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07/12/2014

Le Projet "Empire" X (Alexandre Douguine)

 

Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique - La Russie et les idées politiques du XXIème siècle, Chapitre X Le projet "Empire", L'Empire Eurasiste du Futur, pp. 223-224, aux éditions Ars Magna

 

Passons maintenant au deuxième pôle. Il attire de plus en plus non seulement les patriotes russes et soviétiques traditionnels de l'opposition anti-eltsinienne mais aussi quelques intellectuels russes ayant accompli une évolution du libéralisme à des positions favorables à un État puissant (M. Leontiev, V. Tretiakov). On trouve aussi ici ceux qui rejettent la perte de souveraineté et l'empire américain global (de même que les autres souverainistes), mais proposent un projet idéologique et géopolitique offensif et alternatif.

 

Reconnaissant le caractère irréversible des changements survenus à la fin du XXème siècle, ne nourrissant aucune illusion au sujet de la fin de la paix de Yalta et de l'inutilité, dans l'avenir, de l'ONU, n’entretenant aucune illusion concernant la puissance réelle et la volonté des Américains de continuer à construire leur domination mondiale en dépit des protestations de la "communauté internationale" à laquelle Washington ne prête guère attention), ce pôle propose en réponse de construire un nouvel empire ayant pour noyau la Russie, en tant que réponse adéquate au défi américain. Il s'agit là du projet impérial russe. Mais, à la différence du monde bipolaire ou de l'Empire russe, il doit renfermer de nouveaux contenus idéologiques.

 

Peuvent résister à un seul empire plusieurs empires, capables de rassembler leur potentiel en une construction asymétrique, pour, dans un premier temps arrêter, faire échouer, et empêcher la construction d'un monde bipolaire et, dans un second temps capables de convenir entre plusieurs pôles impériaux des frontières de leur influence respective dans un monde multipolaire. Les partisans du projet impérial russe considèrent que ni les territoires, ni le potentiel politique économique pas plus que civilisationnel de la Fédération de Russie n'apparaissent pour cela suffisants. Pour atteindre la limite d'une réelle multipolarité, la Russie, doit recréer son influence dans l'espace postsoviétique en intégrant autour d'elle les pays et les peuples proches de nous d'un point de vue civilisationnel (en premier lieux les pays de la CEI). Parallèlement à cela, elle doit faciliter la formation d'un front uni de toutes les alternatives à l'empire américain, des plus souples aux plus dures, qui existent aujourd'hui. En ce sens, non seulement les contacts avec le monde islamique apparaissent importants, mais également avec l'Europe continentale, non seulement avec la Chine, mais aussi avec l''Amérique latine qui relève la tête, sans oublier les autres pays d'Asie et d'Afrique.

 

En d'autres termes, la Russie doit penser et agir en termes d'empire, de puissance mondiale que tout concerne, aussi bien les territoires frontaliers que les endroits les plus éloignés de la planète. Et cela doit commencer non pas "plus tard", quand la Russie "se sera renforcée" de l'intérieur (sous la pression des États-Unis elle ne se renforcera jamais de l'intérieur), mais "maintenant", dans la mesure où les rythmes et la logique de la construction dépendent de ce que nous construisons. S'il s'agit un empire, alors un projet particulier lui correspond, si nous tentons de sauver un État-nation, il s'agit d'un projet complètement diffèrent. Transformer l'un et l'autre non seulement coûtera plus cher et sera plus difficile, mais apparaît absolument impossible. Il est beaucoup plus simple, comme le sait tout maçon, de tout détruire et de tout reconstruire. Les acteurs des années 1980-1990 ont tout détruit à notre place. Il est donc grand temps de construire l'empire en partant de zéro.

 

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The Fourth Political Theory: beyond left and right but against the center

La démocratie, sacrée ou laïque ? (6)

 

Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle, Chapitre III La démocratie, sacrée ou laïque ?, pp. 57-62, aux éditions Ars Magna

 

LA DÉMOCRATIE GLOBALE COMME ROYAUME DE L’ANTÉCHRIST

 

La démocratie du XXIème siècle apparaît de l'extérieur comme le système politique le plus contemporain et tente d’intégrer en elle tous les individus sans distinction de citoyenneté , d'orientation sexuelle, de niveau social, d'appartenance raciale ou ethnique. Elle s'appuie sur la théorie des "droits de l'homme". Mais dans ce cas également, il n'y a ni rationalité du choix, ni signification de l'individualité, ni égalité dans la prise de décision. Le bon sens d'un individu est annulé par la folie d'un autre et à travers toutes les tentatives de "moderniser" la démocratie on voit transparaître à nouveau sa nature antique ancestrale absolument archaïque et, en fin de compte irrationnelle. (Qu'y a-t-il de "rationnel" dans le fait de s'adresser à un "esprit" vague et extatique ?!). Seulement à présent, à travers les projets de société civile mondiale, s'exprime non pas l'esprit de la polis, de la tribu, du peuple mais une autre essence plus généralisée, commune à toute l'humanité, que la tradition chrétienne est encline à interpréter comme "le prince de ce monde". Les mêmes collèges de prêtres qui apparaissent aujourd'hui sous le masque des partisans de la "société ouverte" et de la "mondialisation" entreprennent d’interpréter le bougonnement indistinct des masses planétaires. Et on ne peut que deviner qui ils servent en réalité.   

 

 

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The Fourth Political Theory: beyond left and right but against the center

La démocratie, sacrée ou laïque ? (5)

 

 

Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle, Chapitre III La démocratie, sacrée ou laïque ?, pp. 57-62, aux éditions Ars Magna

 

LES SIGNES ARCHAÏQUES DE LA DÉMOCRATIE DES TEMPS MODERNES: LES SUFFRAGETTES ET HITLER

 

C'est pourquoi dans l'histoire européenne moderne, nous rencontrons ici ou là de marques du principe archaïque. La démocratie elle-même devient quelque chose de sacré. Essayez seulement lors de conversations avec un Européen ou un Américain contemporain moyen de douter de la démocratie et vous verrez ce qui se passera. Vous deviendrez un « exclu », un « non-citoyen », un « idiotes ». Et aujourd'hui, cela peut paraître à beaucoup étrange, mais les femmes dans la société occidentale ont obtenu le droit de vote seulement trois siècles après l'introduction des procédures démocratiques en Europe ; déjà à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle le mouvement des « suffragettes » (du français suffrage, vote) exigeait que l'on permette aux femmes européennes de voter à égalité avec les hommes. Un peu plus de cent ans plus tard, dans la démocratie américanise, le principe racial était toujours d'actualité et les habitants indigènes de l'Amérique, les Indiens, ainsi que les esclaves importés d'Afrique, ne possédaient que des droits limités, tandis qu'un suffrage censitaire (liée à la possession d'une certaine quantité de richesse) limitait le cercles d'élus autorisés participer à la démocratie. Le système politique américain était complété par l »activité intense des loges maçonniques et d'autres sociétés secrètes qui garantissaient et garantissent encore le contenu sacré de la démocratie américaine. Et enfin, exemple déjà paradoxale, l'avènement de l'Allemagne nazie. Comment est-il possible que dans un pays développé, contemporain, civilisé et éclairé de l'Europe du XXe siècle, le siècle de la civilisation et du progrès, s'appuyant sur des procédures absolument démocratiques avec l'assentiment général, soit arrivé au pouvoir un individu qui a restauré en Allemagne non pas même un esprit médiéval mais encore plus archaïque avec des rituels de masse, des recherches pseudo-scientifiques irrationnelles et une impitoyable ségrégation raciale ? Et ici à nouveau, comme dans toutes les démocraties, on constate pleinement le principe de « séparation », selon lequel certains étaient autorisés à participer à la pratique extatique, alors que d'autres étaient totalement exclus.



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The Fourth Political Theory: beyond left and right but against the center