins notre « adversaire ». De quelles menaces que nous ne pourrions nous-mêmes écarter, ou desquelles elle nous inonde, nous protégerait la Troisième Rome parodique de l'Empire du non-être ?

 

Les États-Unis mènent une guerre de positionnement, stratégique et géopolitique, économique et culturelle, cybernétique et spirituelle, à l'Europe, que cela soit par le droit international ou militairement, dans des manœuvres explicites que les occidentalistes nomment pudiquement de séduction, la bonne blague du « soft power ». Les origines européennes du peuple américain ne peuvent le justifier. Ne plus le dire ou affirmer que c'est secondaire, voire que c'est faux, est une trahison politique. Le parapluie étasunien est une menace qui plane au-dessus de nos têtes davantage qu'il nous protège. La puissance du globalisme c'est l'hyper-puissance étasunienne. Le bras armé du globalisme c'est le Pentagone et l'OTAN. Qui va dire le contraire ?

 

Les États-Unis commettent cette erreur de pousser la Russie dans les bras de la Chine. La seule chose qui pourrait écarter la menace chinoise est de faire l'Europe. Les États-Unis ont vu à court terme en soutenant Zelenski pour déstabiliser l'Europe et la Russie. Et la Russie ; le nouvel axe Moscou-Pékin-Théhéran qui se dessine, a fait ce qu'elle avait faire, penser que Poutine a commit une erreur est une ixième confusion néo-occidentaliste qui ne comprend pas les nouvelles règles multipolaires du Grand Échiquier et d'un Grand Jeu géopolitiques que l'Occident est en train de perdre, sur le moyen-long terme.

 

Pourquoi les occidentalistes ne vont pas construire leur rêve américain de « civilisation occidentale » et de « monde blanc » aux États-Unis ?

 

L'Européanisme est notre grande famille métapolitique dont l'occidentalisme ; le regard vers l'Ouest, et l'eurasisme ; le regard vers l'Est, sont, dans les faits, les deux grandes orientations. On peut le nier mais les faits sont têtus, le conflit russo-ukrainien nous le montre, la « neutralité métapolitique axiologique » ne fonctionne pas et la géopolitique transcendantale commande.

 

Parlez d'autre chose que d'Europe, de votre nombril, par exemple, puisqu'il n'y a que ça qui vous intéresse et qui intéresse vos petites communautés de souscripteurs et de consommateurs « occidentalistes » qui sont aussi européanistes que nous sommes rabbins. Et nous ne nous adressons pas spécifiquement à Thomas Ferrier ici. Nous pensons à ces gens qui n'ont qu'Europe et Civilisation à la bouche pour nous vendre l'anti-civilisation des États-Unis. Nous n'en voulons pas. Leur vision du monde leur regarde mais il n'y a à convaincre personne ici que nous ne savons pas au sujet des États-Unis et d'une Europe européenne dont l' « état profond » ne veut pas. Qu'ils essayent de se convaincre eux-mêmes du bien fondé métapolitique du néo-occidentalisme et du prométhéisme n'apporte rien de nouveau. Rien de neuf. La Droite identitaire et alternative essaye de réinventer la Droite progressiste et libérale à l'extrême-centre du globalisme, rien de plus de négativement conservateur que cette démarche. Qu'est-ce que l'occidentalisme apporte aux idées européennes ?

 

***

« Contrairement à ce que proclament les évolutionnistes, toute irruption dans l’histoire d’une nouvelle technologie est un signe direct de l’affaiblissement des connaissances humaines. Plus l’homme est intelligent, et moins il connaît. Et c’est même parce qu’il connaît de moins en moins, du fait de l’éloignement progressif et historique des origines de sa création, que son intelligence analytique se complexifie afin de pouvoir reproduire des phénomènes qu’il savait contrôler auparavant par d’autres moyens que technologiques : des moyens cognitifs et spirituels. L’invention de la roue – et de la charrette – ne prouve rien d’autre le fait que l’homme était alors devenu suffisamment moderne pour ne plus savoir se déplacer autrement que par des moyens matériels. » Laurent James, L'Atlantide contre l'Atlantisme, Parousia

 

Nous ne connaissons plus ou moins qu'un eurasiste français, c'est Laurent James.

 

L'Eurasisme ça n'est pas être pro russe, éditer Douguine, l'avoir préfacé ou en avoir vaguement parlé il y a dix ans.

 

Et Thomas Ferrier sera d'accord avec nous pour dire que les « eurasistes » ne gênent pas l'européanisme ni ne dérangent son ordre ?...

 

Nous ferons encore quelques efforts pour tendre la main, mais pas plus, la métapolitique d'extrême-droite et le gramscisme pour adolescents ne nous intéressent pas, la métapolitique ne se fait pas sur YouTube, Twitter ou Telegram, en tout cas pas sans moyens algorithmiques et cybernétiques, sans une volonté de puissance autre que celle des mèmes de France, ne pas le comprendre est une autre confusion des penseurs français qui s'excluent eux-mêmes des diplomaties souterraines et ne se parlent qu'à eux-mêmes en réalité.

 

Nous ne sommes pas responsables des soumissions complotistes et néo-souverainistes à la propagande « de bonne guerre » du Kremlin. Pas plus que nous sommes responsables des soumissions néo-occidentalistes au globalisme...

 

Nous sommes eurasistes, nous n'avons rien à voir avec le produit français des dissidences vocifératrices dont nous avons été les premiers à dénoncer le complotisme maladif et aujourd'hui l'anticomplotisme névrotique. Ça ne sont pas des « eurasistes » qui insultent tous les jours Thomas Ferrier, se sont des dissidents et des néo-souverainistes, demain des néo-occidentalistes...

 

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« L’affrontement entre la thalassocratie anglaise et le continentalisme russe débute dès les premières conquêtes de Nicolas I, qui règna de 1825 à 1855 et consolida les conquêtes d’Alexandre I dans le Caucase, tout en avançant profondément dans les steppes du Kazakhstan, entre 1846 et 1853. Nicolas I désenclave également la Mer Noire, en fait un lac russe: alarmée, l’Angleterre fait signer une convention internationale en 1841, interdisant le franchissement des détroits pour tout navire de guerre non turc. Elle avait soutenu le Sultan contre le Pacha d’Égypte, Mehmet Ali, appuyé par la France. En 1838, elle s’installe à Aden, position stratégique clef dans l’Océan Indien et à la sortie de la Mer Rouge. C’est le début d’une série de conquêtes territoriales, en réponse aux avancées russes dans le Kazakhstan actuel : sont ainsi absorbés dans l’Empire thalassocratique anglais, le Baloutchistan en 1876 et la Birmanie intérieure en 1886. Pour contrer les Russes au nord de l’Himalaya, une expédition est même lancée en direction du Tibet en 1903.

 

Dans ce contexte, la Guerre de Crimée (1853-1855), suivie du Traité de Paris (1856), revêt une importance toute particulière. L’Angleterre entraîne la France de Napoléon III et le Piémont-Sardaigne dans une guerre en Mer Noire pour soutenir l’Empire ottoman moribond que la Russie s’apprête à absorber. Les intellectuels russes, à la suite de cette guerre perdue, vont cultiver systématiquement une méfiance à l’égard de l’Occident, posé comme libéral, “dégénéré” et “sénescent”, sans pour autant abandonner, dans les cinq dernières décennies du XIX° leur eurasisme indo-européanisant: l’obsession du danger “mongol”, qualifié de “panmongoliste”, demeure intacte. L’Orient de ces intellectuels orthodoxes et slavophiles est russe et byzantin, les référents demeurent donc de matrice grecque-chrétienne et européenne. Dans ce contexte, Vladimir Soloviev prophétise une future nouvelle invasion “mongole” en 1894, à laquelle la Russie devra faire face sans pouvoir compter sur un Occident décadent, prêt à trahir son européanité. Neuf ans plus tard, la défaite russe de Tchouchima laisse entrevoir que cette prophétie était juste, du moins partiellement.» Robert Steuckers, Eurasisme et atlantisme: quelques réflexions intemporelles et impertinentes, L’affrontement entre l’Empire continental des Tsars et l’Empire maritime des Britanniques, Le blog de Robert Steucker

 

Occidentalisme et Eurasisme sont des altérités métapolitiques nécessaires, c'est de leur désaccord et synthèse que peut naître une Quatrième théorie politique multipolaire européenne.

 

L' « Européanisme » est une boussole qui veut imposer une orientation dont elle n'indique pas la direction, ce qui est problématique. Les aiguilles s'affolent, le nord magnétique des idées européennes bascule. Parce que nous allons traduire ce que Thomas Ferrier nomme d' « européanisme 2.0 », ça n'est ni plus ni moins que l'occidentalisme, un occidentalisme par défaut, mais un occidentalisme quand même. Cela se vérifiera dans le temps. Sans le recours métapolitique extérieur de l'Eurasisme c'est le destin de l'européanisme de se confondre de plus en plus avec l'occidentalisme. Quand on ne choisit pas c'est l'Histoire qui choisit pour vous. Vous n'avez pas voulu de l'Eurasisme, vous aurez l'Occidentalisme.

 

Le commentaire d'actualité et l'analyse politique sont insuffisants pour impulser une révolution métapolitique, fonder un grand « isme » et un grand Parti européen. L'Occidentalisme joue d'ailleurs de ce même flou artistique des influenceurs et créateurs de contenus journalistiques et idéologiques – exagérément qualifier de « culturels » – et le Prométhéisme reste l'angle mort de la critique sommaire de l'Occidentalisme que vous entamez ici. Qu'il vous faudra poursuivre.

 

Nous attendrons donc une équivalence européaniste pour pouvoir développer davantage et restons « eurasistes » à défaut de pouvoir comparer vos œuvres et d'en faire la synthèse. Nous ferons la même remarque aux occidentalistes dont la pensée virtualiste et artificielle ne repose sur aucune œuvre métapolitique dédiée.

 

Il y a ce qu'on veut et ce qu'on peut : les moyens qu'on se donne ou que l'on fantasme.

 

Les récupérations et recyclages occidentalistes ne font pas une littérature de combat originale et principielle.

 

L'Eurasisme se donne les moyens métapolitiques et esthétiques, philosophiques et métaphysiques, pour combattre le globalisme dans tous ses travestissements et subversions, ce que nous ne trouvons nullement dans un quelconque « européanisme » incapable d'identifié et de définir le travestissement occidentaliste et la subversion prométhéenne qui ne sont autre qu'un alter-globalisme. Tout va se justifier et se vérifier en temps voulu car ça n'est qu'une question de temps.

 

Nous aborderons dans un prochain article le problème du complotisme et de l'anticomplotisme de Droite, ce qu'il suppose de subversion et de non-dit. Car du complotisme neo-souverainiste à l'anticomplotisme néo-occidentaliste c'est la même impasse, la même maladie infantile, le même statu-quo qui s'exprime, qui nous éloigne de l'idée fondamentale et sacrale d'Europe européenne.

 

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« Maintenant vient le temps de révéler la vérité, de dévoiler une essence spirituelle que les lèche-bottes ordinaires définissent comme de l' « extrémisme politique ». Nous les avons embrouillés, changeant les registres de nos sympathies politiques, la couleur de nos héros, passant du chaud au froid, du droitisme au gauchisme et inversement. Tout cela n'était qu'une préparation intellectuelle, une sorte de réchauffement idéologique.

 

Nous avons effrayé et séduit à la fois l'extrême droite et l’extrême gauche, et maintenant toutes deux ont perdu leurs lignes directrices, toutes deux ont été attirées hors des sentiers battus. C'est merveilleux. Comme le grand Evgueni Golovin aimait à le répéter : « Celui qui marche face au jour ne doit pas craindre la nuit ». Il n'y a rien de plus agréable que de sentir le sol se dérober sous vos pieds. C'est la première expérience de vol. Cela tuera la vermine. Cela endurcira les anges.

 

Qui sommes-nous en réalité ? Ceux dont le visage menaçant apparaît plus clairement, jour après jour, derrière le courant politique radical paradoxal qui répond au nom effrayant de national-bolchévisme ?

 

Aujourd'hui il est possible de répondre à cette question sans équivoques ni définitions évasives. Cependant, avec cette fin en vue, il est nécessaire de faire une brève digression dans l'histoire de l'esprit.

 

L’humanité a toujours eu deux types de spiritualité, deux votes – la « Voie de la Main Droite » et la « Voie de la Main Gauche ».



La première est caractérisée par une attitude conciliant envers le monde environnant qui est vu comme harmonie, équilibre, bien, paix. Tout le mal est considéré comme un cas particulier, une déviation par rapport à la norme, quelque chose d'inessentiel, de passager, sans raisons transcendantales profondes. La Voie de la Main Droite est aussi appelée la « Voie du Lait ». Elle ne blesse pas la personne, elle la préserve de toute expérience radicale, de l'immersion dans la souffrance, du cauchemar de la vie. C'est une fausse voie. Elle conduit à un rêve. Celui qui la suit n'arrive nulle part.

 

La seconde voie, la « Voie de la Main Gauche », voit tout selon une perspective inverse. Pas de tranquillité laiteuse, mais une sombre souffrance ; pas de calme silencieux, mais le drame torturant et ardent de la vie déchirée. C'est la « Voie du Vin ». Elle est destructrice, terrible, ne connaît que la colère et la violence. Pour celui qui suit cette voie, toute la réalité est perçue comme un enfer, comme un exil ontologique, une torture, une immersion au cœur de quelque catastrophe inconcevable tombée des hauteurs des cieux.



Dans la première voie tout semble bon, dans la seconde tout parait funeste. Cette voie est monstrueusement difficile, mais seule cette voie est vraie. Celui qui la suit trouvera gloire et immortalité. Celui qui l'endurera conquerra et recevra la récompense, qui est plus élevée que la vie.

 

Celui qui suit la « Voie de la Main Gauche » sait qu'un jour l’emprisonnement prendra fin. La prison de la matière disparaîtra, se transformant en cité céleste. Les chaînes de l'initié préparent passionnément un moment désiré, le moment de la Fin, le triomphe de la libération totale.

 

Ces deux voies ne sont pas deux traditions religieuses différentes. Les deux sont possibles dans toutes les religions, dans toutes les confessions, toutes les Églises. Il n'y a pas de contradiction externe entre elles. Elles font appel aux traits les plus intimes d'une personne, à son essence secrète. Ces voies ne peuvent être choisies. Ce sont elles qui choisissent une personne, comme une victime, comme un serviteur, comme un outil, un instrument.

 

La Voie de la Main Gauche est appelée « gnose », « connaissance ». Elle est amère, en tant que connaissance elle engendre la douleur et froide tragédie. Jadis, dans l'Antiquité, quand l'Humanité attachait encore une signification décisive aux aspects spirituels, les gnostiques développèrent leurs théories à un niveau philosophique, comme une doctrine, comme des mystères cosmologiques, comme un culte. Graduellement les êtres se dégradèrent, cessèrent de prêter attention au royaume de la pensée, tombèrent dans la physiologie, dans la recherche de la vie privée, de la vie personnelle. Mais les gnostiques ne disparurent pas. Ils transférèrent le débat au niveau des choses compréhensibles par les humains modernes et ordinaires. L'un deux proclama les slogans de la « justice sociale », développa les théories de la lutte des classes, le communisme. Le « mystère de la Pistis Sophia » devint la « conscience de classe », la « lutte contre le Démiurge mauvais, créateur du monde damné », prit la caractère d'une bataille sociale. Les fils de l'ancienne connaissance conduisirent Marx, Netchaïev, Lénine, Staline, Mao, Che Guevrara... Le Vin de la révolution socialiste, le plaisir de la révolte contre les forces du destin, la passion furieuse et sacrée de la destruction totale de tout ce qui est sombre pour l'amour de trouver une nouvelle Lumière non-terrestre...

 

D'autres opposèrent à la médiocrité l'énergie secrète de la race, le murmure du sang. Ils érigèrent les lois de la pureté et de la nouvelle sacralité, proclamèrent le retour à l'Age d'Or, le Grand Retour contre le mélange, la dégradation. Nietzsche, Heidegger, Evola, Hitler, Mussolini dissimulèrent la volonté gnostique dans des doctrines raciales nationales.

 

Il est vrai que les communistes n'avaient pas d’intérêt particulier pour les travailleurs, ni Hitler pour les Allemands. Mais ce n'était aucunement dû à leur cynisme. Tous deux étaient submergés par une aspiration plus profonde, plus ancienne, plus absolue – l’esprit gnostique ordinaire, la secrète et terrible Lumière de la Voie de la Main Gauche. Ni travailleurs, ni aryens... C'est un cheval d'une autre couleur.

 

Des personnalités créatrices invoquèrent la Voie de la Main Gauche sur le chemin de la gnose ils balancèrent entre le « rouge » et le « noir », le « blanc » et le « brun », se ruèrent dans des recherches spirituelles. Troublés par les doctrines politiques, allant vers les extrêmes, incapables d'exprimer clairement les contours métaphysiques de leur vision, les artistes, de Shakespeare à Artaud, de Michel-Ange à Marc Eemans, des troubadours à André Breton, se nourrissent du vin secret de la souffrance, imprégnèrent avidement la société, les passions, les sectes et les confréries occultes avec les fragments épars de la terrible doctrine qui vous prive de la possibilité de sourire. Les Chevaliers du Temple, Dante, Lautréamont... Ils ne souriaient jamais. C'est le signe de l'élection particulière, la trace de la monstrueuse expérience qui était commune à tous les « voyageurs de la Voie de la Main Gauche ». Un gnostique survole notre monde avec un regard sévère. Le même regard qu'avaient ses précurseurs, maillons d'une ancienne chaîne des élus, choisis par l'Horreur. La marque répugnante lui est visible. L'Occident perdu dans sa psychose de consommation, l'Orient dégoûtant par sa lenteur d'esprit et son obéissance misérable. Un monde en train de se noyer, une planète touchant le fond.

 

« Dans les bosquets sous-marins la pensée est inutile et le geste s'interrompt. » (Evgueni Golovin.)

 

Mais le gnostique continuera à l’œuvre de la vie. Il n'abandonnera jamais. Ni aujourd'hui, ni demain. Au contraire, il a toutes les raisons de triompher intérieurement. N'avons-nous pas dit aux naïfs optimistes de la « Voie de la Main Droite » où leur excessive confiance ontologique les conduirait ? N'avons-nous pas prédit la dégradation de leur instinct créatif dans cette grotesque parodie, représentée par les conservateurs modernes qui se sont abandonnés à tout ce qui horrifiait leurs précurseurs les plus séduisants (Mais non moins hypocrites) deux mille ans auparavant ? Ils ne nous ont pas écoutés... Maintenant qu'ils ne s'en prennent qu'à eux-mêmes et qu'ils lisent les livres du New Age ou les manuels de marketing.

 

Nous n'avons abandonné personne ; nous n'avons rien oublié.

 

Nous n'avons pas été trompés par le changement du théâtre et des acteurs politiques.

 

Nous avons une très bonne mémoire, nous avons de très « long bras ».

 

Nous avons une très sévère tradition.

 

Labyrinthes de vie, spirales d'idées, tourbillons de colère... » Alexandre Douguine, Le prophète de l'eurasisme, Partie IV - Essais philosophiques, Le gnostique, pp. 217-220, Avatar éditions, Collection Heartland

 

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Si Thomas Ferrier ne veut pas le faire, nous réconcilierons De Gaulle et Degrelle !

 

A bat l’État ! A bat la démocratie-libérale ! A bat le globalisme !

 

Nous autres, eurasistes, cœurs sauvages et farouches de l'Empire eurasiatique de la Fin louvoyants dans la Nuit, n'avons pas peur de l'anarchie et du chaos ; qui viendront férocement avec l'hiver aride et glacial d'un cycle affamé, car nous ne supportons aucune formes de travestissements et de parodies.

 

Les loups ont faim, entendez-les hurlez au loin, sous la pleine lune du Minuit cosmique.

 

Les États-Unis ; les « européens d'Amérique », se révolteront contre le globalisme quand l'Europe renaîtra.

 

Et notre Phoenix a de très grandes ailes... de fer, il est de feu, et son ombre s'étend d'un Soleil noir et invaincu.

 

« Honneur et Fidélité. »

 

 

Vive la plus grande Nation européenne continentale et l'Empire eurasiatique multipolaire de la Fin !

 

Laurent Brunet