20/10/2022
Manifeste de « Réaction » (Avril, 1930)
Jean-Louis Loubet Del Bayle, Les non-conformistes des années 30 – Une tentative de renouvellement de la pensée politique française, Annexes – Documents, I. « LA JEUNE DROITE », A. MANIFESTE DE « RÉACTION » (AVRIL, 1930), Éditions du Seuil
Jamais l'homme n'avait atteint une telle perfection dans la connaissance des phénomènes, ni une telle puissance dans l'utilisation des forces naturelles et l'accumulation de richesses.
Et pourtant il y a une crise du monde moderne.
« Crépuscule des nations blanches », « déclin de l’Occident », approche des « derniers jours », avènement d'une « Nouveau Moyen Age », de toutes parts s'élèvent des cris annonciateurs de la fin d'un monde.
Les races, les nationalités, les classes sociales possédées d'ambitions sans bornes ont enrôlé les peuples entiers dans les guerres d'enfer.
L'industrialisme, faisant du rendement la norme de toute chose, a jeté l'humanité moderne sous l'écrasante loi de la quantité et de la matière : or et machine. La liturgie de l'Homme-Dieu cède à la liturgie de la machine. Courbé sur l'horizon borné de son travail et de son plaisir, sous le prétexte de se libérer de tout autre maître que lui-même, l'homme s'est jeté sous le joug de L’État démocratique, despotique et tentaculaire. L'homme n'est plus que le rouage standardisé d'une gigantesque mécanique qui le broie. Outil à faire des outils, il n'a plus la quiétude où se retrouver dans l'oraison.
Les âmes sont incertaines et tout se sent périr. Découvrant avec stupeur notre dénuement spirituel à côté du raffinement extrême de nos sensations et de nos raisonnements, nous nous trouvons saisis d'une tragique inquiétude devant l'indigence de ce que nous offre le monde moderne. Croyant gagner sa vie, l'homme a perdu la part éternelle de lui-même. Immense misère de l'homme sans Dieu ! Tu n'es plus rien que toi, et ce ne t'est point assez.
C'est qu'une fois encore l'homme a écouté l'éternel tentateur qui guette inlassablement sa proie : « Si tu fais de ta volonté la règle de ton action, de ta raison la mesure des choses, tu seras comme un Dieu. »
Alors l'homme agit « gratuitement », comme Dieu. Il oublie qu'évadé des lois de la vie et de la pensée, il n'était plus qu'un peu de chair et de terre. Il est entré dans l'esclavage du désir, de l'utile, de l’événement.
Pour combler le vide immense de notre âme, on nous propose l'ascétisme équivoque de l'Orient ou l'on nous convie à nous régénérer par la Révolution sociale. Mais cette poésie mystérieuse, ce mythe de l'humanité ne cachent que la vieille hérésie du moi divinisé dont nous mourrons.
Faut-il donc nous résigner à n'être que les spectateurs impuissants de ce déclin ? Ou faut-il s'évader, se refuser, comme le murmurent, gidiennes, les Sirènes ?
Non ! Ce serait renoncer à notre humanité ! Seules meurent les civilisations qui s'abandonnent et les hommes font leur destin. Ils peuvent se sauver aujourd'hui s'ils retrouvent le principe de l'ordre qui les a écrasés lorsqu'ils ont voulu l'ignorer.
Immense question de l'ordre.
Il ne s'agit pas ici d'un de ces petits arrangements formels et contingents que l'homme ou les sociétés se donnent à eux-mêmes.
L'ordre, ça n'est pas la protection des coffres-forts ni l'union des intérêts économiques, ce n'est pas la défense des hommes en place, mais subordination à ce qui peut les légitimer..., s'ils le servent.
L'ordre, c'est la loi de l'être. Reconnaître l'ordre, c'est reconnaître notre double mystère : chair et esprit. Chair, solidarité de la nature et des autres hommes, esprit qui est plus que l'intelligence, qui est âme éternelle, fille de Dieu. C'est reconnaître notre double dépendance : de nos morts et du créateur. C'est reconnaître que nous sommes orientés à des fins plus hautes que nous-mêmes.
Tel est le véritable réalisme : perception de la chaîne des causes et de la hiérarchie des désirs et des vouloirs. Il y a une voix de la réalité : c'est le passé qui nous conte la grande aventure humaine. Apprenons à son école à vivre humainement. Retournons aux sources de la vie pour nous guérir. Cela s'appelle réagir.
Réaction en politique contre la décadence démocratique, fille du nombre et de la quantité. C'est sur la base certaine de la patrie, à partir de l’élément naturel de la nation, que nous voulons édifier le concert spirituel où l'univers entier aura sa part.
Réaction sociale : contre l'individualisme, l'étatisme et la lutte des classes, pour permettre le développement de la personne humaine libre dans ses cadres sociaux naturels.
C'est au moment où l'homme est le plus lui-même : dans sa famille, dans sa bourgade, dans son pays, qu'il est le plus universel, car il se trouve alors en correspondance avec tous les autres hommes de la terre dans la reconnaissance de ce qui fonde toute vie : l'ordre humain.
« Nous avons eu, nous avons perdu l'unité humaine », dit Charles Maurras. L'accord ne peut renaître si une base n'existe au départ : seul l'esprit peut la fournir, c'est la leçon du XIIIe siècle chrétien. Nous réveillerons cette entende en reprenant le fil de la raison : soumission à l'objet. L'intelligence est réactionnaire. Pesant, critiquant les idées et les faits, elle poursuivra chez tous les erreurs funestes. Mais elle dira aussi les conditions nécessaires d'une renaissance : politique, c'est, en France, la monarchie ; sociale, c'est la soumission de notre vie économique au bien commun ; spirituelle, c'est l'ordre chrétien.
Il faut rendre le nécessaire possible. Nous y convions tous ceux que tourmente l’inquiétude et, tous les premiers, les clercs. Leurs méditations exigent la sécurité de la Cité : jusqu'au rétablissement de l'ordre, leur abstention est trahison.
Nous ne venons pas pour écrire, mais pour servir ; servir la vérité, nous révolter pour l'ordre, réagir. Ceux qui ont des places, une renommée à sauvegarder, n'ont rien à faire avec nous.
La force est une vertu. Le Christ a chassé les vendeurs du Temple.
Au service d'une pensée juste, nous voulons agir puissamment.
JEAN DE FABREGUES, ROGER MAGNIEZ, RAYMOND DAMIEN, JEAN LE MARCHAND, JACQUES-FRANCOIS THOMAS, RENE VINCENT, PIERRE BURGOS, ROBERT BURON, CHRISTIAN CHENUT, MAURICE CHUZEL, EMILE GIRARD, BERNARD DU HALDA, LOUIS LEMIELS, FELICIEN MAUDET, MARCEL NOEL, ANDRE PIETTRE, J. STE FARE-GARNOT, CH ; DE LA TAILLE, CHARLES VERGNAUD.
(Réaction, n° 1.)
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
29/08/2022
L'écriture de Charles de Gaulle et le destin de la France (Dominique de Roux)
Dominique de Roux, L'écriture de Charles de Gaulle, Au-delà du déclin, pp. 32-37, Éditions du Rocher
Quel mensonge ? Le mensonge qui jusqu'à la fin permettra à la parole de l'emporter sur l'être, que la lettre n'en finisse plus de l'emporter sur l'esprit, ni la honte sur la désespérance. A la limite, et en attendant que l'heure finale vienne, l'action n'est que le combat désespéré de celui qui se bat non pour vaincre mais pour continuer. A la limite, l'être c'est le courage de l'être. On songe pour une dernière fois aux Antimémoires d'André Malraux, au passage où il revient à la parole sacrée du Bhagavad Gîta : « Arjuna regarde ceux qui vont mourir, et Krishana lui rappelle que si la grandeur de l'homme est de se délivrer du destin, la grandeur du guerrier n'est pas de se délivrer du courage. »
Personnage symbolique, mémoires, avant de mourir, revoir une jeunesse française, phrase suspendue, avant les Grandes Invasions, l'heure est passée, le mensonge, se délivrer du destin ne pas se délivrer du courage : ce sont là, entre autres, entre des milliers d'autres, vivants et morts agonisants entre la vie et la mort, les signes, la liturgie de cette prédestination dont Charles de Gaulle n'en finit plus d'écrire le Livre de l'Absence, l'immortalité de la mort en attendant la mort de l'immortalité.
En dernière analyse, le problème de l'écriture de Charles de Gaulle apparaît non pas comme celui des rapports tragiques entre la parole et l'action, mais comme le cheminement prophétique de cette écriture à travers les mots qui la constituent et qu'elle dévaste, qui la font être et qu'elle illumine jusqu'au paroxysme avant qu'il ne la lui faille chaque fois rendre au néant, au rien de leur subordination infinie. Saisir, dans sa marche même, la dialectique opposant, dans cette écriture, cette écriture elle-même, en tant que signification immédiatement saisissable, aux mots dont elle se saisit et se dessaisit, c'est approcher le secret de de cette prédestination qui en fait l'horizon de sa rencontre avec l'histoire, y établit le champ clos de sa dévotion tragique envers le néant nécessaire des choses qui ne sont qu'en tant que dépassement, et, si comme le dit Hegel « ce que nous sommes, nous le sommes historiquement », parvient, ou parviendra, à l'heure voulue, au pouvoir d'être, elle-même, de par elle-même, le destin. L'écriture de Charles de Gaulle c'est l'écriture du destin.
Quel destin ? Une intelligence prophétique de l'Histoire, prenant à son compte les armes de la liberté la plus grande, assumant le devoir et la tragédie de la Grande Politique, ne saurait s'interroger ni ne peut s'accomplir que par une vision de le fin du monde, en tant que vision finale et action finale d'un monde. Une certaine idée de la France, qu'elle concerne une écriture, une certaine action, une certaine destinée, une certaine mission, mettra toujours en cause une certaine idée de l'Histoire universelle. Si la France a un destin, une vocation, une mission essentielle, l'histoire doit s'en trouver concernée et, plus encore, déterminée, à la fois dans sa marche vers la fin et dans l'accomplissement visible ou invisible de cette marche. Si l'histoire est l'histoire à sa fin, si la France a une destinée historique absolue, elle ne saurait concerner que la fin de l'histoire. Aussi peut-on dire : si dans sa démarche la plus profonde, l'écriture de Charles de Gaulle concerne une vision de la France, celle-ci se trouve posée secrètement en termes d'Apocalypse, et sa Grande Politique, et qui vise à lui donner ses armes, se pose alors en volonté de puissance.
Mais entre la vision d'une politique et les armes de sa puissance, il y a toujours l'ombre dont l'écriture rend compte sans trêve, l'ombre qui à la fois porte cette vision vers les armes de sa projection historique et ne cesse de les séparer, cette ombre, dont le nom est successivement le possible et l'impossible, « ... toute la vertu du monde ne prévaut point contre le feu » (La France et son armée). Aussi, la tragédie historique de l'aventure gaulliste est-elle peut-être tout entière dans l'inadéquation régnant entre le grand dessein d'un homme prédestinée et la substance même de son œuvre. Que celui-ci se fasse une certaine idée de la France n'implique pas, fatalement, qu'une certaine France historique en vienne à se faire une même idée d'elle-même ni du destin de Charles de Gaulle, et encore moins de sa prédestination. Mais qu'est-ce qu'une écriture sans l'ombre qu'elle porte en elle ? Et qu'est-ce que l'ombre intérieure de cette écriture sans l'ombre de cette ombre sur le front de l'écriture à travers laquelle se fait l'histoire dont toute écriture n'est que l'ombre ?
Car tout est dans le dédoublement.
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
24/08/2022
Charles de Gaulle et la Glazialkosmogonie – I. Le retour de l'Homme de Fer (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La spirale prophétique, Un enseignement d'origine suprahumaine, Le retour de l'Homme de Fer, pp. 57-61, Guy Trédaniel Éditeur
Auteur de deux ouvrages fort remarqués sur René Guénon, à savoir René Guénon, Témoin de la Tradition, et René Guénon, la dernière chance de l'Occident, parus, respectivement, en 1978 et 1983 chez le même éditeur parisien, Guy Trédaniel, auquel on ne saura jamais assez reconnaître tout ce lui doit, en France, l'actualité d'une certaine pensée traditionnelle, Jean Robin est, à ce qu'il me semble, le premier à avoir abordé, de plein front le problème, de toute évidence absolument fondamental, qui est celui de l'influence de René Guénon sur Charles de Gaulle et partant sur les plus profondes destinées du gaullisme présent et à venir.
Et dans un important article publié par Aurores d'avril 1983, article intitulé René Guénon, un appel aux nouvelles générations, Jean Robin n'hésitera pas à écrire : « Redoublons d'audace : faut-il accorder quelque importance au fait que le générale de Gaulle ait désigné Guénon comme maître spirituel à ses « Compagnons secrets », auxquels il assigna une mission en rapport direct avec ce que nous appellerons la fonction eschatologique de la France ? Cette mission concernait entre autres la réconciliation ultime du spirituel et du temporel, la synthèse finale réalisée par cet Imperium pérenne enfin descendu de la sphère des archétypes, après avoir connu au cours des siècles quelques préfigurations avortées. Sa légitimation spirituelle reviendrait alors, dans cette perspective, à l’Église Gallicane dont de Gaulle appelait de ses vœux la renaissance. L’Église de saint Louis, qui refusait de prendre position contre l'empereur Frédéric II de Hohenstuafen, excommunié par le pape Grégoire IX ». Et ensuite : « Ce renouveau gallican ne saurait être fortuit, surtout si l'on sait l'écho qu'il rencontre dans sa jeunesse, grâce à sa double fidélité, d'une part à la tradition ecclésiale la plus antique, et d'autre part à l'ésotérisme chrétien. Et nous ne saurions mieux faire que de citer ici Michel Vâlsan, qui soulignait que le Gallicanisme, apparemment hétérodoxe, ne fut que l'expression sur le plan ecclésial du privilège qu'avait la France d'être un saint Royaume régi par un roi de droit divin, consacré comme tel par un Chrême céleste spécialement descendu pour assurer historiquement cette investiture ».
Or, en parlant de ces « compagnons secrets » de Charles de Gaulle, Jean Robin ne faisait qu'aller ouvertement vers l'ouvrage du R.P Martin (si R.P Martin il y a) intitulé, précisément, Le livre des Compagnons Secrets, ouvrage d'orientation et de travail gallicans avoués, et, ce faisant, renouer avec la tradition eschatologique impériale et solaire ayant trouvé son apogée à la fois le plus éclatant et le plus secret avec l'installation à Versailles de la royauté capétienne dite de droit divin.
D'autre part, mes propres habilitations dans le franchissement des cercles intérieurs et les plus interdits du « grand gaullisme » me permettent de faire état, ici, de la véritable emprise, confidentielle peut-être, mais profonde et persistante, exercée, sur le général de Gaulle, à Londres surtout, par Denis Saurat, dont on ne saurait ignoré la fidélité combattante, la fidélité suivie et créative aux thèses cosmologiques, aux cosmogonies différentielles du grandissime Hœrbiger, doctrinaire visionnaire de la Glazialkosomogonie.
Ayant fourni ses fondements cosmologiques – mais ne doit-on pas mieux parler, en l’occurrence, de ses fondations cosmologiques – à la géopolitique impériale de Karl Haushofer, et leur horizon cosmogonique de développement intérieur aux organisations de renforcement et de protection idéologique de celle-ci, la Glazialkosomogonie de Hœrbiger reste non seulement l'unique grande tentative de réintégration cosmogonique européenne de la fin de ce millénaire, mais aussi l'infrastructure mentale de l'approche essentiellement cosmologique caractérisant, pour ceux qui savent, l'ensemble de la vision géopolitique planétaire du général de Gaulle et, à partir de cela, la plus secrète intelligence de l'idée transcendantale que l' « homme des tempêtes » s'était forgée au sujet des destinées eschatologiques particulières de la France, ou plutôt de la Frankreich.
Hœrbiger, Haushofer, des noms qui sonnent comme le roulement de quatre dés de fer ayant régi le destin actuel du Grand Continent, des autre dés de fer dégageant, entre les Mains de l'Ombre, des irradiations occultes d'une charge de volonté, de puissance et de génie encore et toujours insoutenables : on se retrouve bien loin, en vérité, de l'univers mental débile des contemporains de Charles de Gaulle, l'homme le plus incompris, et, surtout, le plus trahi de son temps. Sait-on seulement que Charles de Gaulle fut, aussi, le trente-quatrième descendant 'en ligne directe authentique et authentifiée », ainsi que vint à l'attester très officiellement le Ministère des Affaires étrangères de Dublin, des anciens Rois d'Irlande, ligne de continuation royale qui, à travers la dynastie guerrière des Clana Rodry et, ensuite, des Mac Cartan, remonte au roi Rudricus le Grand, c'est-à-dire de deux millénaires en arrière de nous ? Et que l'identité confidentielle de la royauté extrême-occidentale de Rudricus le Grand continue à se perpétuer à travers la descendance de Charles de Gaulle ?
Enfin, pourquoi, en quittant le pouvoir en 1969, Charles de Gaulle a-t-il si farouchement tenu à se rendre en Irlande ? D'une assez mystérieuse façon, il se fait aussi que c'est en Allemagne qu'il faudrait essayer de trouver une réponse à cette question, une réponse qui fût vraiment décisive, libératrice de l'angoisse foncière de cette question dont la simple formulation, on s'en douterait à moins, gêne intolérablement certaines puissances nocturnes actuellement très e piste si ce n'est déjà en place, en France et ailleurs. Raison de plus pour que l'on y insistât, sachant, aussi, que le vent va bientôt tourner à nouveau.
Qui fut, en réalité, Charles de Gaulle ? Et qui était derrière lui, avant même qu'il ne fût lui-même ? Qui continue, aujourd'hui, dans les souterrains de la plus grande histoire, l’œuvre de salut et de délivrance cosmologique entamée par le géant des Deux Églises ? Le géant, je veux dire, dans le sens hœrbigerien du terme, ainsi que l'eût entendu Denis Saurat, c'est-à-dire quelqu'un qui émerge la réalité anthroposophique du cycle cosmologique précédent, et quant aux Deux Églises de sa prédestination de lieu d'accomplissement, songeons, surtout, à ce qui a été dit, ici même, sur les deux institutions occidentales, l’Église et la Maçonnerie, appelées à se perpétuer dans leurs identités propres jusqu'à la conclusion apocalyptique du cycle actuellement déjà si près de sa fin.
Et que l'on se rappelle donc, aussi, la série des faits suivants.
Durant sa captivité en Allemagne, de 1916 à 1918, le futur fondateur de la Ve République Française avait été détenu en haute Bavière, au camp de sécurité d'Ingolstadt (il avait à son actif cinq tentative d'évasion). Or, au camp de sécurité d'Ingolstadt, Charles de Gaulle eut pour compagnon de détention, entre autres, et je soulignerai fort cet entre autres, Rémy Roure, qui a laissé, sur Ingolstadt, un témoignage succinct mais tout à fait fascinant, ainsi que le futur maréchal de l'Union Soviétique Michaïl Toukhatchecsky, très haut initié de l'Organisation des Polaires et lui-même fondateur des Loges Polaires au sein de l'Armée Rouge. Mais le futur maréchal Michaïl Toukhachevsky devait être, surtout, l'artisan inspiré du grand Pacte Continental franco-soviétique, signé à Moscou par Staline et Laval. Et toujours à Ingolstadt, Charles de Gaulle allait rencontrer, par la suite, le Nonce à Berlin et futur pape Pie XII, Monseigneur Eugenio Pacelli (1876-1958), à ce moment-là, de par ses fonctions mêmes, visiteur apostolique des camps de prisonnier alliés.
Enfin, pour forts obscures raisons, et qui, pour bien longtemps encore, je le crains, vont devoir le rester, il est certain que les détenus du camp de sécurité d'Ingolstadt bénéficiaient de la haute et même, en quelque sorte, de la bienveillante attention du général Ludendorff (1857-1937), chef de l'état-major général de l'armée impériale et, par la suite, adjoint du vainqueur de Tannenberg, le feld-marcéhal von Hindenbourg (1847-1934). Sur les bords du Danube, à Ingoldstadt, les acteurs essentiels du prochain drame continental étaient donc rassemblés sur place, comme par l'exercice d'une volonté à la fois occulte et suprême, insaisissable, suprahumaine.
L'influence confidentielle de Denis Saurat et de René Guénon sur Charles de Gaulle commence donc à être connue, et l'on vient de laisser entrevoir, aussi, ses approches de la Glazialkosmogonie de Hœrbiger et, à travers celui-ci, de la géopolitique à fondations occultement cosmologiques de Karl Haushofer. A ce sujet, les archives réservées de l'Institut Hœrbiger de Vienne risquent de contenir, pour des chercheurs dûment habilités, un certain nombre de surprises de taille.
Il m'est également loisible de donner, ici et maintenant, les meilleures assurances quant au fait d'une prochaine mise à découverte intentionnée, et qui ne manquera pas d'être étayée par des preuves concluantes, des relations que Charles de Gaulle avait entretenu, aux alentours des années trente, avec la centrale parisienne des Loges Polaires, où, à ce que je crois m'être laissé confier par qui n'a pas à se tromper, aurait été conçu et préparé, du côté français, le projet de grand Pacte Continental Staline-Laval.
D'autre part, je ne pense pas qu'il faille un trop dur effort pour entrevoir la juste direction dans laquelle il s'agit d'investiguer pour trouver quelles durent être, dans les temps de son trempage théurgique, les relations de Charles de Gaulle avec les instances visibles et autres de l’Église, dont, pour avoir été, depuis toujours, un pratiquant très éclairé et très fidèle aux sacrements, des voies plus ardentes et plus dangereusement illuminantes et hautes n'eussent guère pu manquer de lui être laissées (son gallicanisme, on l'aura bien compris, n'ayant jamais été anti-romain, mais le chemin de la traversée vers l'intérieur caché et protégé de ce dont l’Église ne représenterait, dans ses actuels états, que l'enceinte immédiate et comme peut-être, déjà, partiellement sacrifiée).
On ne le voit que trop bien, cela fait beaucoup de logis philosophiques à visiter pour une seule existence et pour un seul ministère. Cependant, il ne faut pas confondre la puissance et ses attributs, lit-on dans Le fil de l’Épée.
Mais n'y a-t-il pas aussi une instance pontificale, la plus occulte de toutes, qui rassemblerait l'ensemble de cette quête occidentale en un seul refuge et donnerait à ce vertigineux tourbillons théurgique qu'aura été l'enclos des plus grandes fréquentations spirituelles de Charles de Gaulle le visage, fût-il par neuf fois voilé d'indigo, de son Unique Présentation ?
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |