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19/12/2014

Une actualité en armes (Jean Parvulesco)

 

Jean Parvulesco, La confirmation boréale, Sur le grand tournant actuel du gaullisme, Une actualité en armes, pp. 256-258, aux éditions Alexipharmaque 

 

« Moi je dis qu'il faut faire l'Europe avec pour base un accord entre Français et Allemands. Une fois l'Europe faite sur ces bases, alors, on pourra se tourner vers la Russie. Alors, on pourra essayer , une bonne fois pour toutes, de faire l'Europe tout entière avec la Russie aussi, dut-elle changer son régime. Voilà le programme des vrais Européens. Voilà le mien. » En prenant ces positions tout à fait claires, et définitives, lors d'une conférence de presse en 1949, le Général de Gaulle avait, d'avance, tout dit : l'extrême actualité de son discours le prouve encore, cinquante ans après. Pour la première fois, la Russie y apparait comme un élément fondamental de l'Europe de l'après-guerre, de l'Europe grand-continentale,  « eurasiatique ». Or il est absolument évident que, à l'heure présente, c'est bien la Russie qui propose et engage l'alternative finale à la mise en place de la plus Grande Europe, en train d'être révolutionnairement mobilisée sur l'axe transcontinental Paris-Berlin-Moscou.

 

Exprimée, par Jacques Chirac, fin août 2002, lors de la conférence des ambassadeurs de France à Paris, la décision de se saisir du 40ème anniversaire - en janvier 2003 - du « Traité de l’Élysée » de Gaulle-Adenauer pour mettre en place un Pacte Refondateur franco-allemand et une relance en force de l'Europe grand-continentale incluant, fondamentalement, la participation de la Russie, participation dont Jacques Chirac avait renouvelé les bases lors de son voyage, en juillet 2002, en Crimée, pour y rencontrer Vladimir Poutine, fait que, à partir de maintenant, l'Europe grand-continentale est, en principe, déjà, chose faite : nous venons de gagner la partie. Même si on ne le sait pas encore, le processus de la mise en œuvre de la plus Grande Europe continentale se trouve, à l'heure actuelle, irrévocablement enclenché.

 

Ainsi, cinquante ans après la déclaration du Général de Gaulle concernant l'avenir de la plus Grande Europe continentale franco-allemande s'appuyant sur la Russie, le « grand dessein » fondamental du gaullisme, se trouve pratiquement réalisé, ou en voie de l'être.

 

Or la nouvelle donne européenne décisive provenant, donc, de l'émergence politico-historique de la « Nouvelle Russie » de Vladimir Poutine, formidable bloc continental engageant le heartland géopolitique du « Grand Continent » eurasiatique dans le sens de son rétablissement impérial-révolutionnaire final, fait aujourd'hui de l'Europe la forteresse politico-stratégique d'horizon suprahistorique et eschatologique préfigurant l'Imperium Ultimum, l'avènement du Regnum salvateur de l'histoire de la fin et de l'au-delà de la fin de l'histoire.

 

Le « grand gaullisme », le « gaullisme de la fin », apparaît ainsi comme l'agent opérationnel d'une certaine fin apocalyptique de l'histoire, et du passage vers les temps autres, vers les « temps secrets », « inprépensables », de la transhistoire finale dans sa marche eschatologique à contre-courant.

 

Si c'est bien l'axe transcontinental Paris-Berlin-Moscou qui, désormais, sera appelé à faire la « grande histoire », c'est en France qu'à l'heure actuelle se situe l'épicentre opérationnel de celle-ci : en anéantissant la conspiration trotskiste subversivement installée au pouvoir sous ses dissimulation socialistes, la droite française s'est donnée aujourd'hui une majorité totale, incarnée, au niveau politico-administratif, par le « parti unique » de l' « Union pour la Majorité Présidentielle » (UMP), « parti unique » au sein duquel l'appareil gaulliste pourra à présent manœuvrer le courant porteur de la stratégie de pointe qui entraînera le reste. C'est désormais à l'intérieur de l'UMP que le gaullisme installera son « camp retranché » politico-stratégique, c'est depuis l'intérieur de l'UMP que le gaullisme va devoir agir. Cette situation, peut-on le dire, était prévue depuis longtemps.

 

Déjà, dans Les fondements géopolitiques du grand gaullisme, j'écrivais : « Le pouvoir - où ne fût-ce qu'une certaine situation de pouvoir - représente la condition même d'une clandestinité supérieure : la véritable clandestinité n'est pas du tout celle du combat contre le pouvoir en place, mais la clandestinité poursuivie, précisément, à travers le pouvoir en place. Loin de cesser ses menées avec son arrivée au pouvoir, la grande clandestinité ne fait alors que changer de registre, en se donnant sur place les moyens de sa continuation décisive, engagée sur le parcours de son achèvement total. Hors du pouvoir, toute clandestinité est subalterne. » Et ensuite : « Une conspiration aux destinées ultimes ne visera le pouvoir politique, ou gouvernemental, qu'au titre conspirationnel d'une nouvelle étape de franchie sur la montée de sa propre spirale conspirationnelle. Une fois au pouvoir, ce que l'on peut appeler une conspiration ultime se dédouble pour conspirer contre elle-même, contre la partie d'elle-même chargée de faire semblant de céder aux assujettissements du pouvoir. »

 

Tel est le grand tournant actuel du gaullisme qui, en fin de course et au moment de sa nouvelle montée au pouvoir, aussi inattendue que totale, doit à nouveau rentrer dans l'ombre, s'inventer une nouvelle forme de clandestinité stratégique, tout comme à ses premiers débuts, au temps de la résistance à l'occupation allemande de la France. Mais n'est-ce pas contre une nouvelle occupation étrangère que le portent, aujourd'hui encore, ses nouveaux combats ? Le combat pour la libération continentale n'est-il pas essentiellement le même que l'ancien combat pour la libération nationale ? Ces interrogations sont peut-être tragiques, mais la situation à laquelle le gaullisme doit aujourd'hui faire face, n'est-elle pas une situation de tragédie ? Le gaullisme, aujourd'hui, se trouve souterrainement engagé à la pointe des combats décisifs pour la plus Grande Europe, et c'est là que s'accomplit son suprême destin, le destin secret d'une certaine « France secrète ». précédent : Le « génie du renouveau »

 

 

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