08/01/2015
Les Deux Étendards : la Tradition face à l'Anti-Tradition (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, Le Retour des Grands Temps, Nous sommes l’Église de la Fin, Les Deux Étendards : la Tradition face à l'Anti-Tradition, pp. 434-439, aux éditions Guy Trédaniel
En fait, il s'agit de procéder au rassemblement final des forces vives de la Tradition, dans le sens guénonien et sempiternel du terme, face aux plans de prise en main criminelle et de domination totale du monde et de son histoire présente et à venir par les puissances déjà en action, déjà presque victorieuses, de l'Anti-Tradition et du Mystère d'Iniquité se tenant derrière celle-ci. Cette confrontation prévisible, imminente de la Tradition et de l'Anti-Tradition – déjà, il y a un demi-siècle, Pie XII en était venu à s'écrier que le conflit entre le Christ et l'Antéchrist prend des formes gigantesques – aura donc à décider du sens ultime, de la forme définitive des rapports de la race humaine avec son propre devenir, avec les aboutissements irrévocables de celle-ci : le surhomme christologiquement divinisé avec la ligne traditionnelle, catholique et polaire, de la Tradition, ou le sous-homme bestialisé avec la ligne infernale de l'Anti-Tradition. Et l'on y retrouve, ainsi, la figure agissante de la méditation apocalyptique fondamentale de saint Ignace de Loyola qui a tant passionné les nôtres, la figure de la méditation des Deux Étendards.
Déjà, avec la fin annoncée des idéologies, l'histoire – la « grande histoire » entrait sous la juridiction providentielle de la théologie active, et déjà l'histoire elle-même devenait théologie avec la naissance, en son sein même, du mouvement des profondeurs qui voulait donner à la théologie – j'entends au catholicisme – les missions d'un suprême intervenant dans le cours final de l'histoire, dont l'accélération même, dans sa course vers une sorte de conclusion à la fois encore inconcevable mais déjà pressentie, révélait, à qui savait y voir, l'imminence désormais assurée de ce a quoi, à l'heure présente, il nous est demandé de faire face au péril de plus que la vie, au péril même de la condition surnaturelle de l'humanité sauvée par le sacrifice sanglant de l'Unique Seigneur de la Vigne. Les temps ardents de l'intelligence cachée dans le Vin de Sainteté reviennent-ils ?
Ainsi, suivant la nouvelle perspective métahistorique entrouverte, aujourd'hui, devant nous, par les premiers annoncements du Projet Troisième Millénaire, bien d’initiatives catholiques d'un assez récent passé prennent-elles une signification révélatrice, entière, immédiatement décisive, s'éclaircissant de l'intérieur. Et pourtant, ces initiatives, tout à fait révolutionnaires en leurs temps, qui avait alors su les comprendre à leur plus juste niveau de fait ? Mais de quelle initiative parle-t-on en l’occurrence ?
Précisons. Le Mouvement pour un Monde Meilleur (MMM) de Pie XII, qui avait voulu faire, du catholicisme ouvertement mobilisé à l'avant-garde de l'histoire, comme un autre Ordre du Temple, une force de bataille supranaturelle engagée contre le front des ingérences dévastatrices de la Puissance des Ténèbres secrètement en première ligne à l'issue de la guerre planétaire de 1939-1945, et détenant en son pouvoir le gigantesque appareil criminel des masses communistes et de leurs hiérarchies d'encadrement et de guerre clandestine ; ainsi que le très extraordinaire corps d'enseignements eschatologiques – voire apocalyptiques – si hautement inspirés qu'avait su mobiliser et proclamer, à « l'heure la plus noire », le même Pie XII, pour qu'ils servent à confronter, à armer ce que lui-même appelait, alors, le mystère du prochain Renouveau intérieur, résurrectionnel et cosmique de l’Église, et la venue à terme de ce mystérieux Réveil devant y trouver son accomplissement suprahistorique immédiat, et son Règne ; tout comme, plus tard, sous d'autres pontificats, les profonds remous précédant l’événement vertigineux du Concile Vatican II – malheureusement détourné de ses buts premiers, surnaturels, et jusque dans son identité même, par les forces infernales négativement à l’œuvre de l’Anti-Église agissant au sein même de l’Église – et de ce que le même Concile Vatican II eût pu être si on en avait pu sauver ce qui n'avait pas pu l'être.
Toutes ces initiatives, et bien d'autres, mieux dissimulés sans doute, avaient été, aujourd'hui on est en état de le comprendre, et de le comprendre d'une manière active, autant de tentatives préliminaires, autant d'approches successives du travail souterrain continuellement accompli par le Saint-Esprit dans le but de faire qu'à la fin surgisse, culminative, éblouissante, la figure apocalyptique de la mission directe de l’Église dans l'histoire. Car, en cette fin presque déjà au-delà de toute fin, l’Église – je veux dire l’Église en tant que telle – devra agir, imposer sa propre volonté révolutionnaire et ses propres révélations, sa propre dialectique du renversement totale, au sein de l'histoire du monde en tant que tel, au terme de l'histoire de ce monde en tant que telle. Nous y sommes, l'heure est venue.
Cependant, et à cause de tout cela précisément, un formidable travail de surveillance et de contrôle spirituel et contre-stratégique direct, de tous les instants, devient plus que jamais nécessaire, une question de vie ou de mort, une question de vie éternelle et de mort éternelle, de la part des forces vives invitées à répondre à la mobilisation inconditionnelle qu'exige déjà, à présent, une entreprise traditionaliste de dimensions planétaires, immédiatement métahistoriques, comme celle du Projet Troisième Millénaire. Et celui-ci attirant tout à lui.
Car, déjà, une vaste structure désinformationnelle se met actuellement en place, cherche ses marques diversionnistes et d'encerclement accéléré par rapport aux positions préannoncées du Projet Troisième Millénaire.
D'une manière assez paradoxale, la première ligne d'attaque en cours contre le Projet Troisième Millénaire provient de certains milieux intégristes – dans le sens fondamentaliste du terme – qui œuvrent en utilisant des arguments, des « dénonciations » essentiellement fondamentalistes, qui mettent en branle des cercles, organisations, instances d'influence ouvertement fondamentalistes. Ainsi, l'affirmation, mise en ventilation par le trébuchement de certaines officines plus ou moins spécialisées, et plus encore en donnant cours a des vagues successives de rumeurs orientées, selon laquelle le Projet Troisième Millénaire serait utilisé par Jean Paul II dans le but de parvenir à clandestinement procéder à l'abdication finale, sans retour, du catholicisme traditionnel dans les eaux noires d'un œcuménisme irrémissible, visant à dévoyer, à dissoudre le dépôt catholique de notre Foi par le vitriol d'un mondialisme de manipulation maçonnique supérieure, ou autre chose.
Feignant de ne pas comprendre – ou réellement aveuglés par qui, en l’occurrence, aveuglés, les manipule sans vergogne ni pitié, les « mène à l'abattoir » – les tenants de cette thèse désinformative confondent, ou font bien à dessein semblant de confondre, une opération de mise en convergence des spirations métahistoriques agissantes des forces spirituelles actuellement investies dans le monde – dont le catholicisme – invitées, et très précisément par le catholicisme, à faire front, ensemble, à un défi apocalyptique final, au Suprême Défi de la Puissance des Ténèbres, et je ne sais quelle opération de mise en assujettissement, de je ne sais quel projet d'aliénation, de dissolution du catholicisme dans un état d’œcuménisme larvaire qui, de toutes façons, en représenterait comme une liquidation frauduleuse, irrémissible.
Cet amalgame est essentiellement criminel, et doit être traité de la sorte, sans la moindre complaisance suscitée par les prétentions traditionalistes de ses colporteurs, fussent-ils masqués pour les besoins ambigus de leur cause qui, d'ailleurs, en cache une autre, plus obscure.
En ce qui nous concerne, les choses me semblent on ne saurait pas plus claires. Ce que, suivant la dialectique combattante des Deux Étendards, Rome veut obtenir à travers son Projet Troisième Millénaire – ou Projet du Mont Sinai – c'est que l'on dressât, d'urgence, l'inventaire transcendantal de ceux qui, à l'heure qui vient, se trouveront sous l’Étendard Blanc, l'étendard du Camp de Rome.
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
26/12/2014
La Plus Grande Europe progresse. Inéluctablement (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La confirmation boréale, La Stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou, La Plus Grande Europe progresse. Inéluctablement, pp. 311-312, aux éditions Alexipharmaque
Ainsi se fait-il que malgré l'état de l'actuelle mainmise inconditionnelle de la conspiration mondialiste sur l'ensemble des structures politiques de la social-démocratie, l'histoire, de par elle-même, avance en imposant de force sa propre spirale décisionnelle, ses propres changements de fond et ses propres formes de renouvellement par dessus les circonstances de fait et les desseins hégémoniques de l'impérialisme démocratique des États-Unis subversivement à l’œuvre à l'intérieur de l'espace de sa visée européenne permanente : mystérieusement, des choses se font, qui ne devraient pas se faire, des choses à la fois irrévocables et secrètement fondamentales. Comme si, sans cesse, l'histoire échappait de par elle-même à l'emprise de la subversion mondiale sur l'Europe naissante, à toutes les manigances dans l'ombre. On l'a vu, l'objectif ultime de la grande stratégie politique actuelle et à venir de la conspiration mondialiste est et sera celui d'empêcher par tous les moyens l'émergence impériale de la Grande Europe : malgré cela, de par le mouvement intérieur même de l'histoire est en marche, la plus Grande Europe ne cesse de progresser, inéluctablement. Et c'est du sein même du pouvoir social-démocrate européen que les initiatives concernant cette marche en avant de l'Europe, comme celle de Joschka Fischer, surgissent, alors que le pouvoir social-démocrate n'est là que pour empêcher l'affirmation, la mise en œuvre effective. L'étonnante performance européenne de Jacques Chirac, le 27 juin 2000, à Berlin, devant le Reichstag au grand complet, appartient au même genre d’opération inconsciemment imposée par la marche propre de l'histoire, de l'histoire qui suit les commandements de sa propre irrationalité dogmatique. Quoi qu'ils fassent, ce n'est que ce qui doit se faire qui se fera.
Car l'histoire qui se révèle dans ses choix propres sera toujours plus forte que l'histoire qui révèle les choix que l'on tente de lui imposer.
Des forces historiques irrationnelles combattent souterrainement, soutiennent notre propre combat pour la mise en piste de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Les apparences objectives de la situation sont contre nous. Mais, à la fin, seules comptent les certitudes contre-objectives émanant de la marche même de l'histoire, la part abyssale.
précédent : C'est l'histoire qui décide
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
C'est l'histoire qui décide (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La confirmation boréale, La Stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris -Berlin-Moscou, C'est l'histoire qui décide, pp. 310-311, aux éditions Alexipharmaque
La conspiration mondialiste peut très certainement prétendre, à l'heure actuelle, d'être en état de tout verrouiller, de neutraliser toute velléité de résistance européenne, cette prétention se trouvant posée dans les termes mêmes de la dialectique offensive de ses propres intérêts d'ensemble, de ses propres desseins, désormais à découvert, de domination planétaire. La conspiration mondialiste s'y croit déjà.
Mais l'histoire n'est absolument pas la somme de ses circonstances : au contraire, c'est l’histoire qui décide, invente et impose irrationnellement les circonstances de sa propre marche en avant. Les circonstances historiques ne sont jamais que les effets d'une cause abyssale, la cause même de ce « mystère de civilisation » dont parlait Balzac et qui est la clef occulte de toute "grande politique" européenne continentale, eurasiatique.
Les tenants actuels de la conspiration mondialiste commandent aux effets circonstanciels de l'histoire visible. Nous autres, qui sommes du côté de l' « Europe comme mystère », nous commandons aux causes, parce que ce sont les causes qui nous commandent, directement. Les causes invisibles, abyssales, eschatologiques et providentielles, les « causes premières ». A la terreur de la raison démocratique totalitaire, nous opposons la ligne de front de l'irrationalité dogmatique de l'histoire elle-même.
suite : La Plus Grande Europe progresse. Inéluctablement précédent : Balzac : grande famille continentale et mystère de civilisation
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |