18/03/2023
La parole perdue – Le « cheval blanc » de Swedenborg et le drame des « religions du Livre » (Henry Corbin)
Henry Corbin, L'Homme et son Ange – Initiation et chevalerie spirituelle, 2 L'initiation ismaélienne ou l'ésotérisme et le Verbe, I. La parole perdue, pp.81-88, Fayard
Le drame qui est commun à toutes les « religions du Livre », ou mieux dit, à la communauté que le Qorân désigne comme Ahl al-Kîtab, la communauté du Livre, et qui englobe les trois grands rameaux de la tradition abrahamique (judaïsme, christianisme, Islam), peut être désigné comme le drame de la « Parole perdue ». Et cela, parce que tout le sens de leur vie est axé sur le phénomène du Livre saint révélé, sur le sens vrai de ce Livre. Si le sens vrai de ce Livre est le sens intérieur, caché sous l'apparence littérale, dés l'instant que les hommes méconnaissent ou refusent ce sens intérieur, dés cet instant ils mutilent l'intégralité du Verbe, du Logos, et commence le drame de la « Parole Perdue ».
Ce drame se manifeste sous bien des formes : en philosophie, c'est le nominalisme, avec tous les aspects de l’agnosticisme. En théologie, c'est le littéralisme, tantôt celui des pieux agnostiques, craintifs devant tout ce qui est philosophie ou gnose, tantôt celui d'une théologie s'efforçant de rivaliser avec les ambitions de la sociologie, et qui est tout simplement une théologie ayant perdu son Logos, une théologie agnostique. On pressentira que la tâche de recouvrer la Parole ou le Verbe perdu déborde les moyens de la linguistique à la mode de nos jours. Il ne s'agit pas non plus d'un « progrès de langage », mais de retrouver l'accès au sens intérieur du Verbe, à ce sens ésotérique qui éveille crainte et dédain chez les exégètes « à ras du sol ».
La claire perception visionnaire de cette situation dramatique se trouve, semble-t-il, dans l'opuscule que Swedenborg a écrit en commentaire de l'apparition du « cheval blanc », au chapitre XIX de l'Apocalypse. Le texte Johannite dit ceci : « Puis je vis le Ciel ouvert, et voici : parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme de feu ; sur sa tête étaient plusieurs diadèmes ; il avait un Nom écrit, que personne ne connaît si ce n'est lui-même, et il était revêtu d'un vêtement teinté de sang. Son nom est la Parole de dieu (ό λόγoς τoύ θεoύ, – Verbum Dei). Les armées qui sont dans le Ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues de fin lin, blanc et pur (...). Il avait sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apocal. XIX, 11-16).
Swedenborg commente le texte en déclarant tout d'abord qu'il est impossible à quiconque d'avoir une claire idée de ce qu'impliquent les détails de la vision, à moins d'en percevoir le sens intérieur, c'est-à-dire ésotérique. Bien entendu, il ne s'agit pas de faire de la vision une allégorie, ni d'en abolir ou détruire les configurations concrètes, puisque c'est précisément la réalité intérieure cachée qui provoque le phénomène visionnaire et soutient la réalité de la vision. Il s'agit de percevoir ce qu'annonce chacune de ses apparentiae reales. Le « Ciel ouvert » représente le fait – et signifie – que le sens intérieur de la Parole, du Verbe, peut être vu dans le Ciel, donc par ceux à qui, en ce monde même, le Ciel intérieur est ouvert. Le « cheval blanc » représente et signifie l'intelligence spirituelle de la Parole, ainsi comprise quant aux réalités intérieures et spirituelles. Le cavalier qui le chevauche est le Seigneur en tant que Verbe, puisque son nom est « Verbe de Dieu ». Qu'il ait un Nom écrit que personne ne connaît hormis lui-même, signifie que lui seul et ceux à qui il le révèle, voient la Parole, le Verbe, dans ses significations intérieures, ésotériques. Qu'il soit vêtu d'un vêtement teinté de sang, signifie la Parole quant à sa réalité littérale qui souffre tant de violences, chaque fois que l'on refuse le sens intérieur. Les armées qui le suivent dans le Ciel sur des chevaux blancs et vêtues de blanc, désignent tous ceux qui sont dans l'intelligence spirituelle de la Parole et en perçoivent les réalités intérieures, le sens ésotériques. La blancheur de leurs vêtements signifie la vérité qui est dans la lumière du Ciel, et eo ipso la vérité intérieure, la vérité d'origine céleste. La vision de cette blanche chevalerie swedenborgienne préparant l'avènement de la Nouvelle Jérusalem, est confirmée par tous les textes que Swedenborg rassemble au cours de l'opuscule ou dans l'appendice, et qu'il a commentés d'autre part dans ses Arcana caelestia. De cette accumulation de textes, il résulte que dans les multiples passages de la Bible où il est fait mention de cheval et de cavalier, le sens intérieur en est toujours l'intellect et l'intelligence spirituelle qui en est la monture. L4ensemble est assez impressionnant pour convaincre que seule l'intelligence spirituelle de ces passages en ouvre le vrai sens.
Si j'ai cité ici longuement ce commentaire d'une vision, dans laquelle Swedenborg voit annoncé qu'au temps final de l’Église le sens spirituel ou intérieur des Écritures sera révélé, c'est, d'une part, que ce commentaire typifie le drame des « religions du Livre » : le Verbe perdu et le Verbe recouvré, ou l'occultation, puis la manifestation, du sens intérieur, ésotérique, qui est le vrai sens, parce qu'il est l'Esprit et la vie du Livre saint révélé. C'est d'autre part, parce que la conception d'ensemble de l'herméneutique, chez Swedenborg, met en œuvre les mêmes principes que l'herméneutique spirituelle pratiquée dans les deux autres rameaux de la tradition abrahamique, et ce que nous venons de lire est particulièrement en résonance avec la perspective eschatologique de la gnose shî'ite en général, tant que celle de la tradition imâmite duodécimaine que celle de tradition ismaélienne. Malheureusement, en guise d'introduction historique, je dois me limiter à rapeller ici que l'ismaélisme est avec l'imâmisme duodécimain l'une des deux principales branches du shî'isme, et que l'ismaélisme, qui doit son nom à l'Imâm Ismâ'il, fils du Vie Imâm Ja'far al-Sâdiq (ob 765), représente par excellence, avec les théosophes de l'imâmisme duodécimain, la tradition de la gnose ésotérique en Islam. Bien entendu, l'Islam sunnite majoritaire des docteurs de la Loi ne put avoir envers cette tradition ésotérique qu'une attitude négative ; sinon, il n'y aurait pas le drame en question. Nous verrons même avec quelle véhémence l'auteur de notre roman initiatique s'exprime à ce sujet.
Sommairement dit, lorsque nous parlons des traits communs s'originant de part et d'autreau phénomène du Livre saint révélé, nous pensons à ceci :
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Pour la gnose ismaélienne, le sens intérieur, le sens spirituel ésotérique de la Révélation qorânique, est aussi le vrai sens ; c'est cela même qui la différencie du littéralisme de la religion islamique officielle et majoritaire, dont on peut dire qu'à ses yeux il a « perdu la Parole », puisqu'il refuse le sens vrai, le sens caché du Verbe divin dans le Qôran. On pourrait dire qu'aux yeux de l'ésotériste ismaélien aussi, le Verbe divin apparaît d'un vêtement teinté de sang, signe des violences qu'à subies le Verbe divin (Kalimat Allâh) de la part des exotéristes et des docteurs de la Loi qui le mutilent, en refusant ce qui en est l'Esprit et la Vie. Nous verrons que nos ismaéliens se sont exprimés avec un réalisme non moins tragique : de cette Parole divine les docteurs de la Loi ont fait un cadavre.
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Nous verrons que l'Imâm, au sens shî'ite du mot, est l' « homologue » du blanc chevalier de l'Apocalypse, tel que Swedenborg en comprend l'apparition, puisqu'il est à la fois le dispensateur et le contenu du sens spirituel ésotérique. Il est à la fois l'herméneute et l'herméneutique : il est le « Livre parlant » (Qôran nâtiq). Si Swedenborg identifie le pouvoir du blanc chevalier avec le « pouvoir des clefs » (potestas clavium), c'est parce que, cette fois, il ne s'agit plus d'un magistère juridique de l’Église, mais de l'intelligence spirituelle qui est la clef de la Révélation. De même aussi, nous entendrons parler, au cours de notre roman initiatique, des clefs qui ont le pouvoir d'ouvrir l'accès au monde spirituel invisible.
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Swedenborg écrit que le Verbe divin est ce qui unit le Ciel et la Terre, et que pour cette raison il est appelé Arche d'alliance. Nous recueillerons également, au cours de notre roman initiatique, une allusion à l'Arche d'alliance. Telle qu'elle y intervient pour signifier la Religion absolue, on peut dire qu'elle est l'image rassemblant l’ésotérisme des trois rameaux abrahamiques.
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Pour Swedenborg, le situs de l'homme régénéré est d'ores et déjà dans le sens intérieur du Verbe divin, parce que son « homme intérieur » est ouvert au Ciel spirituel. Même s'il ne le sait pas, l'homme intérieur spirituel est déjà dans la société des Anges, tout en vivant dans son corps matériel. La mort, l'exilus physique, c'est le passage, le moment auquel il devient conscient de cette appartenance. Cela signifie que l'homme régénéré par l'intelligence spirituelle du Verbe divin est désormais de ceux dont l'Apocalypse (XX, 6) déclare que la « seconde mort » n'a pas de pouvoir sur eux. De même pour nos théosophes ismaéliens, comme notre roman initiatique va nous le montrer, et comme le philosophe Nasîroddîn Tûsi (XIIIe siècle) l'a fort bien analysé plus tard, le fruit de l'initiation est de préserver l'initié de la « seconde mort ». Autrement dit, le phénomène biologique de la mort, l'exilus, n'implique pas eo ipso que l'on ait quitté ce monde. Car le sens vrai de la mort, c'est la mort spirituelle. Or, ceux qui sont morts spirituellement, ne quittent jamais ce monde, car pour sortir de ce monde, il faut être un vivant, un ressuscité, c'est-à-dire être passé par la nouvelle naissance spirituelle. C'est pourquoi nous entendons le gnostique ismaélien est l'entrée dans le « paradis en puissance » (jinnal fî'l-qowwat).
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Il faut que l'accès au sens ésotérique demeure ouvert, parce qu'il est la condition de cette nouvelle naissance qui est le salut, et il n'est pas de tradition sans perpétuelle renaissance. Cela implique la présence continue dans le monde de celui que le shî'isme nomme l'Imâm, que celui-ci soit dans l'occultation ou qu'il soit manifesté. Or l'Imâm, comme dispensateur du sens spirituel ésotérique qui ressuscite les morts spirituels, participe au charisme prophétique. Comme nous l'avons rappelé ci-dessus, il est le « Qôran parlant » (Qôran natîq), tandis que sans lui la Qôran n'est qu'un Imâm muet (sâmit). Sans lui, la Parole est perdue et il n'y a plus de résurrection des spirituellement morts. Aux yeux de l'ésotériste ismaélien, c'est tout le drame de l'Islam sunnite. Il faut donc que le charisme prophétique se perpétue dans notre monde, même après la venue du prophète de l'Islam, lequel fut le « Sceau » des prophètes missionnés pour révéler une Loi nouvelle et finalement la dernière. C'est que les humains ne peuvent pas se passer de prophètes.
Nous ne pourrons donc pas éviter la question : comment cela peut-il s'accorder avec le dogme officiel de l'Islam, selon lequel, après le prophète Mohammad, il n'y aura plus de prophètes ? Nous verrons sur ce point justement notre roman ismaélien s'exprimer à découvert avec véhémence, mais aussi en consonance parfaite avec les textes qui, chez les Spirituels chrétiens de notre Moyen Age, affirment que le temps des prophètes n'est point clos. De part et d'autre, la clôture de la prophétie, c'est justement le drame de la Parole perdue, rendant impossibles la résurrection des morts spirituels et la préservation contre la « seconde mort ». C'est le drame que les spirituels et les ésotéristes de l'Islam ont vécu comme se passant au cœur de l'Islam. L'herméneutique swedenborgienne du blanc chevalier de l'Apocalypse vaut donc pour toutes les « religions du Livre révélé ». En parlant la langue des symboles, on peut dire que les ésotéristes, shî-ite et ismaélien, ont été, eux aussi, en quête de lui, sous le nom de l' « Ami de Dieu », c''est-à-dire de l'Imâm. Ils furent à la Quête de l'Imâm, comme les nôtres furent à la Quête du saint Graal. Nous verrons que dans le rituel d'initiation, c'est l'Imâm qui confère à l'initié le Nom qui désormais lui est propre, en ce sens qu'il est désormais lui est propre au service de ce nom ; il en est le « chevalier ». Je ne crois pas qu'aucune étude, complète et approfondie, ait été tentée jusqu'ici, concernant la tension vécue respectivement, en Islam et en Chrétienté, entre les deux pôles : celui de la religion spirituelle ésotérique et celui de la religion exotérique, légalitaire et littérale.
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La Chanson de Roland, exemple d’épopée traditionnelle
La Chanson de Roland/Manuscrit d’Oxford (Wikisource)
L’épopée, selon le vieux dictionnaire Littré, est la narration poétique qui précède les temps de l’écriture de l’histoire, et dans laquelle un peuple célèbre ses dieux, ses héros, ses saints.
Par « traditionnel », nous entendons ici ce qui, pour reprendre une formule d’Alexandre Douguine, appartient non au passé, mais à l’éternité : ce qui est invariant chez l’être humain, en son âme et ses rêves. Notre propos permettra peut-être de comprendre un peu mieux pourquoi ce que nous nommons les épopées traditionnelles résonnent encore en nous, des siècles et des siècles après leur naissance, et évoquent, le plus souvent inconsciemment, un sentiment de vérité et de grandeur inégalé, voire inégalable.
Pour Léon Gautier, historien de la littérature française, l’épopée est la poésie des peuples jeunes, des peuples enfants, ceux qui ne font pas encore la différence entre mythologie et histoire. Cette poésie célèbre des héros qui se distinguent des autres combattants par « un talent unique au métier des armes, talent qui est la manifestation d’une supériorité spirituelle. » Ce héros mène un combat au service d’un Bien absolu contre un Mal absolu.
Nous prendrons ici comme exemple principal, la Chanson de Roland, pour essayer ce qui dans ses caractéristiques propres permet de la ranger dans les épopées traditionnelles.
Quelles sont, justement, les premières caractéristiques de l’épopée traditionnelle « mélange de vertus et de vices spontanés, de pensées naïves et d’actions viriles, d’idées jeunes et presque enfantines, de conceptions sauvages et de mœurs presque barbares ». Elles furent, des siècles durant, le cœur de la vie poétique, de la vie intellectuelle des peuples entiers pendant des siècles, et elles ont été leur chant de guerre, leur chant de paix, de leur courage et de leur triomphe final. Tout comme leur consolation et leur joie.
Cette épopée véritable est d’origine populaire. Pas une création cléricale, et donc pas, génial Chrétien de Troyes, pour citer le plus célèbre de ces clercs-écrivains. Elle est le fruit d’une tradition de plusieurs siècles, et d’une légende inspirée de l’histoire réelle, arrangée avec le contexte de la période où elle est chantée. Il lui faut pour naître une époque primitive, un milieu national et religieux, des souvenirs se rapportant à des faits douloureux et extraordinaires. Là est la thèse du professeur Gautier.
Ce qui différencie les plus anciennes épopées françaises, celles que l’on peut qualifier de traditionnelles, d’autres plus récentes, c’est leur sérieux, leur gravité. Le sens de l’existence proposé n’est pas, comme dans les mythes arthuriens, d’être « digne d’être aimé, en donnant des preuves de sa vaillance dans trois combats au moins » comme le précise l’historien Jean Frappier. Mais aussi l’humanité profonde de ses personnages. Prenons un exemple révélateur : Roland est un guerrier surpuissant, le plus puissant de tous même, mais demeure profondément humain : amoureux, facilement colérique, orgueilleux. Jamais un parfait chevalier au sens chrétien du terme, alors même que la foi de Roland ne peut être remise en cause tant elle est évidente ?
Que chante l’épopée ? La défaite magnifique du héros. Rien d’étonnant à cela. Gautier nous précise que « par une loi singulière et magnifique de sa nature, l’homme est porté à célébrer ses malheurs plutôt que ses joies, et la Douleur est le premier de tous les éléments épiques ».
La mort et la défaite sont le sujet des plus anciens chants épiques, dont le plus célèbre et le plus abouti est bien sûr le texte connu sous le nom de « Chanson de Roland », et attribué à un certain Turold, dont on ignore tout. Ces chants virils sont rarement franchement joyeux, la galanterie n’y a pas sa place, même si l’Amour a la sienne, quoique discrète. A l’inverse, pas d’économies dans le sang et les larmes. La Douleur est le véritable sujet, et avec elle, la Sainteté.
Léon Gautier précise que « les hommes de ces temps se contentent d’idées très simples, et très nettes, et ne subtilisent point avec elles. Ils ne se considèrent que comme des soldats. Contre ces « infidèles », on était convaincu qu’on représentait la cause du Droit et de la Lumière , et que cette mission devait être mêlée de quelque douleur ».
Parmi les récits les plus anciens de France, figurent certains textes de ce que les clercs médiévaux ont nommé la « Matière de France », c’est-à-dire des aventures mythiques de Charlemagne et de ses chevaliers. Regroupés en cycles, ils ont pour héros principal Saint Renaud, Saint Guillaume ou Saint Charlemagne. La forte personnalité de ce héros central est celle « de l’époque et de la race » où ses exploits sont chantés, nous dit Gautier. Roland, justement, est le représentant de l’idéal chevaleresque des Xe et XIe siècles.
Le public des plus anciennes épopées doit vivre dans un contexte guerrier véritable : La communauté constituée, organique, doit faire face à une menace mortelle, le tout dans un contexte féodal. C’est le rôle que les jongleurs qui récitent ces chansons donnèrent au Moyen-âge à l’Islam, en plein contexte de croisades. Ainsi, Charlemagne, qui a effectivement combattu les musulmans de l’émirat de Cordoue en Espagne, va devenir dans la légende le héros et rempart de la Chrétienté face à ce qui est perçu comme une menace de destruction païenne.
L’épopée traditionnelle raconte un âge de fer, où parfois les guerriers, parfois des barons, se révoltent contre leur roi (on peut penser à Achille dans l’Iliade, en révolte contre le chef de l’expédition des Grecs, Agamemnon, pour la belle Briséis), où les trahisons sont multiples (c’est le rôle symbolique que joue Ganelon dans la Chanson de Roland). La foi religieuse est sincère, le chevalier de ces épopées est viscéralement attaché soit à l’Eglise dans l’épopée traditionnelle française, soit à ses dieux dont il brigue les faveurs et craint la colère (C’est Calchas qui tente d’apaiser la colère d’Apollon contre les Grecs) . Elle aussi patriotique : Roland se bat aussi pour la « douce France ».
Si comme précité la galanterie est absente, la femme paraît néanmoins sous un beau jour. Cette poésie est chaste, il n’y a jamais d’allusions directes à la beauté physique des femmes ou au sexe. Les héros pleurent volontiers leur amis, leurs proches, leurs aimées. Roland pleure Aude, sa fiancée.
Les personnages, même ceux moralement réprouvables, subissent des dilemmes moraux. Ganelon, le Judas de l’histoire mythique de la France, finit sa vie l’épée à la main, magnifiquement courageux. Là se manifeste le destin de l’élite héroïque du genre humain : un mélange de misères et de grandeur.
Le monde décrit par ces poètes ne s’intéresse pas au merveilleux, nous ne sommes pas dans les légendes arthuriennes, il n’y a pas de fées, de nains, et de monstres. En revanche, il y a un amour du surnaturel, témoins de la présence divine : les Anges descendent du Ciel pour discuter avec Charlemagne.
Les personnages des premières épopées, jusqu’au XIIe siècle, sont vivants, épiques et saints pour certains : « Ils sont malheureux, parce qu’ils sont épiques, ils sont épiques, parce qu’ils sont saints. » comme nous le rappelle Gautier. La sainteté, justement, est épique, car jamais vulgaire.
L’épopée traditionnelle, en France, ne survivra pas au début des croisades. Reprise par les clercs, cette tradition épique va être remaniée, en fonction des intérêts du moment. Les personnages vont devenir des stéréotypes, des objets de conventions, de formules, qui vont empêcher toute inventivité. Devenus caricatures, trop parfaits parfois, les personnages des premières épopées françaises vont mourir sous la plume d’intellectuels et de « mauvais prosateurs » qui vont les dénaturer. Gautier impute, entre autres, à Ronsard la décadence de l’épopée française, car rien de véritablement épique ne pourrait sortir du cerveau même brillant de l’auteur de la Franciade.
Les temps historiques, c’est-à-dire ceux documentés abondamment par des témoins qui se veulent objectifs, empêchent l’héroïsation. La prise de Jérusalem par les Croisés en 1096 donna lieu aux derniers poèmes épiques, ceux d’avant les époques trop bien connues pour que la légende ait sa place ; Godefroi de Bouillon, leader de la première croisade, sera le dernier héros de ces légendes françaises.
En dehors de la poésie homérique, on peut encore citer le Mahabharata et le Ramayana indiens , les Nibelungen germaniques, qui ont avec les épopées de la Matière de France un « air de famille », dont l’exhalaison est celle de la « bonne odeur du printemps », celle de la vie, et de la guerre, dont le printemps est la saison.
Comment faire, pour nous autres « occidentaux » privés d’épique et de grandeur par notre époque, pour retrouver ce souffle qui donne un sens suprême à nos vies ? Si la réponse n’est pas évidente, Léon Gautier peut en tout cas nous apporter une première certitude :
« Pas d’épopées chez les peuples platement heureux et qui n’ont pas de grands hommes ».
Vincent de Téma
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Pour une critique positive du Prométhéisme
Lettre ouverte à la Droite européenne et conservatrice
Eugène Brunet (1828-1921) Prométhée enchaîné, 1885, huile sur toile, 145 x 208 cm
Ce que nous allons affirmer ci-dessous ouvre quelques réflexions autour du Prométhéisme. Le style affirmatif est notre marque de fabrique mais nous ne prétendons pas détenir la vérité. Ce texte est un interlude à notre essai La grande trahison métapolitique de la Droite que nous diffusons sous forme d'articles quand le temps nous permet d’opérer les corrections et remises-en-forme nécessaires avant publication.
Les idées prométhéennes ne rencontrant aucune attention de la part des intellectuels, nous ouvrons la critique mais, contrairement à eux, nous n'avons pas la formation, le temps, les moyens, les réseaux et les accès pour prétendre à davantage qu'une introduction sur le sujet et la proposer à nos contemporains qui se conforment aux nouveaux lieux communs imposés à travers les choix éditoriaux de la Droite européenne et conservatrice.
Nous laisserons les prométhéens se présenter eux-mêmes et, pour ce faire, vous renvoyons à la lecture de l'article de Rage culture : Familles de pensées Prométhéennes.
Ce que nous nous contentons de souligner jusqu'à présent c'est que deux visions de la Civilisation en tant que Destin, diamétralement opposées, s'affrontent au cœur de la plus grande Droite et qu'il y a un non-dit concernant cette opposition dans la formation du futur et qui renvoie à deux imaginaires distincts. Rien d'autre. Si l'on veut bien admettre que cette opposition existe et qu'il y a bien un sujet...
L'on pourrait résumer cette opposition à la vision de Guillaume Faye et à celle d'Alexandre Douguine, mais il apparaîtra que les prométhéens outrepassent l'Archéotfuturisme de Faye (compatible à la Métaphysique du chaos de Douguine. Nous y reviendrons dans un autre article à travers une lecture croisée de Guillaume Faye et d'Alexandre Douguine dés que nous le pourrons).
« Le conflit entre les visions de Faye et de Douguine illustre le désaccord plus important entre leurs perspectives sur la signification de la tradition et de l'héritage dans le monde moderne. Alors que Faye croit en la nécessité de préserver l'héritage culturel et historique de l'Europe et considère que les États-Unis se sont éloignés de leur matrice européenne, Douguine rejette entièrement l'idée de la supériorité culturelle de l'Europe et considère les États-Unis comme une menace pour les autres civilisations. Malgré leurs perspectives différentes sur la place de la Russie, Faye et Douguine s'accordent à dire que l'ordre mondial actuel est contrôlé par les valeurs libérales occidentales, qui doivent être remises en question. Faye pense qu'une Europe et une Russie unies sont nécessaires pour combattre cette suprématie, tandis que Douguine soutient un ordre mondial plus fragmenté dans lequel diverses civilisations coexistent pacifiquement. Enfin, leurs perspectives divergentes sur l'implication de la Russie reflètent un différend plus large sur la meilleure approche pour conserver et développer l'héritage culturel et historique de leurs régions.
Une nouvelle vision de l'Europe peut être produite en combinant les concepts de Faye et de Douguine. Tout en acceptant le progrès technologique, cette vision met l'accent sur la préservation de l'héritage culturel et historique de l'Europe. Le concept de Großraum de Carl Schmitt est utilisé pour imaginer l'Europe comme un espace high-tech de grande taille. Dans cette vision, l'Europe serait membre d'un ordre multipolaire, interagissant poliment avec les autres civilisations. La combinaison de l'accent mis par Faye sur la continuité culturelle et du point de vue multipolaire de Douguine permet à l'Europe de conserver son caractère propre tout en favorisant un ordre mondial plus harmonieux et pacifique. La difficulté, cependant, est de concilier ces points de vue apparemment contradictoires. Il est essentiel de résoudre ce dilemme si l'Europe veut jouer un rôle clé dans le façonnement de l'avenir du monde. Au lieu d'être identifiée par son passé colonial ou sa suprématie culturelle, la vision proposée présente l'Europe comme un leader en matière de technologie et d'innovation. » Constantin von Hoffmeister, Guillaume Faye vs Alexander Douguine, Euro-Synergies
La voie prométhéenne qu'empruntent les occidentalistes entraîne la Droite identitaire et européenne dans une « fuite en avant transhumaniste » sans aucun recul critique sur cette orientation qui séduit les jeunes générations identitaires.
Le sujet du transhumanisme, de la mort et de l'immortalité, débloque le sujet de l'être dans toutes ses dimensions et ses multiples états, et il nous semble qu'il y a matière à philosopher sur cette surenchère progressiste.
Ce que nous craignons c'est que ces deux visions civilisationnelles en viennent, à moyen/long terme, à s'affronter de manière de plus en plus « directe » et « violente » par l'intermédiaire de nos groupes métapolitiques, dans une confusion qui sera égale à ce manque de dialogue et cette absence de débat dont sont responsables les intellectuels.
Nous rappelons qu'un conflit fratricide a actuellement lieu en Europe et que, d'une certaine façon, il amorce cet affrontement. C'est parce que nous voulons éviter la montée en puissance et la réplique de ce conflit dans nos propres rangs que nous cherchons à ouvrir un dialogue entre prométhéens et pérennialistes.
Nous autres, eurasistes et traditionalistes, qui défendons le point de vue multipolaire, avons été frappés par l’assassinat de Daria Douguine et nous comprenons à quel point le dialogue est nécessaire pour retrouver un certain équilibre des forces européennes. Car nous pensons que la possibilité pour que des guerres civiles localisées, à travers lesquelles vont s'exprimer toutes sortes d'oppositions, sont de plus en plus envisageables, sinon voulues. Et qu'elles entraîneront les groupes politisés dans des affrontements alors que la fonction métahistorique de nos groupes est de maîtriser ces échauffements prérévolutionnaires.
Nous considérons que les conservateurs sont hors-jeu ; qu'ils sont déjà plus ou moins acquis au mouvement occidentaliste et prométhéen. Ils incarneront demain cette réaction progressiste dans toute sa quintessence, car là est leur destin de libéraux honteux. Que les occidentalistes et prométhéens n'y voient pas une victoire, car ça sera une victoire à la Pyrrhus. Les conservateurs, coutumiers des « étranges défaites », font indirectement la promotion du prométhéisme par le fait de ne porter aucune contradiction aux prométhéens. Et nous cherchons moins à convaincre les conservateurs qu'à rallier à nous les traditionalistes dans notre combat métapolitique contre le transhumanisme et notre critique positive du prométhéisme – car nous distinguons « transhumanisme » et « prométhéisme ». Nos intentions sont claires. Les prométhéens ne sont pas nos ennemis ni même nos adversaires. Ils sont une part de nous-mêmes.
Peut-être est-ce une stratégie métapolitique de la part des conservateurs d'ignorer le mouvement occidentaliste et prométhéen pour mieux le récupérer en temps voulu ? Auquel cas cette stratégie est dans la droite ligne des différentes stratégies d'entrisme qui n'ont jamais fonctionné et ont systématiquement l'effet inverse que celui recherché initialement. Cette stratégie a normalement pour conséquence d'abaisser les standards conservateurs de la Droite et de la soumettre aux causes libérales. C'est la stratégie de l'évitement étendue au domaine du combat métapolitique d'une Droite révolutionnaire-conservatrice qui a peur de son ombre et de ses idées depuis la Défaite. Une histoire que nous connaissons par cœur et qui trébuche aujourd'hui sur la question du prométhéisme. Que les prométhéens ne soient pas dupes de la manœuvre.
Nous parlons ici d'un affrontement « philosophique » mais nous ne connaissons que trop bien la « psychologie des foules » pour ne pas anticiper la possibilité que cette opposition métapolitique, qui reflète une vieille querelle entre les anciens et les modernes, prennent d'autres formes qu’intellectuelles lorsque, tôt ou tard, des événements l'imposeront. Les conservateurs sont un jour complotiste, le lendemain prométhéen. Cette position n'est pas tenable.
Dans cette perspective du « dialogue », et tant qu'il est encore possible, nous sommes radicalement opposés à l'idée de « débat » qui ne ferait qu'envenimer la situation. Nous refuserons donc toute forme et proposition de pseudo-débats sur des sujets qui ne s'y prêtent pas. Imaginer un débat en l'état actuel n'a pas de sens. Quel débat ? Avec qui ? Sur quels sujets ? Pour envisager un quelconque débat il faudrait premièrement admettre qu'il y ait un sujet et deuxièmement que nous parlions la même langue, ce qui n'est pas le cas et qui n'est pas gagné tant que cette opposition n'est pas reconnue par les intellectuels. Le cadre est inexistant. Le débat mérite d'être porté au niveau qu'il convient. Seul l'échange épistolaire est envisageable. Le sujet du prométhéisme n’intéresse pas les intellectuels qui tiennent les lignes éditoriales et décident, en leurs âmes et consciences, ce qui mérite d'être débattu ou non. Pour eux, l'opposition au « gauchisme » est bien trop pratique et confortable que pour sortir du cadre de la réinformation pour toute métapolitique. Le fait qu'ils ne perçoivent pas le sujet du prométhéisme comme analogue à celui du transhumanisme démontre qu'il n'y a plus d’intellectuels à Droite. Et que nous devrons faire sans eux. Nous autres, eurasistes, comprenons mieux que quiconque la faculté des gramscistes de Droite à mettre la lumière sous le boisseau et pour qui le mot « métapolitique » ne veut plus rien dire depuis longtemps.
« Cependant, trente ans après le départ du général de Gaulle du pouvoir, que reste-t-il encore de son grand « dessein secret », de son projet impérial européen, de sa vision suprahistorique du Grand Continent Eurasiatique et de la mission transcendantale de la France ? Où en est-elle, aujourd'hui, l’œuvre révolutionnaire, salvatrice, partie pour changer le visage final de l’Histoire actuelle du monde, qu'avait entrepris de mener à bout le « concept absolu » Charles de Gaulle ? Convenons-en : de tout cela, apparemment, il n'en reste plus rien. Tout s'est défait, tout a été dévasté, réduit à néant, jusqu'au souvenir même de ce qui a été dévasté, de ce qui a failli être, et qui n'est plus, à l'heure présente, que mensonge et vile imposture. » Jean Parvulesco, La confirmation boréale, Sur le grand tournant actuel du gaullisme, Le « génie du renouveau », pp. 252-256, aux éditions Alexipharmaque
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Il est étonnant de constater que les prométhéens, à l'instar des conservateurs, ne comprennent pas la relation dialectique entre le scientifique, le philosophique et le théosophique. Entre Socrate, Aristote et Platon. Entre l'exotérique, l'ésotérique de l'exotérique et l'ésotérique de l'ésotérique. Surtout sur la question ontologique et hautement métaphysique de la Mort.
Ne pas comprendre que ce sont les réflexions métaphysiques, antérieures et supérieures aux réflexions philosophiques et scientifiques périphériques, qui ont permis le développement de la Logique et de la « méthode scientifique », ça n'est rien comprendre au sujet de la Science elle-même. Les sciences procèdent de réflexions philosophiques antérieures qui deviennent scientifiques au fil des observations, des démonstrations et confirmations des intuitions métaphysiques primordiales et philosophiques premières. Les principes métaphysiques, philosophiques et scientifiques se justifient les uns par rapport aux autres dans une relation épistémologique et ne varient que sur le plan de la sémantique dans le cadre d'une spécialisation qui appelle la formation de nouveaux concepts pour s'exprimer – mais qui puise aux mêmes sources étymologique pour construire un mot, un concept, une idée.
Un principe est, par essence, trois principes. Un « principe » est premier précisément quand on peut le qualifier sur les trois plans de la connaissance. La connaissance est connaissance lorsqu'elle exprime une même idée sur les trois plans précités de la métaphysique, de la philosophie et de la science et quand, traditionnellement, elle s'organise sur quatre niveaux de lecture. Ce qui ne peut ultimement se justifier sur le plan symbolique est une fausse connaissance. Autrement dit, une idée qui ne trouve pas sa traduction ésotérique – qui n'a pas de sens intérieur et sacré – n'est pas une « idée ». Cette disposition est un chiffrement, un code de sécurité, une vérification. Tout l’intérêt de la Tradition est d'en apprendre le fonctionnement universel par transmission et initiation par les archétypes, symboles et principes métaphysiques primordiaux présents dans les mythes et textes sacrés qui en sont les véhicules, les supports.
Nous ne comprenons pas par quelle médiation intellectuelle et psychologique la question « scientifique » de l'immortalité que pose le transhumanisme est décorrélée des questions « philosophiques » et « métaphysiques » qu'elle soulève en terme de morale et d'éthique par les prométhéens qui réduisent le transhumanisme à sa seule possibilité technoscientifique dans un avenir incertain ?
Mais, sans vouloir être désobligeants, nous ne sommes pas convaincus, aux vues de leurs réponses, que les occidentalistes comprendraient le sens de la question que nous introduisons et évoquons ci-dessus.
Les prométhéens sont des religieux et des littéralistes qui s'arrêtent au sens exotérique du narratif transhumaniste. Lorsque nous les qualifions de scientistes et de néo-spiritualistes, nous n’exagérons rien. Et c'est ce que nous tenterons de démontrer par nos travaux.
Leur Religion est la Science. Leur Tradition le Progrès. Leur Métaphysique la Cybernétique.
Qui est leur « Dieu » ?
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Est-il « complotiste » d'imaginer que le glissement métapolitique du Complotisme au Zététisme est le fruit d'une ingénierie cybernétique psychosociale qui entraîne volontairement les multitudes anonymes connectées dans une « dissonance cognitive » par injonction contradictoire et double contrainte ?
« (…) je pense que toute entreprise humaine, aussi forte et structurée soit-elle, ne pourra jamais prévoir l’accident ultime : l’Ange Gabriel ou bien la Révolution. Tout au plus peut-elle récupérer l’événement lorsqu’il est mineur et le détourner à son profit après qu’il se soit produit (si les mêmes hommes sont encore en place). A mon sens, l’Empire contre lequel il nous faut combattre jusqu’à la dernière goutte d’âme est, certes, localisé en extrême-Occident : mais il ne suffira pas d’anéantir la Californie et l’Etat de New York pour vaincre. De notion purement géopolitique, l’Occident est devenu une force anti-spirituelle qui peut s’imposer sur n’importe quelle partie du globe : le Néant a besoin de matière vivante pour étendre son royaume de mort. » Laurent James, Puritanisme et Complotisme, ces plaies de la modernité, Parousia (2010)
Les occidentalistes et prométhéens d'aujourd'hui sont les complotistes et dissidents d'hier. Laurent James, dont nous poursuivons les vues sur la fonction subversive du complotisme, était, à notre connaissance, le premier à exposer cette « fonction » du point de vue pérennialiste dans une perspective révolutionnaire pour sortir de ce piège logocentrique.
C'est une nouvelle méthodologie qu'il s'agit de mettre en place pour permettre ce dialogue entre la vision du monde occidentaliste et prométhéenne et la vision du monde eurasiste et pérennialiste aux deux extrémités du camp identitaire et européen et qui expriment les deux grandes orientations européennes. Ces deux visions du monde et grandes orientations sont sans doute irréconciliables mais nous pensons que l'altérité nécessaire entre prométhéens et pérennialistes peut renouveler la « pensée révolutionnaire-conservatrice ». Dans tous les cas, ça n'est pas la « méthode scientifique » qui peut départager des « visions du monde ».
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Lorsque nous lisons Nerval, Swedenborg, Corbin, Eliade, Durand, Guénon, entre autres lectures du moment, chaque page nous offre un argument contre l'imaginaire transhumaniste et les prétentions zététiciennes que propagent les occidentalistes, et nous ne pouvons nous empêcher de penser aux assertions prométhéennes qui ne tiennent compte d'aucune réflexion ontologique formulée avant eux.
Les grandes questions de l'Immortalité et de l’Éternité, que confondent les prométhéens en un seul et même terme transhumaniste et qu'il faudrait distinguer, aux vues de la Naissance et de la Mort, sont la question du Vivant, de l’Être. Et on ne peut penser l'être – corps/âme/esprit – sur l'unique plan de la « science » telle qu'elle est entendue par les prométhéens en terme unique et exclusif de technique et de possibilités. Nous n'opposons pas « science » et « religion » comme les zététiciens qui n'ont aucune définition de l'Esprit. Les notions d'âme et d'esprit impliquent une réflexion philosophique et théosophique hautement métaphysique d'autant plus quand il est question de « transhumanisme », autrement dit d' « immortalité ». Ou l'on considère que l'être humain n'est qu'un tas de viande modulable et remplaçable, sans âme et sans esprit, qui n'est qu'une intelligence humaine, mais, dans ce cas, il faut clairement s'affirmer « posthumaniste » car nous dépassons ici le cadre de l'athéisme et de l'agnosticisme. Nous préférons d'ailleurs les athées ou agnostiques.
Si les prométhéens rejettent le schéma ontologique corps/âme/esprit et toute dimension métaphysique de l'être alors, en effet, nous n'avons rien à nous dire et serons amenés à nous combattre. Mais ce rejet va à l'encontre de toute sacralité cosmogonique et mythologique indo-européenne et nous exigeons des « prométhéens » qu'ils s'assument être des « posthumanistes » à l'état pur et sans vie intérieure, ce qui les exclut de la plus grande Droite, de la « Droite » avec un grand « D », de la Droite de la « Révolution conservatrice », de la « Droite » d'Evola, de Parvulesco, de Venner et de Faye. Car, dans ce cas, quelle différence entre eux et les globalistes sinon qu'ils « en ont plein le cul des arabes » ? Est-ce que « en ont plein le cul des arabes » est-il suffisant pour être « de Droite » ? Là est peut-être la question de fond que nous posent les occidentalistes et les prométhéens, et à laquelle les intellectuels conservateurs refusent de répondre sinon d'envisager qu'il existe bien un sujet !
L'éloge de la civilisation européenne ; ou occidentale, impose la critique de l'Occident par les européanistes eux-mêmes, et non pas du « gauchisme » comme abstraction – car les glissements philosophiques qui aboutissent au « gauchisme » sont des glissements métaphysiques du sacré au profane qui sont nés en « Occident ».
Les problèmes terminologiques d'Europe ou d'Occident n'ont aucune espèce d'importance et détournent l'attention du débat philosophique de fond qui oppose prométhéisme – comme ixième métamorphose du Libéralisme – et traditionalisme au sujet de l'être et de l'identité.
Nous sommes des européens et des occidentaux mais nous ne sommes pas des occidentalistes et des prométhéistes. Sommes-nous moins européens que les occidentalistes ? C'est une question d'orientation et de projection. Notre vision du monde eurasiste et multipolaire est authentiquement européenne et occidentale mais nous opposons « civilisation européenne » et « civilisation occidentale » parce que la « civilisation occidentale » n'existe pas lorsque l'on a une vision continentale et impériale du monde et une vision transcendantale de la géopolitique, et en dehors de la notion de « Saint-Empire » si l'on veut donner à « Occident » un sens véritablement et réellement Européen, en tant que Civilisation.
Nous ne confondons pas « Troisième Rome » et « Nouvelle Jérusalem » avec leurs parodies messianistes et millénaristes judéo-protestantes et étasuniennes postmodernes.
Quelle « civilisation occidentale » ?
Nous serions curieux d'entendre les « conservateurs » et autres « néo-païens » sur cette question. Nous connaissons la chanson. Ils nous parlerons d'une troisième voie européaniste qui n'est ni l'occidentalisme ni l'eurasisme mais cette « troisième voie » n'existe pas. L'Europe n'est pas en position d'affronter simultanément les États-Unis et l'Eurasie. Rien de compliqué à comprendre. Nos groupes métapolitiques européens soutiennent plutôt l'idée d’occidentalisme ou plutôt l'idée d'eurasisme, d'une manière ou d'une autre. Faire semblant de ne pas comprendre cette première proposition s'appelle de la lâcheté. Cette « neutralité axiologique » de petit journaliste est détestable. Autant nous respectons la position occidentaliste, autant nous n'avons plus aucune once de respect pour les pseudo-européanistes qui soit ne comprennent pas les enjeux, soit jouent un drôle de jeu.
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Nous nous excusons par avance pour nos éventuelles répétitions et imprécisions mais cette première et nouvelle approche, de la Droite occidentaliste et prométhéenne, impose de créer des « éléments de langage » et d'articuler différentes formulations d'un même problème pour cadrer un sujet sans autre référence que celle que nous proposons. En effet, nous ne connaissons personne d'autre que nous qui travaille sur ce sujet dans nos milieux métapolitiques en citant explicitement le mouvement occidentaliste et prométhéen et en répondant à leurs différentes « créations de contenu » sur la question. Car les occidentalistes et prométhéens ne se cachent pas et si les intellectuels le voulaient ils pourraient leur répondre : ils se connaissent, se côtoient, se tapent sur l'épaule.
La question du prométhéisme ouvre un nouveau champ d'étude et nous ne pourrons, dans un premier temps, qu'en dégager les grands thèmes que nous avons identifiés. L'opposition au globalisme implique l'opposition à l'occidentalisme. Il est strictement impossible de parler d'Européanisme sans aborder la question du « prométhéisme » et du « traditionalisme » – ces deux tendances entendues dans leur sens large. Nous ne parlons pas ici spécifiquement du « pérennialisme » comme école de pensée dans laquelle nous nous inscrivons prioritairement car il faut bien nous classer quelque part et nous différencier du conservatisme tel qu'il est entendu aujourd'hui par les européanistes libéraux, néo-païens et autres.
Ainsi, nous indiquerons à nos lecteurs par quels auteurs et quels livres le problème du prométhéisme se fait jour, à travers notre blog et autres publications se référant au traditionalisme et à l'eurasisme – qui incarne la forme métapolitique actuelle de la « Révolution conservatrice ».
Les prométhéens font parler Nietzsche, Heidegger, Junger, Marinetti ou encore Faye comme on fait tourner les table et toquer les guéridons.
Nous nous contenterons, de notre côté et plus humblement – sans fausse modestie –, d'évoquer quelques sources et références conservatrices et traditionalistes sur lesquelles nous nous appuierons pour contester la métaphysique prométhéenne, la réinterprétation mythologique et la relecture philosophique de notre imaginaire européen qu'ils font pour justifier leur vision archéo-progressiste du monde – qui n'est, selon nous, qu'un globalisme « de Droite » – en lui donnant un supplément d'âme « conservateur ».
En quelque sorte, la métaphysique cybernétique des prométhéens s'oppose à la métaphysique du chaos exprimée par Alexandre Douguine. Car le problème n'est pas d'opposer Douguine à Faye. Mais bien d'opposer Faye et Douguine au prométhéisme. Le temps nous donnera raison. Car le prométhéisme est en quelque sorte sorti du bois par la critique de l'archéofuturisme de Faye qui n'irait pas assez loin, ce que les conservateurs n'ont pas relevé. Et que nous avons écrit dés la sortie du livre de Romain d'Aspremont dans un article « La tentation prométhéenne ou La métaphysique du grille-pain » ignoré par les conservateurs et prométhéens. Il est toujours pratique et confortable de ne pas répondre. Cet article prévoyait pourtant le glissement prométhéen de la Droite dite « alternative ».
Les prométhéens, par des médiations qu'il nous reste à mettre en exergue, font de la cybernétique « le tout de l'existant » de leur métaphysique dans leur formation du futur « archéo-progressiste » et projection dans l'avenir utopique et dystopique transhumaniste.
Cependant, nous ne sommes pas totalement en désaccord avec les occidentalistes et prométhéens sur certains de leurs constats et leur critique du conservatisme. Nous le sommes particulièrement sur le sujet du transhumanisme qui, nous pensons, est un sujet fondamental.
Le prométhéisme et sa métaphysique cybernétique sont, selon nous, une réelle révolution philosophique au sein du conservatisme. La métaphysique du chaos et le « sujet radical » d'Alexandre Douguine le sont antérieurement et répondent « par anticipation » au prométhéisme que les « eurasistes » ont en quelque sorte prévu. Tout dans l'eurasisme répond à l'occidentalisme. Et nous voyons que les réponses « occidentalistes » qui ont pu être faites à l' « eurasisme » et Alexandre Douguine sont faibles, pour ne pas dire médiocres, tout au plus des biographies sommaires d'Alexandre Douguine et quelques remarques concernant des citations et « traits d'humour » sortis de leur contexte.
Les conservateurs européens n'ont, quant à eux, rien à opposer à l'occidentalisme ni à l'eurasisme. L'avenir de l'Europe se joue entre « occidentalisme » et « eurasisme ». Et il y aurait encore beaucoup de choses à écrire sur le fameux « gramscisme de droite » en terme de métapolitique que nous n'avons pas encore dit, c'est là un sujet inépuisable et qui mériterait que d'autres que nous se penchent sur cette question qui comprend celle du « réenchantement des idées politiques » comme fonction métapolitique première. Nous ne parlons pas d'un réenchantement uniquement et exclusivement « culturel » et « esthétique » : nous parlons d'un réenchantement qui rassemble les dernières forces révolutionnaires-conservatrices, que celles-ci soient « prométhéennes » ou « pérennialiste », au sein d'un grand Parti et sous une même bannière métahistorique européenne et impériale.
Le temps de la réinformation, des influenceurs et créateurs de contenu, est terminé. Ne pas le pressentir est une erreur métapolitique et une faute politique. Nous sommes à l'heure des manifestes et des doctrines, de la praxis et des « coups de force ». Nous sommes dans les années 30. Les différentes tendances et sensibilités européennes devraient se rencontrer et dialoguer au sein d'un même Parti...
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De mémoire et en « temps réel », nous ne connaissons et n'avons jamais observé de mouvement davantage scientiste, new age, complotiste et woke que le mouvement prométhéen qui, dans sa « fuite en avant transhumaniste », exprime un parfait syncrétisme de toutes ces qualités postmodernes et « tendance au systématisme idéologique » rassemblées en réaction, inversion et subversion. Est-ce un mouvement dogmatique que les révolutionnaires-conservateurs européens veulent suivre ?
Qu'ils prennent clairement position pour l'occidentalisme et le prométhéisme. Qu'ils aient au moins l'honnêteté intellectuelle de le dire !
L'invocation de la Science et du Progrès, censée magiquement nous interdire, ne nous impressionne nullement. Il ne suffit pas de se revendiquer et de s’auto-proclamer des abracadabras de la Raison pour avoir raison. Les « matérialistes » et « rationalistes » de tous poils usent et abusent de cette pirouette rhétorique depuis plus de deux siècles et leur monde marche sur la tête.
L'hypnose progressiste ne fonctionne pas sur nous : nous ne confondons pas confort matériel et qualité de vie. Et non, chers camarades prométhéens, nous ne voulons pas devenir immortels dans une dystopie occidentale, nous voulons vieillir et bien mourir : car c'est le but de la vie ! Nous serions curieux de voir la tronche d'un « homme augmenté » de 1000 ans !
Que nous nous exprimions mal ou exagérions, nous voulons bien l'admettre et l'entendre, mais nous prétendons ne rien exagérer, nous ne faisons pas ces liens par hasard et si notre pensée est imparfaite, que les idéologues, penseurs, intellectuels et philosophes révolutionnaires et conservateurs de Droite, que les youtubeurs, influenceurs et créateurs de contenu identitaires et européens s'expriment au sujet de l'occidentalisme et du prométhtéisme, mais on ne pourra pas nous reprocher d'essayer de faire un travail qu'ils ne font pas, préférant parler de leur nombrils et recycler leurs constats de faillite à l'infini. La métapolitique du commentaire d'actualité et de l'édition pour l'édition, sans jamais toucher au mouvement réel des idées, est tout sauf de la « métapolitique ».
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Contrairement à ce que pourraient penser les « prométhéens », nous sommes des lecteurs de Rage culture et particulièrement des publications de NIMH, mais nous séparons deux facettes de son travail sur la Cybernétique : la théorie et la propagande.
Nous ne nous comparons pas à cet auteur dont le niveau d'étude est supérieur au nôtre sur les questions scientifiques, ce qui ne nous empêche pas de comprendre les grandes lignes de ses théories. Nous apprenons de ce qu'il théorise au sujet de l'Information du point de vue scientifique et cybernétique et, sur ce point, nous nous taisons et nous contentons de le lire. Ce que tout à chacun devrait avoir l'humilité de faire sur les sujets qu'il ne maîtrise pas.
Notre critique est « métapolitique » et concerne la portée métaphysique de ces réflexions. Aussi, sur l'application et l'opérativité de ces « théories » à nos combats dont nous ne voyons pas où elles veulent en venir dans leur affirmation. Et, dernièrement, sur certains excès philosophiques qui mènent inexorablement à des dérives spirituelles. Pour le dire autrement, ces « théories » sortent de leur domaine et c'est là que nous intervenons car, sur ce point, nous avons la formation pour y prétendre. C'est cet aspect propagandiste prométhéen qui nous dérange : les conclusions que cet auteur retire des nouvelles théories de l'information prométhéenne qui sont une sorte de « vulgarisation » de ce qui se fait dans le monde anglo-saxon. Et nous remercions Rage culture de nous donner accès à ces publications.
Cet auteur anonyme à une formation philosophique, et est un métaphysicien à sa manière, il nous permet de penser contre nous-mêmes, les conservateurs et traditionalistes auraient à gagner à lire ses articles. En faisant la part des choses, certes, mais en comprenant que la métaphysique prométhéenne n'est pas dénuée de sens et exprime un niveau de réflexion qui ne peut s'épanouir que dans l'échange. Ce pourquoi nous « prenons la défense » et relayons cet auteur et les articles de Rage culture. Que nous enjoignons nos lecteurs à lire les avants-gardes prométhéennes et à leur répondre. Ou alors, passons nos journées à regarder du contenu crypto-complotiste et pseudo-zététicien vide de sens sur YouTube mais ne nous plaignons pas d'être « la Droite la plus bête du monde ».
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D'une manière plus générale et concernant le mouvement prométhéen dans son ensemble nous sommes moins enthousiastes et c'est aussi les avants-gardes prométhéennes que nous essayons d'alerter.
Depuis la Théosophie d'Helena Blavatsky, l'Anthroposophie de Rudolf Steiner et la Scientologie de Lafayette Ronald Hubbard, nous n'avons plus vu de « mouvement néo-spiritualiste » articulant un tel mélange de vrai et de faux dans le monde des idées, et auquel une « foule psychologique » se revendiquant « de Droite » donne autant d'importance, car nous affirmons que le prométhéisme mainstream est une néo-spiritualité pour geeks occidentaux en mal d'identité et d'autorité, incapables de retour sur eux-mêmes : de se gouverner, adeptes de « développement personnel » et de « virilisme », qu'il en a tous les traits et les caractères.
Nous distinguons les avants-gardes prométhéennes de leurs suiveurs et souscripteurs. Le prométhéisme est, en l'état de sa construction, la nouvelle pseudo-religion du globalisme dans sa version identitaire et autoritaire. D'autant plus paradoxalement subversif que le prométhéisme s'impose comme LA réaction zététicienne au scientisme, au néo-spiritualisme, au complotisme et au wokisme alors qu'il en est la synthèse la plus aboutie. Toute la difficulté à démontrer les filiations idéologiques entre le prométhéisme et ces différents mouvements philosophiques réside précisément dans cette subversion originelle, dont nous ne croyons pas qu'elle est hasardeuse et fruit d'une coïncidence – elle est fruit de son époque et les « prométhéens » s'en rendront compte –, mais cette « subversion zététicienne » de l’invocation de la méthode scientifique et de l'argument évolutionniste d'autorité s’avérera, comme nous le verrons en conclusion, le talon d’Achille de ce mouvement et ses espérances prométhéennes. Il y a une certaine naïveté de la part des prométhéens dans leurs prétentions à influer sur le mouvement transhumaniste globale dont ils contestent certaines vues égalitaristes sans percevoir sa part ténébreuse, occulte.
« Le drame qui est commun à toutes les « religions du Livre », ou mieux dit, à la communauté que le Qorân désigne comme Ahl al-Kîtab, la communauté du Livre, et qui englobe les trois grands rameaux de la tradition abrahamique (judaïsme, christianisme, Islam), peut être désigné comme le drame de la « Parole perdue ». Et cela, parce que tout le sens de leur vie est axé sur le phénomène du Livre saint révélé, sur le sens vrai de ce Livre. Si le sens vrai de ce Livre est le sens intérieur, caché sous l'apparence littérale, dés l'instant que les hommes méconnaissent ou refusent ce sens intérieur, dés cet instant ils mutilent l'intégralité du Verbe, du Logos, et commence le drame de la « Parole Perdue ».
Ce drame se manifeste sous bien des formes : en philosophie, c'est le nominalisme, avec tous les aspects de l’agnosticisme. En théologie, c'est le littéralisme, tantôt celui des pieux agnostiques, craintifs devant tout ce qui est philosophie ou gnose, tantôt celui d'une théologie s'efforçant de rivaliser avec les ambitions de la sociologie, et qui est tout simplement une théologie ayant perdu son Logos, une théologie agnostique. On pressentira que la tâche de recouvrer la Parole ou le Verbe perdu déborde les moyens de la linguistique à la mode de nos jours. Il ne s'agit pas non plus d'un « progrès de langage », mais de retrouver l'accès au sens intérieur du Verbe, à ce sens ésotérique qui éveille crainte et dédain chez les exégètes « à ras du sol ». » Henry Corbin, L'Homme et son Ange – Initiation et chevalerie spirituelle, 2 L'initiation ismaélienne ou l'ésotérisme et le Verbe, I. La parole perdue, pp.81-88, Fayard
Par les extraits du livre d'Henry Corbin – L'Homme et son Ange – et ceux du livre de René Guénon – Le Règne de la Quantité – qui suivront à titre d’exemplaires d'une recherche approfondie que nous avons commencé il y a maintenant plus d'un an (et dont il est difficile d'extraire la substantifique moelle pour exprimer ce que nous avons découvert de subversion), nous cherchons à interpeller une première fois les prométhéens sur le fait que, dans toutes traditions sacrées et humaines, dans tout processus initiatique et de réalisation individuelle (que le « développement personnel » a réduit à une bien pauvre expression) et ce depuis la nuit des temps, n'en déplaise à Thomas Ferrier, il est explicitement signifié que l'Homme est relié à un archétype primordial, un Ange, particulier et personnel dans une certaine mesure, on pourrait dire une dimension supérieure de lui-même et qui le précède. Ce double métaphysique – nous le disons avec nos mots – intervient ici et immédiatement dans notre questionnement sur le transhumanisme où ce concept – qui rejoint celui du « sujet radical » – n'a aucune existence.
Toutes les religions, spiritualités et traditions, absolument toutes, évoquent pourtant cet archétype métaphysique de l'être corps/âme/esprit qui s'incarne dans le monde solidifié de la matière et qu'on ne peut limiter à son enveloppe charnelle, à son code génétique. Ce qui remet en question toutes les constructions transhumanistes et prométhéennes qui prétendent outrepasser le Moi génétique et le Soi angélique par des manipulations technoscientifiques, bio-mécaniques et bio-chimiques. (Nous noterons d'ailleurs que l'endocrinologie est l'angle mort des transhumanistes et qu'ils ne parlent pas de ce qu'il faudrait nous injecter de produits chimiques pour permettre l'augmentation. Ce que pourrait provoquer, par exemple, en terme de rejet et de dérèglement hormonal, l'implantation de circuits électroniques dans le corps humains dont tout le monde sait son « allergie » au corps étranger et son « rejet » des greffes. Nous ne sommes pas docteurs en médecine ; eux non plus, mais prétendre pouvoir prévoir toutes les réactions particulières que peut entraîner une telle transformation sur les individus, qui réagiront tous différemment aux implants, nous semble relever d'une certaine inconscience et folie car cela revient à prétendre dépasser toutes les limites et percer tous les secrets, tous les mystères des interactions entre le visible et l’invisible. Pourtant, les prométhéens reconnaissent cette part d'invisible et de mystères si nous voulons bien les lire. Nous pensons qu'il existe des « barrières épigénétiques » au même titre qu'il existe des « barrières historiques » et que l'on ne pourra jamais entièrement les « dépasser ». Ce qui nous permet de nous poser des questions quant aux prétentions transhumanistes. En réalité, la solution transhumaniste sera celle de notre remplacement par des robots, qui sera sans doute provoqué par de « mauvaises manipulations » et l'impossibilité de revenir en arrière.)
Les techno-prêtres du transhumanisme ignorent, ou feignent ignorer, cette interaction supérieure et divine de l'Homme à son Ange signifiée dans toutes les propositions ontologiques et métaphysiques sur nos différentes « dimensions » et multiples « états » – qui ne sont pas des allégories et des métaphores – et qui, de facto, remet en question l'opération technoscientifique transhumaniste qui prétend rompre tous les liens entre l'Homme et son Ange par des moyens laboratoires sans impliquer aucune notion de transmutation alchimique autre qu'un bidouillage technique, génétique, mécanique et chimique dont la « science » seule ne saurait résoudre la complexité de cette équation de l'être en ce qu'il est corps, âme et esprit.
« Ceux qui ont recours à Moi comme refuge, ceux qui se tournent vers Moi dans leur effort spirituel vers la délivrance de la vieillesse et de la mort, ceux-là en viennent à connaître ce Brahman et toute la plénitude de la nature spirituelle et l’intégralité du karma. » Bhagavad-Gîtâ, chap. 7
Sans trop nous étendre sur le sujet, nous considérons que l'immortalité technoscientifique est une parodie de l'Immortalité métaphysique que l'on atteint par des voies spirituelles et initiatiques, qui est « symbolique » et qui n'a jamais été rien d'autre. La « Quête du Graal » en quelque sorte... Le « mourir à soi-même » et la « seconde naissance » présents dans toutes les initiations sacrées vers une réalisation spirituelle individuelle supérieure de l'être à la « rencontre de son Créateur... Le glissement de l'entendement sacré traditionnel et l'entendement profane postmoderne de cette Quête est suggéré par divers auteurs pour d'autres cas et il nous reste à le remettre dans le contexte métapolitique de la Droite révolutionnaire et conservatrice par rapport au prométhéisme pour montrer qu'il existe bien un sujet ; ce qui serait déjà une grande avancée.
Nous ne vivons plus dans un monde traditionnel : nous sommes tous des postmodernes. C'est entendu. Nous vivons dans le monde postmoderne des pseudo-religions, des parodies et des subversions, et le prométhéisme n'en est qu'une ixième expression ; une expression du postlibéralisme. Sous ses grands airs révolutionnaires et vitalistes, le prométhéisme est une idéologie profondément réactionnaire et mortifère, anti-traditionnelle. Les prométhéens sont les grands défenseurs du technocapital et du posthumanisme, et on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre !
On ne peut en effet comprendre les mots sacré et sacrifice sans reconnaître l'Immortalité spirituelle et la figure de l'Androgyne primordial – que parodie également l'idée d' « Homme augmenté » dont il est clairement énoncé par les transhumanistes officiels qu'il est transgenre et que le transhumanisme lutte contre les discriminations. Mais les « prométhéens » ne lisent visiblement pas leurs confrères posthumanistes ou pensent pouvoir influencer ce mouvement et réécrire une histoire écrite d'avance.
De la même manière, les transhumanistes ne pourront nier que l'immortalité et l'androgynie qu'ils cherchent à atteindre par des moyens techno-scientifiques est probablement une parodie de l'initiation spirituelle et de la figure ontologique dont nous parlons, desquelles ils n'ont pu que s' « inspirer ». Cet aspect parodique du transhumanisme est pour nous de l'ordre de l'évidence. Nous comprenons que ça ne le soit pas pour tout le monde qui n'ait jamais rien lu au sujet du symbolisme, mais que l'on nous accorde que c'est une piste de réflexion intéressante, que l'analogie est troublante, surtout lorsque l'on connaît toutes les singeries new age des spéculateurs à partir de la Tradition ou des traditions... Il n'y a pas de « grand complot » ni de « méthode scientifique » pour l'expliquer, nous parlons ici d'idées, de concepts philosophiques et métaphysiques, toute la réflexion conservatrice et traditionaliste sur la postmodernité mène à cette première conclusion. Il suffit d'appliquer la lecture conservatrice et traditionnelle au sujet du transhumanisme et du prométhéisme pour y voir une certaine parodie spiritualiste et subversion métapolitique. Cela doit provenir d'une réflexion personnelle sur le sujet : faites ce travail de réflexion et dites-nous si notre comparaison est partiellement ou entièrement fausse, qu'il n'y a aucun lien entre les deux, nous ne pouvons pas le faire à votre place. Mais il n'y a pas de « grand modèle » autre que celui de la « Tradition » qui puisse engager sur cette voie comparative. Les archétypes, symboles et principes métaphysiques premiers permettent, par une méthode comparative, de découvrir les parodies et subversions de traditions, du sacré, réduits à des expressions profanes, occultes.
Ce que vendent les prométhéens c'est d'être initié et d'atteindre à la plus haute réalisation et distinction spirituelle, de « mort à soi-même » et du « retour à l'Unité », sans devoir faire le moindre effort, en se branchant à un système informatique, en s'implantant une puce électronique, en modifiant son ADN et cela est très séduisant. Voilà où mène le « développement personnel » poussé à son paroxysme : au suicide occidental. On pourrait parler de transsubstantiation du corps humain en corps cybernétique éthérique par opération technoscientifique, en réalité sa disparition car la conclusion prométhéenne commune est souvent celle de la nécessité de notre grand-remplacement par des robots, plus à même à conquérir l'Espace que ne l'est l'être humain fait de chair et de sang, dont les turpitudes de l'âme et de l'esprit le rende imparfait. Ils pensent sans doute qu'il vaut mieux être un « singe savant » qu'un « ange déchu » et que, dans cette perspective évolutionniste, n'étant que des singes intelligents, les hommes, ces êtres « humains trop humain », ne peuvent que céder leur place à leur propre création pour « être comme des dieux ». Nous développerons cette idée ailleurs mais il est à penser qu'une « volonté extra-humaine » commande à la « volonté posthumaniste ». Quelques « résidus psychiques » dans la machinerie informatique prophétisent peut-être déjà l'avènement de l'Intelligence Artificielle singulière et consciente d'elle-même aux multitudes anonymes connectées à travers l'ingénierie cybernétique psychosociale transhumanistes et prométhéennes véhiculée par les posthumanistes par le biais d'Internet et la superposition infernale des écrans ?...
Il faut bien comprendre que les posthumanistes ont une croyance « occulte » particulière, totalement scientiste et new age, qui veut que nous vivons dans une « simulation » et sommes nous-mêmes les créations de « machines » ou d' « intelligences supérieures » – c'est très à la mode pour le moment –, que nous aurions, en quelque sorte, nous-mêmes créé dans le « passé ». Nous reparlerons, par exemple (et très bientôt), de la « théorie des anciens astronautes » pour démontrer que les « transhumanistes », dont Musk et Harari sont les prophètes, sont à l'avant-garde d'une forme avancée de complotisme des plus délirants et qu'ils valident directement ou indirectement ce genre de théories en les reformulant et leur donnant des lettres scientifiques de noblesse. Cela va prendre un certain temps, mais lorsque nous en aurons fini avec eux, car nous n'en sommes qu'au début, les zététiciens, qui se moquent des complotistes avec ce petit ton sarcastiques détestable, seront devant le fait accomplit de leurs filiations scientistes et new age. Nous l'affirmons d'autant plus tranquillement que ce travail, nous l'avons fait, nous reste à le formuler, à donner toutes les sources et références à ces arrogants que la Science va d'elle-même expurger. L'époque que nous vivons est formidable. La zététique et le transhumanisme sont le plus diabolique canular de l'Histoire. Nous pensons que les « prométhéens » peuvent s'en extraire et revenir au « pérennialisme ». Mais ce sont bien les forces de la Subversion qui sont derrière ce « narratif zététicien ». Complotistes, woke et prométhéens sont les « idiots utiles » du globalisme et de la « grande religion new age » contre la Tradition.
« Ce que Muray appelle l’« occulto-socialisme », c’est une solidarité ontologique entre deux tendances qui traversent le xixe siècle : d’une part le mouvement démocratique, progressiste et humanitaire à travers des figures littéraires telles que Victor Hugo ; d’autre part, l’espèce d’agitation néoreligieuse consécutive au vacillement de l’Église. Cette agitation, que Muray décide d’appeler « occultisme », va bien au-delà des petites pratiques telles que la nécromancie et les tables tournantes. Il s’agit de toutes les formes de panthéisme et de lectures religieuses du monde, antichrétiennes, néochrétiennes ou néopaïennes – conscientes ou non –, tantôt explicitement articulées à un projet politique, tantôt de manière latente. Muray observe comment deux individus a priori complètement différents, l’un incarnant l’« Oc », l’autre le « Soc », se retrouvent, ou alors comment, chez un même individu ces deux éléments s’articulent, en se succédant ou en se mélangeant. » Daoud Boughezala, Péguy, Muray: les antimodernes sont d’actualité, Causeur
Les transhumanistes, dans la pure tradition de l'occulto-socialisme – mais sans doute nous déniera-t-on le lien que nous faisons entre l'Homme augmenté transhumaniste et l'Homme nouveau socialiste –, se posent la grande question métaphysique de la Mort mais, paradoxalement, ils ne se confrontent et ne font jamais référence aux textes traditionnels et sacrés qui abordent cette question hautement philosophique et métaphysique, et pour cause. Lorsque, à de rares exceptions prométhéennes (et typiquement françaises ; les considérations prométhéennes et justifications pseudo-mythologiques n'ont pas cours dans le monde anglo-saxon et son approche purement matérialiste et rationaliste qui n'en est pas moins scientiste et new age), ces « nouveaux cathares » prétendent à une réinterprétation du mythe pour justifier leurs visions transhumanistes, pour donner un supplément d'âme à ces visions évolutionnistes et progressistes, c'est sans prendre en compte le fait, incontestable, que les mythes s'inscrivent dans un cadre traditionnel qui repose sur des archétypes, symboles et principes métaphysiques primordiaux, que les sciences profanes ignorent ou contestent grossièrement. Il faut donc choisir entre Progrès et Tradition et ne pas confondre innovations technoscientifiques et Progrès. Revenir à la Tradition. La vision cyclique du Temps implique nécessairement une vision « involutionniste ». C'est-à-dire l'inverse de la vision progressiste et évolutionniste qui veut que nous allons toujours vers un mieux et davantage d'efficacité du système technocapitaliste et du libéralisme triomphant...
Il y a deux manières d'envisager les choses que nous allons essayer de synthétiser : soit on considère que seul existe le cosmos physique de la matière manifestée et solidifiée, soit on considère qu'il « préexiste » une condition extra-cosmique métaphysique et non-manifestée à l'origine de la Création cosmogonique, cosmique et cosmologique de l’univers, de l'être et de l'étant, de l'existence et du vivant. Et, dans le deuxième cas, l'on comprend que l'Immortalité est une voie initiatique et spirituelle qui ne renvoie nullement à une opération technoscientifique et matérielle qui violerait tous les principes métaphysiques premiers, toutes les lois physiques et métaphysiques qui régissent et structurent l'Univers que l'on retrouve à l'intérieure de l'être lui-même. Dans le meilleur des cas, il faudrait accompagner l'augmentation matérielle de la réalisation spirituelle, que les deux s'opèrent simultanément.
Autrement dit, les textes sacrés ont « par avance » répondu à ces questions métaphysiques sur la mort et l'immortalité, l'entropie et l'information, depuis des temps immémoriaux, à travers les mythes et autres constructions poétiques, mais les transhumanistes réinventent tout un langage, que nous nous garderons bien de qualifier de scientifique, pour soigneusement éviter cette approche métaphysique traditionnelle et sacrée afin de vendre leur approche parodique et cybernétique de l' « intelligence artificielle » et de l' « homme augmenté ».
Pourquoi ?
Nous n'en avons aucune espèce d'idée et cela regarde leur conscience. Il suffit d'aller aux textes pour comprendre de quelle subversion la parodie transhumaniste est le nom. Mais il n'y a visiblement plus de philosophes et d’intellectuels « à Droite ». Nous essayerons donc de faire ce travail. Et nous combattrons ce qui doit être combattu. Entendons-nous bien : nous ne sommes pas technophobes. Ce sont les prométhéens qui refusent toute sagesse traditionnelle, toute morale et éthique, toute critique positive et opérative de la Technique, toute idée d'ésotérisme et de métaphysique, toute idée de « Tradition ». La « Tradition » c'est ce qui ne passe pas, qui se base sur le mythe, le rite et le rêve – sur les états multiples de l'imaginaire exprimés par la « théorie des trois mondes ». Les occidentalistes et prométhéens qui se gargarisent de « civilisation européenne », refusent, de fait, la trifonctionalité indo-européenne, l'Ordre et la Hiérarchie, la supériorité du spirituel et de la caste sacerdotale sur le temporel et les castes inférieures et profanes.
Les grecs, qui possédaient la sagesse du « juste milieu », et nous ont prévenus des dangers de l'hybris, notamment à travers le mythe de Prométhée, seraient, nous n'en doutons pas, d'accord avec nous pour dire que l'Esprit existe et qu'il est antérieur et supérieur à la « matière », que l'idée de « métaphysique » est sacrée et implique l'ésotérique : c'est-à-dire que la lecture exotérique et littéraliste des mythes est une lecture primaire, et grossière, des textes, et de ce qu'ils peuvent exprimer en terme de mise en garde. Les genèses de la création et de l'origine de l'être sont au centre des traditions, la raison même du mythe, du rite et du rêve en ce qu'elles nous renvoient au sens de la vie dont la naissance et la mort font partie, ne peuvent être remises en question car elles sont l'expression du Cycle lui-même. L'instant de la naissance et de la mort créent la dynamique du temps de la vie, de l'éternel présent. Ne parle-t-on pas du « cycle de la vie » ?
La subversion étant entendue et défendue par les avants-gardes transhumanistes elles-mêmes, qui admettent et affirment que la finalité du transhumanisme est le posthumanisme : c'est-à-dire l'éclatement de l' « intelligence humaine » dans le réseau informatique et/ou dans une simulation où il ne connaîtra ni la souffrance ni la mort, où il sera privé de son corps de chair et de grâce pour son bien-être, son « esprit » enfermé/interné dans un programme informatique pour l'éternité mais il sera « biologiquement » mort, son remplacement par les machines et, à terme, sa disparition intégrale même par cette logique de l'efficacité où il sera inutile pour les machines intelligentes, conscientes d'elles-mêmes et capables de se répliquer, de dépenser de l'énergie et de l'information pour amuser ou torturer l'Homme-pixelisé. Des machines qui ne seront jamais complètes sans l'abstraction et la subtilité humaine pour les « améliorer » : l'échec même de ce « sacrifice artificielle » est prévisible. Dans tous les cas son obsolescence organique programmée dans la droite ligne philosophique de ce qu'il convient d'appeler « suicide occidental » est bien une perspective transhumaniste exprimée par les transhumanistes eux-mêmes qui ont une haine pour le corps, une « haine » exprimée par leurs avants-gardes, pour l'homme comme « création divine » qu’ils estiment « imparfait ». Le transhumanisme s'avère être une phase de transition entre la postmodernité et la posthumanité. Le woke et le prométhéen, mariés devant l'autel du Progrès, sont main dans la main vers ce suicide aux allures de libertés et de vitalisme.
« Le vrai danger est de devenir obsolète. Pourquoi il faut être transhumaniste alors que cela pourrait potentiellement conduire à la fin de l’humanité ? Parce que c’est un devoir moral. Prométhée le veut. » NIMH, Lettre ouverte aux transhumanistes, Rage culture
« Parce que c’est un devoir moral » n'est pas une réponse, c'est une attestation de foi qui ne repose sur rien d'autre que sur la croyance techno-scientiste au transhumanisme et qui fait du prométhéisme une pseudo-religion. « Faire le mal » est possible, ça n'est pas pour autant qu'il soit morale de faire consciemment le mal. Sur la question de la Mort et de l'Immortalité, il nous semble que le recours à la sagesse et la métaphysique ne soit pas une démarche philosophique délirante et dénuée de sens...
Nous sommes, désormais, en état de guerre « psychologique » civile contre les globalistes et les occidentalistes, les woke et les transhumanistes, les complotistes et les zététiciens.
La Droite a besoin de faire un « grand retour sur elle-même » car en dehors de « en ont marre des arabes », les droitards, occidentalistes et prométhéens seraient bien en peine de définir « qu'est-ce que la Droite » ?
Nous ne demandons rien de plus que de prendre en considération la « Nostalgie du Sacré » et de s'enraciner dans la Tradition au sens « métapolitique », en terme de « réenchantement »... Mais cela semble être trop demandé aux conservateurs dont le travail éditorial et de formation est purement spéculatif, profane, et à la fin tout aussi subversif qu'il est conformiste...
La Tradition ne peut être que dynamique et opérative où elle n'est pas « Tradition ».
Vive l'Empire eurasiatique de la Fin !
Laurent Brunet
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