20/03/2018
Les feux de la Grande Ourse (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco - La Spirale Prophétique - G.I. Gurdjieff et la Fraternité des Polaires - Les feux de la Grande Ourse - p. 265 à 266
Rappelons-nous donc, aussi, qu'une antique prophétique gnostique, aujourd'hui bien oubliée, liait la réapparition d'Enoch et l'établissement de sa régence apocalyptique finale aux destinées occultes de l'ancienne Cappadoce, terre hantée depuis toujours par les puissances du feu spirituel des origines, du Feu Vivant, dit Le Libre d'Enoch, Feu Vivant dans lequel il s'agit de reconnaître la préfiguration cosmogonique fondamentale du Saint-Esprit.
Or G.I. Gurdjieff n'était-il pas lui-même originaire, précisément, de la Cappadoce ? Tout a commencé, tout finira en Cappadoce, cœur vivant et battant de cette zone mystérieuse et toujours virginalement refermée sur elle-même qui, par les rivages escarpés de la mer Noire, domaine de l'ancienne Maîtresse Pontique, l'unique, la sombre, l'extatique, la sanglante, fait se rencontrer, aujourd'hui encore, mais dans les souterrains de quel terrible, de quel vertigineux secret au noir, l'éthos visionnaire et cosmologique du Sud-Est européen avec lui, non moins hanté, non moins embrasé et embrassant, des hauts lieux prédestinés d'Asie Centrale, du Nord de l'Inde, de la Chine et du Japon, l'un et l'autre entièrement assujettis au souvenir immémoriale de leurs provenances de la Grande Ourse. Or ce faisant, la Cappadoce n'en finit plus de reconstituer, dans l'invisible, l'unité originale de ce qui avait été et qui n'est plus, mais qui reviendra à nouveau quand les temps seront prêts. Il y a, en effet, un mystère actuel, et même extraordinairement actuel de la réapparition, suractivée, et, au regard de quelques-uns, déjà paroxystique, de l'Eurasie antérieure, dont la nouvelle émergence s'annonce, précisément, au niveau d'un certain réveil spirituel, d'une certaine attente aurorale, d'une certaine conscience révolutionnaire gnostique et, de par cela même, transhistorique. Or, de toute évidence, c'est le mystère de cette nouvelle émergence transhistorique de l'Eurasie antérieure en terme de réveil, d'attente, de conscience que G.I. Gurdjieff avait été chargé de véhiculer, de faire pénétrer eucharistiquement dans la conscience occidentale de l'Europe actuelle, de l'Europe de la fin, de l'Europe souterraine dont le futur éveil à l'Esprit, au Feu Vivant, incendiera le monde à nouveau, et tous les cieux. Faut-il encore le préciser ? Ce futur éveil de la conscience occidentale de l'Europe de la fin, si dramatiquement mis à feu par le ministère occulte de G.I. Gurdjieff, doit comporter aussi, et c'est ce qui sera, une nouvelle dimension religieuse, fondamentalement gnostique et cosmologique, et bien plus encore, une nouvelle religion de salut, une nouvelle religion salvatrice, vivante, catholique et agissante. Or celle-ci ne saurait être, en tout état de cause, que la religion du Feu Vivant qui se cache, depuis si longtemps, derrière les révélations incendiaires du Livre d'Enoch.
Ainsi, pour ceux qui sauraient s'y aventurer spirituellement, une définition topologique active de cet espace interdit, de ce vaste territoire transcendantal qui recouvre et entretient le mystère vivant de la plus grande Cappadoce et de ses terres pontiques originales, se trouve charitablement dissimulée dans Rencontres avec des hommes remarquables, le seul livre vraiment initiatique de G.I. Gurdjieff, mais, aussi, le seul livre occidental contemporain bénéficiant d'une lecture chiffrée au niveau de l'être, d'une mise en chiffre ontologique et dont les clefs de déchiffrement impliquent et exigent l'utilisation de la constellation de la Grande Ourse en tant que telle.
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La Pierre du Néant (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco - La Spirale Prophétique - Le recours à l'appui extérieur - La Pierre du Néant - p.191 à 192
Vers quelle direction polaire ultime, quand et comment se dresser alors dans le brasier menacé de la foi, dans sa limpide et intraitable volonté de franchir l'interdit, pour demander, pour tenter d'arracher de force l'appui extérieur fondamental, l'appui extérieur à la fois salvateur et libérateur devant le mystère vivant et non-vivant de la Pierre du Néant ? La sombre vérité reste cependant la suivante : dans les temps du Kâli-yuga, il n'y a plus, en Occident ni en Orient, de congrégation gnostique majeure ni de représentant qualifié de celui-ci, auprès de qui on pourrait implorer, ou exiger l'appui extérieur de la fin.
Alors, dans la saison terminale du Kâli-yuga, il n'y a plus de salut, ni de délivrance, ni de libération dans la vie. Seuls obtiennent l'appui extérieur devant l'obstacle au noir de l'épreuve infranchissable, de l'épreuve décisive et plus que décisive, de l'épreuve constitutive, ceux qui servent, dans le visible et dans l'invisible, mais dans les deux cas très occultement, le seul dessein de la Divine Providence en action, les agents secrets de la marche en avant de l'histoire et qui agissent, déjà, non du point de vue de l'histoire, elle-même, mais directement à l'avant-garde de la transhistoire, depuis le lieu-même où s'exerce l'attraction en spirale de la volonté de celui qui est chargé de tout mener amoureusement à son terme ultime.
Faut-il le répéter ? Au bout du cycle final entré dans sa phase la plus noire, il n'y a plus de salut, ni de délivrance sans mission spéciale. Heureux donc ceux qui ont déjà lavé leurs robes dans la bouilloire de leur propre sang, car c'est ainsi qu'il saura les reconnaître celui qui est le seul dispensateur de l'appui final dans les temps nocturnes du Kâli-yuga, lui même étant le Tout Dernier.
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12/04/2017
Le recours à l'appui extérieur (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La Spirale Prophétique, Le recours à l'appui extérieur, pp.189 à 191, Guy Trédaniel Éditions
« L'engagement spirituel de celui qui se voit mystérieusement tenu de chercher en lui-même sa propre vérité vivante et la puissance cosmogonique de celle-ci n'implique en rien l'aboutissement final, la réussite, fut-elle partielle, de la recherche entreprise, ni ne saurait en tenir le résultat espéré pour donner d'avance. Au contraire, le chemin de la marche en avant se trouve presque toujours sournoisement dévié, interrompu ou obstrué de noir, suspendu sans fin devant la tragédie de l'obstacle imprévu et à jamais insurmontable qui représente l'épreuve propre, l'épreuve que l'on pourrait appeler fondamentale de tout passage à un stade irrévocablement supérieur de l'être. Il n'empêche que les ralentissements de la montée, les éboulements mystiques et les arrêts en chemin, les longs passages au noir, considérés dans le déploiement même de la spirale gnostique en marche, doivent être tenus pour autant d'épreuves, pour autant de stations initiatiques d'écartèlement sanglant et de passage par les fournaises intérieures de la croissance de l'éveil si l'on ne veut pas qu'il deviennent, ces ralentissements, ces éboulements, ces arrêts, ces passages au noir, autant d'arrêts de mort, le brusque effondrement dans ce puits du néant défini comme l'irrémédiable même par tous ceux qui en sont venus à savoir de quoi ils parlent.
Cependant, l'épreuve, et quelle qu'elle fût, n'est jamais suscitée pour que l'on avise de la contourner subversivement, mais pour qu'elle soit prise nuptialement, dramatiquement à bras le corps, assumée jusqu'à en faire une nourriture intérieure et un feu intérieur de ce contre quoi elle s'est trouvé appelée à agir là même où elle agit, en nous ou hors de nous. Toute grande épreuve est donc une chance de vive, tranchante, l'offre unique d'amorcer une montée autre, de se hausser plus et encore, aventureusement, dans le perpétuel retournement sur soi-même de la spirale cosmogonique porteuse ; toute épreuve est sommation de gloire pour celui qui sait se résoudre à lui faire face héroïquement. Tel fut aussi le pouvoir du mot à couvert de ce qu'il était convenu d’appeler, l'heure venue, les vertus d’héroïcité dans la conception active et eucharistiquement vivante de la sainteté qui s'avère celle de certains ordres catholiques militants durant le grand été ontologique du moyen-âge (et même par la suite ; tout près de nous, n'instruisit-on pas les vertus d'héroïsme d'une Sainte Bernadette Soubirous, d'un saint Pie X, d'une sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, répondant tous d'une mystique, d'une vision spirituelle totale fondée exclusivement sur l'héroïsme). Aussi, dans la montée spirituelle, il n'y a jamais de retour en arrière, ni d'arrêt, l'un et l'autre étant chaque fois, le signe du glissement fatal, de l'abdication forcée devant la mort - ou, comme ils disent, devant la seconde mort - que craignent tous les grands confesseurs des voies ascensionnelles avant choisi le danger de la marche au bord du ravin qui longe l'irrémédiable. Alors ceux-ci se font-ils soutenir et porter, inconsciemment, par les souffles transcendantaux de Vâyu, le vent tout-puissant des abîmes ultimes qui, dans la tradition hindoue, hante les cieux intérieurs du Soufle vital, les poumons embrasés de l'unique poitrine. Mais, longer ainsi le bord du ravin fatal est aussi la marche de concert avec la volonté occulte et immédiatement agissante de Dieu, ce que l'hindouisme traditionnelle appelle du nom de brahmachariya, la marche du brahamacharî avec Dieu, dont on devient alors le compagnon unique.
C'est là, pourtant, qu'apparaît le véritable vertige de l'interdit ultime : si nulle épreuve ne saurait être fatale en elle-même , parce que chaque fois qu'elle présente comme épreuve, elle se trouve située à peine un peu au-dessus de la ligne du plus extrême effort que l'on peut livrer de soi-même pour la dépasser, pour la réduire, le nombre de ceux qui parviennent à se hisser, exclusivement de par eux-mêmes, au-dessus précisément de ce léger surplus au-delà de leurs dernières forces n'appartient plus, dans les sombres temps du Kâli-yuga, les nôtres, qu'aux plus grands, aux fondateurs éveillées des mondes en recommencement et des cycles d'illumination compassionnelle ou amoureuse d'un passé déjà immémorial ou qui resteraient à venir.
Car, en fait, nulle grande épreuve ne saurait être résolue sans le secours, sans l'appui extérieur d'une puissance occultement requise et engagée à cette fin décisive. Aussi le problème des terribles obstacles que l'on n'en finit plus de rencontrer dans la spirale du salut et de la délivrance de notre cheminement le plus intime, sera, à chaque fois, le problème de l'obtention du plus juste appui extérieur à l'heure la plus vide, à l'heure la plus noire.
Appui extérieur nécessaire à l'effort d'au-delà de notre plus grand effort propre, appui extérieur qui seul peut tenter de renverser l'ordination négative constituée, au-dessus de nous-mêmes et jusqu'en nous-mêmes, par toute mise à l'épreuve qui se veut et qui parvient à se trouver posée comme tout à fait décisive. Plus ses faveurs augmentent, plus vous devez être vigilante écrivait la bien heureuse Marie d'Agréda, maîtresse de l'ascension spirituelle par excellence puisqu’elle construisit mystiquement le mystère même de l'Assomption de Marie d'Agréda peuvent très bien être traduis sur mode négatif, et avancer ainsi que plus les épreuves sont grandes, insoutenables, plus on doit comprendre que le dessein très caché que le très amoureux dessein à l'égard de l'être ainsi éprouvé est un dessein surélevé, celui-ci éprouvé par e qu'il y a de plus impitoyablement déchirant dans sa marche, et parfois même par l'inéprouvable même.
Car une terrible chose doit enfin être dite : sans le secret spirituel de l'appui extérieur, il n'y a pas de vrai combat dans l'être, ni sur les hauteurs, ni dans les gouffres innommables de la même épreuve qui souvent se présente avec un double visage, rouge et noir. Le secret du passage de la ligne, c'est le secret de l'appui extérieur. »
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