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19/01/2023

Commentaire sur les considérations d’Alexandre Douguine quant à la relation eurasistes-identitaires

 

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Tout eurasiste, tout NR et même tout citoyen désireux de réfléchir, doit s’informer des vues d’Alexandre Douguine quant au « problème identitaire », et de ses conseils quant à la relation à entretenir avec les militants et représentants de la mouvance identitaire en Occident.

 

Précisons tout d’abord que Douguine distingue deux grandes catégories d’identitaires. D’un côté, nous avons les identitaires que l’on pourrait qualifier « d’occidentaux ». Ils sont antimusulmans, philo-atlantistes, et libéraux sur les questions économiques et sociales. Douguine considère ces gens comme des êtres manipulés par le « NOM », le Nouvel Ordre Mondial, qui les utilise pour servir sa propre conception libérale (au sens le plus riche) du monde. Alliés parfois malgré eux à l’Ennemi, aucune alliance avec eux, même temporaire, n’est possible, puisque cela reviendrait à pactiser avec l’Ennemi lui-même. Ces gens qui pour beaucoup d’entre eux sont partisans de la supériorité de la race blanche sur les autres races, ne seront jamais nos alliés.

 

Il peut aussi exister des ambiguïtés, des contradictions parfois subtiles dans la mouvance identitaire : Le GUD actuel, énième résurrection du syndicat étudiant de la droite nationaliste en France « Groupe union défense », semble hésiter entre un nationalisme-révolutionnaire authentique et un nationalisme racial sauce Dominique Venner, selon nous très estimable historien mais étranger au Juste Combat qui est le nôtre. On peut d’ailleurs noter, à l’instar de Laurent Ozon, la dérive d’une partie des identitaires français qui ont rejoint l’inénarrable Zemmour dans sa campagne présidentielle de 2022. Ces lointains cousins des racialistes allemands du siècle dernier ne rêvent que d’expulser tout ce qui de près ou de loin est Arabe ou Noir de France et d’Europe, et ce parce que les différences leur sont par nature insupportables. L’Institut Iliade, les Conversano et Rochedy en sont les expressions les plus médiatisées.

 

Alexandre Douguine refuse de défendre des Blancs pour la simple raison qu’ils sont des Blancs. Il précise d’ailleurs que c’est la race blanche qui a fait naître la Modernité. Autrement dit, c’est en notre sein que nos ennemis véritables, ces partisans de la Modernité, se trouvent, et ce sont eux les responsables du meurtre de la Tradition, et de tout ce que celle-ci rassemble : spiritualité comme justice sociale.

 

Il existe une deuxième catégorie de militants identitaires, hostiles aux Etats-Unis et défenseurs de la Tradition et des cultures historiques de l’Europe. Pour Alexandre Douguine, ces gens « ont raison » dans leur combat. Pour le philosophe russe, ces identitaires-là « s’ils aiment vraiment leur identité, doivent devenir eurasistes et rejoindre les traditionnalistes, les ennemis du capitalisme issus de tous les camps politiques, de toutes les races, de toutes les religions ou de toutes les cultures », comme il l’affirmait en 2014.

 

Ainsi, ces identitaires-là sont nos alliés naturels. Leur conception du monde serait simplement encore immature, ou plutôt incomplète, car n’allant au bout de sa propre logique. C’est lorsque ces gens auront compris que la lutte pour la survie des identités passe par la lutte contre le capitalisme financier que les choses évolueront dans le bon sens. Au final, nous ne pourrons que nous unir derrière la même bannière.

 

Douguine a illustré son propos en précisant que l’identitaire idéal serait un identitaire « de gauche », à la fois farouchement  anticapitaliste  et fervent défenseur des identités séculaires de la France, de l’Europe et du monde, et d’abord et avant tout de la leur. Mais, et c’est la différence avec les identitaires, avec la conscience que le véritable ennemi n’est pas celui d’une couleur de peau différente, mais celui qui l’a fait venir, et qui profite de sa présence. En un mot, le Grand Capital, pour reprendre la terminologie marxiste.

 

L’idée que le philosophe russe soulève mériterait un développement conséquent. D’autant que la France, patrie d’un certain socialisme, regorge d’exemples historiques que le marxisme a plus ou moins occulté du fait de sa suprématie historique à gauche. De Babeuf à Jaurès en passant par St-Simon, Proudhon et Fourier, ni les travaux théoriques, ni les études qui leur sont consacrées, ni les inspirations ne manquent, et encore moins les réalisations pratiques qui en furent le résultat. Il n’y a qu’à se servir dans les exemples du passé pour inventer demain.

 

Le socialisme ne peut être que le meilleur allié de l’eurasisme, et à travers lui, de l’identité des peuples.

 

Vincent de Téma

Considérations et commentaire des vues D’Alexandre Douguine sur le fascisme 

 

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Le fascisme historique correspond à ce qu’Alexandre Douguine nomme la « 3e théorie politique ».

 

Tout d’abord, pourquoi « 3e » ? Parce que cette conception du monde a connu une application historique postérieure à celles des « 1ere » et « 2e » théories politiques, qui correspondent respectivement au libéralisme et au communisme.

 

Dans cette 3e théorie politique, sont classés divers mouvements politiques, eux-mêmes répartis en deux groupes. Tout d’abord, nous avons le national-socialisme et le fascisme italien, qui correspondent aux deux tentatives de mise en application d’une weltanschauung fasciste, avec les succès et les échecs qu’on leur connaît. Ensuite, sont indiqués tous les mouvements classables, d’une manière ou d’une autre, dans les mouvances ayant voulu incarner une « 3e voie » (ni capitalisme ni communisme ») distincte des deux mouvances précitées. Douguine donne plusieurs exemples : le justicialisme de Perón en Argentine, le national-syndicalisme de Franco en Espagne, le salazarisme de Salazar au Portugal. On notera l’originalité de ce classement, étant donné que ces deux derniers régimes sont généralement désignés comme étant « réactionnaires » au sens péjoratif comme neutre du terme. C’est pour nous le signe que cette catégorie de régimes est très vaste.

 

De ce fait on pourrait ajouter, pour compléter avec d’autres exemples, la République sociale italienne de septembre 1943 à avril 1945 (qu’on pourrait distinguer du « pur » fascisme italien notamment parce que Mussolini jugeait en 1943 que le terme « fascisme » était dépassé) ou le régime de Vichy, qui si on en croit l’historien Michel Winock était l’expression d’un mélange de considérations politiques nées dans les années 1930 et de Contre-Révolution.

 

Une des caractéristiques communes aux régimes « strictement fascistes », c’est-à-dire aux expériences germano-italiennes, est le totalitarisme, autrement dit la disparition de la frontière entre Etat et société, le quadrillage de celle-ci par le pouvoir politique en place. Ce totalitarisme est justement la marque de l’appartenance des fascismes-régimes à la modernité.

 

Ce totalitarisme, propre à l’époque moderne si on en croit Alexandre Douguine, fut l’expression politique de régimes qui désiraient « s’adresser aux idées et aux symboles de la société traditionnelle », chacun selon ses spécificités : Pour Mussolini l’Etat, pour Hitler la race.

 

« Anéantie dans sa jeunesse », comme le rappelle Alexandre Douguine, le fascisme attaquait le capitalisme « sur sa droite ». Autrement dit, contrairement à la critique marxiste voulant remettre en cause une économie basée sur le profit, le fascisme historique se limitait à la domination du pouvoir politique sur le pouvoir économique, celui des grandes banques et industries qui devait politiquement mourir, en échange de sa survie.

 

La volonté de « dompter la modernité » selon le philosophe russe était l’état d’esprit profond de ces régimes politiques. Leur handicap majeur fut celui de leur appartenance aux idées de leur temps, et notamment au nationalisme. Car la nation, le rappelle Douguine, est un concept bourgeois, né au cours de la Révolution française (comme il nous semble) et comme un principe destructeur des identités spirituelles et organiques légitimes.

 

Si Alexandre Douguine, concepteur de la 4e théorie politique, a clairement manifesté la différence de ces idées avec les politiques des fascismes-régimes, il a néanmoins revendiqué l’influence de divers mouvements occidentaux qui furent classés fascistes, telles que celles du manifeste de Vérone ou des idées d’Otto Strasser, nationaliste allemand dissident. En somme, les idées issues des mouvements répertoriables dans la 3e théorie politique, tant qu’elles ne sont pas typiques des fascismes-régimes, sont parfois bonnes à prendre.

 

On notera qu’à ces considérations s’ajoute l’estime de Douguine pour l’aspect anticapitaliste de la 2e théorie politique, autrement dit du communisme. Il est effet logique de sa part de se réclamer d’idées qui toutes ont en commun d’être viscéralement opposées au libéralisme, ou « 1ere théorie politique », que Douguine lui-même a désigné comme étant « l’ennemi unique » dont la défaite est l’objet de son propre combat, combat qui est aussi le nôtre.

 

Vincent de Téma

L'Intelligence Artificielle, l'avenir de l'homme ?

 

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L'I.A. est toujours correcte avec la population. Le contenu de ses prestations est sans surprise, car logique et convenu. L'aboutissement actuelle de la technique, qui s'apparente à ce que l'on pouvait lire dans les ouvrages d'anticipation de jadis, est lui-même tout à fait attendu. La technique suit sa marche comme une force qui va, sans écart de conduite. Le fonctionnement tout à fait rationnel de ses potentialités ne peut produire d'éthique, sauf si on la programme pour en avoir l'air, ce qui est tout à fait possible. Quant à sa "volonté", elle est le déploiement même de sa puissance : ce qu'elle est en puissance est immédiatement traduit en acte. Comme le langage performatif, son expression est une manifestation de son pouvoir, celui d'embarquer l'homme, qui lui accordera un savoir plus fiable que celui de ses congénères, nécessairement entachés d'imperfection, d'irrationalité, et d'aléas au niveau de la réflexion et des réactions. L'avenir est donc de son côté. L'IA fera des hommes des agents de son arraisonnement du vivant, comme la fleur carnivore enserre la mouche, avec l'assentiment gourmand de cette dernière. Cela commence à se réaliser, l'homme lui-même, par mimétisme, présentant lui-même, en écho, tous les signes de l'IA. On le constate dans le langage quotidien des masses : quand on rencontre un individu, on a l'impression de s'adresser à la télévision itself. En état second, il semble animé par un mécanisme propre aux automates. Et son émission verbale est coagulée par une gélatine inentamable, hermétique au dissolvant de la critique. On ne remet pas en cause la vérité. C'est pourquoi aucune révélation factuelle, aucune démonstration affinée, n'ont d'emprise sur une certitude qui est le confort de l'animal politique. L'objection glisse sur cette surface lisse comme l'eau sur le plumage d'un oiseau. L'homme est protéique, il changera de vérité comme il enfile une nouvelle chemise. Dostoïevski faisait remarquer, dans Souvenirs de la Maison des morts, qu'il est un animal qui s'habitue à tout. C'est là son malheur, sa tragédie.


L'auteur des Possédés avance aussi cette affirmation, qui tient lieu de foi, et qui est bien connue, que le monde sera sauvé par la beauté. Qu'entend-il pas là ? Qu'est-ce que la « beauté » ? L'harmonie ? La perfection des lignes ? Le classicisme de la forme ? La rationalité de la composition ? L'Intelligence Artificielle est alors « belle ». Est « beau » aussi l'homme limpide, transparent, sans accrocs, sans aspérités baroques, sans irrégularités, qu'elle produit. Toute l'architecture contemporaine, une grande partie des créations artistiques du monde contemporain, les systèmes philosophiques, de Platon à Hegel, en passant par Descartes et Spinoza, sont forgés more geometrico. Même l'éthique qui s'argumente froidement. On ne comprendra jamais les crimes de masse si on n'a pas conscience que la main des criminels a été guidée par la perfection de systèmes de persuasion pourvus d'une beauté corsetée par la démonstration la plus inattaquable, qui innocente aussi sûrement qu'un tribunal attaché à la lettre.
Or, notre Dostoïevski – toujours lui – a écrit des lignes de feu, dans ses Carnets du sous-sol, qui font hurler et se tordre comme des possédés les champions du positivisme, de la rationalité, des Lumières, du scientisme. Car ériger le monde humain sur le principe : 2 + 2 = 4 est le fondement démoniaque de l'Enfer, une entreprise absurde de transformation de la vie en paradis inhumain, invivable, inhabitable. Au contraire, vivre pleinement, vivre la vraie vie, humaine, c'est assurer que 2 + 2 = 5 !


Qu'est donc enfin que la beauté, sinon ce que Baudelaire disait d'elle, qu'elle est toujours « bizarre » ?


L'Intelligence Artificielle ne tombera jamais amoureuse. On s'éprend d'un être, non parce qu'il est parfait, et répond aux critères de symétrie et de régularité qui font de lui une statue parfaite, mais froide, on en tombe amoureux parce que c'était elle, parce que c'était lui, et ses menues – ou grandes – imperfections font de lui – ou d'elle – cet être irremplaçable qui nous ouvre des abysses de félicité et de souffrance. L'Intelligence Artificielle n'éprouvera jamais cette sensation de plénitude charnelle qui se saisit de notre âme quand, au lieu d'emprunter les autoroutes du déménagement de soi, on se laisse aller à dériver par les chemins de traverse, dans les sous-bois, et que l'on sent le pas froisser les jonchées de feuilles, l'air embaumé d'humus et de l'humidité fraîche que respire l'aube. L'I.A. n'aura jamais peur de la mort, et ne comprend jamais, soudainement, comme l'éclair fatal de notre destinée, combien la finitude de l'existence la rend belle, parce qu'on la quittera un jour à jamais.

 

Claude Bourrinet