19/12/2014
La démocratie, voilà l’ennemi ! (Julius Varuna)
Ou le retournement in-extremis d’une incantation laïcarde
Je sais, je sais. Voilà qui paraîtra incongru à bon nombre de lecteurs. Il est clair que depuis 1945, nous avons écopé de « démocratie à perpétuité » (Bardèche) et ce sans le moindre espoir de remise de peine. Impossible de penser le monde en dehors de la démocratie. On peut la penser libérale, socialiste, libertaire, conservatrice, bourgeoise, chrétienne, islamique… bref, elle peut être tout, donc elle n’est rien. Nous-mêmes, avons eu du mal à changer de paradigme. La démocratie est bien « le meilleur des régimes à l’exception de tous les autres » (Churchill) pas vrai ? Tous les autres régimes ne sont-ils pas affreux ? Pourquoi ? Parce que !
Ainsi, dès nos premières amours putschistes nous heurtions nous à des réticences d’amis, de connaissances, d’inconnus croisés lors de manifestations. « Nous ne mangeons pas de ce pain-là ! » nous dit-on. Ah ? Bon. Préférez-vous celui de l’américanisation, de l’immigration de masse, de l’ultra-libéralisme, de la délocalisation, du judaïsme politique avec des pépites de société du spectacle pour relever le tout ? Le tartinerez-vous d’une margarine de pédocriminalité de réseau ou d’une confiture d’indifférenciation de genre ? Bon appétit messieurs-dames ! Et n’en laissez pas une miette ! Nous n’avons pour notre part plus très faim. « Le putsch ? et après cela la dictature militaire ?! », « Il faut sauver la République, avec une démocratie directe/réelle/véritable/tirée au sort/populaire » nous en passons, et des meilleures. Au moins, les deux dernières relèvent-elles d’un réel souci de bien faire.
La dictature, terme qui dans le vocable usuel couvre un spectre allant du régime autoritaire fasciste ou socialiste à la monarchie en passant par l’Imperium, louons la précision de nos contemporains, fait peur, très peur. Confondue allègrement avec la tyrannie, forme du pouvoir injuste, illégitime et oppressive –qu’il est parfaitement possible de vivre en démocratie !-, éloignée de sa définition primordiale d’une magistrature d’exception réservée aux cas de crise grave dans la République romaine, elle hante les cauchemars des français de tous bords. Soyons honnêtes, en réalité ce qui fait peur, c’est la « non démocratie ». Tout régime qui ne fait pas participer l’individu à sa propre aliénation ne saurait être acceptable. Eh bien, au risque de surprendre, nous osons affirmer qu’en ce qui nous concerne, nous considérons que la démocratie est à craindre de façon primordiale !
Avant toutes choses, évacuons l’idée saugrenue selon laquelle nous ne vivons pas en démocratie. En effet, une déviance commune consiste à confondre deux conclusions d’une même observation :
- La plus répandue consiste à dire que le fonctionnement actuel des institutions n’est pas démocratique en cela que le « peuple » serait finalement tenu à l’écart du pouvoir effectif par des oligarques technocrates non-élus. Ainsi nous ne serions pas dans une « vraie » démocratie, celle-ci ayant été « confisquée » par l’élite. Certains vont même jusqu’à regretter la troisième la quatrième ou les deux premières républiques. En c’temps-là, tout était bien différent, pas vrai ? L’affairisme, les réseaux maçonniques, le lobbysme, la politique politicienne, l’oligarchie, le mondialisme, tout cela a poussé comme par magie à la mort du Général de Gaulle !
- La seconde conclusion consiste à déduire que tout cela est parfaitement normal, logique et cohérent, que depuis 1789 que l’on parle de démocratie en France les choses en sont toujours allé ainsi, que l’idée même de démocratie au sens moderne est intrinsèquement libérale, bourgeoise, maçonnique, oligarchique, et que la République a toujours été un instrument de subversion au service du capital international et apatride. Sub sole nihil novi est !
Le lecteur s’en doutera, nous tendons à adhérer à la seconde conclusion. Il n’y a pas de vraie-fausse démocratie, de fausse-vraie démocratie, il n’y a que la démocratie, que nous jugeons à ses conséquences, comme l’arbre à ses fruits. La démocratie est ce qu’elle est. Y aurait-il eu une erreur de parcours, elle a eu droit à pas moins de cinq tentatives pour montrer un autre visage. Vous en faut-il une sixième ? Nous affirmons que la France –qui n’est pas la République- ne survivra pas à une sixième, ou à une prolongation indéfinie de la cinquième République.
Ce papier n’a pas vocation à effectuer une réflexion théorique sur le concept de démocratie. D’autres l’ont fait bien mieux que nous le ferions nous-mêmes, et ce qui nous intéresse, ce sont les avatars concrets de la démocratie, et leur action réelle sur les sociétés.
Et justement ! Nous l’affirmons, une nouvelle fois, la perspective de la sortie de la démocratie parlementaire, de marché et d’opinion ne nous empêche nullement de dormir. C’est sa prolongation indéfinie qui suscite chez nous l’inextinguible angoisse !
Car,
C’est la démocratie qui a bradé la souveraineté de la France à la technocratie européiste anti-européenne. A référendum (2005), référendum et demi (traité de Lisbonne 2007).
C’est la démocratie qui nous lie à l’alliance atlantique ad vitam aeternam, contre nos intérêts géopolitiques fondamentaux.
C’est la démocratie qui nous a vendu à la Banque, par la fameuse loi de 1973. Certes, la Banque n’a pas été élue, mais Pompidou ne l’a-t-il pas été ?
C’est la démocratie qui signera finalement le traité transatlantique, afin que l’Etat puisse directement être attaqué par une firme transnationale, afin que nous ne soyons plus qu’une énième étoile informelle sur le drapeau des Etats-Unis.
C’est la démocratie qui a accompagné le déchaînement du libéralisme économique, arraché les paysans de leurs terres pour travailler dans l’industrie, pris le parti du capital contre le travail, a fait tirer sur les grévistes, réprimé la Commune, abandonné la social au profit du sociétal, délocalisé, et signé le « pacte de stabilité ».
C’est la démocratie qui a massacré les Vendéens, préparé les mécanismes totalitaires, affirmé le « droit [des races supérieures] vis-à-vis des races inférieures » (Jules Ferry), prolongé le colonialisme au nom des droits de l’Homme, charcuté la carte de l’Europe au point de provoquer la plus grande guerre mondiale, lancé deux bombes atomiques sur des populations civiles, rasé la ville de Dresde et tant d’autres, toujours au nom de ces mêmes droits de l’Homme.
C’est la démocratie qui a accouché du patriot act, de la loi Gayssot, et de centaines d’autres lois liberticides.
C’est la démocratie qui a encouragé l’immigration extra-européenne transformant des nations millénaires en grand fourre-tout interethnique, accompagne le métissage forcé et le grand remplacement par un discours faux-cul et béat afin de masquer la violence de ce processus et de ses conséquences.
C’est la démocratie qui a légalisé l’absurde mariage « pour tous » en refusant au peuple français tout référendum sur la question, bien qu’inoffensif, si cette même démocratie avait été sure de répondre aux aspirations légitimes de son peuple, ouvert par là même une boite de pandore annonçant d’autres extensions du « pourtousisme » dans les années à venir, toutes aussi absurdes et malsaines les unes que les autres.
C’est la démocratie qui a divisé la nation : partis, communautés, ethnies, sexes, âges, religions.
C’est démocratiquement que la masse, démocratiquement inculte, hédoniste, individualiste et déracinée, réclame toujours plus de droits, accepte d’en donner sans y penser à toutes les minorités, pourvu que s’en soit, et qu’elles aient la salutaire impression de les persécuter.
C’est démocratiquement que fut votée une loi autorisant le meurtre de centaines de milliers de futurs français sous prétexte que personne ne désirât leur venue, quand bien même tout le monde acceptât l’esprit qui a permis qu’il soit conçu !
C’est démocratiquement que l’on abrutit des peuples entiers à coup d’évènements sportifs de masse, de jeux télé ineptes, de musique pauvre et débilitante, de séjours à l’école-garderie, où l’on apprendra, bien sûr, la gloire de la démocratie.
C’est démocratiquement que l’on détruit des nations pour leurs insoumissions au Système : Afghanistan, Syrie, Irak, Lybie, Mali, Centrafrique, Yougoslavie, Ukraine, en armant au besoin des terroristes, et que du même coup, l’on envoie des soldats français mourir sans que leur sacrifice n’ait une quelconque influence sur notre inexorable chute.
C’est démocratiquement que toute forme de spiritualité et d’intégrité supérieure fut rangée au rang de vieilleries ringardes et obscurantistes, scellant l’Homme à la boue rance du matérialisme.
Nous pourrions poursuivre, mais estimons en avoir assez dit. Nous nous doutons bien, de toutes manières que cela ne changera rien. Le démocrate saura même se réjouir de certains de ces faits. Notre objectif était de clarifier un point capital : Il n’y a pas eu de confiscation de la démocratie. La démocratie moderne (nous excluons les formes antiques de démocratie de notre opprobre), est, a toujours été, et sera ce qu’elle est intrinsèquement : une absurdité, un non-sens, un instrument de la subversion libérale et moderne contre la Tradition.
La démocratie, voilà l’ennemi !
Julius Varuna
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Coq (Dictionnaire des Symboles)
Jean Chevalier/Alain Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, Coq, pp. 324-326, aux éditions Robert Laffont/Jupiter, collection Bouquins
Le coq est connu comme emblème de fierté - ce qui justifie l'allure de l'animal - et comme emblème de la France. Mais c'est une notion récente, sans valeur symbolique, fondée sur le double sens du mot gallus = coq et Gaulois. L’animal apparaît, à côté de Mercure, sur quelques représentations figurées gallo-romaines. On le trouve aussi sur des monnaies gauloises. Mais les Romains ont fait un jeu de mots entre gallus coq et Gallus Gaulois. C'est l'origine du coq gaulois dont la valeur symbolique traditionnelle est quasi nulle (CHAB, 628-651). Les caractères du coq et du Français ne sont cependant pas symboliquement sans rapport.
Le coq est universellement un symbole solaire, parce que son chant annonce la levée du soleil. A ce titre, il est, en Inde, l'attribut de Skanda, qui personnifie l'énergie solaire. Au Japon, son rôle est important, car son chant, associé à celui des dieux, fit sortir Amaterasu, déesse du Soleil, de la caverne où elle se cachait : ce qui correspond au lever du soleil, à la manifestation de la lumière. C'est pourquoi, dans l'enceinte des grands temples shintoïstes, des coqs magnifiques circulent en liberté : des coqs sacrés sont entretenus au temple d'Ise. Une homophonie douteuse fait parfois considérer les toril des temples shintoïstes comme étant originairement des perchoirs pour ces coqs.
La vertu de courage que les Japonnais attribuent au coq se retrouve dans les autres pays de l'Extrême-Orient , où le coq a un rôle spécialement bénéfique : d'abord, parce que le caractère qui le désigne en chinois (ki) est un homophone de celui qui signifie de bon augure, favorable ; ensuite, parce que son allure générale et son comportement le rendent apte à symboliser les cinq vertus : les vertus civiles, le port de la crête lui conférant un aspect mandarinal ; les vertus militaires, par le port des ergots ; le courage, en raison de son comportement au combat (en des pays où les combats de coqs sont particulièrement prisés) ; la bonté, car il partage sa nourriture avec les poules ; la confiance, en raison de la sûreté avec laquelle il annonce le lever du jour.
Parce qu'il annonce l'avènement du soleil, il est en outre efficace contre les mauvaises influences de la nuit : et il les éloigne des maisons, si l'on a soin de le placer en effigie sur la porte. Au Viêtnam encore, la patte de coq bouillie est une image du microcosme et sert à la divination.
Dans le bouddhisme tibétain, le coq est toutefois un symbole exceptionnellement néfaste : il figure au centre de la Roue de l'Existence, associé au porc et au serpent, comme l'un des trois poisons. Sa signification est le désir, l'attachement, la convoitise, la soif. On se souviendra toutefois qu'il est occasionnellement pris en Europe comme une image de la colère, explosion d'un désir démesuré et contrarié. (DURV, GOVM, HUAV, PALL).
Selon les traditions helléniques, le dieu au coq des Crétois, Velchanos, s'est assimilé à Zeus (SEGG, 10). Le coq se trouvait auprès de Léto, enceinte de Zeus lorsqu'elle accoucha d’Apollon et Artémis. Aussi, est-il consacré à la fois à, Zeus, à Léto, à Apollon et à Artémis, c'est-à-dire aux dieux solaires et aux déesses lunaires. Les Vers d'or de Pythagore recommandent en conséquence : Nourrissez le coq et ne l'immolez pas, car il est consacré au soleil et à la lune.
Symbole de la lumière naissante, il est cependant un attribut particulier d'Apollon, le héros du jour qui naît.
Malgré le conseil attribué à Pythagore, un coq était rituellement sacrifié à Asclépios, fils d'Apollon et dieu de la médecine. Socrate rappelle à Criton, avant de mourir, de sacrifier un coq à Asclépios (Esculape). Sans doute faut-il voir là un rôle de psychopompe attribué au coq ; il allait annoncer dans l'autre monde et y conduire l'âme du défunt ; elle ouvrirait les yeux à une nouvelle lumière, ce qui équivalait à une nouvelle naissance. Or, le fils d'Apollon était précisément ce dieu qui, par ses médecines avait opéré des résurrections sur terre , préfiguration des renaissances célestes. Pour la même raison, le coq était l'emblème d'Attis, le dieu solaire, mort et ressuscité, parmi les divinités orientales. Ce rôle de psychopompe explique aussi que le coq soit attribué à Hermès (Mercure), le messager qui parcourt les trois niveaux du cosmos, des Enfers du Ciel. Asclépios étant aussi un héros guérisseur, avant de devenir un dieu, le coq est censé guérir les maladies.
Le coq figure, avec le chien et le cheval parmi les animaux psychopompe sacrifiés (offerts) aux morts, dans les rites funéraires des anciens Germains (KOPP, 287).
Lors des cérémonies de purification et d'expulsion des esprits, suivant un décès, chez certains peuples altaïques, le mort est figuré par un coq attaché au lit mortuaire, et que le chaman expulse (HARA, 229).
Dans les traditions nordiques le coq est encore un symbole de vigilance guerrière. Il surveille l'horizon sur les plus hautes branches du frêne Yggdrasil pour prévenir les dieux, quand les géants, leurs éternels ennemis, se prépareront à les attaquer. (MYTF, 12, 44). Mais le frêne*, arbre cosmique, est l'origine de la vie. Le coq, qui veille à son faite, comme sur la flèche d'une église, apparaît ainsi comme le protecteur et le gardien de la vie.
Les Indiens Pueblo font ainsi l'association Coq-Soleil : Le grand-père disait que les poules étaient créature du dieu Soleil : c'est important, disait-il, le chant des coqs au petit jour ; le soleil les a mis ici pour nous réveiller ; il avertit les coqs avec une clochette pour qu'ils chantent quatre fois avant le jour (autobiographie du chef hopi Don C. Talayesva, TALS, 47). Cet exemple souligne d'autre part la fonction symbolique du quinaire : le coq chante quatre fois, puis le jour se lève, au cinquième temps, qui est celui du centre et de la manifestation (voir cinq*).
En Afrique, selon une légende des Peuls, le coq est lié au secret ; les attitudes, les actes et les métamorphoses du coq correspondent aux différents sorts que subissent les secrets : un coq dans une case signifie le secret gardé dans le silence ; un coq dans la cour (métamorphosé en bélier) = secret divulgué aux proches et aux intimes ; un coq dans les rues (métamorphosé en taureau) = secret répandu dans le peuple ; un coq dans les près (métamorphosé en incendie) = secret parvenu à l'ennemi, cause de ruine et de désolation (HAMK, 68). Pour les Azandé cette prescience du jour (il voit la lumière du jour à l'intérieur de lui-même) rendrait le coq quelque peu suspect de sorcellerie (EVAS).
Le coq est aussi un emblème du Christ, comme l'aigle* et l’agneau*. Mais il met en un particulier relief son symbolisme solaire : lumière et résurrection.
Dans Job, déjà (39, 36), le coq est le symbole de l'intelligence venue de Dieu : qui amis dans l'ibis la sagesse de Yahvé, donné au coq l'intelligence. Aux deux oiseaux une faculté de prévision était accordée : l'ibis, annonce infailliblement les crues du Nil, le coq la naissance du jour. Comme le Messie, il annonce le jour qui succède à la nuit. Aussi figure-t-il sur les flèches des églises et les tours des cathédrales. Cette position à la cime des temples peut évoquer la suprématie du spirituel dans la vie humaine, l'origine céleste de l'illumination salvifique, la vigilance de l'âme attentive à percevoir dans les ténèbres finissantes de la nuit les premières clartés de l'esprit qui se lève. Le coq du clocher proviendrait, selon Durand (DURS, 155) de l'assimilation mazdéenne du soleil au coq qui annonce le lever du jour. Le Talmud fait du coq un maître de politesse, sans doute parce qu'il introduit son Seigneur le Soleil, en l'annonçant de son chant.
Le coq jouit en Islam d'une vénération sans égale par rapport aux autres animaux. Le Prophète lui-même disait : le coq blanc est mon ami ; il est l'ennemi de l'ennemi de Dieu... Son chant signale la présence de l'ange.
On attribue également au Prophète la défense de maudire le coq qui appelle à la prière ; il lui aurait donné une dimension cosmique. Parmi les créatures de Dieu, aurait-il dit, Il y a un coq dont la crête est sou le Trône, les griffes sur la terre inférieure et les ailes dans l'air. Lorsque les deux tiers de la nuit ont passé et qu'il n'en reste qu'un tiers, il frappe de ses ailes, puis il dit : Louez le roi très saint, digne de louange et de sainteté, c'est-à-dire qu'il n' a point d'associé. A ce moment-là, tous les animaux battent des ailes et tous les coqs chantent. (FAHN, 505).
Le coq est souvent rapproché du serpent : c'est le cas, notamment, pour Hermès et Asclépios. Dans l'analyse des rêves, le serpent et le coq sont tous deux interprétés comme des symboles du temps ; ils appartiennent au dieu guérisseur Esculape (Asclépios), qui était probablement une incarnation de la vie intérieure et psychique, car c'est lui qui envoyait les songes (TEIR, 160).
Ils marquent une phase de l'évolution intérieure : l'intégration des forces chthoniennes au niveau d'une vie personnelle, où l'esprit et la matière tendent à s'équilibrer dans une unité harmonieuse.
Le coq comme symbole maçonnique est à la fois le signe de la vigilance et celui de l'avènement de la lumière initiatique. Il correspond au mercure alchimique.
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Loup (Dictionnaire des Symboles)
Jean Chevalier/Alain Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, Loup (louve), pp. 672-674, aux éditions Robert Laffont/Jupiter, collection Bouquins
Le loup est synonyme de sauvagerie et la louve de la débauche. Mais le langage des symboles interprète ces animaux, on s'en doute, d'une façon infiniment plus complexe, du fait, tout d'abord, qu'à l'instar de tout autre vecteur symbolique, ils peuvent être valorisés positivement autant que négativement. Positif apparaît le symbolisme du loup, si l'on remarque qu'il voit la nuit. Il devient alors symbole de lumière, solaire, héros, guerrier, ancêtre mythique. C'est la signification chez les Nordiques et chez les Grecs où il est attribué à Belen ou à Apollon (Apollon lycien).
Le créateur des dynasties chinoise et mongole est le loup bleu céleste. Sa force et son ardeur au combat en font une allégorie que les peuples turcs perpétueront jusque dans l'histoire contemporaine , puisque Mustapha Kemal, qui s'était nommé lui-même Atatürk, c'est-à-dire Père des Turcs, avait reçu de ses partisans le surnom de loup gris.
Le peuple turc qui, rassemblé autour de lui, menait le combat pour retrouver son identité, menacée par la décadence de l'Empire ottoman, reconduisait ainsi une très ancienne image : celle de l'ancêtre mythique de Gengis Khan, loup bleu, cratophanie de la lumière ouranienne (foudre) et dont l'union avec la biche blanche ou fauve, représentant la terre, plaçait à l'origine de ce peuple la hiérogamie terre-ciel.
Les peuples de la Prairie nord-américaine semblent avoir interprété de la même façon la signification symbolique de cet animal : Je suis le loup solitaire, je rôde en maints pays, dit un chant de guerre des Indiens de la Prairie (ALEC, 233).
La Chine connaît également un loup céleste (l'étoile Sirius) qui est le gardien du Palais céleste (la Grande Ourse). Ce caractère polaire se retrouve dans l'attribution du loup du Nord. On remarque toutefois que ce rôle de gardien fait place à l'aspect féroce de l'animal : ainsi, dans certaines régions du Japon, l'invoque-t-on comme protecteur contre les autres animaux sauvages. Il évoque une idée de force mal contenue, se dépensant avec fureur mais sans discernement.
La louve de Romulus et Rémus est, elle, non pas solaire et céleste, mais terrienne, sinon chthonienne. Ainsi, dans un cas comme dans l'autre, cet animal reste associé à l'idée de fécondité. La croyance populaire, en pays turc, a jusqu'à nos jours conservé cet héritage. Parmi les bézoards appréciés par les Yakoutes, en Sibérie, celui du loup est considéré comme le plus puissant ; en Anatolie, c'est-à-dire à l'autre extrémité de l'extension géographique des peuples altaïques, on voit encore des femmes stériles invoquer le loup pour avoir des enfants. Au Kamchatka à la fête annuelle d'octobre, on fait une image de loup en foin et on la conserve un an pour que le loup épouse les filles du village ; chez les Samoyèdes on a recueilli une légende qui met en scène une femme qui vit dans une caverne avec un loup (ROUF, 328-329).
Cet aspect chthonien ou infernal du symbole constitue son autre face majeure. Elle semble restée dominante dans le folklore européen, comme en témoigne, par exemple, le conte du Petit Chaperon rouge. On le voit déjà apparaître dans la mythologie gréco-latine : c'est la louve de Mormolycée nourrice de l'Achéron, dont on menace les enfants, exactement comme, de nos jours, on évoque le grand méchant loup (GRID, 303 a) ; c'est le manteau de peau de loup dont se revêt Hadès, maître des Enfers (KRAM, 226) ; les oreilles de loup du dieu de la mort des Étrusques ; c'est aussi, selon Diodore de Sicile, Osiris ressuscitant sous forme de loup pour aider sa femme et son fils à vaincre son frère méchant (ibid.).
C'est aussi une des formes données à Zeus (Lykaios), à qui on immolait en sacrifice des êtres humains, aux temps où régnait la magie agricole, pour mettre un terme aux sécheresses, aux fléaux naturels de toute sorte : Zeus déversait alors la pluie, fertilisait les champs, dirigeait les vents (ELIT, 76).
Dans l'imagerie du Moyen Age européen les sorciers se transforment le plus souvent en loups pour se rendre au sabbat, tandis que les sorcières, dans les mêmes occasions, portent des jarretelles, en peau de loup (GRIA). En Espagne, il est la monture du sorcier. La croyance aux lycanthropes, ou loups-garous, est attestée depuis l'Antiquité en Europe ; Virgile en fait déjà mention. En France, à peine commençait-on à en douter sous Louis XIV (PLAD). C'est une des composantes des croyances européennes, un des aspects sans doute que revêtent les esprits des forêts.
Selon Collin de Plancy, Bodin raconte sans rougir qu'en 1542, on vit un matin cent cinquante loups-garous sur une place de Constantinople.
Ce symbolisme de dévorateur est celui de la gueule*, image initiatique et archétypale, liée au phénomène de l'alternance jour-nuit, mort-vie : la gueule dévore et rejette, elle est initiatrice, prenant, selon la faune de l'endroit, l'apparence de l'animal le plus vorace : ici le loup, là le jaguar*, le crocodile*, etc. La mythologie scandinave présente spécifiquement le loup comme un dévorateur d'astres (DURS, 82), ce qui peut être rapproché du loup dévorateur de la caille*dont parle le Rig-Veda. Si la caille est, comme nous l'avons noté, un symbole de lumière, la gueule du loup est la nuit, la caverne, les enfers, la phase de pralâya cosmique ; la délivrance de la gueule du loup, c'est l'aurore, la lumière initiatique faisant suite à la descente aux enfers, le kalpa (CHRC, DANA, DEVA, GUED, GUES, MALA, MASR, RESE, SOUN).
Fenrir, le loup géant, est un ennemi les plus implacables des dieux. Seule la magie des nains peut arrêter sa course, grâce à un ruban fantastique que nul ne peut rompre ou couper. Dans la mythologie égyptienne, Anubis, le grand psychopompe, est appelé Impou, celui qui a la forme d'un chien sauvage (ibid.) ; on le révère à Cynopolis comme dieu des enfer (voir chacal*).
Cette gueule monstrueuse du loup, dont Marie Bonaparte parle dans son auto-analyse, comme étant associée aux terreurs de son enfance consécutive à la mort de sa mère, n'est pas sans rappeler les contes de Perrault : Grand-Mère, comme tu as de grandes dents ! Il y a donc, observe G; Durand, une convergence très nette entre la morsure des canidés et la crainte du temps destructeur. Kronos apparaît ici avec le visage d'Anubis, du monstre dévorant le temps humain ou s'attaquant même aux astres mesureurs de temps.
Nous avons déjà parlé du sens initiatique de cette symbolique. Ajoutons qu'elle donne au loup comme au chien un rôle de psychopompe.
Un mythe Algonquins le présente comme un frère du démiurge Menebuch, le grand lapin*, régnant à l'Ouest, sur le royaume des morts (MULR, 253). Cette même fonction de psychopompe lui était reconnue en Europe, comme ne témoigne ce chant mortuaire roumain :
Paraîtra encore
Le loup devant toi
...
Prends-le pour ton frère
Car le loup connaît
L’ordre des forêts
...
Il te conduira
Par la route plane
Vers un fils de Roi
Vers le Paradis
(Trésor de la poésie universelle, par R. Caillois et J.-C; Lambert, Paris, 1958)
Notons pour conclure que ce loup infernal, et surtout sa femelle, incarnation du désir sexuel, constituent un obstacle sur la route du pèlerin musulman en marche vers La Mecque, et plus encore sur le chemin de Damas, où elle prend les dimensions de la bête de l'Apocalypse.
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