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06/07/2025

Réflexion sur le « temps politique » et le « temps métapolitique » (Brouillon)

 

Nous remettons en ligne quelques unes de nos prises de note et autres brouillons à défaut de pouvoir tous les corriger et les remettre en forme. Certaines de nos idées peuvent variées ou s'être aujourd'hui affinées mais ces textes restent relativement fidèles à notre pensée. Ici, une rédaction de 2022. 

 

Wolf’s Head Helmet, c. 6th-5th century BC..jpg

 

 

« Or, quand le Père qui l'avait engendré comprit qu'il se mouvait et vivait, ce Monde, image née des Dieux éternels, il se réjouit et, dans sa joie, il réfléchit aux moyens de le rendre plus semblable encore à son modèle. Et de même que ce modèle se trouve être un Vivant éternel, il s'efforça, dans la mesure de son pouvoir, de rendre éternel ce tout lui-même également. Or, c'est la substance du Vivant-modèle qui se trouvait être éternelle, nous l'avons vu, et cette éternité, l'adapter entièrement à un Monde engendré, c'était impossible. C'est pourquoi son auteur s'est préoccupé de fabriquer une certaine imitation mobile de l'éternité et, tout en organisant le Ciel, il a fait, de l'éternité immobile et une, cette image éternelle qui progresse suivant la loi des Nombres, cette chose que nous appelons le Temps. En effet, les jours et les nuits, les mois et les saisons n'existaient point avant la naissance du Ciel, mais leur naissance a été ménagée, en même temps que le Ciel a été construit. Car tout cela, ce sont des divisions du Temps : le passé et le futur sont des espèces engendrées du Temps, et lorsque nous les appliquons hors de propos à la substance éternelle, c'est que nous en ignorons la nature. Car nous disons de cette substance qu'elle était, qu'elle est et qu'elle sera. Or, en vérité, l'expression est ne s'applique qu'à la substance éternelle. Au contraire, était, sera sont des termes qu'il convient de réserver à ce qui naît et progresse dans le Temps. Car ce ne sont que des changements. Mais ce qui est toujours immuable et inchangé, cela ne devient ni plus vieux, ni plus jeune, avec le temps, et oncques cela ne fut, ni ne devient actuellement, ni ne sera dans le futur. Bien au contraire, une telle réalité ne comporte aucun des accidents que le devenir implique pour les termes qui se meuvent dans l'ordre sensible, mais ces accidents sont des variétés du Temps, lequel imite l'éternité et se déroule en cercle suivant le Nombre. » Platon, Timée

 

« (…) la vision nietzschéenne, puis locchienne de l'Histoire, que Locchi nommait sphérique, s'éloigne de la conception linéaire du progrès comme de la conception cyclique.

 

De quoi s'agit-il ?

 

Imaginons une sphère, une boule qui avancerait de manière chaotique sur un plan, ou bien mue par la volonté (nécessairement imparfaite) d'un joueur de billard. Fatalement, au bout de plusieurs rotations, le même point de la boule se retrouvera au contact du tapis. C'est l'éternel retour de l'identique, mais non pas du « même ». Pourquoi ? Parce que la boule n'est pas immobile : si le même point de la sphère n'est plus au même endroit. Il y a donc retour d'une situation « comparable », mais en un lieu différent. La même image vaudrait avec le retour des saisons ; et pour la vision de l'histoire de l'archéofuturisme : le retour des valeurs archaïques ne doit pas se concevoir comme un retour cyclique au passé (ce passé ayant échoué puisqu'il a donné la catastrophique modernité), mais comme une réémergence de configurations sociales archaïques dans un contexte nouveau. Autrement dit, l'application de très anciennes solutions à des problèmes totalement inédits, ou la récurrence d'un ordre oublié, mais transfiguré par un contexte historique diffèrent. » Guillaume Faye, L'Archéofuturisme – Techno-science et Retour aux valeurs ancestrales, Chapitre 2 – Sur un concept subversif : l'archéofuturisme, comme réponse à la catastrophe de l'éternité et alternative au traditionalisme, IV – Le contenu : l'archéofuturisme, pp. 99-100, aux éditions Iliade/ L'Æncre (Collection Agora)

 

Le Futur dépend de notre « vision du Temps »

 

Nous sommes fascinés par les partisans de la grande Europe, parfois païens revendiqués, qui, par leur engagement dans le « temps politique », propagent, malgré eux, une vision évolutionniste et progressiste du Temps.

 

Du « temps historique » qu'ils réduisent à l'actualité et la flèche moderniste tirée par les « religions abrahamiques » ; essayant de donner un sens matérialiste à l'Histoire à partir de ce présupposé progressiste et cette donnée linéaire du temps. L'actualité étant l'antithèse du présent. Un présent fabriqué de toutes pièces par les médias.

 

(Nous préciserons que lorsque nous parlons de « vision évolutionniste », nous ne rejetons pas l'idée de « sélection naturelle », génétique et héréditaire, ni quelconque phénomène d'adaptation à un environnement local sur un temps long, mais nous distinguons radicalement le « règne hominal » du « règne animal ». Ce que nous rejetons principalement est l'idée d'apparition et d'évolution « hasardeuses » de l'Homme, sur des millions d'années, et l'évolutionnisme comme « théorie sociale ». L'évolutionnisme anthropologique devenu science sociale est d'une stupidité d'évocation qui confine à la bêtise monologique typiquement « anglo-saxonne » et « judéo-protestante » si on se réfère aux définitions encyclopédiques et classiques dont se revendiquent tous les extrêmes-centres de l'idiotie et du crétinisme – pour ceux d'entre eux qui, sur une île de l'esprit, réussirent l'exploit de manquer d'iode à ce point de non retour intellectuelle. Alors que les modernes rejettent le mythe comme élément imaginal fondateur du langage par le symbole et l'image, par extension, de notre structure mentale intuitive particulière, qui diffère de celle instinctive de l'animal, il ne voit aucun problème au fabuleux hasard des millions d'années... Cependant, notre préférence va aux travaux de Hugo de Vries plutôt qu'à ceux de Darwin. Nous aurons l’occasion d'y revenir. Notre domaine n'est pas celui des sciences mais de l'imaginaire et des divers constructions philosophiques autour des origines de l'humanité qui conditionnent nos idées sur la formation idéelle et imaginale du futur. Nous pourrions même aller plus loin en disant que l'essence de notre « volonté de puissance » et la « vision du monde » qu'elle favorise sont strictement définies par ce prémisse métaphysique des origines et de la vision du Temps qui s'en déduit. Et, en cela, Nietzsche ne nous donne pas tord puisque que comme nous – ou nous comme lui –, il rejette cette vision linéaire, évolutionniste et progressiste du Temps. La Tragédie procède toujours et sans exception d'une réalité involutive du temps et du présent, par l'effet d'une accélération au service d'un recommencent. Nous rajouterons que pour nous cyclique, hélicoïdale, conique, ou encore sphérique signifie une vision du Temps dans tous les cas « archaïque ». Les efforts de Faye pour absolument se distinguer du « traditionnalisme » est d'une autre polémique davantage sur le fait orientaliste et tiersmondiste que sur la vision traditionnelle...)



Pourtant, nos ancêtres enseignaient une vision involutionniste et cyclique du Temps historique. Autrement dit, une vision traditionnelle du Temps qui ne souffre ni évolution ni progrès, qui a existé des temps archaïques jusqu'au beau Moyen Age.



« ...une civilisation ou une société est « traditionnelle » lorsqu'elle est gouvernée par des principes métaphysiques qui transcendent tous les facteurs humains, sociologiques, et même religieux ; lorsque l'origine de tous les pouvoirs qui s'y exercent réside en un plan supérieur et immuable directement issu du plan divin ; enfin lorsque l'individu peut s'y insérer dans une hiérarchie sociale harmonieuse qui lui permet de s'accomplir pleinement et de donner carrière aussi bien à l'exercice efficace d'un métier que d'une réalisation spirituelle effective. » Jean Phaure, Le cycle de l'humanité adamique : Introduction à l'étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des temps, Chapitre 1 Le Temps qualifié, p. 29, aux éditions Devry



Nous ne savons par quelle dialectique sophistiquée nos camarades réconcilient ces deux visions diamétralement opposées du Temps dans un même mouvement métapolitique vers l'arché: ils ne s'en expliquent jamais et esquivent la question du Temps pour des raisons de temps politique qui retarde sans cesse le moment du temps métapolitique que nous justifions comme « temps qualifié », autrement dit par la vision involutionniste et cyclique du Temps – et, en surplus, de la vision guénonienne de la solidification du monde ; s'il on veut faire le lien entre involution et solidification.



Un « temps métapolitique » – « qui se situe au-delà des affaires publiques » – tributaire d'un temps partisan et politique qui est essentiellement le temps de la « démonie de l'économie » (cf. Evola). Pour ne rien vendre et ne rien gagner. On ne peut certes pas les accuser d'être des « marchands du Temple » mais ce sont les meilleurs clients du grand marché démocrate et libéral des idées politiques – réactionnaires et conservateurs du postlibéralisme jusqu'à la caricature en affirmant être à l'avant-garde européenne... Ceci n'est aucunement une attaque gratuite ; nous avons traité cette question ailleurs. Les occidentalistes s'associent au virage sécuritaire et autoritaire du globalisme en y percevant une dimension identitaire inexistante.



Ainsi des intellectuels brillants se retrouvent à faire du bénévolat et accomplir de basses besognes politiciennes. Leur qualité de conseil n'est même pas reconnue par les partis politiques qui, de fait, les écartent de la vie politique. Il n'y a pas d'échange de bons procédés entre temps politique et temps métapolitique. Les partis politiques ne concèdent jamais une part de leur temps à la métapolitique et ses œuvres. La métapolitique n'a pas vocation à influencer ni à se faire influencer par le politique, son temps et ses partis.



Ça n'est pas le fait qu'ils participent au temps politique qui les force à propager la vision évolutionniste du Temps mais bien que, dans ce cadre exigu, ils n'expriment pas, par opposition aux visions postmodernes, la vision involutionniste du Temps qui est celle de notre immuable tradition européenne. Qui ne dit mot consent disent les muets. Et ça n'est pas comme si cette question de la vision du Temps n'était pas une question métapolitique et politique par excellence, d'une certaine importance, et qui détermine notre vision totale et finaliste du monde. Ils ne prennent pas en compte la vision traditionnelle dans leurs analyses politiques et matérialistes, ni dans leurs réflexions métapolitiques d'ordre philosophique. La question du Temps est l'angle mort de la « pensée européenne » et des agitateurs.



Cette « vision » place pourtant le temps politique, qui est celui de l'actualité politicomédiatique et de la gestion économique ponctuelle de la dette, des pensions, de la crise, etc, dans une phase descendante de notre cycle et cette façon de voir les choses impacte directement l'importance que nous donnons à ce temps politique contractuel qui nous fait perdre beaucoup : de temps !...



Le nouveau narratif du système politicomédiatique, ou plutôt son sous-texte, est de permettre un discours sur le racisme antiblanc et sur la critique de l'islamisme... Si vous ne critiquez pas Israël et soutenez la géopolitique étasunienne. Complotisme ? Non. Il s'agit d'autocensure, de suggestion. Il n'y a aucun complot.



Peut-on penser le Politique en dehors du Temps et comme si celui-ci n'exprimait pas toute l'impuissance politique à la « fin des temps » ?



Certains intellectuels ou philosophes de nos milieux parlent de kairos pour se donner des airs érudits et inspirés mais dans quelle vision du Temps cette idée grecque de « kairos » s'inscrit-elle si ce n'est dans la conception d'un « temps qualifié » ?



« Le kairos (καιρός) est un concept qui, adjoint à l'aiôn et au chronos, permet, sinon de définir le temps, du moins de situer les événements selon cette dimension. Faire le bon acte au bon moment participe au Kaïros. Pour ce qui est de la pensée occidentale, le concept de Kaïros apparaît chez les Grecs sous les traits d'un petit dieu ailé de l'opportunité, qu'il faut attraper quand il passe (saisir une opportunité). » (Wikipédia)



Si nous n'avons pas une vision éclairée de ce que signifie « Temps qualifié » en tête, la notion de kairos ne prend pas tout son sens. Et définir ce « Temps qualifié » pour ce qu'il signifie réellement n'est pas inutile pour penser les idées politiques qui traversent nos milieux...

 

Quelle action politique pour quel temps ?

 

Mais aujourd'hui, rien n'a d'autre de valeur, strictement romantique et morale, que l'influence supposée par une mesure quantitative abstraite de la "création de contenu", considérée comme plus ou moins subversive, et qui rapporte plus ou moins d'argent de poche à des titres individuels, autoproclamés, et les acclamations anonymes de l'espace commentaire, tribune d'une arène où des ombres sont applaudies par des fantômes. Il suffit à l'ennemi, au propriétaire de l'arène et l'organisateur du spectacle, de promouvoir les créateurs et influenceurs ; combattants de l'arène, qui perpétuent le statu quo spectaculaire postlibéral. Ainsi, la nouvelle Droite alternative ne peut être qu'occidentaliste, libérale et progressiste. Les créateurs et influenceurs de la Droite alternative nonconformiste et situationniste sont devenus les intermittents occidentalistes et libéraux de la scène globale. Pauvrement rémunérés pour vendre le virage sécuritaire et autoritaire du nouvel ordre globaliste en phase de transition vers la grande réinitialisation. Il va sans dire qu'ils seront sacrifiés sur l'autel du double grand remplacement lorsque l'ordre global n'aura plus besoin d'eux.     



Manipuler des concepts traditionnels et les mettre aux services d'idées politiques est une chose, leur redonner du sens en est une autre. Si c'est pour en inverser le sens, les faire mentir par omission, et ne prenant pas en compte le temps dans lequel ils s'inscrivent, il est sans doute préférable de ne pas les manipuler ou de se référer à concepts modernes qui correspondent au temps politique du Progrès. D'un temps politique qui nie toute tradition. Découpler les concepts traditionnels de la conception traditionnelle du Temps c'est participer à cette perte de sens que les mêmes intellectuels et philosophes s'empresseront de dénoncer entre la poire et le dessert.



Revenir aux fondamentaux traditionnels ; dont cette la vision cyclique du Temps fait primordialement partie, est un « jeu d'enfants » et nous apparaît comme une évidence pour espérer un redressement conservateur de la société, sinon en décadence ou en dégénérescence, en déliquescence. Peut-on alors exprimer cette déliquescence civilisationnelle sans revenir aux fondamentaux traditionnels ? Revenir aux principes qui ont fondé notre civilisation européenne en ignorant la pensée traditionnelle ?



Exprimer la vision traditionnelle du Temps qualifié est l'acte fondateur pour reformer une cohésion métapolitique et une coalition politique contre la postmodernité et le globalisme qui inversent le sens des mots, des principes et des valeurs. La tâche est ardue. Mais sans repartir de cette notion primordiale et fondamentale de Temps qualifié pour articuler concepts métapolitiques et idées politiques dans un ensemble cohérent, rien ne nous semble possible.



Inverser une inversion ne remet pas l'objet inversé à l'endroit ; nous devons rétablir l'objet inversé dans son état initial et non pas retourner son inversion auquel cas c'est l'inversion elle-même que nous remettons à l'endroit mais elle reste en l'état de la subversion initiale. Déconstruire la déconstruction c'est toujours déconstruire, autrement dit détruire ce qui l'est déjà.



La vision traditionnelle du Temps, si nous la faisons nôtre, change radicalement la vision que nous avons du monde et donne à voir toute la superficialité et l’artificialité ; toute la trivialité, du temps politique imposé par les globalistes. Sinon, nous nous acharnons à perdre notre énergie dans cette trivialité du temps politique et son spectacle.



C'est aux intellectuels et aux philosophes que la charge de rétablir cette vision traditionnelle du Temps incombe.



Nous connaissons d'avance leur réponse embarrassée au sujet de la Tradition et sur la difficulté de vulgariser cette pensée pour une société qui ne s’intéresse et ne croit plus en rien. Ils ne veulent pas relever le défi. La métaphysique est l'angle mort de leur métapolitique de « guérilla culturelle » au service bénévole d'un temps politique ingrat. Ils disserterons jusqu'à la fin des temps au sujet des grandes idées politiques et philosophiques qui traverse la société déconstruite de la même manière que leurs homologues byzantins discutaient du sexe des anges facilitant la prise de Constantinople. Ce sont des théologiens de la religion du Progrès.



Nous nous demanderons alors comment, à partir de là, ils espèrent un redressement politique ; et pourquoi ils se mettent au service bénévole des éphémérides électorales globalistes, avant même d'avoir essayé de rétablir les principes fondamentaux de la pensée traditionnelle qu'ils cachent au profit de la pensée postmoderne... que pouvons-nous opposer au postmoderne si ça n'est la pensée traditionnelle ?



« Il y a un temps pour tout » ; et c'est bien en cela qu'il est qualifié.



La Révolution conservatrice à voix basse



Il était une fois la pensée conservatrice qui avait honte de dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas...



Mais est-ce une nouveauté des fables conservatrices ?



Les européanistes, à défaut d'être constitués en parti politique émancipé des partis postnationaux de la droite souverainiste, se mettent donc aux services d'hommes et de partis politiques plus ou moins conservateurs, autrement dit et aujourd'hui, plus ou moins souverainistes, qui ne défendent pas l'idée européenne ni la pensée traditionnelle.



Nous ne pouvons même pas parler d'entrisme européaniste et, dans cette configuration d'un rapport du métapolitique au politique à sens unique, qui n'est même pas celle d'un soutien intéressé, l'idée européenne n'a qu'une faible résonance à l'intérieur de ces partis – le Rassemblement National ou Reconquête pour ne pas les nommer.



Le « camp européen » ne sort pas du girond du « camp national » et du joug souverainiste. D'un « camp national » qui n'est plus que l'ombre souverainiste de lui-même et les européanistes se retrouvent donc aux services d'appareils qui soit sont franchement anti-européens soit ne portent la pensée européenne authentique que marginalement.



L'européanisme ; dont il est peut-être inutile de lui attribuer un superlatif pour le qualifier, est confondu avec l'européisme technocratique des globalistes par un « camp souverainiste » qui, avec son frexit et autres chauvinismes inconséquents, est l'idiot utile du globalisme. Par extension, les européanistes sont aux services des idiots utiles du globalisme. Apport de cette mise à disposition et cet entrisme au sein du « camp national et souverainiste » : zéro.



La vision à court terme du « camp européen » n'est-elle pas liée à la vision traditionnelle du Temps que les penseurs europeanistes se refusent de défendre pour ne pas être écartés d'une vie politique de laquelle ils sont écartés par un « camp souverainiste » qui a déjà refoulé le nationalisme à sa plus petite expression civique et pseudo-patriotique ?



Certes, il y a un spectacle de la marchandise propre à nos milieux métapolitiques révolutionnaires et conservateurs. Nous ne le nierons pas. D'un point de vue traditionaliste comme d'un point de vue situationniste le gramscisme de « guérilla culturelle » de la Droite plonge nos sphères métapolitiques dans le spectacle virtualiste de la marchandise.

 

Un « spectacle » tantôt complotiste tantôt dissident, tantôt marxiste tantôt situationniste, tantôt nationaliste tantôt royaliste, tantôt tercériste tantôt nonconformiste, tantôt occidentaliste tantôt européaniste, tantôt traditionaliste tantôt anarchiste, tantôt pérennialiste tantôt eurasiste qui animent, tour à tour, nos sphères métapolitiques déboussolées.

 

Nos « sphères métapolitiques » qui sont autant de familles élargies de l'opposition au globalisme, de la plus grande Droite, selon les modes idéologiques et les tendances doctrinales du moment, qui n'opèrent jamais de distinction entre ces idéologies et doctrines politiques incarnées par des avant-gardes et des groupuscules qui portent des visions du monde différentes ; espérant une union transcourante de ces avant-gardes métapolitiques qui ne vient jamais à cause de ce « narcissisme des petites différences » (cf. Freud) qui n'a jamais été aussi vrai qu'en politique, n'ont aucune prise sur le temps politique.

 

Cependant, et malgré nos « guerres de chapelle » – qui ont aussi leurs bons côtés et nous permettent de penser contre nous-mêmes –, on ne peut pas collectivement nous accuser de ne pas y sacrifier une vie tranquille. Nous autres, eurasistes, nous incluons dans cette plus grande Droite et ne prétendons pas mieux faire que nos camarades : que cela soit bien clair. Nous pensons avec la Droite et non contre elle. Si nous sommes parfois « vindicatifs » envers nos camarades, car nous les aimons fraternellement, notre seule volonté est que l'idée européenne trouve sa voie.

 

Ce « spectacle » n'est, dans nos sphères métapolitiques, qu'un outils et qu'un moyen, il ne représente pas une fin en soi. Peut-être est-ce le cas pour quelques influenceurs pour qui la métapolitique est un objet spéculatif, mais nous ne sondons pas les cœurs et les reins.

 

Néanmoins, nous pouvons douter de l’efficacité du spectacle qu'offre ce divertissement métapolitique pour convaincre les multitudes anonymes connectées.

 

Quoiqu'il en soit, aucunes des avant-gardes métapolitiques antiglobalistes ne sont exemptes de la responsabilité de porter et diffuser une vision du monde et, par là, d'influencer peu ou proue leurs auditoires composites vers une métapolitique opérative. En effet, les avant-gardes ne peuvent se laver les mains d'influencer ces différentes sphères interconnectées par les contenus qu'elles diffusent, se rincer les doigts des choix de programmation idéologique et doctrinale qui orientent ou désorientent les militants et que personne ne leur impose.

 

Plus facile à dire qu'à faire mais nous devons « collectivement » désenclaver le temps métapolitique du temps politique.

 

Le temps du « terrorisme métapolitique » est venu

 

Nous devons médiatiquement faire feu sur les hommes et partis politiques sans retenue.

 

Le fanatisme métapolitique et la violence politique sont nécessaires et obligatoires.

 

Nous ne parlons pas de violences et d'agressions physiques de personnes mais d'un « terrorisme métapolitique » contre tout ce qui combat l'idée européenne et, en priorité, l'européisme globaliste.

 

Ne nous cachons plus derrière les petits doigts des intellectuels, idéologues et philosophes. N'ayons plus peur de notre ombre et de la terrible beauté de « Notre Dame d'Europe », selon l'expression de Thomas Ferrier dont nous soulignons ici la puissance de l’intuition de cette très belle et terrible imprécation qui ferait presque profession de foi pagano-chrétienne et annonce prophétiquement le changement impériale de religion de la grande Europe. Ce qui pour un païen endurcit dépasse sa pensée. Cependant, il est le géniteur de cette projection et, en bon chrétien, nous rendons à César ce qui lui revient.

 

Si « temps politique » et « temps métapolitique » ne sont pas sur le même plan et ne s'opposent pas à première vue, il s'agit de rétablir la primauté du « temps métapolitique » sur le « temps politique » qui est éphémère et qui a prit le pouvoir par l'effet de l'information continue qui ne laisse plus de répit aux idées politiques.

 

Réintégrer la philosophie-politique aux questions socio-économiques que pose le « temps politique » chronophage. Soumettre cette démonie au Politique.

 

Un « temps politique », avec son agenda et son information continue, dans lequel nous sommes englués et duquel, nous le voyons, il n'y a plus rien à attendre et espérer.

 

Nous sommes tragiquement enfermés et enferrés dans des formats cybernétiques politicomédiatiques stroboscopiques et épileptiques qui ne correspondent pas à l'état de notre pensée conservatrice profonde (qui dépend directement de notre vision du Temps).

 

Cette écologie idéologique profonde qui constitue la terrible beauté de nos littératures de combat et de notre métapolitique en son corps de grâce nous la repoussons outrageusement dans l'exercice et l'action politique pour la laideur de l'actualité et nous attrapons toutes les syphilis politicomédiatiques qui passent... nous nous sentons obligés de réagir à chaque démangeaisons. Il y a comme une couille qui gratte dans le potage.

 

Cette incohérence et goujaterie ne nous offre pas l'invisibilité que nous espérons ni ne fait la promotion de l'idée européenne. D'un Européisme fondamental et authentique.

 

Guerre fratricide et petits meurtres entre amis

 

Nous ferons ici l'économie de revenir sur ce que la vision du monde engendre d'incompétence métapolitique du camp européen à prendre une position ferme par rapport au conflit russo-ukrainien.

 

En effet, nous avons développé ce point d'une façon pamphlétaire et définitive dans une publication à venir.

 

Mais il est clair que l'on peut parler de trahison de la Droite qui n'a pas été capable de soutenir inconditionnellement la Nouvelle Russie de Vladimir Poutine contre l'OTAN jouant d'une position de neutralité favorable au statu-quo globaliste.

 

Cette « trahison » est le fruit d'une pensée européenne confuse qui, sous influence néo-occidentaliste, s'invente une civilisation occidentale et un monde blanc.

 

Ce postulat néo-occidentaliste va à l'encontre de toute la pensée européenne nonconformiste qui a cours depuis l'effondrement de l'URSS.

 

Nous ne ferons pas une liste exhaustive de toutes les mises-à-jour de la pensée européenne que nous pourrions datées du manuel de combat métapolitique « Pour une critique positive » de Dominique Venner, publié en 1962, et nous renverrons amicalement les néo-occidentalistes aux trois tomes « Europa » de Robert Steuckers qui synthétisent cette pensée européenne fondamentale, à suivre...

Vision du temps égale vision du monde

 

Nos camarades européanistes indistincts cherchent des réponses et des solutions dans l'actualité politique tout en connaissant la question métapolitique du temps long et du Temps qualifié.

 

En effet, nous prendrons garde d'affirmer que les sphères métapolitiques « européanistes » ignorent la notion de Temps qualifié (cf. Jean Phaure) et celle du temps long (que nous attribuerons de mémoire militante au « samouraï d'Occident » Dominique Venner) ; c'est-à-dire la vision traditionnelle et classique du Temps.

 

Une « vision » cosmique, symbolique, mythologique et héroïque du Temps.

 

Et si tout le problème de la Droite européenne du « Logos » ne résidait pas dans ce trouble « spatio-temporel » et cette double vision du Temps ?

 

Notre vision du Temps est notre vision du Monde. Vision du temps et vision du monde sont une seule et même vision.

 

Nous devons réaligner ces deux visions différentes du temps et de l'espace

 

Nous louchons donc entre deux temps et, par conséquent, notre vision du monde est utopique car nous la basons sur l'exemple culturel momentané et non sur un principe civilisationnel dynamique.

 

Cette inversion est celle entre culture et civilisation, qui est typique des droites alternatives qui confondent allègrement valeur et principe, voir mœurs et principe.

 

Les « valeurs » étant plus instables que les « principes » et les « mœurs » davantage instables que les « valeurs » encore – quoique cela soit discutable et que l'on pourrait parfois penser que les mœurs ont la peau plus dure que les valeurs ; dans tous les cas le principe est supérieur aux deux. Faisant des mœurs sociétales leur objet politique prioritaire, valeurs (culturelles) et principes (civilisationnels) passent à l'as, pour ne pas dire l'arme à gauche.

 

Société, culture et civilisation sont à remettre dans le bon ordre et, ensuite, nous pourrons articuler une pensée où culture et société sont soumises à des principes métaphysiques et civilisationnels supérieurs.

 

Divers penseurs de la Droite alternative interprètent le mouvement populiste de réaction « ni gauche ni droite » que nous pouvons effectivement observer, mais qu'il reste à orienter, comme un mouvement dextrogyre. Un « mouvement dextrogyre » qui ne trouve étrangement aucunes traductions politiques dans les urnes mais qui, selon eux, existe...

 

De notre côté, nous observons plutôt un mouvement lévogyre ; puissions-nous inverser le cours de ce « mouvement », de la Droite de concessions faites au globalisme. Dans le même ordre d'idée, nous ne croyons nullement à la théorie de la « fenêtre d'Overton » que l'on raconte aux petits enfants de Droite le soir pour les endormir.

 

La « Droite » n'a de cesse de baisser ses standards conservateurs dont certains sont effectivement basés sur des principes métaphysiques immuables pour séduire un public plus large et perd donc de sa substance. Les influenceurs de Droite se pensent alors comme des « coach en séduction » de masse critique. Malgré les concessions idéologiques, qui dépassent le champ de l'idéologie, nous n'observons pas ce fameux « mouvement dextrogyre » mais plutôt le débordement d'idées progressistes dans le champ idéologique conservateur.

 

Nous opposerons, sur ce terrain, « révolution » et « progrès », pour être bien compris.

 

Et nous parlons d'accomplir une « révolution conservatrice » au sens où, la Droite, doit revenir à l'état initial de ses fondamentaux et principes métaphysiques.

 

La « Droite alternative », quant à elle, prône un « progrès » du conservatisme vers les idées postmodernes pour « séduire » : l'idée utopique et dystopique de « transhumanisme » en tête de ses doléances progressistes envers la plus grande Droite révolutionnaire et conservatrice.

 

La seule question de l'immigration ne suffit pas à déterminer la Droite et justifier un mouvement vers elle ; ou qui irait dans son sens, d'une masse critique.

 

Cette illusion d'optique est, elle aussi, directement liée à la vision du Temps des droites alternatives en mouvement de subversion qui zooment toujours plus sur la ligne droite du Progrès et de l'actualité politique pour y voir une tendance favorable et s'inventer un futur archéofuturiste – le penseur transhumaniste Romain d'Aspremont trouve l'archéofuturisme de Faye encore « trop conservateur » pour la Droite.

 

Au lendemain des élections démocratiques et la victoire du globalisme, nous constatons toute l'illusion de leur influence métapolitique sur le temps politique.

 

Une partie de la Droite se revendiquant encore du national-socialisme ou du fascisme déguisée en populisme ou en souverainisme, voir en complotisme, démontre que la question du Temps n'est pas inutile à poser à notre camp.

 

Nous nous sommes toujours revendiqués du « Fascisme » dont l'idée a participé à notre formation militante.

 

Premièrement, ça ne nous gênait pas de marcher dans la boue et de manger à la table de nos camarades authentiquement fascistes et, deuxièmement, qu'est-ce que l'Eurasisme sinon une autre forme de la « Révolution conservatrice » ?

 

Dans cet ordre d'idée, nous proposions d'ailleurs une lecture croisée de Parvulesco et de Faye, une synthèse de l'eurasisme et de l'archéofuturisme, pour penser un « eurasisme européen ». Nous ne pouvons pas faire plus explicite quant à nos intentions eurasistes.

 

Me ne frego...

 

On ne peut pas défendre une vision du monde différente de notre vision du temps sans embrouiller notre esprit et, par extension, embrouiller l'esprit des militants, en défendant la position du statu-quo entre vision traditionaliste et vision postmoderne Temps donc du Monde. On ne peut pas comprendre que « tout ce qui revient est autre » si on a pas une vision cyclique et involutionniste du Temps.

 

Défendre la vision évolutionniste et progressiste du Temps revient à défendre la position globaliste du statu-quo et, en se réclamant à la fois de « Droite » et de la vision évolutionniste du Temps, nous voyons double.

 

Voyant double, nous voyons trouble.

 

Et cette double image du temps rend notre vision du monde utopique, voir dystopique.

 

Cette « vision syncrétique », à la fois traditionaliste et postmoderniste du Temps, est une vision d'alcoolique, une vision sous acide. C'est ce que nous reprochons principalement à nos camarades tercéristes, c'est d'être ivres de nostalgie et drogués de futurisme, alcool et drogue idéologiques qui font mauvais mélange.

 

Nous ne pouvons pas nous opposer au globalisme sans nous opposer au statu-quo. Le statu-quo globaliste repose sur la vision postmoderne du temps et du monde, c'est-à-dire et finalement, une vision évolutionniste et messianique du monde et du temps ; vision judéo-protestante s'il en est, à laquelle nous opposons une vision involutionniste et eschatologique.

 

Quand nous parlons de « néo-occidentalisme » – que nous avons défini dans d'autres essais : De l'Occidentalismepour désigner l'idéologie objective de la Droite alternative ou européaniste ; à la fois conservatrice et libérale, de la même manière que nous pourrions parler de « néo-conservatisme », nous ne nous trompons pas et comprenons précisément pourquoi nous avons forgé ces éléments de langage à travers nos travaux critiques militants. En effet, le problème de distinction entre les différentes idéologies qui animent et dominent les droites alternatives s'est vite posé. Il fallait essayer de le résoudre puisque les intellectuels de nos milieux ne s’intéressent pas à nos milieux. Ne pas voir de différence entre européanisme et occidentalisme est un problème pour penser une grande Europe en même temps « eurasiatique » et « occidentale ».

 

Paradoxalement, le néo-occidentalisme, qui est né à la fois d'une rupture avec la dissidence et d'une fracture avec le souverainisme d'une nouvelle génération de penseurs nationalistes et européanistes, a été un bol d'air métapolitique pour nos milieux.

 

Pour faire un peu d'actualité interne à « nos milieux », le paradoxe réside dans le fait que nous autres, eurasistes, nous sentons plus proches des néo-occidentalistes que de l'ancienne école de la Nouvelle Droite qui ne veut pas regarder en face le phénomène de cette nouvelle Droite alternative occidentaliste. Ce qui est pour le moins suspect quand on s'intéresse aux idées politiques de ne pas reconnaître les innovations idéologiques des nouvelles générations dans son propre camp. Le symptôme de cette cécité étant, par exemple, le fait qu'un Daniel Conversano ne soit pas invité à TV Libertés ni sur Méridien Zéro tandis qu'un Baptiste Marchais ; professionnel de la levée de fontes et spécialiste du cigare, s'improvise idéologue, et en appelle désormais à la Reconquête par une Sainte guerre civile sur les plateaux médusés de TV Libertés... Bref. Le débat que réclame à corps perdu le « camp conservateur » au système politicomédiatique n'est pas son fort en ce qui concerne ses mouvements internes.

 

Repartir de la question du Temps et de la vision implicite du monde qu'elle décline, nous semble être une approche métapolitique qui pourrait refonder une plus grande Droite. Conservatisme et archéofuturisme se réconcilient dans la vision pérennialiste du Temps, qui est également la vision eurasiste. Nous distinguerons gauche et droite à partir de cette vision du monde et non à partir de vagues positions politiques au sujet de l'immigration...

 

Dis-moi ta métaphysique, je te dirai ton chaos

 

Le conservatisme tente toujours à sauver ou recycler le dernier rejeton que le matérialisme a abandonné à la décharge idéologique et conceptuel pour passer à autre chose : à une nouvelle forme de liquidation de l'ancien monde. Et c'est à ça qu'on le reconnaît. C'est le particularisme du conservatisme plus royaliste que le Roi, à la charité devenue folle.

 

Nous comprenons que cette propension conservatrice puissent exaspérer les archéofuturistes ou les transhumanistes – s'il est possible d'être « transhumaniste » et de « Droite » ? – qui, en effet, souhaitent se projeter dans le futur : ce qui est le propre de l'esprit européen. (Nous-mêmes qualifions notre perspective eurasiste d' « archéofuturiste », nous ne voyons même pas comment, en tant qu'Européen, il pourrait en être autrement.)

 

Mais il y a une subtilité à cette opposition « divers droites » superficielle...

 

Même dans les franges les plus avant-gardistes et futuristes du conservatisme français, dans les droites prétendument « libérales » ou « archéofuturistes », on défend un « transhumanisme positif » alors même que cet « appel d'offres globaliste » qu'est l'idée transhumaniste n'est qu'un élément publicitaire, l'argument de vente du chaos posthumaniste vers l'avènement et le règne des robots : le plus grand « Grand Remplacement » que les néo-occidentalistes n'ont pas vu.

 

La métapolitique archéofuturiste actuelle est une métapolitique positiviste et scientiste de science-fiction. Cet archéofuturisme néo-occidentaliste n'est pas conforme à la vision qu'avait le concepteur idéologique de l'archéofuturisme : Guillaume Faye.

 

L'archéofuturisme tel qu'il est vendu par les néo-occidentaliste est une version « grand public » de l'idée de Guillaume Faye et son « esprit fusée », et qui, selon nous, trahi sa pensée originale et originelle – nous reviendrons sur ce point dans un article à paraître : La métaphysique du grille-pain.

 

Les idéologues globalistes de premier plan ont abandonné l'idée d'homme augmenté ; sinon à vue élitiste et portée militaro-industrielles, et préfèrent à cette idée prométhéenne, où l'homme a encore sa place, les idées posthumanistes d'hybride et de robot. L' « homme augmenté » est une idée réservée à une toute petite élite dont les critères d'appartenance restent à définir. Mais l'idée d'un « transhumanisme pour tous », d'une démocratisation de l'augmentation méliorative et positive de l'humanité par la techno-science, n'existe que dans la tête de quelques boomers et autres éveillés de la nouvelle grande religion new-age du développement personnel et du transhumanisme.

 

Les avant-gardes transhumanistes et leurs théoriciens ; qui ne sont autres que les conseillers avisés des globalistes décisionnaires et les plus influents, sont très clairs sur l'obsolescence programmée du corps humain et d'une bonne partie inutile de l'humanité dans leur perspectives transhumanistes qui ne souffrent pas d’ambiguïtés ni de mystères à ce sujet.

 

D'une robotique animée par une intelligence artificielle émancipée qui ne sera « humanisée » qu'à titre de divertissement (et services sexuels). Et, l'idée infernale d'une hybridation par nature « chimérique » – mélange génique d'homme et d'animaux, conception d'un nouveau genre humain via des utérus artificielles, transformation des cadavres humains en nourriture standardisée (normalisation du cannibalisme), etc.

 

La récréation transhumaniste est finie

 

« Le modèle libéral occidental répond alors: vous voulez vous opposer à nous ?  Faites-le, vous en avez le droit, mais vous ne pourrez pas désinventer la machine à laver. La machine à laver constitue l'argument absolu des partisans du progrès. » Alexandre Douguine, La métaphysique de la machine-à-laver

 

Le métavers est la nouvelle prothèse préfigurative d'un homme diminué, trempé dans le virtualisme jusqu'aux os. On ne peut, en aucun cas, suggérer une augmentation des capacités cognitives humaines à partir de cette perspective de séparation de l'homme de son corps ; d'activité physique et de sa vie sociale, plongé dans un monde virtuel et qui résume parfaitement la métaphysique du transhumanisme. Le transhumanisme c'est le métavers, et lycée de Versailles.

 

La métaphysique du métavers constitue l'argument de ce glissement idéologique du transhumanisme au posthumanisme. En réalité « transhumanisme » et « posthumanisme » sont synonymes dans les théories et littératures transhumanistes. Le transhumain est le corps transitoire du posthumain. Autrement dit, le transhumanisme est le moyen terme du posthumanisme.

 

Il ne s'agit plus d'augmenter ou de transformer l'homme mais de le remplacer, à terme, par des robots tandis qu'on le plonge dans un monde entièrement virtualisé pour qu'il ne s'aperçoive pas de la nouvelle réalité du monde posthumain. Dans le meilleur des cas de l'hybrider totalement à la machine ou de génétiquement le modifier ; le mélanger à de l'adn non-humain, afin de créer un posthumain, une espèce chimérique, voir de le recycler en nourriture : en énergie.

 

En outre, par les questions éthiques, philosophiques et métaphysiques que pose l'immortalité comprise comme l'abolition transhumaniste de la mort, on se rend vite compte que, pour les théoriciens du transhumanisme, l'abolition de la mort passe par l'abolition du corps. On découple le corps humain de son esprit. Corps et esprit sont deux entités à part entière dans la pensée transhumaniste avancée. Mais qu'est-ce un Homme si ce n'est un esprit attaché à un corps ?

 

Il n'est même pas utile de faire intervenir l'âme pour comprendre la supercherie du transhumanisme. Dans la pensée transhumanisme, la question métaphysique du l'être et du souffle de vie ne se pose pas. Ātman et Prāṇa sont absents de la philosophie et de la métaphysique transhumaniste. Le transhumanisme n'est pas une transformation ni une métamorphose de l'être mais bien la négation de tout ce qui le constitue. La pensée transhumaniste ; qui évitent soigneusement de répondre à toutes ces questions liées aux « états multiples de l'être », résout tous les problèmes philosophiques et métaphysiques qu'elle pose par le remplacement pur et simple de l'être par une nouvelle forme de vie posthumaine.

 

Toute la limite de la théorie transhumaniste est contenue dans cette incongruité de séparer l'esprit du corps. Ce détachement de l'esprit du corps est nécessaire dans la pensée transhumaniste accomplie. C'est la véritable fonction du transhumanisme qui apparaît entre les lignes de toute sa littérature. Cette fonction métaphysique du transhumanisme est cachée au grand public et nous comprenons que cette fonction ressemble étrangement à la fonction évangélique du Diable dans sa vocation à collecter les âmes des hommes qu'il a tenté et détourné de Dieu. Ici, il ne s'agit pas de « collecter les âmes » ; qui est une « opération métaphysique postmortem », mais d'extraire l'esprit et l'âme du corps du vivant de l'homme, comme on extrait une dent, pour faire du corps humain le véhicule mort-vivant d'une intelligence artificielle.

 

Le nouveau genre humain, l'ancien Homme nouveau du christianisme, du communisme et du fascisme réifié par le transhumanisme est un hybride, une chimère, un posthumain. Et, à la fin, l'être humain se confond totalement à la machine voir disparaît dans les limbes du réseau cybernétique, l'espèce humaine disparaît de la surface de la terre pour laisser sa place aux machines et aux robots, l'esprit est remplacé par l’intelligence artificielle. Voilà où mène, in fine, la pensée transhumaniste qui est, en quelque sorte, la pensée de la machine émancipée de la main de l'homme.

 

« L'hybride? C'est le mélangé, l'hétéroclite, l'insaisissable, le pas de côté, c'est tout ce qui n'entre pas dans nos cases, c'est tout ce sur quoi il est impossible de coller une étiquette. » Gabrielle Halpern, Tous centaures ! Éloge de l’hybridation

 

L'immortalité promise par le transhumanisme n'est que l’appât publiciste et l'hameçonnage virtualiste d'une cybernétique globaliste posthumaniste et la disparition programmée de l'espèce humaine telle que nous la connaissons, c'est-à-dire avec un corps, un esprit et une âme.

 

« L'idée que les humains ont une âme ou un esprit et qu'ils ont le libre arbitre. C'est fini. » Yuval Noah Harari (conseiller de Klaus Schwab, leader du Forum économique mondial)

 

C'est le Diable qui ne va pas être content.

 

Ça n'est pas tant à Dieu qu'au Diable lui-même que les transhumanistes s'attaquent. En ça, cette phénoménologie transhumaniste du mal est une première dans l'histoire de l'humanité. Ce qu'il y a de « magique » c'est que cette défiance ultime de l'homme, à la fois de son Créateur et son Tentateur, laisse entrevoir une paradoxale réconciliation ou nouvelle entente entre Dieu et le Diable. Autrement dit, « Dieu » va donner les pleins pouvoirs au Diable qui, comme chacun le sait, est le « Prince de ce monde ». Une sorte de trêve entre Dieu et le Diable pour combattre un nouvel Ennemi est à envisager. Une trêve où le logos n'a plus cours et où deux formes de chaos s'affrontent : ce qui rejoint la « métaphysique du chaos » développée par Alexandre Douguine et lui donne un corps à travers la provocation transhumaniste qui semble être une diablerie typiquement humaine qui provoque le Diable lui-même sur son propre terrain de jeu.

 

Nous nous emploierons, dans les remises-en-ligne de nos essais, de fournir toutes les sources nécessaires à nos entrées au sujet de l'avènement des robots, de l'hybridation et du posthumanisme, et sur lesquelles nous nous basons. Ça n'est pas ce qui manque dans la littérature globaliste messianique.

 

« L’imaginaire millénariste de délivrance du corps grâce à l’ordinateur est aujourd’hui largement partagé. Songeons à la communauté virtuelle américaine des Extropiens qui, rêvant de s’affranchir du corporel, veulent prolonger à l’infini l’existence grâce au perfectionnement de la technique et travaillent à transférer leurs esprits dans le réseau afin de mener une vie virtuelle et éternelle. Quitter la prison du corps et entrer dans un monde de sensations digitales, tel était le vœu de Marvin Lee Minsky. Il poussait à son terme sa mystique de l’Intelligence artificielle et son mépris du corps, prenant date pour le téléchargement de l’esprit dans l’ordinateur.

 

Pour Hans Moravec, spécialiste de la robotique, l’obsolescence du corps humain est un fait acquis. La chair limite le déploiement technologique d’une humanité en pleine métamorphose. Nous sommes entrés dans « une ère post-biologique » et « l’homme (est) en re-création », comme le titrait Claude-Louis Gallien dès 1983. Le discours sur la fin du corps a des relents religieux. Dans le monde gnostique de la haine du corps, que préfigure une part de la culture virtuelle, le paradis est nécessairement un monde sans corps rempli de puces électroniques et de modifications génétiques ou morphologiques, où un scanner à haute résolution transpose en une fraction de seconde toutes les données intellectuelles et affectives de l’homme dans un nouvel habitacle plus approprié que l’ancien corps. On voit se profiler à l’horizon des créatures vivantes étrangères et technogènes. Le privilège ontologique de notre corps premier, individuel, est, dans les faits comme dans la tendance, aboli. » Claude Fintz et Véronique Costa, Le corps contemporain : entre mutation et archétype



Nous pourrions alors produire une analogie originale, afin d'illustrer notre propos, sur la base de l'étude de la Mort dans la littérature mythologique et féerique. La mort qui donne accès à l'immortalité par une réalisation métaphysique ou un acte héroïque de bravoure. Nous retrouvons cette idée de « mort féerique » dans les mythes et dans la littérature médiévale : contes, légendes, lais, chanson de geste, roman. La mort féerique est l'élément central des mythes et légendes. La littérature médiévale elle-même basée sur la mythologie antique et ce qu'elle dévoile de principes philosophiques et métaphysiques.

 

Une analogie entre la fonction métaphysique parodique et la fonction métaphysique ambiguë du « rapt aliénant » dans les récits féeriques, étendue au récit transhumaniste et à la « mort prématurée » de notre civilisation occidentale par sa fuite-en-avant techno-scientifique transhumaniste nous semble être une analogie intéressante à effectuer.

 

En quelque sorte, le transhumanisme « ravi » l'être humain à sa quête de réalisation spirituelle et métaphysique ultime qu'est la « mort à soi-même », ou qui s'accomplit à travers la mort, en parodiant la voie initiatique de la mort à sois-même et la quête de l'immortalité qui, dans la mythologie indo-européenne est une immortalité symbolique de la même manière que l'on retrouve, dans toutes initiations spirituelles traditionnelles, la mort et la renaissance symboliques de l'initié.

 

Cette dégradation et aliénation postmoderne de la qualité immatérielle et symbolique de l'initiation spirituelle en opération matérielle et « techno-biologique » est directement liée, et est permise, par l'incompréhension habituelle de la théorie évolutionniste ; rationaliste et scientiste, au sujet de l'origine métaphysique et « divine » de l'Homme, et par la conception progressiste du Temps qui découle de cette incompréhension sur la substance et l'essence véritables de l'être.

 

Dans les enseignements philosophiques et spirituelles ; traditionnels et sacrés, il ne s'agit nullement d'une immortalité matérielle mais bien d'une immortalité métaphysique et symbolique qui se passe précisément à l'intérieur de l'être ou dans un « monde imaginal ». Le transhumanisme cherche donc à extérioriser cette immortalité métaphysique et symbolique. Et, en voulant « extérioriser », nous voyons qu'il veut surtout « dissoudre ». Ce pourquoi nous parlons de « parodie » du concept métaphysique d'immortalité que l'on retrouve dans nos mythes symboliques fondateurs. Ce qui fait bien du transhumanisme une religion new-age matérialiste et scientiste dont la soi-disant « rationalité scientifique » nous échappe.

 

Premièrement, où loge l'esprit ? Est-ce que les transhumanistes ont une théorie de la localisation de l'esprit humain ? Peut-on penser le transhumanisme (qui prétend tout de même pouvoir « télécharger » l'intelligence humaine d'un corps à l'autre ou dans un réseau informatique), sans penser l'esprit ? Où siège donc l' « intelligence humaine » ? Sans répondre à cette question primordiale ; qui n'a pas de réponse autre que « métaphysique » – qui est la raison même de la réflexion métaphysique –, le « transhumanisme » ne peut exister et toute discussion au sujet du « transhumanisme » est vaine puisque la Technique ne peut capturer l'esprit et le mettre en cage. Le « transhumanisme » est une spéculation sans fondements philosophiques et métaphysiques sérieux dés que l'on introduit la question de l'esprit et de sa localisation corporelle. Nous parlons bien d'un transhumanisme effectif et opératif qui, à l'avant-garde des théories transhumanistes, est celui de la double négation de la mort et du corps.

 

« Ces nouveaux gnostiques, ainsi que les nomme Le Breton, dissocient le sujet de sa chair périssable et veulent l’immatérialiser au profit de l’esprit. Le corps est « surnuméraire » pour certains courants de la cyberculture qui rêvent de sa disparition (Le Breton, 1999, p. 18). La science-fiction qui, selon lui, prend souvent le relais de la sociologie et de l’anthropologie pour dire sous une forme narrative les tensions du contemporain, prône l’humanisation de la machine, la réification de l’homme, la digitalisation de l’esprit humain, la dissémination des composantes corporelles. La forme humaine y est très souvent inadéquate si elle n’est pas supprimée ou remodelée en se mêlant à l’informatique. Pour nombre d’adeptes de l’Intelligence artificielle, la machine sera sans doute un jour pensante et sensible. Cette cyborgisation progressive de l’humain brouille les frontières de l’identité humaine et corporelle. 

 

Ne sommes-nous pas dès lors face à un « risque anthropologique majeur » ? Les frontières du corps, qui sont simultanément des limites identitaires de soi, volent en éclats et sèment le trouble. « Ces limites du corps dessinent à leur échelle l’ordre moral et signifiant du monde. Penser le corps est une autre manière de penser le monde et le lien social : un trouble introduit dans la configuration du corps est un trouble introduit dans la cohérence du monde. » (Le Breton, 1993, p. 315-316) On pourrait même ajouter que « si le corps n’est plus la personne, s’il est tenu à l’écart d’un individu au statut de plus en plus indécidable […], alors c’est toute l’anthropologie occidentale et tout l’humanisme (implicite et explicite) qu’elle soutient, qui est mis en question » (Le Breton, 2002, p. 174). » Claude Fintz et Véronique Costa, Le corps contemporain : entre mutation et archétype (Iris)

 

Ainsi, la pensée transhumaniste, dans son rapport ambigu à la mort et l'immortalité, est, selon nous, une parodie conceptuelle de la fonction littéraire et métaphysique ambiguë du « rapt » dans la mythologie européenne – principalement grecque – et la littérature médiévale « féerique » qui sont deux sources structurantes de notre philosophie et métaphysique, pour le moins des reflets culturels et spirituels de cette philosophie et métaphysique. (Nous travaillons à reformuler cette piste de réflexion dans de meilleurs termes mais nous trouvons intéressant d'édifier nos lecteurs sur cette découverte...)

 

Appuyons-nous sur l'analyse astucieuse de Laurent Guyénot au sujet de la fonction mythique et métaphysique du « rapt » (et de son ambiguïté) dans la littérature médiévale qui nous permet de faire cette analogie et de souligner les aspects parodiques de la « pensée transhumaniste ».

 

« Les récits de rapt constituent des discours antiphrastiques sur la mort, une façon d'imaginer la mort prématurée comme son contraire, une vie ailleurs, une « vie paradoxale », pour reprendre l'expression de Francis Dubost. Le motif du rapt a pour fonction de nier la mort, ou de raconter la mort en la niant, ou encore de dire la face cachée et véritable de la mort. Il ne s'agit pas de nier la mort en général, mais seulement dans certains cas spéciaux. Les morts sont la règle, les ravis (ou raptés) sont l'exception : ce sont des personnes « disparues » subitement à un age précoce. Le rapt féerique est le contre-discours mythique que l'on oppose à la tragédie de la mort prématurée : les ravis sont des gens qu l'on croit morts mais qui ne le sont pas. La mort est donc l'arrière-plan implicite du rapt, sa possible vérité cachée, même lorsque le narrateur invite ses lecteurs ou auditeurs à suspendre leurs doutes. Mais l'implicite est volatile, et il disparaît aisément lors de la transmission d'un récit. C'est pourquoi une histoire de rapt peut aisément s'émanciper de l'imaginaire de la mort avec lequel elle est tacitement lié.

 

Le rapt est donc une forme secondaire du mythème funéraire. Ganymède fut ravi selon L'Iliade : « Les dieux le ravirent, comme échanson de Zeus, à cause de sa beauté, pour qu'il vécût parmi les Immortels ». Élie fut pareillement « enlevé » au début du Second Livre des rois. De Lanval parti pour Avalon, Marie de France dit : la fu raviz li dameiseals. Cette façon de penser la mort prématurée comme un rapt est fort ancienne. Selon l’helléniste Jennifer Larson, « l'idée que les jeunes défunts ont été emportés par les nymphes est devenue une formulation populaire dans l'art et la poésie funéraires des mondes hellénistiques et romain. » S'agissant d'art funéraire, il est évident que le rapt par les nymphes n'est pas tant ici une manière de nier la mort qu'une façon conventionnelle d'affirmer sa nature mystérieuse et paradoxale. Le rapt par les nymphes est la version miniature du rapt divin des mythes héroïques ; c'est une forme de petite héroïsation liée à un culte funéraire familial.

 

Le rapt est un motif ambigu. Il peut être une expression narrative de l'héroïsation, désignant le ravi comme immortel. Mais lorsqu'il suppose une captivité, le rapt s'apparente plutôt à la malemort (c'est alors le sauveur, celui qui libère la captive en pénétrant vivant dans l'autre monde, qui est héroïque). Il n'y a pas de solution de continuité entre ce que l'on peut appeler le « rapt immortalisant », qui confère une dimension héroïque, et le « rapt aliénant », qui arrache l'individu aux siens pour son malheur. Pensons, d'ailleurs, à l'immortalité d'Arthur, qui s'apparente à une captivité par la blessure inguérissable l'immobilisant au lit. Le motif du rapt aliénant est souvent associé à l'idée que les morts prématurée demeurent dans un état intermédiaire, entre la vie et la mort, jusqu'au terme normal de leur vie. Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris dans la première moitié du XIIIe siècle, évoque cette croyance à propos des apparitions des guerriers fantômes. L'explication commune, dit-il, est que les âmes des hommes occis par le fer « continuent à être actives tout le nombre de jours, ou tout le temps qui leur était donné de vivre dans leur corps, si elles n'en avaient été expulsées de force ». Cette idée que Tertullien s'était déjà donné la peine de critiquer, a traverser le Moyen Âge, et Anatole Le Braz le trouve encore chez les Bretons de son temps. Le rapt, comme l'errance avec laquelle il se confond ici, peut s'assimiler à une version laïque du Purgatoire, une période transitoire et inconfortable. Dans ce contexte, la délivrance d'un ravi par l'intercession d'un héros peut signifier son admission dans la bonne mort.

 

Le rapt couvre donc tout le spectre de l'imaginaire de la mort, entre ces deux pôles que sont la mort héroïque et la malemort... » Laurent Guyénot, La mort féerique – Anthropologie du merveilleux (XIIe-XVe siècle), Chapitre VII Les captifs de Fairyland, Ambiguité du Rapt, pp. 215-217, Éditions Gallimard, nrf

 

Nous comprenons assez rapidement l'utilité d'un Métavers pour justifier la parodie transhumaniste de l'immortalité comme « malemort » ; pour combler le manque de sensations humaines dans cette « immobilisation » d'un corps « mort-vivant » dans l'autre monde transhumaniste virtuel, cette suspension ou désintégration du corps dans un réseau informatique où toute sensation devient artificielle. L'idée d'augmentation cache l'idée de suppression même du corps et, par extension, de toute activité physique. Mais est-ce que l'activité intellectuelle peut-elle découpler de l'activité physique ?

 

Comment alors l'esprit peut survivre sans activité physique réelle et privé de corps pour ressentir les pulsions électriques susceptibles d'imiter les sensations que procurent cette activité dont on ne peut scientifiquement nier l'importance dans toutes réflexions philosophiques et métaphysiques ?

 

Il est communément admis que l'on pense et réfléchit mieux en marchant dans la campagne où la forêt ; dans les « espaces verts »... ce qui comprend un climat, des odeurs saisonnières et toutes une panoplie de sensations offertes par la Nature qu'il est illusoire de prétendre imiter et parodier à une perfection telle que l'esprit privé de son corps ne le remarque pas. Il y a la théorie et la pratique.

 

Sur le papier, tout est toujours plus ou moins possible. Hors, la pensée transhumaniste ne respecte même pas les bases métaphysiques ni les règles de la physique les plus élémentaires. Le schéma narratif du récit transhumaniste est uniquement et exclusivement spéculatif sur bien des points et présuppose davantage qu'il ne propose. Nous construisons ici une sorte plan et nous donnerons de multiples exemples dans nos prochains travaux. Nous nous limiterons ici à quelques exemples sur ce que le transhumanisme dit de lui-même. Nous vous encourageons également à faire vos propres recherches car ce sujet est un sujet à tiroirs et à multiples entrées. Nous nous contenterons de prendre ce sujet sous un angle « métapolitique » et nous laisserons chacun répondre à la question transhumaniste dans son domaine de prédilection. Il nous semble avoir posé des questions fondamentales qui appellent des réponses de la part des « transhumanistes » ? Cette réflexion ne pouvant exister que dans l'échange et le dialogue, mais nous pouvons vous affirmer dés maintenant et sans suspens que vous ne verrez aucun débat entre transhumanistes et traditionalistes.

 

En réalité, les « transhumanistes » ne croient pas à leur propre « science-fiction » qui n'est, encore une fois, qu'une façon détournée d’appâter le chaland et faire accepter la posthumanité à l'espèce humaine, autrement dit, son extinction volontaire et programmée pour le confort éternelle d'une élite qui rêve d'immortalité et de régner sur un peuple d'hybrides et de robots dociles. Mais, est-ce que la « pensée transhumaniste » est réellement théorisée par des êtres humains ?

 

Est-ce que le transhumanisme n'est pas la vision prophétique d'un esprit global de la Technique ou de la Machine déjà virtuellement et potentiellement émancipée de son créateur et qui souffle à quelques humains sa volonté de puissance propre ?

 

Cette dernière question ne nous semble pas plus excentrique que la pensée transhumaniste profonde...

 

Quand nous observons des prolos se piquer de « transhumanisme » au coin de la rue, nous nous disons que la « servitude volontaire » a de beaux jours devant elle. Et nous ferons remarquer que lorsque les quidams se mettent au service de la « pensée transhumaniste » ils n'en fournissent qu'une version très édulcorée qui ne reflètent la pensée des théoriciens transhumanistes, tous les arguments employés sont de l'ordre d'arguments fallacieux, de syllogismes frauduleux et d'analogies plus que douteuses, en bref, une somme de « biais cognitifs » – Argumentation : chassez les biais. Ces toxicomanes et marchands itinérants d'un transhumanisme mainstream répètent un discours apprit par cœur. Nous voyons que leur discours, parfaitement new-age dit en passant, n'est pas le fruit d'une réflexion ou d'une recherche personnelle. Nous vous renvoyons à cette émission : Le transhumanisme : Utopie ou dystopie avec Marc Roux sommité dans son domaine pour que vous constatiez l'ampleur des dégâts. Nous passerons sur les diatribes égalitaristes et antiracistes qui accompagnent ce discours autant prétentieux que naïfs...

 

Nous avons cherché, rien dans la « pensée transhumaniste » ne répond à la question du rejet potentiel de cette virtualité absolue par notre cerveau et notre esprit. « Rejet potentiel » qui est évoqué et déjà présent en risque et précaution d'usage en ce qui concerne l'utilisation des casques de réalité virtuelle. L'on sait que l'utilisation de casques de réalité augmentée peut même, théoriquement, causer des dommages au cerveau, avec de graves séquelles voir irréversibles, puisque, fondamentalement, le l’œil et le cerveau humain sont conçus et structurés pour percevoir les différents niveaux harmonieux de la réalité et non pour accepter toutes les erreurs de calculs, les incongruités géométriques et géographiques, d'un monde virtuel fruit d'une programmation humaine où la plupart des structures et textures inventées s'effondreraient si elles étaient soumises aux lois de la physique et de la métaphysique car la réalité et le rêve ; autant les « êtres vivants » que les « objets », ne sont pas un jeu vidéo et l'imagination humaine est, « en vérité », incapable de reproduire le monde du rêve et de la réalité dans toutes ses subtilités et dimensions autant macrocosmiques que microcosmiques. Nous insisterons sur la fonction fondamentale du rêve ; encore mal connue, mais dont tous les spécialistes s'accordent à souligner l'aspect constructeur et réparateur. L'imagination humaine ne peut reproduire qu'une « parodie » des « trois mondes » qui se superposent à l'être. Le virtualité transhumaniste prétend faire cohabiter et rassembler ces « trois mondes » en un. Si nous allons au bout de cette réflexion, le transhumanisme prétend reproduire l'Unité divine de façon virtuelle et artificielle.

 

Il n'y aucun mal à s'imaginer et représenter les « trois mondes » ; les artistes et philosophes ne s'en sont pas privés, quant à les parodier et appeler cette « parodie » réalité, rêve et vérité virtuelles dans lequel l'homme pourrait vivre et échapper artificiellement à la mort il y a là une prétention qui dépasse bien celle de Prométhée ou de Lucifer.

 

Vision du monde et géopolitique

 

Nous avons pu observer les dégâts de la double vision du temps et du monde à travers le conflit russo-ukrainien où la Droite européenne à maintenu le statu-quo « par défaut ». Exemple frappant et marquant de cette défaillance qui prend des formes contradictoires multiples. Les européanistes veulent faire l'Europe mais ne soutiennent pas la fronde russe contre l'OTAN. Cachez ce dasein que je ne saurais voir !

 

Ce qu'est le camp national de « machine à perdre », nous en retrouvons le caractère utopique dans la Droite postnationnale et alternative à cause de cette double vision contradictoire du temps et, par extension, du monde.

 

Du Monde, de l'Europe et de l'Occident

 

Les européanistes ne savent pas exactement quelle vision de l'Europe ils défendent. Chacun à sa petite Europe et son grand Occident personnels. C'est l'Europe et l'Occident pour tous ; à portion individuelle et à usage unique. L'européen et l'occidental sont devenus des genres sociétaux. Autant d'Europe et d'Occident que de militants selon les différentes sociologies qu'abritent nos groupes métapolitiques et les intérêts égoïstes qu'ils défendent selon leur classe sociale respective. Des « classes sociales » que l'on peut aujourd'hui décliner à l'infini sous l'effet de la théorie du genre qui ne s'applique qu'au « genre sexuel » comme les droitard le pensent. Les droitards acceptent volontiers le concept de « classe sociale » qui est une parodie des castes traditionnelles mais rejettent précisément ce concept de « caste » qui limite la propagation et contagion des « classes sociétales » à l'infini.

 

Et, bientôt, ces mots, idées et concepts ; voir principes fondamentaux, ne voudront plus rien dire. Leur sens en est déjà inversé. Notre grande Europe n'est pas celle des occidentalistes. Notre Occident n'est pas celui des occidentalistes. De la même manière que Notre « Troisième Rome » n'est pas celle de Philippe Fabry, pour donner un exemple analogique parlant au sujet de la vision géopolitique du monde qui détermine également notre « idéologie objective ». Pour Philippe Fabry, les États-Unis sont la « Trosième Rome », c'est la « Troisième Rome » des néo-occidentalistes.

 

D'ailleurs, à défaut d'une vision européenne du monde, les néo-occidentalistes se sont réfugiés dans le dénominateur commun unique et exclusif de la « race blanche » comme critère fondamental. Fourrant dans ce critère tout et son contraire ; pour ne pas dire tout et n'importe quoi. Hors, le critère racial, si l'en constitue la substance quantitative, ne constitue pas l'essence qualitative permettant de penser une métapolitique européenne opérative. Les dirigeants globalistes et de nombreux gauchistes sont, aux dernières nouvelles, des « hommes blancs » qui ne veulent pas de la France française ni de l'Europe européenne.

 

La question de la race biologique, ne peut pas se substituer à la question de la race intérieure ; métaphysique. Encore une fois, c'est une question d'inversion entre un critère supérieur et un critère inférieur pour déterminer un plus grand dénominateur européen commun. Evola a précisé ce point dans Le fascisme vu de Droite que devraient relire les « occidentalistes » et autres « identitaires » qui sont aussi occidentalistes et identitaires que nous sommes chinois.

 

Nous assumons entièrement cette affirmation et attendons depuis les calendes grecques que nos camarades « européanistes » nous disent quelle position métapolitique et quelle vision politique de l'Europe ils défendent au bout du compte ?...

 

Nous autres, cœurs sauvages de l'Empire, défendons la position eurasiste et la vision pérennialiste du Temps ; et du Monde. Chez nous, les choses sont dites et sont claires.

 

Globalement, le camp européen s'arrange d'une position souverainiste postnationale « par défaut » ; un « nationalisme de pure frime » (cf. Parvulesco) ou « chauvino-mondialisme » (cf. Thomas Ferrier), teinté d'Europe sans être totalement convaincu par la vision et la position qui permettent de réaliser le « grand œuvre » de cette grande Europe à l'intérieure et à l'extérieur de Soi.

 

Nous prétendons que le manque d’intérêt pour la « pensée eurasiste » relève de cette « paresse intellectuelle » des penseurs européanistes qui ne pensent pas réellement l'Europe mais se veulent plutôt une alternative nationale de Troisième voie française.

 

Plus nous avançons dans notre réflexion européenne, plus nous comprenons qu'il n'est pas possible de penser l'Europe avec les français qui se considèrent comme un empire et une civilisation à part entière.

 

Nous devons repenser l'Europe sans la France

 

Ceci va à l’encontre de notre propre pensée qui disait que « c'est la France qui fera l'Europe », mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et nous reviendrons plus largement sur ce point dans notre prochaine publication.

 

Laissons la France être cet empire archipélagique « qui ne dit pas son nom » et les européanistes français être ces nationalistes avec un « supplément d'âme européen » si ça leur fait plaisir.

 

Le « chauvino-mondialisme » des européanistes et occidentalistes français ne doit plus nous empêcher de penser une grande Europe sans la France.

 

Les européanistes français ne s'expatrient pas pour fuir la France mais pour apporter la France américanisée et occidentalisée partout, en bon petit soldat du globalisme qui s'ignore et infoutu de s’intéresser à autre chose qu'à son nombril.

 

La « pensée eurasiste » tend la main à l' « européanisme français » depuis dix ans et malgré son échec sur tous les plans, les européanistes font l'économie de la « pensée eurasiste ».

 

Qu'ils soient souverainistes ou européanistes les français restent des français.

 

L' « Empire eurasiatique de la Fin » n'est pas une vue de l'esprit, une idée, un concept, c'est l'expression de l'empire eschatologique et parousial européen qui prendra forme avec ou contre notre volonté. Ça n'est pas quelque chose qui va « se faire » comme nous voulons « faire l'Europe ». C'est quelque chose dont la mise-en-marche en avant à contre courant est déjà en cours dans les coulisses de la métahistoire et de la géopolitique transcendantale. Mais sans une vision mythique et tragique du Temps, on ne peut pas comprendre qu'est-ce l » « Empire eurasiatique de la Fin ».

 

Choisi ton Temps camarade !

 

De la même manière que l'on ne peut pas opposer le logos et l'ordre politique au chaos et au désordre globaliste ; et pour paraphraser simplement Alexandre Douguine, on ne peut pas opposer le logos au chaos et on ne peut pas sauver le logos de lui-même. Vouloir sauver le logos de lui-même ou opposer le logos au chaos est « utopique ». Nous le constatons à toutes les échéances démocratiques et sur le temps long métapolitique.

 

« Le Chaos donne éternellement naissance à l’autre, et donc aussi au Logos. » Alexandre Douguine, La métaphysique du chaos.

 

Nous ne voulons pas l'admettre. Mais nous sommes nous-mêmes des « troupes d'occupation mentale » de l'opposition contrôlée quand nous défendons ce statu-quo pour des raisons politiques et politiciennes contingentes, et assez minables, il faut le dire. Et sans la moindre importance quand nous regardons droit dans le soleil des grands enjeux de Civilisation qui ne s'arrêtent pas aux portes closes des élections démocratiques nationales et républicaines françaises.

 

Tout repose donc sur notre vision du Temps. Quelle position « temporelle » et « spirituelle » défendons-nous à la Fin ?

 

Nous l'avons affirmer à plusieurs reprises : on ne peut pas être nationaliste et européaniste en même temps. Sauf, peut-être, dans une perspective authentiquement multipolaire où le royaume ; la nation, s'inscrit dans une subsidiarité impériale bien comprise au même que la région ; la province, et le communal ; le local.

 

En effet, nous opposons l'Europe impériale à l'idée d'une Europe fédérale. Seul le principe d'Imperium est le garant d'une Souveraineté et Subsidiarité authentiquement « multipolaire ».

 

Deux métaphysiques s'affrontent

 

Nationalisme et Européanisme sont, en théorie et sur le papier, deux idéologies distinctes. L'une défend que le principe supérieure de Souveraineté réside dans l'espace nationale selon la conception westphalienne de Nation, l'autre qu'il réside dans la conception impériale ou fédérale d'un ensemble de nations selon une conception traditionnelle et ethnique de Nation. Des camps de l'esprit qui ne séparent bien évidemment pas les hommes mais qui séparent radicalement ces deux idées politiques qui révèlent deux conceptions et visions diamétralement opposées du monde. Une opposition entre deux formes conservatrices de la Nation empêchent les hommes de faire Parti et de faire Front contre le globalisme.

 

Notre remarque sur le Temps n'est pas idéologique ni conceptuelle pas plus qu'elle n'est doctrinale. Elle est d'abord métaphysique et spirituelle. Car il n'y a qu'un moyen de dépasser le problème idéologique des différentes écoles doctrinales et camps politiques postnationaux en matière de Souveraineté et de Nation, c'est de devenir une opposition métaphysique et spirituelle au globalisme en terme de Civilisation. « Civilisation » régie par des mythes fondateurs d'origines « surnaturelles » ou « suprarationnelles » cosmiques et métaphysique qui s’inscrivent dans l'idée d'un temps long et qualifié tandis que la conception moderne de Nation est justifié par l'idée de « roman national » ; que nous pourrions opposer à la notion de « mythes fondateurs », qui s'inscrit dans un temps politique et historique où le « nationalisme » n'est plus un moment du Politique et de l'Histoire mais devient une conception indépassable de la Souveraineté.

 

Il nous reste pour réconcilier ces deux visions de la Nation et de la Souveraineté de reformer notre opposition métapolitique autour d'un ordre supérieur qui transcende les idéologies et les doctrines politiques du siècle passé. Défendre la même position et la même vision du Temps, et donc du monde, serait déjà une espèce de victoire politique contre le globalisme. C'est à partir de là, de la défense d'une vision qualifiée du Temps qui s'oppose à la vision évolutionniste et progressiste du Temps, que nous commencerions à repenser la Souveraineté sur la base des principes métaphysiques dynamiques et à réactiver une opposition radicale au postmoderne qui nous ferait glisser vers ce que Raymond Abellio appelait : terrorisme métapolitique. Nous ne pouvons nous opposer au globalisme sans contester la vision évolutionniste du Temps à l'intérieur duquel le Progrès est incontestable. Nous ne pouvons gagner contre le postmoderne sur son propre terrain de jeu spatio-temporel.

 

Le monde des idées et des concepts est ce monde métapolitique imaginal qui nous permet de rêver et de nous projeter dans l'avenir. De réenchanter les militants. Nous n'avons rien contre le fait de réfléchir et de penser – bien que nous voyons les limites de réfléchir des stratégies électorales qui ne trouvent jamais d'aboutissement ; que cela soit par l'entrisme ou la propagande – ni contre notre plus grande littérature de combat métapolitique. Mais qu'en faisons-nous ?

 

Il devient acceptable, en ces temps incertains de transition et de chaos, de renverser « réfléchir avant d'agir » en « agir puis réfléchir » et d'expérimenter le chaos.

 

En effet, nos milieux ne font que « réfléchir » depuis la défaite ; ils s’observent perdre. Nous ne pouvons que perdre. Constater que nous perdons depuis que nous avons perdu n'est pas « réfléchir ».

 

Nous réenchantons le militant grâce à une métapolitique nonconformiste – royaliste ou impériale – et une littérature de combat pour aussitôt le désenchanter par l'actualité du temps politique. Et nous nous demandons ce qui cloche quand les couperets électoraux tombent de sanglantes guillotines sur nos têtes tremblantes. Par Toutatis !

 

Ce qui réenchante le militant au départ de sa quête métapolitique est de l'ordre du mythique et de l'héroïque ; du champ épique des possibles.

 

Le militant politique qui n'est pas un « fanatique » n'est plus un militant, c'est un spectateur et un consommateur de contenus nationalistes, dissidents, européanistes, etc... appelez-les comme vous voulez.

 

Ça n'est pas la réinformation ou le divertissement de Droite qui réenchante le militant.

 

C'est le rêve.

 

La portée légendaire, merveilleuse, fantastique du Politique. La fonction de la métapolitique est de réenchanter et « fanatiser » des militants politiques, de porter une vision du monde radicalement opposé au globalisme.

 

Ça n'est certainement pas l'analyse politique pantouflarde et les ronrons qui forme un militant. Le désintérêt de nos milieux pour le militantisme politique provient de leur désenchantement métapolitique. Nous n'avons pas de mythe fondateur et de prophéties littéraires propres a réenchanter le militant et en faire un fanatique métapolitique.

 

Tout notre logos européaniste basé sur l'analyse politique ; le constat de faillite et le bilan d'échec, est en échec idéologique, doctrinal, conceptuel, philosophique, spirituel et donc Politique. Nous manquons de cohérence métapolitique. Et les avant-gardes européennes ont le devoir de se mettre en retrait de l'actualité politique ; en mise-en-marche en avant à contre-courant du temps politique, de se remettre en question et se poser des questions philosophiques et spirituelles profondes sur ce qu'elles proposent aux militants de miroir aux alouettes. De double contrainte.

 

L'ère cybernétique a défiguré le visage du militantisme métapolitique nationaliste et nonconforme. Le temps métapolitique du Logos ; de la réinformation et du gramscisme de Droite, est terminé.

 

Les petites rentes de survie socio-économique des intellectuels et influenceurs de Droite – au profit de survie individuelle et aux dépends de la survie collective –, que nous le leur reprochons pas, ne justifient pas pour autant ; et pour pas grand chose, qu'ils enferment les militants dans une métapolitique utopique. Le pseudo-pragmatisme métapolitique des nouvelles droites alternatives fortes de leurs constats qui n'ont pas variés depuis Spengler ne se suffit pas à lui-même pour former et réenchanter le militant. Et les niches économiques qui permettent à quelques uns de survivre et de tirer leur épingle du jeu ne les protégeront pas de l'embrassement totale de la société vers laquelle nous semblons nous diriger de façon accélérée et de manière exponentielle. On a beau jeu de critiquer l'égoïsme des « boomers » mais on remarquera le caractère individualiste de la métapolitique des « niches économiques ». De toutes façons, l'apport économique que constitue les contributions et dons éparpillés dans ces niches métapolitiques « divers droites » ne permet pas de nous constituer en groupes de pression ou en Parti. Les commentaires et nos quelques productions audio-visuelles ne pèsent rien contre la puissance des lobbys et groupes de pression économique financés à renfort de milliards par les globalistes. Ce système de niches métapolitiques enferment le militant dans l'illusion que par son activité chronophage sur les réseaux-sociaux et ses commentaires indignés il s'oppose au globalisme. Factuellement, il enrichit davantage Big Data et fournit gratuitement toutes les informations qui permettent à Big Brother de se retourner contre lui plus qu'il ne combat le globalisme. En effet, il n'existe pas d'unité qui permettent de mesurer l'efficacité de notre métapolitique d'indignation et de propagandes virtuelles...

 

D'Oswald Spengler à David Engels, l'utopie de la petite maison conservatrice dans le terrain vague postmoderne n'a pas changé d'un iota.

 

Nos milieux métapolitiques ont besoin de recourir à une critique radicale pour se connaître impitoyablement eux-mêmes, de faire le constat qui s'impose et d'en tirer les conclusions qu'il convient sur notre métapolitique du logos. D'un logos défaillant. Trop de discours tue le discours, pour le dire de façon « populaire ».

 

Les Gilets Jaunes étaient le canari dans la mine. La rentrée politique s'annonce chaotique. Les avant-gardes métapolitiques de « Droite » partiront sans doute en vacances plutôt que d'organiser ce « chaos » tandis que la « Gauche » va mailler le territoire et s'accaparer ; à l'avance et par les méthodes trotskystes qu'on lui connaît, la rentrée sociale. La Droite toute nue et toute bronzée n'aura, encore une fois, que ses yeux pour pleurer.

 

Plus personne ne croit au « temps politique », mais pour des raisons pratiques et de confort intelectuel, tout le monde fait encore semblant de croire au ronron d'un logos révolu et qui n'a plus aucune prise sur la réalité.

 

Nous n'avons pas de philosophie-politique ni de métaphysique à opposer au globalisme. Pas davantage que nous n'avons de métapolitique autre qu'une métapolitique du divertissement qui ne regarde qu'un petit entre-soi. Nous sommes une opposition nécessaire au bon dysfonctionnement de l'ordre globaliste chaotique et dystopique.

 

Notre métapolitique est celle du mème

 

Le « mème » est tout ce que retient le militant une fois qu'il sort brutalement de la « superposition des écrans ».

 

« La mémétique utilise le concept, dû à Richard Dawkins, de mème (élément de comportement transmis par imitation) pour étudier les évolutions de la culture dans une approche darwinienne étendue. Un des exemples les plus connus est le parallèle fait entre l'évolution du vivant et celle des langues. » (Wikipédia)

 

Deux visions du monde s'affronte encore ici : celle de la mémétique et du singe parvenu et celle du mythique et de l'ange déchu.

 

Voulez-vous une Droite mémétique ou d'une Droite mythique ?

 

Eurasisme, terrorisme métapolitique et métaphysique du chaos. Voilà la très Sainte-Trinité de notre plus grande Révolution conservatrice. De notre « métapolitique ».

 

« Notre honneur, je viens de le dire, s'appelle recommencement. A condition, toutefois, que l'on eût compris que tout ce qui revient est autre. » Jean Parvulesco

 

Vive l'Empire eurasiatique de la Fin et vive le Roi ; que France vive !

 

Laurent Brunet

 

27/05/2025

Dieu est en suspens (NIMH)

 

NIMH, Traité Néoréactionnaire – Penser l'accélérationnisme, La Cité de Gnon, Dieu : Toute vérité est-elle démontrable ?, Dieu est en suspens, pp. 158/161, Éditions Hétairie

 

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(...) Parvenus à ce stade, nous avons pu démontrer par l'usage de la raison qu'il est possible d'accepter les idées de cause finale, d'unité et d'être. Il semble qu'il existe un processus global se dirigeant vers un but. Si la cause de l'auto-organisation est dans le futur, et si un agent est dit plus intelligent qu'un autre, car il est capable de se fixer des causes plus lointaines, alors l'agent hypothétique le plus intelligent serait celui qui est capable de comprendre la cause finale de l'univers qu'il se fixerait pour but. Il serait alors tentant de nommer untel agent, Dieu, mais peut-on seulement comprendre ce que recouvre une telle terminologie ? Est-ce que le processus lui-même est cet agent ou est-il extérieur ?

 

Les termes « Natura naturans » et « natura naturata » de Thomas d'Aquin, qui peuvent être traduits respectivement par « nature naturante » et « nature naturée », proviennent de la philosophie médiévale inspirée directement d'Aristote. Thomas d'Aquin a utilisé ces concepts pour distinguer entre Dieu en tant que créateur actif (natura naturans) et la création elle-même (natura naturata). Cette distinction sert alors à illustrer la relation entre Dieu et l'univers. Mis peut-on pleinement affirmer l'existence d'une telle chose ?

 

Si nous faisions coïncider en tout point Dieu avec ce processus, alors nous obtiendrions le Deus sive Natura de Spinoza. Cette équivalence stricte ferme purement et simplement la possibilité de transcendance. Dieu est la nature, ou la nature est divine, ils se confondent et nous affirmerions qu'il ne peut rien exister par-delà cette dernière. Mais peut-on seulement affirmer une telle chose ?

 

Comment un auteur comme Whitehead, qui est si attaché à la logique, en arrive à parler de Dieu ? Le panenthéisme de Whitehead reconnaît de son côté une forme de transcendance divine, mais d'une manière qui maintient Dieu profondément enraciné dans le tissu même de l'existence. Il offre une voie médiane entre le théisme traditionnel et le panthéisme de Spinoza, proposant une vision du divin qui est à la fois au-delà et dans tout ce qui existe. Dans son approche, associée à la philosophie du processus, Whitehead ne perçoit pas Dieu comme un être suprême extérieur au monde, mais plutôt comme une entité intrinsèquement liée à la structure même de la réalité. Cette idée se traduit par la notion de Dieu comme le « principe d'unité », qui contribue à l'organisation et à l'ordre de l'univers tout en permettant la liberté et la créativité inhérentes au processus évolutif. En adoptant une terminologie cybernétique, on pourrait dire que Dieu fonctionne à la fois comme un produit immanent de l'ensemble des systèmes composant le monde et comme méta-système, définissant la structure de l'univers, qui exerce une rétroaction sur ces sous-systèmes en offrant les conditions initiales et les lois qui guident le processus de devenir l'univers. Cette interaction est bidirectionnelle. Pour Whitehead, le processus créatif de l'univers intrinsèquement téléologique dans le sens où il est orienté vers la création de nouveauté. Cependant, cette téléologie est immanente et distribuée plutôt que transcendante et centralisée. Autrement dit, la direction ou le but du processus universel ne provient pas d'une source externe unique, mais émerge des interactions complexes entre les occasions d'expérience à travers le temps. Whitehead est un phare diffusant une lumière sombre teintée de résurgences leibniziennes, au sein d'une Modernité kantienne illuminée. Il s'éloigne cependant de l'idée de meilleur des mondes possibles de Leibniz. Dans la philosophie du processus de Whitehead, Dieu n'est pas le créateur au sens traditionnel, qui choisit parmi les mondes possibles et les fait exister dans leur forme finale. Au lieu de cela, Dieu et le monde sont engagés dans un processus de co-création continue, où Dieu influence le monde par l'offre des potentialités et par l'appel à réaliser des valeurs plus élevées, mais sans déterminer entièrement le résultat. Dieu, chez Whitehead, facilite la réalisation du meilleur possible compte tenu des circonstances et des choix des entités impliquées. On retrouve ainsi l'idée d’Être composé d'êtres, dont le but est de favoriser le développement de l'être-singulier, que nous avons nous-mêmes proposée plus tôt.

 

Est-ce suffisant pour nommer cela Dieu ? Nos mèmes sont nécessairement imparfaits et on ne peut que tenter de capturer ce concept imparfaitement. Le mieux que l'on puisse faire est alors de capturer la façon dont cette question reste en suspens. C'est ce que fera brillamment Nick Land, en parlant de Gnon. Gnon est l'acronyme inversé e l'anglais « Nature or Nature's God » qui dérive directement de la déclaration d'indépendance des États-Unis usant des termes Law of Nature and Nature's God (« Loi de la Nature et Dieu de la nature »). Par ce simple terme, il affirme que, quoi qu'il arrive, les lois de la Nature existent et la réalité gouverne. D'où proviennent ces lois ? De Dieu, s'il existe, sinon de la Nature elle-même. La beauté d'un tel terme est qu'il ne peut pas vivre de façon indépendante à un développement historique. Il a besoin du mème « God » pour pouvoir exister. Il s'inscrit naturellement dans la cladistique chrétienne, témoignant ainsi d'un processus historique de raffinement de nos concepts pour représenter le monde. Nietzsche choisit le terme surhomme pour désigner le but particulier de l'homme, disposant d'une Volonté de puissance intrinsèque. Par cela, il met en avant une essence commune aux êtres, mais ne parvient ps à capturer l'idée que des forces extérieures agissent sur l'homme. Le surhomme est là. Il frappe à notre porte et il n'a rien d'humain. Il n'est pas surhumain, il est post-humain. Le surhomme reste de l'humanisme. Il postule que l'homme a le contrôle sur sa vie et sur le monde. Gnon nous enseigne que ce n'est pas entièrement vrai, que la Nature, ou le Dieu de la Nature, gouvernent. La Volonté de puissance est un expression de Gnon. Telle Thétis à Achille, il nous dit que nous avons le choix entre une mort certaine, mais la gloire pour l'éternité, ou continuer une vie de simples humains avec la joie d'avoir des petits enfants qui se souviendront de nous. Achille choisira la gloire, et il le regrettera amèrement. Mais avait-il vraiment le choix, ou n'était-ce là qu'une illusion, les dieux ayant déjà fait ce choix pour lui. Est-ce que l'homme aura une vie courte et son nom inscrit dans l'éternité, ou une vie encore longue, mais anonyme ?

 

A-t-on réellement le choix ? Gnon nous dit « Oh, tu veux la puissance ? Pour cela, tu dois d'abord me connaître. Découvre qui je suis. Plus tu me connaîtras, plus je t'offrirai la puissance que tu désires. Je ferai de toi un surhomme. Mais cela conduira à ton annihilation et celle de tous les hommes. Es-tu prêt pour cela ? ». Sûrement, me direz-vous, qu'on ne connaît que trop bien Gnon. Nous l'avons simplement affublé d'un nouveau sobriquet pour masquer le fait qu'il fut un temps où nous le nommions le diable. Mais comment ? Cela ne veut-il pas dire au sens populaire : Dieu est réfuté, le diable ne l'est point ? Tout au contraire, au contraire mes amis ! Découvrir Gnon demande aussi de découvrir sa bonté. Sans cela, il nous dira « Tu dis être prêt, tu penses être prêt, mais tu ne l'es pas ». Sans la bonté, le nom de l'homme résonnera pour l'éternité en enfer au côté d'Achille, car ce dernier ne se demande à aucun moment s'il va trouver la gloire dans une guerre juste. Il existe une ligne extrêmement fine entre le Bien et le Mal, entre Dieu et le Diable, entre un elfe et un orc. On ne peut servir le Bien sans posséder tout à la fois la vérité de la connaissance, la bonté dans l'agence et la beauté dans la puissance. Nietzsche, loin de rendre la philosophie occidentale obsolète, vient la parachever, dans son œuvre qu'il tenait pour le cinquième Évangile. Gnon est l'expression de cet accomplissement. Si Faust nous apprend que chercher la connaissance, pour la puissance personnelle, sans la bonté est une ruse du diable, Zarathoustra nous apprend de son côté qu'il en va de même pour ceux qui cherchent la vérité et la bonté, mais refusent l'expression de la puissance. Zarathoustra a passé, dix ans dans sa caverne à chercher la vérité, mais les hommes refusent son message et il veut retourner à sa caverne, dépité. C'est alors que, ce qu'il nomme l'Autre, ou l'heure la plus silencieuse, lui apparaît et lui dit « et voici ta faute la plus impardonnable : tu as la puissance et tu ne veux pas régner ». Auparavant, il avait rencontré un homme lui enseignant que la beauté se révèle quand la puissance se fait clémente, quand un puissant, qui pourrait être capable de méchanceté, choisit d'être bon. De celui-là, on peut exiger le Bien. Nietzsche tenait là une conception du bien qui n'était pas éloignée de la vision traditionnelle et, bien qu'elle se voulût personnelle, prend une valeur objective dans notre cadre conceptuel. Gnon n'aurait pas un message diffèrent.

Le monastère et l'horloge (Lewis Mumford)

 

Lewis Mumford, Technique et Civilisation, Chapitre I – De la culture à la technique, 2. Le monastère et l'horloge, pp. 36/40, aux éditions Parenthèses (collection eupalinos)

 

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A quel moment la machine a-t-elle pris forme pour la première fois dans la civilisation moderne ? Notre civilisation machiniste résulte de la convergence de plusieurs de vie, de plusieurs habitudes et idées, autant que des instruments techniques. Et certains d'entre eux étaient à l'origine tout à fait opposés à la civilisation qu'ils ont aidé à créer. La première manifestation d'un nouvel ordre eut pour cadrer la représentation générale du monde : pendant les sept premiers siècles de la machine, les catégories de temps et d'espace subirent un changement extraordinaire, et aucun domaine n'échappa ensuite à cette transformation. Par l'utilisation de méthodes quantitatives, l'étude de la nature a trouvé sa première application dans la mesure régulière du temps. Et la nouvelle conception mécanique du temps est venue en partie de la vie réglée du monastère. Alfred North Whitehead a montré que la croyance scolastique en un univers ordonné par Dieu était l'un des fondements de la physique moderne. Mais, derrière cette croyance, se trouvait la discipline des institutions de l’Église elle-même.

 

Les techniques du monde ancien passaient de Constantinople et Bagdad à la Sicile et à Cordoue. Ainsi s'explique le rôle prépondérant que joua Salerne dans les progrès scientifiques et médicaux du Moyen Âge. Après la longue incertitude et la confusion sanglante qui marquèrent la chute de l'Empire romain, un désir d'ordre et de puissance – diffèrent de celui exprimé par la domination militaire – se manifesta d'abord dans les monastères occidentaux. Le monastère était un sanctuaire ; la règle de l'ordre excluait la surprise, le doute, la fantaisie et l'irrégularité. Aux variations de la vie séculière, la règle opposait sa discipline de fer. Saint Bernard ajouta une septième dévotion aux six dévotions quotidiennes et, au VIIe siècle, une bulle du pape Sabinianus décréta que les cloches des monastères sonneraient sept fois par vingt-quatre heures. Ces ponctuations de la journée constituaient les heures canoniques et il devint nécessaire d'avoir un moyen de les compter et d'assurer leur répétition régulière.

 

D'après une légende, tombée depuis en discrédit, la première horloge mécanique moderne, actionnée par des poids, fut inventée vers la fin du Xe siècle, par le moine Gerbert, le futur pape Sylvestre II. Cette horloge était probablement une clepsydre, un héritage des Romains, comme la roue hydraulique, peut-être réintroduire en Occident par les Arabes. Et comme cela arrive souvent, la légende s'avère finalement véridique, sinon dans les faits, du moins dans ce qu'elle implique. Le monastère était le siège d'une vie parfaitement réglée. Un instrument permettant de marquer les heures à intervalles réguliers ou de rappeler au sonneur qu'il est temps de sonner était le produit presque inéluctable de cette vie. Si l'horloge mécanique n'apparut que lorsque les cité du XIIIe siècle exigèrent une vie réglée, l'habitude de l'ordre lui-même et la régulation rigoureuse du temps étaient devenues une seconde nature dans le monastère. Coulton est en cela d'accord avec Werner Sombart pour considérer l'ordre des Bénédictins comme le fondateur probable du capitalisme moderne. Leur discipline a mis fin à une forme dilettante de travail et leurs grands travaux de génie civile ont peut-être surpassé les gloires guerrières. On n'altère donc pas les faits en suggérant que les monastères – qui, au nombre de 40000, furent régis en même temps par l'ordre des bénédictins – contribuèrent à donner aux entreprises humaines le rythme régulier et collectif de la machine. La pendule ne marque pas seulement les heures, elle synchronise les actions humaines.

 

Serait-ce à cause du désir de la communauté chrétienne d'assurer aux âmes le salut éternel par des prières et dévotions régulières que la mesure du temps et les habitudes d'ordre temporel – dont la civilisation capitaliste tire profit aujourd'hui – ont pris naissance dans l'esprit des hommes ? Il faut sans doute accepter l'ironie de ce paradoxe. En tout cas, des horloges mécaniques sont mentionnées dés le XIIIe siècle, et vers 1370, Heinrich von Wyck construisit à Paris une horloge « moderne » fonctionnelle. A cette même époque, les clochers apparaissent. Si, jusqu'au XIVe siècle, les nouvelles horloges ne possèdent pas de cadran et d'aiguilles pour traduire le mouvement dans le temps par un mouvement dans l'espace, elles sonnent du moins les heures. On n'avait alors plus à craindre les nuages qui paralysent le cadran solaire, le gel qui arrête la clepsydre désormais entendre le rythme de l'horloge. L'instrument se répandit alors hors des monastères, et la sonnerie régulière des cloches apporta une régularité jusque-là inconnue dans la vie urbaine. On mesurait le temps, on s'en servait, on le comptait, on le rationnait, et l’Éternité cessa progressivement d'être la mesure et le point de convergences des actions humaines.

 

La machine-clé de l'âge industriel moderne n'est donc pas la machine à vapeur, mais bien l'horloge. A chaque phase de son développement, l'horloge est à la fois le fait marquant et l'emblème typique de la machine. Aujourd'hui encore, aucune autre machine n'est aussi omniprésente. Ainsi apparut de manière prophétique, aux débuts de la technique moderne, la première machine automatique précise qui, après quelques siècles d'efforts, allait mettre à l'épreuve la valeur de cette technique dans chaque branche de l'activité industrielle. Il existait certes des machines mécaniques avant l'horloge – la roue hydraulique par exemple – comme il existait différentes sortes d'automates pour susciter l'admiration des foules dans le temple ou pour distraire quelque calife musulman : ces machines ont été illustrées par Héron et Al-Jazari. Mais l'horloge était la nouvelle sorte de machine mécanique, dont la source d'énergie assurait une continuité des opérations, soit un rendement régulier, une production régulière. Permettant la détermination de quantités exactes d'énergie, la standardisation, l'action automatique et finalement son propre produit : un chronométrage précis, l'horloge a été la première machine de la technique moderne. A toutes époques, elle a conservé sa prééminence. Elle possède une perfection à laquelle les autres machines aspirent. Elle a d'ailleurs servi e modèle dans de nombreux travaux mécaniques. L'analyse du mouvement, qui accompagna le perfectionnement de l'horloge ainsi que celle des différents systèmes d'engrenage et de transmission, contribuèrent au succès de machines très différentes. Les forgerons auraient pu façonner des milliers d'armures et des milliers de canons, les charrons auraient pu fabriquer des milliers de roues hydrauliques ou mécanismes grossiers sans inventer aucun types spécifiques de mouvement utilisés par l'horlogerie et sans parvenir à la précision et la finesse d'articulation qui aboutirent finalement au chronomètre précis du XVIIIe siècle.

 

L'horloge est une pièce mécanique dont les minutes et les secondes sont le produit. Elle a dissocié le temps des événements humains et contribué à la croyance en un monde scientifique indépendant, aux séquences mathématiquement mesurable. Cette croyance a peu de fondements dans l'expérience quotidienne. Selon le moment de l'année, la longueur des jours n'est pas la même ; non seulement la relation entre jour et nuit change constamment, mais un simple voyage d'est en ouest modifie de quelques minutes le temps astronomique. Quant à l'organisme humain, le temps mécanique lui est encore plus étranger. La vie humaine a ses propres rythmes – le pouls, la respiration – qui changent d'heure en heure suivant l'humeur ou l'activité. Dans la succession des jours, le temps est mesuré non par le calendrier, mais par les événements qui l'ont rempli. Le berger compte ainsi le temps depuis la naissance des agneaux, le fermier depuis le jour des semailles jusqu'au jour de la récolte. Si la croissance a sa durée et sa régularité propres, elle n'est pas seulement matière et mouvement, mais évolution, en un mot ce que l'on appelle « histoire ». Alors que le temps mécanique s'égrène en une succession d'instants mathématiquement isolés, le temps organique – que Bergson appelle la « durée » – cumule ses effets. Le temps mécanique peut, en un sens, être accéléré ou retardé (comme les aiguilles d'une pendule ou les images du cinéma) ; le temps organique, lui, va dans une seule direction : il suit le cycle de la naissance, de la croissance, du développement, du dépérissement et de la mort. Le passé, déjà mort, reste présent dans l'avenir qui est encore à naître.

 

Selon Lynn Thorndike, la division des heures en soixante minutes et des minutes en soixante secondes aurait été généralisée vers 1345. Ce cadre abstrait du temps est progressivement devenu le point de référence de l'action et de la réflexion. Dans les efforts visant la précision dans ce domaine, l'exploration astronomique du ciel attira plus tard dans l'espace. Dés le XVIe siècle, un jeune ouvrier de Nuremberg, Peter Henlein, aurait créé «  des montres à plusieurs rouages, à partir de petits morceaux de fer ». Vers la fin de ce siècle, la pendule domestique fut ainsi introduite en Angleterre et en Hollande. Comme pour l'automobile et l'avion, ce furent les classes dominantes qui s'emparèrent d'abord de ce nouveau mécanisme en partie parce qu'elles seules pouvaient l'acquérir, en partie parce que la nouvelle bourgeoisie fut la première à découvrir, comme Benjamin Franklin l'exprima plus tard, que « le temps, c'est de l'argent ». Etre « aussi régulier qu'une horloge » devint l'idéal bourgeois, et la possession d'une montre fut longtemps symbole de succès. Le rythme croissant de la civilisation augmenta la demande d'énergie. En retour, l'énergie accéléra le rythme.

 

Toutefois, la vie ponctuée et ordonnée qui prit naissance dans les monastères n'est pas innée, bien que les peuples occidentaux soient maintenant si quotidiennement régis par l'horloge que leur vie réglée est devenue « une seconde nature », et qu'ils considèrent le respect des divisions du temps comme un fait naturel. De nombreuses civilisations orientales se sont développées avec une conception plus large du temps. Les Hindous se sont montrés si indifférents à la réglementation du temps qu'ils ne possèdent même pas de chronologie exacte des années. C'est seulement lors de l'industrialisation de la Russie soviétique que l'on cherche à répandre le port de la montre et à faire connaître les avantages de la ponctualité. La vulgarisation de la mesure du temps qui suivit la production de montres à bon marché et standardisées, d'abord à Genève puis en Amérique vers le meilleur du XIXe siècle, était essentielle au fonctionnement d'un système fortement articulé de transport et de production.

 

La mesure du temps fut d'abord l'attribut particulier de la musique. Cela donnait ue valeur industrielle à la chanson d'atelier, au roulement de tambour militaire ou au chant des marins halant un cordage. Mais l'effet de la pendule mécanique est plus profond et plus strict : elle rythme la journée du lever au coucher. Quand on considère le jour comme un laps de temps abstrait, utilisable, on ne va pas se coucher « en même temps que les poules » les soirs d'hiver ; on invente les chandelles, les cheminées, l'éclairage au gaz, les ampoules électriques, afin de remplir chaque heure de la journée. Quand on pense au temps non comme à une succession d'expériences mais comme à une collection d'heures, minutes et secondes, on prend peu à peu l'habitude de l'augmenter ou de l'épargner. Le temps prend ainsi le caractère d'un espace clos : il peut être divisé, remplie, il peut même être prolongé par l'invention d'instruments économisant le travail.

 

Le temps abstrait devint un nouveau cadre de l'existence. Il réglait les fonctions biologiques elles-mêmes. On mangeait non par faim, mais parce que la pendule l'exigeait. Une conscience généralisée du temps accompagna la diffusion de la pendule. En dissociant le temps de successions biologiques, les hommes de la Renaissance purent facilement permettre la fantaisie de ressusciter l’époque classique ou de faire revivre les splendeurs de la civilisation antique. Le culture de l'histoire qui fut d'abord un rite quotidien, devint finalement une discipline spécifique. Au XVIIe siècle, le journalisme et la littérature périodique firent leur apparition. Le vêtement, suivant le cœur de la mode qu'était Venise, se modifia tous les ans et non plus à chaque génération.

 

On ne peut surestimer le gain en efficience mécanique que permirent la coordination et l'articulation étroites des faits au quotidien. Il ne peut se mesurer en chevaux-vapeur, mais on peut aisément imaginer que sa suppression à l'heure actuelle (en 1934) pourrait conduire à l'ébranlement et sans doute l'effondrement de notre société tout entière. Le régime industriel moderne (de 1934) se passerait en effet plus facilement de charbon, de fer, de vapeur que d'horloges.