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30/01/2023

Sainte Julienne, mystique de la Fête-Dieu

Jean-François Pacco, Destines extraordinaires en province de Namur, Julienne de Cornillon voyait une lune à demi-cachée, pp. 19-20, Les éditions namuroises

 

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Fosses-la-Ville, Namur. Elle habitait Liège, mais ses concitoyens l'obligèrent à se réfugier dans des terres sambriennes plus hospitalières.

 

Julienne de Cornillon est née, de riches agriculteurs, en 1192 ou 1193, à Retinnes, dans le Pays de Herve. Elle fut confiée au couvent des sœurs augustiniennes du Mont Cornillon, sur les hauteurs de Liège, pour y être élevée. Le couvent dirigeait une léproserie. Elle étudia le latin, le français, et lisait les textes de saint Augustin et saint Bernard. Elle aimait ce dernier, dont elle connaissait les sermons par cœur.

 

Dés son adolescence, elle était portée vers la dévotion eucharistique. A partir de 1209n elle eut de fréquentes visions mystiques. L'une revint à plusieurs reprises, une lune rayonnante mais incomplète, une bande noire la divisant en deux. Julienne resta longtemps sans la comprendre et sans en parler.

 

En 1222n elle fut élue prieure du monastère. La vision continuait de la tourmenter. Après des années, Jésus lui en fit comprendre la signification. La lune symbolisait la vie de l’Église sur terre, la ligne opaque l'absence d'une fête liturgique, où l'on pourrait adorer l'Eucharistie. Julienne se mit à œuvrer pour l'établissement de cette fête. Elle en parla à la bienheureuse Eve de Liège, recluse.

 

Les deux amies entreprirent des démarches d'instauration de la Fête-Dieu. Le prince-évêque Robert de Thourote s'engagea à officialiser le culte. Tombé malade à Fosses-la-Ville, Robert en fit célébrer l'office en sa présence, en la collégiale de Fosses, en 1246. Il mourut peu après, sans avoir pu publier son mandement.

 

Les bourgeois de liège s'opposaient à la fête, car cela signifiait un jour de jeûne en plus pour la population. Certains religieux considéraient que cela ne méritait pas de telles dépenses. Après la mort de Robert. Julienne et quelques compagnes, se sentant persécutées, quittèrent leur couvent. Elles trouvèrent asile en plusieurs abbayes, passant par le Val Benoît et Huy. Mais celles-ci étaient trop proches de Liège.

 

En 1255, elles arrivèrent en celle du Val-Saint-Georges à Salzinnes (Namur), où Julienne fut accueillie par la supérieure, Imène. Deux ans plus tard, une émeute contre la comtesse de Namur Marie de Brienne fit fuir à nouveau Julienne. Celle-ci se réfugia comme recluse à Fosses, où elle passa les derniers temps de sa vie. Une tradition orale dit qu'elle habita une petite pièce attenante au transept de la collégiale. En 1946, on y a peint, en caractères gothiques, le texte « Ci vécut Julienne, vierge de Cornillon, confidente du Père sur la fête du Saint Corps du Christ. »

 

Certains auteurs, expliquent Isabelle Devillers et Jean Lecomte, ont écrit que le réclusoir se trouvait ailleurs à Fosses, et que Julienne gagnait la collégiale par un souterrain. « Ce sont des racontars, mais les légendes ont la vie dure », commentent-ils.

 

Julienne mourut le 5 avril 1258 à Fosses et fut inhumée à Villers-La-Ville. Eve continua les démarches. Jacques Pantaléon de Troyes, archidiacre de Liège devenu pape sous le nom d'Urbain IV, institua la Fête-Dieu pour l’Église universelle, par une bulle signée le 11 août 1264 à Orvieto.

 

En 1723, le réclusoir fut transformé en sacristie et fut muni d'une cheminée. On lui donna alors son aspect actuel.

 

L'abbaye de Salzinnes fut détruite à la Révolution. E, 1750, l'écrivain Saumery, qui la visita, expliquait qu'on voyait encore la chambre où priait sainte Julienne.

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