23/12/2014
Le secret numérique de la Basmala et la Trinité
Jaafar Saighe et le décodage du secret numérique de la Basmala :
"بسم الله الرحمن الرحيم"
bismi Allah ar-Rahman ar-Rahim
Le Coran se constitue de 114 chapitres. 113 chapitres commencent par la Basmala, un, le chapitre 9, ne débute pas par la Basmala.
La traduction traditionnelle de Basmala (ou Bismillah) en français - mot qui signifie la formule bismi Allah ar-Rahman ar-Rahim (arabe : بسم الله الرحمن الرحيم) " - est composée de Bismi traduit Au nom de, ensuite nous trouvons trois noms : Allah (Dieu) - ar-Rahman (Le Miséricordieux) - ar-Rahim (Le Tout Miséricordieux). Cette formule est composée de 19 lettres (en arabe). Le nombre 19 est très significatif, composé de 1 (le premier) et de 9 (le dernier). Jaafar Saighe nous explique que le Coran est construit sur la base d'une organisation numérique très précise, il nous rappelle que le prophète (sws) a enseigné que Allah a 99 attributs (ni plus, ni moins), 100-1, ou encore 33x3. Si les Chrétiens ont trois images de Dieu : le père - le fils - le saint esprit. Les musulmans ont 99 images (noms) qui désignent Allah.
Ensuite Jaffar Saighe passe à une explication de sa théorie à l'aide d'un tableau pour décomposer la formule et la structure de la Basmala sur une base de calculs numériques.
(en arabe)
Bismi : 3 lettres
Allah : 4 lettres
ar-Rahman : 6 lettres
ar-Rahim : 6 lettres
En tout 19 lettres. Jafaar nous rappel que 19 est un nombre premier - qui n'est divisible que par 1 et par lui même - et qu'il évoque l'Alpha et l'Omega.
Nous voyons que le chiffre 9 revient explicitement dans la formule de la Basmala. Nombre du chapitre qui ne commence pas par la Basmala.
Nous notons aussi la récurrence du nombre 99. Le mot Allah renvoi lui même au nombre 99.
Nous trouvons également le nombre 111 - 1, 1 et 1 - formule trinitaire qui évoque la Sainte Trinité.
"Je n'avais jamais encore réalisé à quel point la Basmala intégrait ("incarnait") la trinité Dieu/Justice/Paix avec l'incantation Allah/Rahman (clémence) / Rahim (miséricorde). Quand on sait que la Justice est la caractéristique première du Christ, et la Paix celle du Paraclet, on comprend mieux l'entrelacement primordial entre le christianisme et l'islam... Par ailleurs, je pense que le Coran est, à lui seul, l'objet "incarnant" la Justice (en tant que livre, la parole d'Allah) et la Paix (de par le souffle de Jibrile). L'islam, en tant que religion justifiée, est une religion tout à fait trinitaire." Laurent James (qui précise bien - à l'intention des malveillants - que son but n'est pas de faire phagocyter l'islam par le christianisme, mais de montrer que l'islam est bel et bien une religion justifiée et cela au sens traditionaliste du terme.)
notes :
*basmala (pdf) : http://www.facebook.com/groups/changeNWO/434337983304461/
*"Il ne s'agit pas ici de présenter un "traité" sur la Trinité, comme, on le ferait, par exemple, si l'on s'attachait au De Trinitate d'Augustin. On essayera ici simplement d'expliciter un peu, à travers les commentaires sur les écrits de Jean, de fait les Homélies sur l'Evangile de Jean, ce qu'Augustin disait de la Trinité, ce à quoi il tenait profondément. De fait on verra qu'on trouve dans ces Homélies à peu près tous les points essentiels qui seront développés ultérieurement ou parallèlement par Augustin dans son traité complet. Ce sera l'occasion pour nous de nous pénétrer de cet ineffable mystère que nous ne pouvons vraiment approcher qu'avec la foi." http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/trinite.htm
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De la violence monothéiste (de Jean Soler)
« La coexistence des deux commandements se fait jour dés la scène où Moïse transmet au peuple, pour la première fois, l'interdit de tuer. Il vient de descendre de la montagne où il a passé quarante jours en tête à tête avec Iahvé. Le dieu des Hébreux a écrit « de son doigt » sur deux tablettes de pierre dix prescriptions qui doivent assurer l'unité de la communauté et la solidarité de ses membres , en prohibant entre eux, tout spécialement, le vol et le meurtre. Iahvé a confié ces tablettes à Moïse, qui les porte dans ses bras lorsqu'il retrouve le peuple, au pied de la montagne. Scandalisé en voyant que pendant son absence les hommes ont façonné une sculpture animale pour l'adorer, Moïse fait détruire l'idole et, peu de temps après, il s'écrie : « Ceux qui sont pour Iahvé, à moi ! » et vers lui se assemblèrent tous les fils de Lévi. Il leur dit : « Ainsi a parlé Iahvé, le dieu d'Israël : Mettez chacun l'épée au côté. Passez et repassez de porte en porte dans le camp, tuez, qui son frère, qui son ami, qui son proche ! » Les fils de Lévi agirent selon la parole de Moïse et il tomba du peuple, en ce jour, environ trois mille hommes. (Exode 32, 26-28).
C'est au nom du dieu national et, plus précisément, sur son ordre (« Ainsi a parlé Iavhé, le dieu d'Israël ») - ce dieu qui vient de graver de sa propre main sur la pierre (Moïse ne peut l'ignorer, c'est lui qui portait les tablettes) l'interdit de tuer -, que le prophète fait mettre à mort un grand nombre de ses compatriotes. Sauf imaginer que Moïse a enfreint délibérément la volonté de son dieu, il faut en conclure que les deux ordres ne sont pas exclusifs l'un de l'autre.
De fait dans de nombreuses circonstances, Iavhé enjoint de tuer plutôt que de corriger ou de punir sans donner la mort. » Jean Soler - Qui est Dieu ? - I. La violence dans le monde hébraïque - L'interdit de tuer et l'ordre de mettre à mort dans le récit du Veau d'or - p.82 à 83
« Le Livre des Morts égyptien (dont les manuscrits furent trouvés dans les tombes des rois de 2600 av. J.-C., plus de deux mille ans avant que la « Loi » judaïque ne soit achevée) contient ce passage : « Tu es l'unique, le Dieu des tout premiers commencements du temps, l'héritier de l'immortalité, par toi seul engendré, tu t'es toi-même donné naissance ; tu a créé la terre et a fait l'homme. » Inversement, les Écritures produites dans la Juda des Lévites demandent, « Qui est comparable à toi, Ô Seigneur, parmi les Dieux ? » (l'Exode).
La secte qui rejoignit et mata la tribu de Juda prit ce concept émergent d'un Dieu unique de tous les peuples et l'inclut dans ses Écritures uniquement pour le détruire et pour dresser la doctrine basée sur sa négation.
Ce concept est nié subtilement, mais avec mépris, et comme la doctrine est basée sur la théorie de la race supérieure, cette négation est nécessaire et inévitable. Une race supérieure, s'il doit y en avoir une, doit elle-même être Dieu. La doctrine qui avait acquis la force de la justice en vigueur en Juda en 458 av. J.-C. était alors et est toujours unique au monde. Elle reposait sur l'assertion, attribuée à la divinité tribale (Jéhovah), que « les Israélites » (en fait, les Judaïtes) étaient son « peuple élu » qui, s'il accomplissait toutes ses « lois et jugements » serait placé au dessus de tous les autres peuples et établi sur une « Terre promise ». De cette théorie, que ce soit par anticipation ou nécessité imprévue, naquirent les théories pendantes de la « captivité » et de la « destruction ».
Si Jéhovah devait être adoré, comme il le demandait, dans un certain lieu, sur une terre précise, tous ses adorateurs devaient vivre là-bas.
À l'évidence, tous ne pouvaient vivre là-bas, mais s'ils vivaient ailleurs, que ce soit contraints ou par leur propre choix, il devenaient automatiquement « captifs » de « l'étranger » qu'il devaient « chasser » « terrasser » et « détruire ».
Étant donné ce principe de base de la doctrine, cela ne faisait aucune différence que les « géôliers » soient des conquérants ou des hôtes accueillants ; leur destinée décrétée devait être la destruction ou l'esclavage.
Avant qu'ils soient détruits et réduits en esclavage, ils devaient être pendant un temps les « géôliers » des Judaïtes, pas de leur propre fait, mais parce que les Judaïtes, ayant échoué à « l'observance » méritaient d'être punis.
De cette manière-là, Jéhovah se révélait comme le Dieu unique de tous les peuples : même s'il ne « connaissait » que le « peuple élu », il utilisait les païens pour les punir de leurs « transgressions » avant d'« infliger » la destruction précédemment décrétée de ces païens. »Douglas Reed - La controverse de Sion
Petit essai critique sans prétention. Une réflexion à la marge, sans doute peu enrichissante aux vues de l'essentiel du propos de haute tenue de Jean Soler dont nous ne connaissons que très partiellement les travaux, qui doivent être au delà de ce que nous pourrions répondre sur l'ensemble de ceux-ci, mais tout de même à essayer de nuancer sur certains points de notre connaissance qui pourraient s’avérer essentiels, surtout dans la méthode que nous découvrons. Il est vrai que nos positions de départ semblent inconciliables, en effet, Jean Soler est parfaitement athée et ne semble reconnaître aucune Tradition, mais nous voyons par delà cette différence de paradigme une critique du judaïsme qui rejoint la nôtre et le sentiment profond de l'incompréhension du monothéisme, que nous ressentons autant chez les athées que chez les dits croyants, totalement déconnectés de l'idée intérieure d'une longue chaîne transmission le plus simplement du monde traversée par le temps, les guerres, les constructions historiques, les moments qualifiés, les mutations cycliques, mais qui garde intacte l'Unité du Mystère que nous pouvons percevoir malgré les vicissitudes de l'histoire et le genre de confusion des différentes manifestations supra-rationnelles dont parle la Tradition primordiale et les traditions ésotériques et exotériques, ainsi, dans la tradition islamique on parle de Hérauts, assimilables à des Géants, pouvant être perçus comme des dieux vivants pour les hommes, on parle aussi de Djinns, d'Anges. Il n'y a, dans aucunes traditions que des dieux et des hommes, que Dieu et les hommes.
« Pour Aristote, la physique n'était que «seconde » par rapport à la métaphysique, c'est-à-dire qu'elle en était dépendante, qu'elle n'était au fond qu'une application, au domaine de la nature, des principes supérieurs à la nature et qui se reflètent dans ses lois ; et l'on peut en dire autant de la « cosmologie » du moyen âge. La conception moderne, au contraire, prétend rendre les sciences indépendantes, en niant tout ce qui les dépasse, ou tout au moins en le déclarant « inconnaissable » et en refusant d'en tenir compte, ce qui revient encore à le nier pratiquement; cette négation existait en fait bien longtemps avant qu'on ait songé à l'ériger en théorie systématique sous des noms tels que ceux de « positivisme » et d' « agnosticisme », car on peut dire qu'elle est véritablement au point de départ de toute la science moderne. Seulement, ce n'est guère qu'au XIXe siècle qu'on a vu des hommes se faire gloire de leur ignorance, car se proclamer « agnostique > n'est point autre chose que cela, et prétendre interdire à tous la connaissance de ce qu'ils ignoraient euxmêmes ; et cela marquait une étape de plus dans la déchéance intellectuelle de l'Occident. En voulant séparer radicalement les sciences de tout principe supérieur sous prétexte d'assurer leur indépendance, la conception moderne leur enlève toute signification profonde et même tout intérêt véritable au point de vue de la connaissance, et elle ne peut aboutir qu'à une impasse, puisqu'elle les enferme dans un domaine irrémédiablement borné. » extrait de La crise du monde moderne, René Guénon
Ce que Jean Soler appelle avec insistance monolâterie, est traditionnellement et précisément appelé hénothéisme.
Le monolâtrisme étant un cas particulier de l'hénothéisme.
L'hénothéisme abrahamique et hébraïque - et sa dérive monolâtrique judaïque et talmudique -, comme une douce transition du polythéisme vers le monothéisme dans la transmission de la Tradition ? Rien n'est moins sûr.
Si Jean Soler utilise précisément, et avec insistance, le terme de monolâterie, quand il faudrait parler d’hénothéisme, selon la définition qu'il en donne lui même - nous pouvons dire que le monolâtrisme est une forme d'hénothéisme mais pas que l'hénothéisme est une forme de monolâtrisme -, c'est que son approche est, nous pensons, religieusement laïque, et donc combat intrinsèquement l'idée de Tradition - autant exotérique qu'ésotérique -, ce qui pourrait laisser à supposer que cette erreur fondamentale est volontaire, la distinction entre hénothéisme et monolâtrie - comme sa conception du polythéisme et du monothéisme - permet des nuances que son postulat de départ ne permet. Le cadre est universitaire, mais au-delà, il est engagé. Son exposé est pertinent, mais ne décrit pas ce qu'il prétend cibler. Nous pourrions dire que Jean Soler se prive de certains outils par idéologie, d'une compréhension plus large sur un sujet qui a justement tout à voir avec la Tradition, et donc certains outils conceptuels qui lui appartiennent, qui ne sont pas une question d'adhésion, mais de données primordiales pour le travail entreprit, en se refusant ces données essentielles, par dogmatisme athéiste et/ou idéologie laïque, Jean Soler s'interdit ce juste milieu grec - par définition aristo-platonicien - qu'il revendique et définit excellemment, mais n'applique pas.
La définition que Jean Soler donne de monolâterie - vers 6min. dans la vidéo proposée - n'est donc pas assez précise de notre point de vue pour le niveau d'analyse qu'il pratique, et n'évoque pas la particularité du monolâtrisme - le monolâtrisme reconnaît mais exclu/interdit la vénération des autres dieux que le dieu choisit - lui, nous insistons, donne plutôt la définition d’hénothéisme - celle du culte préférentiel mais qui n'interdit pas les autres vénérations - qu'il devrait utiliser davantage que monolâterie - qui est justement la dérive judaïque de l'hébraïsme. Il nous dit en page 60 de Qui est Dieu ?: « Iahvé n'est pas Dieu. On continue à confondre le Dieu des Hébreux et le Dieu unique des trois religions monothéistes. Iavhé n'est qu'ne divinité parmi d'autre. Ceux qui l'adorent ne doutent pas qu'il existe d'autres dieux. Mais ils ont choisit celui-là pour être leur dieu. Ils racontent que leurs ancêtres, depuis Abraham, ont fait alliance avec lui, et que cet accord a été renouvelé du temps de Moïse le prophète qui a rendu leur liberté aux tribus hébraïques exilées en Égypte et réduite en esclavage, pour les constituer en nation, la nation « israélite » (terme dans la Bible qui désigne les descendants de Jacob, surnommé « Israël »). Aux termes de l' « alliance », si le peuple vénère ce dieu au-dessus des autres dieux, le dieu le placera au-dessus des autres peuples. Il s'agit d'un accord strictement ethnique. Et il n'est pas propre aux Hébreux. Les recueils d’inscriptions mises au jour par les archéologues dans le Proche et au Moyen-Orient, datant de l'époque supposée de Moïse et même bien avant, prouvent que ce type de religion était très courant. Les Assyriens, par exemple, étaient le « peuple d'Assur » ; les Babyloniens, le « peuple de Marduk ». De la même manière, les Hébreux étaient connus des autres peuples et ils se désignaient eux-mêmes comme le « peuple de Iahvé » ? Le dieu confère au peuple son identité. Et, naturellement, chaque peuple est porté à croire que son dieu est plus puissants que les autres ; qu'il aidera à l'emporter sur ses rivaux et ses ennemis.
Cette modalité du polythéisme, nous l’appelons « monolâtrie » : le culte rendu à un dieu de préférence aux autres, sans que ne soit niée l'existence des autres dieux. Et il importe de distinguer la monolâtrie du monothéisme (comme il aurait été sans doute éclairé de distinguer monolâtrie d'hénothéisme, ndlr) proprement dit, qui en est la conviction, érigée en dogme, qu'il n'existe et ne peut exister qu'un seul Dieu.
La monolâtrie s’accommode du rôle que peuvent jouer d'autres dieux, non seulement chez d'autres peuples mais dans le sien propre pourvu que ce soit un rôle secondaire par rapport à celui qui est dévolu au dieu national. Les inscriptions et les vestiges archéologiques prouvent que Marduk, Assur et les divers dieux tutélaires de la Mésopotamie ou de la Syrie, avaient auprès d'eux d'autres divinités, de l'un et de l'autre sexe, qui recevaient elles aussi, un culte. Il n'en allait pas autrement chez les Hébreux. Leurs récits, confrontés aux données archéologiques et épigraphiques, attestent qu'au Vème siècle encore le peuple vénérait, à côté de Iahvén d'autres dieux et d'autres déesses. » (Monolâtrie et monothéisme - p.60 à 61)
Sa confusion de monolâtrie et d'hénothéisme ne lui permet pas de distinguer Abraham de Moïse.
Nous pourrions penser qu'Abraham, à la cosmogonie sumérienne et à l'initiation ésotérique Kémite - egypto-nubienne -, représente la mutation de l’hénothéisme au monothéisme accomplit du retour à la Religion originelle, une rupture d'où émergerait le concept de Dieu unique, de Dieu : il brise les idoles de son père. Nous pensons cela, si nous pensons avec les critères modernes et si nous confondons idoles - représentations et cultes de dieux circonstanciels, de Djinns, de Démons : de dieux secondaires - et représentations de dieux locaux, dieux mythiques, du Dieu unique ou encore des Anges, des prophètes et des saints. L’idolâtrie à idoles multiples étant, en quelque sorte, un monolâtrisme multiple, un polythéisme qui n'est pas justifiable par la Tradition - Tetraktys pythagoricienne -, voire, en est une inversion, un mauvais polythéisme, et ne peut être assimilée à ce nous appelons paganisme - ou néo-paganisme - dans l'ère post-moderne, il n'est pas inutile de le rappeler, ainsi qu'il n'est pas inutile de rappeler que le relativisme et un certain moralisme n'existe pas avant la mortifère Renaissance.
Abraham incarne un certain hénothéisme - mais là encore c'est une classification moderne -, il s'oppose au monolâtrisme, qui nous penons est d'avantage de Moïse - sans avoir réellement la volonté de le détruire totalement - et aux dérives païennes, par la Tradition et non pas par le monothéisme. Abraham ne devait pas confondre l'idée de Dieu et les différents attributs du Dieu supérieur dont on ne parle pas, avec les dieux de sa cosmogonie naturelle - sumérienne.
Abraham, ne dépose pas le concept de Dieu unique comme on dépose une marque, la dichotomie Dieu/Polythéisme n'a pas lieu dans la cosmogonie sumérienne et Abraham n'a pas besoin d'être monothéiste pour s'opposer aux dérives païennes d'idolâtrie et de monolâtrie. Le concept de Dieu unique et par extension de monothéisme, est une explication moderne de l’interprétation que nous pouvons nous faire de la transmission d'une Tradition primordiale, Adam et les prophètes qui ont précédé le monothéisme sont-ils des démons ou des satanistes ? Les profanes de la Tradition nous expliquent Dieu en terme linéaire, évolutionniste, alors que le pérennialisme s'entend en terme de cycle, de mutation. Des nihilistes fondamentalistes du Laïcisme essayent donc de nous expliquer ce qui était là au commencement, et s'exprimait au travers d'une Religion originel dont nous ne savons rien que la Tradition primordiale, et si ce n'est qu'elle était et qu'elle sera, l'Alpha et l’Oméga, avec des outils conceptuels qui se sont constitués contre cette idée de Tradition, uniquement contre et qui n'existent et ne peuvent continuer d'exister que contre cette Tradition, que paradoxalement jusqu'à la contradiction ils reconnaissent, puisqu'ils ne peuvent pas exister sans.
Explication post-moderniste d'une transmission antédiluvienne, de symboles qui se baladent à travers des ages aventureux, inconnus. Une explication initiée par les sphères contre-initiatiques pour la transformer en évolution avec en son centre un progrès et non un cycle en mouvement, ce qui trompe par exemple un Pierre Jovanovic qui nomme une transmission et les manipulations contre-initiatiques autours de cette transmission : un plagiat, nous pourrions en effet préciser que la contre-initiation récupère toujours le travail de transmission dans un but de domination et déforme cette transmission pour arriver à ses buts occultes, elle ne travaille pas, elle fait de la subversion, de la subversion d'une version originale qui vient bien d'une œuvre intacte dans sa création à laquelle la contre-initiation déconstructrice n'a pas accès en son processus de coagulation, ce qui ne permet pas de rejeter tout le travail prophétique et ésotérique de la transmission orthodoxe la plus stricte, en dénoncer les déformations suffit et ces déformations sont souvent plus évidentes et moins érudites que les stupides interdictions psalmodiées du néant invocateur et qui interdise de passer les religions politiques au crible de la Tradition ancestrale. Moïse le judaïque est l’exact retour définitif du monolâtrisme dans le peuple hébraïque d'Abraham, un monolâtrisme qui se fait vengeur, certes, mais même avec les critères modernes de l'évolutionnisme appliqué au concept du Dieu israélite décliné avec les outils matérialistes et rationnels, il est évident que Moïse n'est pas la sainte et saine continuation d'un monothéisme initié par Abraham et ne participe pas d'une évolution, mais qu'il reconstruit l'idole involutive - le Temple - sacrificielle. D'où Ancien Testament. Nous pensons que ce qui fait véritablement rupture avec le polythéisme hénothéiste révélé d'Abraham - qui n'est pas une forme de monothéisme mais un rappel prophétique de la Religion originelle qui se décline en son temps et son besoin -, pour empêcher la monolâtrie occultiste de revenir sans cesse, c'est le concept Christique, trinitaire - pour bien indiquer la Tetraktys -, et que c'est seulement à partir du Christ que nous pouvons parler de monothéisme et de retour, mono, pour bien indiquer : une seule soumission, ainsi que pour déterminer la différence entre prières et soumission, la prière concernant Dieu et ses attributs, la soumission concernant uniquement Dieu - et l'Islam insistera sur le principe d'association que les musulmans du quotidien surjouent en associant sans cesse Dieu à leurs actions.
Pour revenir aux attributs de Dieu, fonctions divines de l'Univers en mouvement, nous confondons ces différentes fonctions que nous attribuons systématiquement à un polythéisme négatif, païen - au sens péjoratif du terme -, un polythéisme syncrétique, un polythéisme satanique, car nous avons une notion moderne et unipolaire de ce que sont le monothéisme et le polythéisme, comme nous pouvons confondre Tradition universelle et coutumes tribales fréquemment dans notre critique des religions.
« Le concept de Divinité en islam est un des plus complexes qui soient ; il occupe néanmoins une position centrale, puisqu'il est au cœur de la profession de foi qui proclame son Unicité. Traditionnellement, Divinité, Unité, Seigneurie, Royauté, sont regardées comme des déterminations primordiales du Principe inconditionné, qui correspondent à des « fonctionnalités » différentes de ce même Principe vis-à-vis des choses qui procèdent de Lui ; ainsi, la Divinité n'est pas la Seigneurie, et vice-versa, et affirmer l'Unicité de l'une n'est pas la même chose qu'affirmer celle de l'autre, bien que la pureté du Tawhîd (affirmation ou doctrine de l'Unité) exige l'affirmation de l'Unité « selon la totalité des Noms et des Attributs ». Il y a toutefois un secret dissimulé au cœur de la Divinité qui n'est pas celui qui se dissimule dans la Seigneurie par exemple.
Le texte qui suit est un extrait du Livre de l'Homme Universel d'al-Jîlî, traduit par nos soins, qui explore et expose le mystère de la Divinité en islam. On pourra constater, à la lecture de ces pages magnifiques, que la Divinité est un concept qui n'a rien de « trivial », en dépit de l'habitude des modernes de parler de tout à tort et à travers.
Voici donc ces pages merveilleuses d'al-Jîlî sur la Divinité, d'une densité et d'une profondeur sans pareilles... » Maël Mathieu -Le concept de Divinité en islam - Abd-el-Karîm al-Jîlî -Lire la suite sur LIMBES
En outre, c'est aussi affirmer que le paganisme serait nécessairement d'essence polythéiste négative alors qu'un certain paganisme, au contraire, est davantage trinitaire en sa solarité, et apparaît être le socle au monothéisme catholique, le paganisme participe à la transmission de la Religion originelle d'Adam qui dans son intériorité, à l'origine, est typiquement d'essence monothéiste - dans les descriptions bibliques - et sans doute davantage que Moïse qui ne dirige pas l’hénothéisme d’Abraham vers un monothéisme mais le fait en un tribalisme monolâtrique dont les Lévites - aujourd'hui les talmudiques - ne sont pas encore sorti deux mille ans plus tard.
La dérive en monolâtrisme, pour nous, dés le début du judaïsme - Table de la loi de la tribu et dieu de la montagne - est de Moïse - qui représente une tribu qui a prit le dessus par la force sur les douze tribus de départ -, est la forme du Judaïsme , Abraham en est la héb. La révélation est autre et au delà de Moïse. Nous retrouvons une similarité de rupture immédiate du projet initial dans le chiisme de l'Islam après la mort du prophète, similarité que nous retrouvons aussi dans la chrétienté dés son avènement. Le diable et ses scribes sont dans les détails de la division.
En ce qui concerne la méthode de Jean Soler, nous en reviendrons toujours à l'absence d'idée de transmission d'une Tradition primordiale, du cycle et de la mutation - la franc-maçonnerie singe la Tradition et a tué l'ésotérisme, pas le contraire - à travers les ages, une continuité de la volonté d'émancipation traversée par des processus de domination qui a accouché de l'athéisme et du laïcisme.
Des tentatives et/ou réussites d'inversions de cette transmission dans un processus de domination par des entités historiques, qu'elles soient empiriques - les puissances dominantes du moment - ou occultes - les états profonds et les sociétés discrètes et secrètes, les entreprises de long terme, les petits pas et le messianisme politique auto-prophétique -, pourtant, Jean Soler souligne bien l'exil de Babylone des élites juives - Talmud de Babylone - pendant un demi siècle, qui est une des clefs de compréhension de l'infiltration permanente de ce que nous pourrions appelons La contre-iniation, les Marchands du Temple, qui ne gardent pas le Temple mais gardent pour eux les secrets - kabbale - du Temple - qu'ils étaient censés enseigner, les vendent, en tout cas ils le font croire : c'est la carotte, et pas utiliser -, et de leur propre transmission de leur propre Tradition récupératrice et d'inversion dans un processus de domination, mais bien à leur peuple, pour leur peuple et par leur peuple. Le début de la démocratie, sans doute.
« ...En nous rapprochant de l'Occident, nous voyons que la même époque fut, chez les Juifs, celle de la captivité de Babylone ; et ce qui est peut-être un des faits les plus étonnant qu'on ait à constater, c'est qu'une courte période de soixante-dix ans fut suffisante pour leur faire perdre jusqu'à leur écriture, puisqu'ils durent ensuite reconstituer les Livres sacrés avec des caractères tout autres que ceux qui avaient été en usage jusqu'alors. » René Guénon - La crise du monde moderne
Nous en revenons donc toujours à l'absence des nuances que peut offrir, que nous soyons croyants ou moins, une approche ésotérique, ou même tout simplement exotérique approfondie, à la lumière du sujet abordé, mais aussi à l'absence d'une approche métapolitique des événements, triple absence qui caractérise les humanistes athées, selon un logos grec universitaire qui oublierait que les grecs avaient des dieux, avait un Dieu - une certaine lecture de la Tradition prétend que la Grèce fût fondée par neuf sages initiés à Thèbes, qu'aurait dit Aristote ou Platon des Lumières ?
« Le polythéisme n'est pas le contraire du monothéisme.
Le polythéisme est une façon différente de vivre le monothéisme.
Ça dépend du polythéisme, il y a des polythéismes qui ne sont pas justifiés, comme il y a des monothéismes qui ne sont pas justifiés également, je pense à certaines formes du protestantisme bien sur.
Donc il y a des monothéismes mauvais, il y a des polythéismes mauvais.
Mais le bon polythéisme, par exemple la religion scandinave, avec Thor, Odin, Frigg. Respect exactement le rapport entre essence et substance. Ce rapport est justifié par la science aussi. Si on veut bien faire l'analogie entre Dieu et le vide, qui est une analogie qui est mienne, et bien, du vide découle deux types de substances: la particule ou le champ. La particule c'est le logos c'est la source des formes. Le champ c'est la source des substances. » Laurent James
Nous rajouterons que par extension et dans cette logique, il y a donc de la part de Jean Soler une vision d'un monothéisme : d'une religion, d'une culture et d'une civilisation occidentale qui serait uniquement et typiquement judéo-chrétienne, mais qui à notre sens n'existe pas en ces termes - et est avant tout libérale et capitaliste dans notre séquence post-moderne -, notre civilisation est européenne - et la réforme qu'est Jésus, le Christ, Issa, est une exacte rupture avec le judaïsme pharisaïque et schizophrénique, avec le monolâtrisme des Lévites et de leurs descendants Talmudiques, un retour à la Religion originelle comme c'est le cas à chaque révélation verticalement prophétique - il y a une filiation scriptuaire et une transmission théologique, scolastique, évidente entre la religion juive, la religion chrétienne et la religion musulmane, entre l'ancien testament, le nouveau testament et le dernier testament coranique, mais ce qui existe en matière de civilisations monothéistes et de blocs politiques cohérent avec en somme ce qui reste de la communauté de l’être, c'est, pour faire très simple et très synthétique :
-le monde solaire héléno-celte, chrétien et orthodoxes - Européen, Russe et Sud Américain - du Dieu Trinitaire et Universel, parousique et catholique.
-le monde écliptique musulman et orientale - Africain, Arabe et Asiatique - du Dieu Trinitaire et Universel, paracletique et eschatologique.
-le monde lunaire judéo-protestant et atlanto-babylonien - Atlanto-occidentaliste et Israélien - du Dieu tribal - Yahvé, Baal, etc -, Dieu Binaire et individuel, satanique et contre-initiatique.
Ce qui n'empêche bien évidement pas des grecs, des chrétiens et des musulmans de pratiquer ce tribalisme talmudique de leur propre philosophie et/ou religion - double allégeance - dans la logique même du spectacle de la marchandise et de toutes ses confusions.
Il y a donc deux monothéismes distincts :
-Un monothéisme d'inversion, du progrès, de l'évolution - empire thalassocratique occidental - judéo-protestant du Dieu Tribal et qui s'inscrit dans un processus de vengeance et de domination.
-Un monothéisme de transmission, traditionnel, permanent et pérenne - royaume tellurique hyperboréen et nubien - de la tradition primordiale et de la religion originelle, héléno-chrétien, indo-européen, musulman, indien, etc - en effet, les eschatologies grecques - mythologie -, chrétiennes et coraniques convergent parallèlement - du Dieu cosmos de la Tradition primordiale, et qui s’inscrit dans un processus d'élévation, de pardon et d'émancipation.
Ces considérations ne se bornent pas à des limites géographiques et son avant tout philosophiques, anthropologiques.
En réalité Jean Soler fait une autopsie chirurgicale du monothéisme talmudo-babylonien, du délire messianique et des prophéties au-réalisatrices des fous du monolâtrisme toujours vengeurs même après s'être vengés, des élites superstitieuses, ce qui ne remet pas en question la transmission du monothéisme Abrahamique, héléno-chrétien et musulman, et dans leurs origines adamiques, et dans leurs urgences, et à travers elles, la volonté d'émancipation - royaume céleste - à l'inverse du processus de domination - royaume terrestre. Le protestantisme étant le monolâtrisme du christianisme comme le wahhabisme est le monolâtrisme de l'Islam, en quelque sorte...
Par son érudition d'universitaire, il renforce et donne de la densité à la théorie pérennialiste - par défaut - et surtout des acteurs - et de leur processus de l'infiltration/déconstruction/manipulation/subversion/récupération/corruption/inversion/soumission/domination/destruction pour qui sait lire entre les lignes et entendre au delà des mots - du processus d'inversion de la Tradition.
Qui, Que, Quoi, Dont, Où? Il y répond en partie.
« Les grecs privilégient toujours, entre les positions extrêmes, donc entre les contraires qui s'opposent, soit des positions intermédiaires: le milieu. Il y a toute une valorisation en Grèce de la notion de milieu. Et le milieu ce n'est pas une position facile, la preuve, c'est que Aristote par exemple dit:"Le milieu est un sommet." Ça veut dire que le milieu - se tenir au milieu - c'est échapper à la tentation des extrêmes, de l'un ou de l'autre. Et par conséquent, c'est difficile, c'est une position qui se gagne, qui se conquiert, celle du milieu, on est loin de la conception du juste milieu, avec les connotations de tiédeur, de lâcheté, de facilité, connotations qu'on peut donner aujourd'hui à ce terme de milieu... » Jean Soler
Nous nous permettions ici une réflexion hâtive - avant lecture complète et approfondie de ses ouvrages, et sans doute empressée, mais nous resterons attentifs à la connaissance de cet historien dont nous sommes loin de comprendre la pensée totale et que nous respectons. Nous reviendrons sur Qui est Dieu ? Nous essayions ici, une première observation, qui nous a sautée aux yeux, grâce à son propos qui est clair et pédagogique, vraiment accessible malgré ses précisions historiques de hautes tenues qu'il vulgarise magistralement.
« En quelque 120 pages, Jean Soler réussit une synthèse claire et accessible de ses travaux, mettant en lumière « six contresens sur le dieu de la Bible ». « Cet agrégé de lettres classiques déconstruit les mythes et légendes juifs, chrétiens et musulmans avec la patience de l'horloger et l'efficacité d'un dynamiteur de montagne. » Michel Onfray, Le Point n°2073, juin 2012
« Il s'agit aussi, pour ces mêmes philosophes, d'attacher leur nom à un « système », c'est-à-dire à un ensemble de théories strictement borné et délimité, et qui soit bien à eux, qui ne soit rien d'autre que leur œuvre propre ; de là le désir d'être original à tout prix, même si la vérité doit être sacrifiée à cette originalité : mieux vaut, pour la renommée d'un philosophe, inventer une erreur nouvelle que de redire une vérité qui a déjà été exprimée par d'autres. Cette forme de l'individualisme, à laquelle on doit tant de « systèmes » contradictoires entre eux, quand ils ne le sont pas en eux-mêmes, se rencontre d'ailleurs tout aussi bien chez les savants et les artistes modernes ; mais c'est peut-être chez les philosophes qu'on peut voir le plus nettement l'anarchie intellectuelle qui en est l'inévitable conséquence. Dans une civilisation traditionnelle, il est presque inconcevable qu'un homme prétende revendiquer la propriété d'une idée, et, en tout cas, s'il le fait, il s'enlève par là même tout crédit et toute autorité, car il la réduit ainsi à n'être qu'une sorte de fantaisie sans aucune portée réelle : si une idée est vraie, elle appartient également à tous ceux qui sont capables de la comprendre ; si elle est fausse, il n'y a pas à se foire gloire de l'avoir inventée. Une idée vraie ne peut être « nouvelle », car 1a: vérité n'est pas un produit de l'esprit humain, elle existe indépendamment de nous, et nous avons seulement à la connaître; en dehors de cette connaissance, il ne peut y avoir que l'erreur; mais, au fond, les modernes se soucient-ils de la vérité, et savent ils même encore ce qu'elle est ? » René Guénon - La crise du monde moderne
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La Réponse sera Métapolitique !
N.Pendragon ♠
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19/12/2014
Sermon de l’abbé Iborra : Requiem pour les rois d’Araucanie-Patagonie
Source : Le Rouge et le Noir
SERMON DE M. l’ABBÉ ÉRIC IBORRA
Vicaire de la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile à Paris (IXe),
Lors de l’office le samedi 13 décembre à l’occasion d’une messe chantée de requiem en forme extraordinaire à la mémoire des rois de Patagonie et d’Araucanie.
Un observateur extérieur, venu non peut-être de Sirius mais tout simplement d’un cabinet ministériel et d’une instance européenne, ne pourrait que sourire à notre cérémonie de ce matin devant un catafalque, c’est-à-dire devant un cercueil vide, symbole de l’irréalité de ce qui vous rassemble. Nous voici en effet réunis pour commémorer des princes qui n’ont jamais régné, un royaume qui ne fut jamais reconnu en droit international public – le seul qui compte aux yeux des doctes – et dont le fondateur fut interné comme fou par l’État que ses ambitions dérangeaient. C’est dire qu’il ne fut guère pris au sérieux aussi bien dans son royaume éphémère que dans sa propre patrie où il ne suscita que l’ironie. Espéré comme sauveur par des tribus indiennes qui défendaient leur autonomie face à des États voraces issus de vice-royautés espagnoles, il ne tarda pas à les décevoir, se comportant plus en juriste qu’en chef de guerre.
Le plus étonnant peut-être n’est pas tant la geste de cet aventurier que la lignée improbable, pas même héréditaire, dont il est la souche. Car depuis ces lointains parages du siècle pénultième des princes se sont succédé à la tête ce royaume absorbé par l’oubli, de cet État qui a quitté la scène de l’histoire pour entrer dans celle du mythe, faute de Pikkendorff pour tirer l’épée à son service, devenant ainsi l’un de ces mondes parallèles chers à tant de romanciers mythopoiètes. Oui, ce qui nous interroge n’est peut-être pas tant l’histoire d’Antoine de Tounens, pour le repos de l’âme de qui nous prions tout de même ce matin, que la survivance de ce qu’il avait espéré fonder.
En effet, des aventuriers qui réussissent et d’autres qui échouent, il y en a toujours eu dans notre histoire et bien des lignées respectées, finalement, sont issues d’un ancêtre chanceux. Notamment à l’époque où dans son esprit l’Europe était jeune, c’est-à-dire sûre d’elle et entreprenante. Pensons à Hernan Cortez qui défia un empire et conquit pour l’Espagne le Mexique à la tête d’une poignée d’hidalgos, de lansquenets et de moines. Pensons à ce sous-lieutenant d’artillerie qui, trois siècles plus tard, conquit pour lui-même un trône, la France et la moitié du continent. La voie était ouverte et il me souvient que quelques officiers de la défunte Grande Armée tentèrent de se tailler un royaume là où Alexandre avait posé les limites de son empire.
Mais ce qui m’interroge, c’est qu’il y eut des hommes – et même des femmes – ceux pour qui nous prions ce matin – qui acceptèrent de relever ce défi perdu d’avance et de s’attacher au destin d’un peuple qui aujourd’hui est soumis à deux puissances dont on voit mal qu’elle puisse desserrer leur étau. Autrement dit, des hommes et des femmes qui, par-delà leurs motivations réelles, peut-être très prosaïques, nous apparaissent comme les héritiers du héros de Cervantès, de cette figure tragi-comique qui se rattache aux héros de l’Edda ou de l’Iliade. En ce sens qu’ils persévèrent dans l’accomplissement de leur tâche alors même qu’ils la savent impossible. Ils sont l’image de l’homme debout face à la nécessité décrétée par les dieux. Ils savent qu’ils ont pour horizon l’incendie de Troie ou l’embrasement du Ragnarök. Et pourtant ils ne renoncent pas. En étant plus attachés à leur idéal qu’au prosaïque du réel ils témoignent à leur insu, par leur résignation, de la grandeur de l’être humain, plus grand que ce qui l’abat.
En misant leur existence pour des mondes sortis de l’histoire, ils nous invitent à ouvrir les yeux sur des mondes devenus parallèles, gagnant en idéal ce qu’ils perdaient en réalité. Des mondes où l’homme peut devenir ce qu’il aurait dû être, des mondes qui par là-même jugent en la surplombant notre terne histoire. Il y a certainement plus de poésie et de grandeur d’âme à s’engager aujourd’hui pour d’obscurs peuples indiens sous la fiction d’un royaume imaginaire à la Milton que de faire des affaires au pays de Friedman et de ses Chicago Boys.
Ces mondes parallèles, sortis de l’histoire, à la réalité efflanquée, à l’idéal démesuré, ne font pas que surplomber l’histoire, ils la jugent aussi. Leur présence est une dénonciation de l’homme quand, matérialiste, il se fait l’idolâtre de ce dont il devrait être le maître, quand il révère ce qui devrait le servir, bref, quand il se fait plus petit qu’il ne devrait être. Ces mondes parallèles ne font pas que juger, ils inspirent aussi. Loin d’être des évasions hors du réel, ils y ramènent, à une plus haute altitude cependant. Ils sont, comme l’avaient compris Tolkien et Lewis, autres mythopoiètes, des idées régulatrices qui rappellent qu’ici-bas rien de ce qui est réel n’est dénué, au-delà de sa visibilité matérielle, d’une âme spirituelle. L’univers de la chevalerie, aujourd’hui disparu, et auquel se rattachent tant de grandes aventures, de la quête du Graal à la délivrance de Jérusalem, nous invite à voir dans les choses de ce monde toujours de plus haut. Aujourd’hui détachés de leur contingence matérielle, idéalisés, ils sont à même d’inspirer celui qui agit dans l’épaisseur de ce réel qui nous apparaît si souvent banal, prosaïque, et en un mot d’en bas.
Par-delà ces jalons visibles de l’invisible pour qui nous prions ce matin, en demandant au Seigneur de leur pardonner toutes ces lourdeurs que nous partageons avec eux, puissions-nous apprécier à sa juste mesure ce qu’ils nous lèguent : ce supplément d’âme qui doit inspirer l’action humaine et au suprême degré cet art si délicat qu’est la politique ; cette fantaisie si bienvenue en ces temps toujours plus menacés par le règne de la machine, artefact qui rampe à l’assaut de nos sociétés et de nos âmes ; le rappel de cette légèreté qui nous renvoie à notre humble condition de créature. Tout n’est-il pas jeu pour la Sagesse divine, à l’œuvre depuis les origines, depuis que Dieu en son Fils a pris sur lui le sérieux de la Croix pour faire éternellement de nous ses enfants ?
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