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13/10/2021

Axe Grand-Continental II (Jean Parvulesco)

Jean Parvulesco, Un Retour en Colchide, pp. 52/54, aux éditions Guy Trédaniel Éditeur

 

(430) Evgueni Maximovitch Primakov vient d'être nommé Premier ministre. Le chaos s'installe en Russie, soudain tout semble sur le point de basculer dans le vide sanglant des recommencements antérieurs, le spectre du communisme refait sournoisement surface.

 

La catastrophe politico-économique de la Russie est organisée, dans l'ombre, depuis l'extérieur : en s'attaquant à la Russie, la puissance des ténèbres à l’œuvre dans l'histoire actuelle du monde s'attaque au concept en marche de la grande Europe et aux visées impériales grand-continentales eurasiatiques de celle-ci. C'est en effet la Russie qui assure, géopolitiquement aussi bien qu'en termes de « grand destin », le pont de passage et d'intégration du pôle carolingien franco-allemand en direction de la Grande Sibérie, de l'Inde et du Japon, et la présente tentative de neutralisation politico-économique de la Russie est destinée à empêcher, à bloquer la marche en avant du processus de mobilisation impériale et polaire européenne grand-continentale, la constitution à terme de l'empire eurasiatique de la Fin pour lequel nous combattons, nous autres « travailleurs de minuit » de l'achèvement révolutionnaire, de la mise en situation immédiatement eschatologique de l'actuelle histoire du monde, entrée en son cycle terminal ultime.

 

C'est à l'Allemagne que doit être imputée aujourd'hui, en premier lieu, la présente catastrophe de la Russie, parce que c'est à l'Allemagne qu'était échue la charge d'organiser et de promouvoir, après l’effondrement du communisme soviétique, les forces national-révolutionnaires émergentes en Russie, de les soutenir et de les armer, doctrinalement aussi bien qu'en termes d'action politique immédiate, de manière à ce que le front intérieur national-révolutionnaire puisse s'occuper réellement d'activer le démantèlement des derniers foyers en place de la conspiration soviétique, ainsi que de faire face – en même temps – à l'offensive extérieur du capitalisme mondial, sous lequel se cache l'action subversivement permanente de l'impérialisme planétaire des États-Unis.

 

Pourquoi l'Allemagne n'a-t-elle pas été en situation d'accomplir la tâche spéciale qui était la sienne à l'égard de la Nouvelle Russie ? Parce que, sur le plan interne, l'Allemagne elle-même s'est trouvée neutralisée, politiquement bloquée par l'assaut permanent de la subversion socialo-communiste et gaucho-trotskyste souterrainement toujours e place, assaut auquel le régime du chancelier Helmut Kolh n'a pas su ni sans doute pu opposer la contre-stratégie qui eût pu contenir et finalement anéantir le travail négatif de l'opposition marxiste. Et cela à cause de cet extraordinaire état d'hémiplégie progressive dont l'Allemagne se trouve si dramatiquement affligée, à la suite de l'impuissance d'une classe politique inepte et corrompue jusqu'à l'os, aliénée par la culpabilisation qu'on lui fait subir et assumer depuis 1943, et qui a fini par devenir une condition fondamentale de l'actuelle conscience politico-historique allemande.

 

Cependant, cette culpabilisation abyssale de sa conscience politique et historique nationale n'est pas seulement propre à l'Allemagne ; l'Europe dans son entier – et plus particulièrement, depuis quelques années, la France – s'est trouvée contrainte à la même aliénation, subversivement concertée en vue de la neutralisation de ses pouvoirs de décision, d'affirmation politique offensive propres.

 

Aussi l'auto-déculpabilisation révolutionnaire de la conscience politique et historique de l'Allemagne et de l'Europe devient-elle aujourd'hui la condition absolument fondamentale de tout recommencement d'un destin autre de l'Europe, la condition fondationnelle même d'une Nouvelle Europe conforme à son ultérieure prédestination grand-continentale eurasiatique.

 

Les faits sont en train de le prouver : l'histoire de la décadence politico-historique de l'Europe, sa marche suicidaire vers la démission totale et l'impuissance irréversible s'identifie ouvertement avec l'histoire de la montée au pouvoir du socialisme européen en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Le socialisme, c'est le sida en phase terminale de l'histoire actuelle de l'Europe.

 

Car c'est le socialisme qui se trouve à l'origine de la mise en culpabilisation de l'Europe et, encore une fois, l'auto-déculpabilisation révolutionnaire de l'Europe constitue la condition première de sa libération, de la mise en marche du processus de ses retrouvailles avec son destin propre, avec son nouveau destin impérial révolutionnaire de la fin.

 

Cela ne servirait à rien de se le dissimuler : l'arrivée au pouvoir, en Allemagne, de la coalition socialiste du nouveau chancelier Gerhard Schröder constitue une défaite apocalyptique pour l'Europe de la ligne grand-continentale eurasiatique, l'équivalent, dans les circonstances actuelles, de la défaite politico-historique de 1945. Ce terrible revers du destin de la liberté européenne dont Gerhard Schröder devient aujourd'hui le symbole et l'axe de renversement, comment le dépasser ? Quelle contre-stratégie opposer à cette soudaine rupture des digues ? Que Faire ?

 

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Axe Grand-Continental I (Jean Parvulesco)

Jean Parvulesco, Un Retour en Colchide, pp. 34/35, aux éditions Guy Trédaniel Éditeur

 

(412) L’accession de l'Inde à la puissance nucléaire a donné un coup d'accélération à la fois décisif et irrévocable à la mise en place de l'axe grand-continental Paris-Berlin-New Delhi-Tokyo, dégageant d'une manière soudain définitive la constitution de la « superpuissance impériale océanique américaine » dont l'antagonisme ontologique est ainsi devenu manifeste jusqu'à son niveau politico-historique immédiat et direct.

 

Or, à l’encerclement de la forteresse grand-continentale eurasiatique par la subversion de l'Islam Fondamentaliste que les États-Unis soutiennent et exacerbent souterrainement, l'actuelle visite de Bill Clinton à Pékin vient d'ajouter – d'installer, de consacrer, de dévoiler ouvertement – la mobilisation contre-offensive de la Chine, qui devient ainsi la tête de pont de la conjuration du Pacifique sino-américaine sur le flanc oriental du Grand Continent.

 

Bloquée par l'Inde, par la Russie et par le Japon, la Chine n'en constitue pas moins, désormais, le centre de gravité négatif du Grand Continent, destiné à déstabiliser de l'intérieur l'unité géopolitique grand-continentale eurasiatique pour le compte de la conjuration et de l'actuelle action impériale planétaire des États-Unis, ou plutôt de leur dessein impérialiste permanent.

 

Aussi la visite de Bill Clinton à Pékin constitue-t-elle l'équivalent d'un immense tremblement de terre, d'une remise en cause profonde de la situation géopolitique planétaire d'aujourd'hui et, surtout, de demain. Car le premier siècle du prochain millénaire sera celui de la confrontation décisive et totale de la « superpuissance impériale continentale eurasiatique » et de la « superpuissance impériale océanique américaine ». La configuration intime de la future conflagration planétaire est mise en place. Quelles qu'elles soient, les idéologies – le communisme chinois par exemple – ne servent jamais qu'à la mise en train politico-historique des commandements médiumniques voilés, des poussées permanentes de la grande géopolitique planétaire et de son propre champ de pertinence unitaire, suprahistorique. Car la géopolitique n'est que la manifestation historique visible du secret abyssal du « feu central de la terre »

 

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13/09/2021

Les fondements de la géopolitique transcendantale (Jean Parvulesco)

Jean Parvulesco, Les fondements géopolitiques du "Grand Gaullisme", Les fondements de la géopolitique transcendantale, pp. 85 à 88, aux éditions Guy Trédaniel Éditeur

 

Encore une fois, "les forces de poussées s'exercent toujours dans le même sens". Or, là où la géopolitique conventionnelle ne  se met en marche que par la seule dialectique immanente de sa propre fatalité originaire, la géopolitique transcendantale fait révolutionnairement appel à l'immanente conception d'une volonté de changement et de poussée virginales, dont la fondations actives sont et, à chaque fois, se veulent, d'ordre transhistorique, venant d'en dehors et comme au-delà de l'histoire pour émerger dans l’histoire dans les termes d'un projet et d'une décision résolue (Entwurf, dirait Heidegger, et aussi Entschlosseheit), projet et décision résolue qui, ensemble, recommencement l'histoire mondiale à partir de sa négation et de sa suspension phénoménologiques, à travers le processus même de l'interruption catastrophique de l'histoire et de son auto-anéantissement. Longtemps, et dans bien longtemps seulement après les tumultes hallucinés et le vide final du sombre Ragnarök, la frêle petite pousse nouvelle reverdira, pullis pullique pulolorum.

 

Au-delà donc du niveau analytique des forces objectivement historiques et historiquement objectives mobilisées à l'intérieur d'une conjecture planétaire d'ensemble, au-delà de tout Weltage pourrait-on dire, en reprenant la terminologie majeure de Ratzel, au-delà donc du matérialisme dialectique de ce qui se cantonnerait au seul niveau de la réalité dite objective, la géopolitique transcendantale introduit abruptement et comme à partir de rien le front des poussées révolutionnaires fondées en conscience, le front des courants et des forces de mobilisation transhistorique dont l'histoire mondiale dans sa marche se trouve traversée comme par des éclairs, et souvent même mise à feu et plongée dans l'embrasement général.

 

Le premier christianisme occidental dans sa saison d'expansion mystique et combattante, transmigratoire, l'Islam dans la gloire incendiaire et hallucinée des grands Khâlifats, l'éblouissant eschaton impérial de Frédéric II Hohnenstaufen et, ensuite, la conjuration gibeline au cœur du Moyen-Age déjà crépusculaire, mais aussi l'eidos révolutionnaire impérial du dernier Occident, l'Occident au-delà, déjà, de tout Occident, se jetant en avant, par quatre fois, à la recherche de son identité planétaire finale - par quatre fois, et à chaque fois à travers l'existence d'un homme agissant au-delà de lui-même, en tant que concept absolu de l'histoire, l'homme du grand soleil blanc d'Austerlitz, l'homme des hautes clameurs sidérales et polaires, des plus hautes clameurs galactiques de la Ultima Thulé hyperboréenne, de la Thulé Sarmatica, et celui, enfin, que l'on avait nommé "l'homme des tempêtes" alors qu'il aurait fallu qu'on l'appelât l'homme des "profondeurs sans visage" d'Ingolstadt - apparaissent ainsi, et deviennent, dans le ciel pourpre et noir de la grande tragédie historique occidentale, comme autant de raisons irrationnellement agissantes de la géopolitique transcendantale dans son analyse du combat permanent, ou plutôt indéfiniment repris pour la domination planétaire, du combat pour le sens final de l'histoire.

 

Ces dénominations chiffrées, emblématiquement codées, de "l'homme agissant au-delà de lui-même", du "concept absolu", je les ai empruntées, dans un dessein précis, à une brochure activiste, récente, et des plus subversives, et que je ne saurais citer ici parce que trop compromettante, mais on aura, je suppose, déjà reconnu que "l'homme du grand soleil blanc d'Austerlitz" est Napoléon, que "l'homme des hautes clameurs sidérales et polaires, des plus grandes clameurs galactiques de la Ultima Thulé hyperboréenne" est Adolf Hitler, que "l'homme des silences nocturnes, œcuméniques et sanglantes de la Thulé Sarmatica" est I.V Staline, et que celui, enfin, que l'on avait nommé "l'homme des tempêtes" alors qu'il aurait fallut qu'on l'appelât l'homme des "profondeurs sans visages d'Ingoldstadt" n'est autre que Charles de Gaulle.

 

Et ne peut-on aussi très considérer que, dans le devenir tumultueux et qui sans cesse voudrait s’effacer de cette histoire qui reste nôtre qu'on le veuille ou non, tous ces noms ne font qu'un seul nom, que tous ceux que l'on a ainsi convoqués ici ne font à la fin qu'un seul personnage, innommable et innommé, un seul "visage immobile" - comme l'eût dit Raymod Abellio - face à la tâche pré-ontologique impériale qu'il nous est demandé de poursuivre jusqu'à la fin de l'histoire et au-delà même de l'histoire, la tâche qui fait de nous les porteurs médiumniques de la figure vivante de l'Imperium et de l'immémorable abyssale de celui-ci ?

 

Et au-delà de toute fidélité, notre honneur ne s'appelle-t-il pas recommencement ?

 

Pour la géopolitique conventionnelle, tout, dans l'histoire, est réussite, accomplissement, destin se refermant sur lui-même, parce que tout appartient à l'histoire, tout vient de l'histoire et va, retourne l'histoire, dans la "grande histoire", ne saurait parvenir à la réussite totale, accomplie, de son unique projet originaire, parce que, dans l'histoire, rien n'appartient en propre à l'histoire, rien ne vient de l'histoire elle-même, et rien n'y va et, en tout cas, jamais rien n'y retourne plus une fois que les temps sont révolus. L'histoire dévore, anéantit : rien n'y revient ni ne revivra plus, une fois le processus achevé du projet qui, dans les termes d'une décision résolue, aura choisi de venir aventureusement à l'histoire, et même, en quelque sorte de se rendre à l'histoire, et de s'y perdre. Tout ce qui revient est autre.

 

Encore une fois donc, Rome, le soleil et la mort, même si le Général de Gaulle ne fut point le Connétable de Bourbon, ni moi-même sur les traces de Cornelius Agrippa.

 

Notre honneur, je viens de le dire, s'appelle recommencement. A condition, toutefois, que l'on eût compris que tout ce qui revient est autre.

 

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