01/03/2025
Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon (Laurent James)
(Le Caravage, La Madone des palefreniers)
Le complot, c’est comme le genre (« gender ») : le problème ne réside pas dans l’authenticité de son existence, mais dans le systématisme typiquement moderniste de la théorie qui l’exploite.
Les complots politiques sont une trame de l’histoire depuis quelques centaines d’années. Prétendre qu’attaquer le complotisme revient à nier l’existence de tout complot, c’est aussi stupide que de prétendre qu’attaquer le communisme revient à nier l’existence des inégalités entre les classes sociales. Ce n’est pas parce que nous nous intéressons aux complots et conspirations, que nous nous abaisserons à grossir les rangs des complotistes. Il faut faire comprendre à ces derniers, nos ennemis directs, irréductibles et définitifs, que nous ne leur reprochons pas de parler de complots, objet historique dynamique indéniable, mais d’avoir créé une nouvelle tentative d’étouffer la Révolution Spirituelle et supra-historique en cours en systématisant absurdement la notion de complot, et en enfermant l’esprit dans un immonde cercle de fer absolument contre-productif.
J’ai déjà écrit deux textes sur Parousia contre le complotisme : « Puritanisme et Complotisme, ces plaies de la modernité » (5 octobre 10), puis « Allah Akbar » (1 février 12). J’ai notamment soutenu que le but du complotisme était de générer un espoir démobilisateur (la résignation), alors que les assoiffés de justice avaient besoin du strict opposé : un désespoir mobilisateur (la révolution).
Deux des plus grands écrivains français de ces cinquante dernières années, Dominique de Roux et Jean Parvulesco, connaissaient l’histoire des grandes conspirations, et ils étaient favorables à une révolution grand-continentale : en termes contemporains, ils étaient donc anti-complotistes. Le premier avait décrit dans « L’acier prend le pouvoir » (in « L’Ouverture de la chasse », 1968) la réaction de la CIA, dans les années 50 et 60, à « l’offensive en cours de la révolution mondiale du communisme, ayant son épicentre politico-opérationnel au Kremlin ». La CIA aurait pu logiquement financer des partis frontalement anti-communistes, afin de combattre pied à pied son ennemi russe. Mais la logique politique des Etats-Unis d’Amérique n’a jamais été celle de l’affrontement direct. Karl Haushofer avait déjà décrit la stratégie américaine comme étant celle de l’anaconda : encerclement, enserrement et dissolution. Au lieu de créer et d’encourager des mouvements capitalistes de combat, ils créèrent et encouragèrent des mouvements gauchistes de parodie, des structures politico-culturelles de dédoublement du communisme, ennemi radical – à l’époque – des USA, afin d’en annuler la force en la détournant et la singeant par des opposants tout à fait factices.
Ce mécanisme de la prise en mains des révolutions gauchistes européennes des années 60 par la CIA est décrit ainsi par de Roux :
« Suivant la mentalité protestante du capitalisme outre-atlantique, il est évident, en effet, que la contre-stratégie américaine visait, avant tout, pragmatiquement, à l’efficacité. Or, l’efficacité dans le combat anticommuniste exigeait, en dehors de toute idéologie et selon la dialectique même du marxisme-léninisme historiquement en marche, non pas l’affrontement de l’anticommunisme, mais d’une structure marxiste à une autre structure marxiste. Cette politique dans le monde de la guerre froide – et elle fut la mission primaire de la CIA – cherchait à opposer aux mouvements communistes agissant, démocratiquement ou subversivement en Europe occidentale et ailleurs, au lieu des contreforts traditionnels, une ligne ininterrompue, visible, de mouvements démocratiques et socialistes d’inspiration ou d’influence marxiste-démocratique. […] Paradoxalement, c’est le marxisme, traité par la contre-stratégie souterraine de Washington comme moyen d’action, non comme but absolu – tel qu’il l’était encore, à ce moment-là, pour les tenants ultimes de la révolution mondiale du communisme – qui permit au monde non-marxiste de l’emporter sur le marxisme : c’est le marxisme qui, tourné contre lui-même, devait donc vaincre dialectiquement le marxisme.
Là on touche à l’évidence même : la colonisation américaine de l’Europe occidentale, la mise en chantier de l’Europe atlantique, a été l’œuvre, exclusivement, des partis socialistes et de leurs alliés, démocrates-chrétiens au pouvoir, en France, en Italie, en Allemagne fédérale, en Belgique, en Hollande, voire même en Grande-Bretagne.
Au paroxysme stalinien de la révolution communiste mondiale conçue toujours selon la thèse du stalinisme : « la révolution en un seul pays », le grand capital américain devait opposer ainsi un « mouvement trotskyste », une internationale contre-stratégique utilisant subversivement le socialisme, en tant que vaccin, comme nous venons de le dire ».
Ou, dit autrement : « Mai 68, c’est la fin des espoirs. Les étudiants et les cadres menés par ce goret (rose, déjà !) de Cohn-Bendit ont été chargés de stopper, par leur révolutionnette, tout essor de révolte vraie » (Marc-Edouard Nabe, « La fifille du Pharaon », in « Non », 1998).
Soixante ans après, les acteurs ont changé mais la problématique reste la même. Le communisme représentait à l’époque pour l’Amérique un ennemi géopolitique et non point spirituel, puisque le communisme et le libéralisme sont extraits de la même matrice idéologique. Aujourd’hui c’est le contraire : l’ennemi absolu et radical de l’Amérique est fondamentalement spirituel (il est donc également ennemi d’Israël), et possédera probablement, un jour, une assise géopolitique – c’est là l’objet de tous nos combats et de toute notre détermination. Aujourd’hui, l’ennemi absolu et radical de l’Amérique, c’est la vision du monde en termes d’alliances de civilisation, c’est la vision multipolaire de l’eurasisme que donnait naguère Constantin Leontiev, à savoir « un bloc de Tradition contre le modernisme occidental », comme le rappelle Robert Steuckers dans son texte fondamental sur les relations historiques entre eurasisme, atlantisme et indisme.
Le pouvoir américano-sioniste pourrait très bien attaquer frontalement son adversaire, à savoir cette résurgence de la spiritualité vivante et agissante, en favorisant par exemple des mouvements ouvertement athées qui se battraient pied à pied contre la mise en place d’une spiritualité révolutionnaire supranationale et unificatrice. Mais, comme dans les années soixante, au lieu des contreforts traditionnels, l’Amérique a choisi à nouveau la stratégie de l’anaconda en misant tout sur la singerie de son ennemi le plus radical (la Révolution Spirituelle) ; et cette singerie passe justement par le néo-évhémérisme et le complotisme, derniers coups de boutoir de l’athéisme larvé et viral, tous deux américains jusqu’au bout des ongles, jusqu’au bout du trou du cul.
Pour le dire autrement, et afin que je me fasse bien comprendre : le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.
Les complotistes d’aujourd’hui sont nos Cohn-Bendit à nous. Et j’espère bien qu’on n’attendra pas soixante ans pour leur crever la panse.
Le complotisme est une colonisation supplémentaire de l’esprit européen par l’Amérique des bas-fonds, l’Amérique des ratés.
Si tant est que nous soyons eurasistes, nous autres hyperboréens, il semble cependant que nous le soyons autrement que l’on ne le serait selon la volonté de puissance de certains. Nous ne sommes pas des complotistes… Nous n’en croyons pas nos oreilles, lorsque nous les entendons parler, tous ces conférenciers internautes. « Voici les modalités du complot ! » C’est avec cette exclamation qu’ils se précipitent tous sur nous, avec une recette à la main, la bouche hiératique pleine de vomi. « Mais qu’importe à nous le complot ? » – répondons-nous avec étonnement. « Voici le complot ! » – reprennent ces sales vociférateurs endiablés : et voici la vertu, le nouveau chemin du bonheur !… Car, en plus de tout le reste, voici qu’ils se piquent de vertu et de puritanisme, nos petits héros… Nous sommes, de par notre nature, beaucoup trop heureux pour ne pas voir qu’il y a une petite séduction dans le fait de devenir eurasiste ; c’est-à-dire immoraliste et aventurier… Nous avons pour le labyrinthe mégalithique de nos ombilics limbesques une curiosité particulière, nous tâchons, pour cela, de faire connaissance de monsieur le Minotaure dont on raconte des choses si dangereuses. Chut ! Ecoutez ! Le Taureau trépigne sur les parois de nos grottes antédiluviennes, il revient à la vie, ses naseaux frémissent et crachent de l’air chaud. Que nous importe votre corde à complots qui, prétendez-vous, nous aiderait à sortir de la caverne ! Vous voulez nous sauver au moyen de votre corde ! Et nous, nous vous supplions instamment de vous pendre avec !
A quoi sert tout cela en fin de compte ! Il n’y a pas d’autre moyen pour remettre l’eurasisme en honneur : il faut d’abord pendre les complotistes.
Le complotisme s’élève contre tout ce qui le dépasse, et son obsession est de rabaisser toute grandeur au niveau de sa propre impuissance atrophiée (les phrases suivantes entre guillemets sont réelles) : les Templiers (« une troupe de talmudistes précurseurs des francs-maçons et tenanciers de réseaux pédophiles »), le Vatican (« le Pape est une créature de Satan – d’ailleurs Bergoglio était trafiquant d’enfants, et c’est une loge maçonnique qui dirige le Vatican »), l’eurasisme (« Douguine est piloté par l’Occident »), la littérature (« chrétiennement parlant, Léon Bloy est sataniste »), les Rois Mérovingiens (« une race d’extra-terrestres »), l’Irak (« Saddam Hussein était un agent américain »), la Russie (« Poutine fait partie du système mondialiste »), le Onze-Septembre (« les avions étaient des hologrammes »), Platon (« le véritable Platon était Gémiste Pléthon, au XVè siècle »), les pyramides d’Egypte (« ce sont les reptiliens Annunakis qui les ont construites »), l’histoire européenne (« le Moyen Age n’a jamais existé, c’est une invention de l’Eglise vers 1600 »),… Lorsque j’entends un de ces crétins m’asséner qu’un complotiste est forcément intelligent puisqu’il doute des réalités officielles, je dégaine ma masse d’armes.
Leur mot d’ordre : tous contre la Sainte-Baume !
Je connais peu de listes aussi déprimantes que celle des dates marquant les défaites successives de l’Eurasie : – 37000 (extinction des Néandertaliens), – 10800 (engloutissement de l’Atlantide), – 2750 (troisième tiers de l’Ere du Taureau : césure du bloc indo-européen initial), – 175 (Saces chassés des Terres du Milieu par les Xiongnu), 843 (Traité de Verdun), 1274 (tentative avortée de Grégoire X d’unifier les Mongols, les Byzantins et l’Europe), 1314 (chute des Templiers), 1825 (dissolution de la Sainte-Alliance), 1945 (américanisation de l’Europe occidentale),… et 2014, où les adversaires les plus fervents et les plus retors du Saint Empire Eurasien sont les complotistes. Mais là, en revanche, il n’est pas sûr qu’ils remportent la victoire. Pas sûr du tout.
En 1942, le révolutionnaire Lucien Rebatet écrivait dans Les Décombres : « Je n’admire pas l’Allemagne d’être l’Allemagne, mais d’avoir permis Hitler. Je la loue d’avoir su, mieux qu’aucune autre nation, se donner l’ordre politique dans lequel j’ai reconnu tous mes désirs. Je crois que Hitler a conçu pour notre continent un magnifique avenir, et je voudrais passionnément qu’il se réalisât ». En 2014, les complotistes écrivent dans leurs torchons collaborationnistes que le nazisme était entièrement financé par les Juifs, et qu’Hitler, en plus d’être le petit-fils de Rotschild, était sataniste de par sa prétendue appartenance à la Société de Thulé.
La guerre totale a lieu entre la conspiration mondialiste de la super-puissance planétaire des Etats-Unis et « l’intégration grand-continentale eurasiatique de la fin » comme l’a écrit Parvulesco : la réunification du continent après quarante mille ans de tragédies historiques déflagrationnelles ; soit, d’une part, l’alliance sanctifiée entre le catholicisme et l’orthodoxie, et d’autre part, la nouvelle émergence des anciens dieux de notre continent ainsi que de tout le petit peuple de nos forêts, de nos landes et de nos lacs, sous l’égide hautement lumineuse et déchirante du Christ-Pantocrator et de la Vierge Marie.
Or, tout raisonnement qui s’élabore en termes de civilisation ou de bloc continental ne peut qu’être systématiquement condamné par le complotisme, qui y verra – ou plutôt, qui feindra d’y voir (car, pour beaucoup d’entre eux, tout n’est que jeu de dupes) – la mainmise de grands groupes financiers internationaux et une variante du nouvel ordre mondial au bénéfice intégral des banques de Wall Street. Alors que la nation est une fabrication complètement anti-traditionnelle (la nation française trouve principalement ses racines dans la cupidité et l’acharnement tout kshatriyen de Philippe le Bel dans la destruction de l’Ordre du Temple, et les autres nations européennes sont majoritairement des productions artificielles élaborées par les bourgeoisies entrepreneuriales pour faire fructifier leurs commerces et industries), elle est aujourd’hui ardemment défendue becs et ongles par les complotistes face au seul mouvement véritablement anti-américain et antisioniste qui tienne, celui de l’intégration supra-nationale grand-continentale et spirituellement unificatrice défendue par les nôtres. Mais, pour le complotiste, tout ce qui s’élève au-dessus de la nation ne peut qu’être une marionnette du Malin.
Lorsque le complotiste se trouvera en face du Paraclet, il L’attaquera en disant que c’est un hologramme envoyé par le Mossad pour tromper les esprits, tout comme son ancêtre avait jadis accusé Jésus d’être un mercenaire romain chargé de défaire les rebelles zélotes en semant le trouble. D’autres complotistes voient dans l’islam une manipulation des Arabes, leur mise au pas judaïque par le rabbin ébionite Waraqa Bin Nawfal, précepteur caché de Mahomet.
Pour le dire encore plus clairement : quels que soient les détours empruntés par les aléas de l’actualité quotidienne, le complotisme se trouve entièrement aux côtés de la conspiration mondialiste, parce que la seule manière de lutter contre la conspiration mondialiste, c’est la grandeur, le lyrisme, la beauté, la grâce, la foi, l’amour et le fanatisme, toutes choses qui passeront toujours pour suspectes aux yeux ultra-rationalistes des complotistes.
Dans chaque réunion publique de type politique ou spirituel, aujourd’hui, se trouvent dix pour cent de complotistes et/ou néo-évhéméristes qui pourrissent l’ambiance avec leurs sales gueules de traviole. Notons en passant que les complotistes sont tous d’une laideur à couper le souffle. Le 18 janvier dernier, à Rennes-le-Château, quelques-uns d’entre eux tentèrent de nous persuader que c’était la Rome chrétienne qui avait envoyé les Huns ravager la Gaule, et que le pic de Bugarach était un parking cosmique pour OVNIs. Les complotistes ésotéristes sont tous frontalement opposés au Vatican, car toute autorité politico-spirituelle ne peut que leur être insoutenable : ce sont des anarchistes honteux, une résurgence de l’éternelle lie de l’humanité, gueularde, atrophiée et vantarde, sous des oripeaux modernes de webmaster urbain. La croyance en l’origine extra-terrestre de la population humaine (ou d’une fraction d’entre elle) relève de cet ultime tour de passe-passe de l’athéisme, consistant à éviter à tout prix de s’en référer à Dieu.
Le 12 octobre 2013, lors de laconférence londonienne avec Alain de Benoist et Alexandre Douguine, quelques-uns d’entre eux affirmèrent que si l’on se trouvait dans cette salle d’hôtel du Bloomsbury pour évoquer « the end of the present world », c’était parce que le Mossad nous l’avait permis. Par ailleurs, ils nous affirmèrent que nos conférences ne servaient à rien si nous ne parlions pas du pouvoir absolu des Illuminati. Douguine perdit du temps à leur rétorquer que, contrairement au capitalisme industriel, le capitalisme financier était un flux principiel, et pas une construction statique. Pas de pyramide (ou d’anti-pyramide) qui tienne dans le monde de la dissolution : c’est précisément la définition de la post-modernité. Que se passerait-il si l’on éventrait tous les hommes au pouvoir, et qu’on les remplaçait par d’autres ? Absolument rien. Les complotistes ont cent ans de retard. Par ailleurs, c’est l’essence du capitalisme qui est proprement sataniste, beaucoup plus que les hommes qui le propagent. Voici une différence essentielle entre le conspirationnisme résistant et intelligent, et le complotisme traître, collaborationniste et imbécile : le premier sait que les forces obscures dirigent les hommes de manière disparate mais convergente, et que les hommes mauvais sont essentiellement le jouet du Mal, les esclaves des forces obscures ; le second croit que ce sont les hommes mauvais qui dirigent tout, et qu’ils possèdent par eux-mêmes un pouvoir énorme : le pouvoir de téléguider des avions sur des tours new-yorkaises, ou d’organiser des complots ultra-rationnels sur des dizaines ou des centaines d’années de distance. L’entité supérieure, pour eux, c’est l’élite. Et pas le Démon. Cette nuance peut sembler insignifiante, mais elle est énorme, et tout le problème est là. C’est encore une manière de croire en l’homme, de croire que certains hommes possèdent des super-pouvoirs comme dans les comics américains. Epuisé d’avoir à affronter autant de connerie orgueilleuse, Douguine se tourna vers moi en me soufflant, l’air désespéré : « C’est incapacitant ». Oui, en effet, tous les complotismes sont incapacitants, parce que c’est justement leur fonction : enrayer et stopper la Révolution Spirituelle, par tous les moyens.
Et ils le savent parfaitement.
Jusqu’à l’avènement d’internet, le complotisme restait cantonné dans des fanzines américains pour débiles légers, à l’instar du bulletin « Conspiracy Theory » de Mel Gibson dans le film éponyme de Richard Donner. La plupart de ces théories étaient alors plutôt amusantes, tant qu’elles ne relevaient que de la sous-culture paranoïde : le fluor est utilisé par les dentistes pour troubler le système nerveux des patients, des hélicoptères noirs en mode silencieux nous surveillent en permanence, le Grateful Dead était une troupe d’espions de la CIA, Oliver Stone est le porte-parole caché de Bush, les reptiles dominent le monde, etc. Mais le film date de 1996, et depuis lors, l’arme de destruction massive américaine dénommée internet a émergé dans le public, offrant un support idéalement symbiotique à la théorie arachnéenne du complot. Jamais on n’aura vu un médium aussi bien adapté à son message. En vingt ans, les tarés plutôt sympathiques sont devenus des leaders vaniteux, complètement intégrés aux modalités du système qu’ils se plaisaient naguère à décortiquer. Il n’y a aucune différence entre Alex Jones et Ronald Reagan. La technique MK Ultra était censée parvenir à transformer un homme moyen en assassin ? Depuis, comme il est dit dans le film de Donner, « la technique auto-suggestion et hypnose » est tombée dans le domaine privé : les webmasters complotistes l’ont entièrement récupérée, usant de l’insulte permanente, la vocifération abjecte et l’avilissement verbal pour hypnotiser l’internaute dubitatif, et le transformer en militant de la démobilisation et en assassin permanent de la Révolution. Chaque complotiste est un sous-produit direct de la CIA : il ne pense et n’agit que par elle, volontairement ou non.
En gagnant en vingt ans un certain pouvoir doctrinal favorisé et propagé par cette arme de guerre américaine qu’est internet, le discours complotiste s’est à la fois asséché et ridiculisé, mais il a surtout gagné en nuisance. Les théories débiles sont passées des revues ronéotypées en cinquante exemplaires aux sites internet à plus de 50000 visites par jours ; c’est exactement comme si un adolescent semi-attardé devenait père de famille du jour au lendemain. Ce dernier serait le père le plus autoritaire, insultant et haineux de tous les temps envers ses propres enfants. C’est ainsi que tout acte de résistance authentique est activement nié par le complotisme (l’anti-Système reconnu comme tel par le Système), tandis que cet acte de résistance est en même temps combattu par le Système officiel. J’affirme que le Système mène la lutte sur deux fronts en même temps : diffusion d’une propagande officielle sur les médias télévisuels de masse, et diffusion concomitante d’une propagande complotiste, opposée binairement à l’officielle, sur les médias internautes. A chaque fois, la vérité se trouve prise en sandwich entre les mensonges du Système et de l’anti-Système. L’anti-messe est dite.
Il ne peut pas exister de poésie ou de littérature complotiste, puisque le complotisme n’enrichit pas le réel mais il l’appauvrit : il l’assèche, l’encercle et le dissout. Le complotiste, c’est le Grand Inquisiteur évoqué par Dostoïevski (dans Les Frères Karamazov) : homme mauvais déguisé en dignitaire de l’Eglise, il refuse toute légitimité à la grâce (incontrôlable par nature) pour promouvoir la société de l’efficacité, une société soumise aux faux initiés comme lui. Le complotiste est un berger manipulateur : c’est un démocrate furieux, motivé par la haine du mystère. Ce qu’il déteste dans la vie, au fond, ce n’est pas que le Mal s’étende un peu partout, mais qu’il se passe des choses dont il ne soit pas au courant. Même si ce sont des forces du Bien qui tentent à couvert d’accroître leur pouvoir (Templiers, Jésuites, MMM), il les haïra avec détermination et les accusera de tous les maux, pour la simple raison qu’il veut connaître dans le détail absolument tout ce qu’il se passe.
Lorsque le Grand Inquisiteur rencontre Jésus, Celui qui fut le point de départ de sa vocation première, il réalise à quel point il a pu trahir cette dernière en l’érigeant en système de pensée aussi stérile que massificateur. Alors, à la fin, le Grand Inquisiteur fait périr Jésus dans les flammes. Le secret de Jésus, c’est qu’il n’y a pas de secret.
Croire que les hommes du Mal contrôlent tout, c’est démobilisant et anti-révolutionnaire, et conséquemment profitable au Mal. Le complotisme n’est pas une variante de la pensée radicale avec laquelle il pourrait être permis de composer en attendant la victoire. Bien au contraire. Le complotisme est un outil de la conspiration mondialiste pour étouffer la Révolution Spirituelle en usant de la stratégie de l’anaconda. A paranoïaque, paranoïaque et demi. Debout au sein de la cellule rayonnante de notre chevalerie spirituelle, nous autres hyperboréens, tenants de l’Europe mystérieuse et du Saint Empire des Temps de la Fin, saurons écraser la tête du complotisme à coups de talon, ainsi qu’il doit être fait.
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12/12/2023
La fenêtre
...Et la voilà ; Édith ! P'tit piaf sautillant. Tout en feu. Lionne à crinière. Tout en soleil. Les mains sales comme si elles sortaient de terre. C'est qu'la môme à de l'humour. Une femme qui t'fait rire, c'est un bout de paradis. J'ai serré l’éternel présent sans l'étreinte. C'est un lâche. Éternellement et infiniment lâche. C'est Chronos. Contre lui que l'immortalité se bat. Secret : l'immortalité c'est la mort à sois-même. Rien d'autre. Autant crever. Crever dans le creux d'un rêve. La caresser, l'embrasser, la mordre, la baiser, lui faire voir la f'nêtre.
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18/03/2023
La grande trahison métapolitique de la Droite – Deuxième partie : L'Ordre révolutionnaire
Les états multiples du clivage Gauche/Droite : l'Ordre révolutionnaire, la Droite et l'occidentalisme, l'identité et le prométhéisme, le Progrès comme représentation, la double contrainte de l'antiracisme/racisme et autres digressions autour du clivage Gauche/Droite
Article précédent : La grande trahison métapolitique de la Droite – Première partie : Remise en contexte et introduction
Lecture audio disponible sur Souncloud.
« Bien creusé, vieille taupe ! s'exclame Hamlet à la vue du fantôme de son père, apparaissant au prince du Danemark si loin de son lieu de sépulture. Bien creusé, vieille taupe, Karl Marx réitérera dans Le dix-huit brumaire de Louis Napoléon, confiant dans l'esprit de la révolution prolétarienne.
La taupe qui a creusé le plus profondément est l'idée de progrès, née au 18ème siècle et devenue le totem et le tabou de la modernité occidentale. Elle est apparue lorsque le besoin s'est fait sentir d'attribuer à l'homme, vidé de tout contenu religieux, un destin ayant une signification matérielle. L'invention du progrès est devenue une idéologie, à tel point que des partis et des forces culturelles se disent progressistes et que ceux qui ne sont pas de leur acabit éprouvent le besoin de se justifier, de circonscrire ou de nier leur opposition.
Comment échapper à l'idée de progrès, à son avancée inexorable, à opposer ce qui signifie opposer au progrès de l'humanité, au mouvement positif vers des degrés ou des stades supérieurs, le concept implicite de perfection, d'évolution, de transformation continue vers le mieux. » Roberto Pecchioli, L'invention du progrès, Euro-Synergies
« Après Hegel et après Evola, une instance totale, productive à la fois d'une théorie et d'une phénoménologie, n'était plus apparue dans la philosophie. Le sujet radical, dans son apparition même, génère de jure de nouveaux scénarios et de nouvelles voies, comme un alchimiste transforme radicalement une matière vile et grossière en captant d'autres essences dans les profondeurs, atteignant la limite de la conjonction entre matière, structure et esprit. Un nouveau mot: catalyser, réagir. Un Homo Novissumus, le sujet radical, mais libéré des incrustations idéologiques de la modernité et de son suicide post-moderne, dans la mesure où il est ouvert, intérieurement, à la transcendance et à la métaphysique, à travers une voie opérative, théurgique, chamanique, « héroïco-mythogonique ». » Giacomo Maria Prati, Le sujet radical d'Aleksandr Douguine, Géopolitika
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Se revendiquer de Droite, et en particulier de la Droite identitaire et alternative – entendez la Droite européenne – n'affirme pas notre idéologie, notre théorie politique, notre philosophie, notre spiritualité, notre religion, notre imaginaire, nos rêves, notre esthétique, notre mystique, notre ésotérisme, notre doctrine : notre vision du monde et notre métaphysique. Ne dit rien de notre empire intérieur. C'est une position de principe, pour ne pas dire une posture.
Le mot « identitaire » vide le mot « identité » de son sens en le séparant de sa totalité dimensionnelle et ses multiples états. De l'être soumis à l'expérience de la matière et du réel, aux contingences et nécessités de l'époque dans laquelle il s'inscrit. Certes, nous sommes le fruit de notre époque et de ce qui l'a précédé, mais n'oublions pas que nous ne sommes que de passage. Notre devoir est, dans le temps qui nous est imparti et qu'il nous reste, de prévoir ce qui va lui succéder, de nous préparer à bien mourir et de laisser le juste message aux prochaines générations. Un étrange mélange de patience et de sauvagerie, de très haute retenue et de sévère pulsion, doit s'emparer de nous.
La somme des combats menés par nos groupes, avec des moyens limités – il faut l'admettre et nous prenons en compte cette réalité –, est une somme nulle si nous ne résolvons pas l'équation globale et nous ne pouvons la résoudre qu'en proposant une démonstration intégrale. La démonstration compte davantage que le résultat, fut-il exact.
Cette « démonstration intégrale », qui sera exclusivement théorique dans son énoncée première, se cristallisera dans une vision du monde totalisante qui doit éviter deux travers : l'utopie et la parodie. Ce qui, du métapolitique au politique, se traduit par la volonté d'incarnation de nos idées dans un concept absolu et un corps politique par la fondation d'un grand « isme » : un centre, un axe, un ordre, un parti.
D'abord par l'élaboration d'une nouvelle théorie politique – tous les cadres socio-politiques ont explosé ; tous les constats ont été déposés ; la proposition de retour à une forme nostalgique de pouvoir sera rejetée –, ensuite par la constitution d'une avant-garde manifeste et doctrinaire. Une nouvelle forme de pratique politique qui, à défaut d'être « traditionnelle » dans un monde qui ne l'est plus, pour le meilleur et pour le pire ; et souvent celui de la cruelle loi de l'entropie vers la mort que nous n’éviterons pas mais que nous retenons le plus longtemps possible comme le déferlement des forces dévastatrices sur nos vies, peut se concevoir sous la forme d'une organisation informelle, revêtir le caractère imperiumique et sacral d'un katechon europae principiel, sans être une association ni une communauté, mais un pacte d'honneur et fidélité à des principes, une organisation métapolitique d'hommes libres mise à l'épreuve du réel, soutenue par la seule volonté, les compétences et habilitations particulières de ses « membres », reposant sur la confiance et le secret.
Pour acquérir ce niveau de discipline « aristocratique » et se mettre au service d'un tel Ordre « méritocratique », il est nécessaire d'introduire une notion de réenchantement et de transcendance à l'exercice. De réenchantement de notre « représentation du monde » et de transcendance de notre « être au monde ».
C'est à ce moment de l'exercice que tout s'écroule car un tel raisonnement fait appel à des aspects psychologiques et une force de caractère qui ne sont plus en vigueur dans nos groupes métapolitiques éclatés dans le réseau. On ne les retrouve pas davantage dans les communautés artificiellement organiques – ré-assemblées autour d'un critère unique et exclusif ou d'un divertissement. Il est donc nécessaire, avant toute chose, de réenchanter les idées politiques et transcender les milieux métapolitiques pour motiver cette discipline et obtenir l'allégeance sincère des militants éparpillés, contourner ce qui fait obstacle à cette tentative à la recherche de totalité dans sa hiérarchie et toutes ses subsidiarités. L'idée est de créer cet Ordre avec une poignée d'hommes et de faire comme-ci. Nous avons prêté allégeance à l'Empire eurasiatique de la Fin, nous sommes prêts à mourir pour nos idées et nous n'attendons rien en retour. Voilà un homme eurasiste.
La constitution d'un « empire intérieur » en l'homme est primordiale – pour imaginer la possibilité de rétablir un empire continental multipolaire européen il faut premièrement que les hommes le portent en leurs cœurs et le réalisent de générations en générations car nous ne verrons pas l'avènement de cette grande Nation et d'un monde multipolaire de notre vivant, nous le craignons. Les projets à courts et moyens termes, les programmes politico-politciens qui ne sont souvent que l'expression de nos propres limites, les analyses désespérantes et déprimantes qui en résultent, les démonstrations réactionnaires complotistes ou réalistes de nos mécontentements, les psychanalyses en ligne et le commerce de développements personnels, les solidarités idéologiques vocifératrices virtuelles qui ne se font peur qu'à elles-mêmes, les projections planificatrices rationnelles et rigoureuses d'une pratique du pouvoir conférencière, l'exposition de nos névroses, la reproduction des nouveaux lieux communs postlibéreaux de prolétaires avec une connexions internet qui rêvent d'être bourgeois, etc, toute ces merdes que produit internet, ça n'est pas pour les hommes libres.
Nous ne devons nous concentrer que sur ce qui est caché, souterrain, secret, invisible. Si nous sommes nous-mêmes capables de fonctionner souterrainement et secrètement alors nous serons aptes à « prendre le pouvoir » quand l’événement se présentera. Nous devons rétablir le Grand Jeu ; vivre souterrainement et secrètement à l'air libre. Éteindre tous les écrans superposés de la grande subversion. S'extraire de cette plus grande servitude volontaire de l'illusion du combat sur les réseaux-sociaux qui sépare déjà les hommes en deux : ceux qui y croient et ceux qui ont comprit dés le début l'inutilité de tous nos combats. Nous nous adressons aux seconds. Nous couperons la tête des premiers avec Amour : ce sont les premiers responsables de nos erreurs, fautes et échecs métapolitiques car ils maintiennent les nôtres dans l'illusion et la servitude volontaire.
« Pour le dire autrement, et afin que je me fasse bien comprendre : le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.
Les complotistes d’aujourd’hui sont nos Cohn-Bendit à nous. Et j’espère bien qu’on n’attendra pas soixante ans pour leur crever la panse.
Le complotisme est une colonisation supplémentaire de l’esprit européen par l’Amérique des bas-fonds, l’Amérique des ratés.
Si tant est que nous soyons eurasistes, nous autres hyperboréens, il semble cependant que nous le soyons autrement que l’on ne le serait selon la volonté de puissance de certains. Nous ne sommes pas des complotistes… Nous n’en croyons pas nos oreilles, lorsque nous les entendons parler, tous ces conférenciers internautes. « Voici les modalités du complot ! » C’est avec cette exclamation qu’ils se précipitent tous sur nous, avec une recette à la main, la bouche hiératique pleine de vomi. « Mais qu’importe à nous le complot ? » - répondons-nous avec étonnement. « Voici le complot ! » - reprennent ces sales vociférateurs endiablés : et voici la vertu, le nouveau chemin du bonheur !... Car, en plus de tout le reste, voici qu’ils se piquent de vertu et de puritanisme, nos petits héros… Nous sommes, de par notre nature, beaucoup trop heureux pour ne pas voir qu'il y a une petite séduction dans le fait de devenir eurasiste ; c'est-à-dire immoraliste et aventurier... Nous avons pour le labyrinthe mégalithique de nos ombilics limbesques une curiosité particulière, nous tâchons, pour cela, de faire connaissance de monsieur le Minotaure dont on raconte des choses si dangereuses. Chut ! Écoutez ! Le Taureau trépigne sur les parois de nos grottes antédiluviennes, il revient à la vie, ses naseaux frémissent et crachent de l’air chaud. Que nous importe votre corde à complots qui, prétendez-vous, nous aiderait à sortir de la caverne ! Vous voulez nous sauver au moyen de votre corde ! Et nous, nous vous supplions instamment de vous pendre avec !
A quoi sert tout cela en fin de compte ! Il n'y a pas d'autre moyen pour remettre l’eurasisme en honneur : il faut d'abord pendre les complotistes. » Laurent James, Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon, Parousia
Et les occidentalistes et prométhéens de par leur occultisme scientiste n'en sont pas moins « complotistes » ! Comme les complotistes, leur deux cible sont l'Eurasisme et la Tradition.
« Leur mot d’ordre : tous contre la Sainte-Baume ! »
L'épanouissement et l'accomplissement de ces hommes de principes au sein d'une structure métapolitique qui, à terme, pourrait devenir une force politique, est la démonstration par l'exemple que notre pratique politique est fonctionnelle sur la base de quelques principes. Une nouvelle pratique politique principielle et sacrale, le rétablissement d'une verticalité organique par le redressement individuel des hommes de leur propre initiative.
Une organisation où une grande part de liberté individuelle se révèle créatrice et réalisatrice sans même avoir besoin de communiquer, de proposer des formations, d'imposer des réunions, de donner des instructions, de reproduire des entre-soi, car les projets collectifs sont voués à l'échec – notre doctrine doit devenir naturellement organique : à partir du moment où des hommes partagent une « vision du monde totalisante », défendent les mêmes principes et portent le même combat, ils n'ont même pas besoin de se connaître, de se parler, de s'auto-congratuler et se rassurer du bien fondé de ce combat pour vivre et « savoir quoi faire ». Nous faisons appel aux hommes vivants et libres. Des hommes que nous n'avons pas besoin de convaincre sur le fait que, avant de prétendre combattre le système politicomédiatique, nous devons attaquer frontalement les idéologies subversives à l'intérieur de nos propre camp qui sont là pour empêcher, bloquer, pourrir, tuer toute pulsion de vie et de révolution.
Il est important de faire société et d'appartenir à une communauté, cela va sans dire, mais cela ne regarde pas notre « organisation métapolitique ». L'homme adulte et libre d'accomplir ses devoirs fait société et appartient à la communauté qui lui correspond et lui ressemble, fait partie de toutes les associations qu'il veut, même et surtout celles de l'adversaire, tant qu'il porte au fond de lui cette vision supérieure et totalisante du monde nous pouvons compter sur lui sans même qu'il se fasse connaître avant que la nécessité se fasse sentir. Le besoin d'appartenir à un groupe et de reconnaissance, d'attirer et de recevoir de l'attention, doit s'accomplir dans sa vie personnelle : l'homme qui vient à la politique pour ses raisons, pour combler un vide, n'est pas fiable... Il ne s'agit plus de produire du constat et de la réinformation, de convaincre et de rassurer, de vendre des modèles économiques et des produits de consommation...
Vivre leur propre chaos, être en capacité de reconnaître les signes, se tenir prêts, se rallier et s'aligner à la nécessité, ne pas avoir besoin de réfléchir pour agir, être une meute de « loups solitaires », voilà ce que nous attendons de nos lecteurs.
Des héros, ça s'exhorte et s'exalte sur le champ de bataille ; nous n'en sommes pas là, mais la seule confiance doit résister à toutes les tentations postmodernes de reproduire de la Gouvernance et du calcul froid. Une littérature de combat et des mots d'ordre, seulement des mots d'ordre et la liberté. Un « Empire sans empereur » de cœurs ardents et d'âmes qui brûlent. Une grande revue ; qui suscite une littérature de combat ordonnatrice, et un réseau librement organique ; de petites cellules ou d'électrons libres, vivant localement, nationalement et à l'échelle continentale européenne, suffisent pour former une « avant-garde » et un « réseau ». Notre premier combat est celui contre des mentalité, notre guerre est psychologique et spirituelle, d'abord à l'intérieur de nos groupes. Nous pouvons nous rencontrer mais notre premier mot d'ordre serait : les principes avant le Prince.
Les organisations qui cherchent à retenir les hommes dans leur girond socio-économique sont celles qui n'ont pas confiance en elles-mêmes et leurs idées, qui n'aiment pas la liberté, qui veulent faire vos fonds de poche, qui ne sont pas européennes, qui ne sont pas eurasistes !
Elles ne rassembleront que des hommes qui n'ont pas confiance en eux et ressentent le besoin d'être dirigés ; qui ne se sont pas encore libérés de leurs droits démocratiques à posséder pour être des hommes d'honneur et de fidélité : de devoir être et n'être que devoir. Des hommes de devoir et de vouloir, voilà les hommes que nous attendons.
De nombreuses associations prennent le problème à l'envers. Elles considèrent que l'argent est le nerf de la guerre. Ce qui, en l'état actuel des choses, tient du délire car personne, à notre connaissance, n'a nommer la guerre. Quelle guerre ?
Ça n'est pas en finançant des journalistes et quelques divertissements ça et là, qui ne font que retenir les hommes dans l'angoisse de l'information/désinformation/réinformation qui ne fait que semer le doute et la confusion, qui éloigne du combat, que nous pourrions devenir une force organisationnelle, institutionnelle ou partisane de type classique suffisamment importante que pour rivaliser avec les milliards déversés contre nos groupes. Cette logique d'auto-financement est la première erreur métapolitique et une première preuve de défaillance de nos groupes qui veulent reproduire des modèles économiques qui ne correspondent pas aux échelles des combats que nous menons pour, enfin, combattre la guerre. Pour le dire autrement, nous ne finançons que pauvrement des individus qui, premièrement le demandent et qui deuxièmement pensent le mériter...
Nous ne sommes pas une entreprise et ne sommes pas la pour entretenir qui que cela soit. Nous considérons que les critères méritocratiques sont forts mal établis, qu'il n'y a aucun moyen de calculer l'influence réelle des initiatives personnelles, que sans une juste contribution et redistribution efficace des peu de moyens dont nous disposons, nous ne pouvons construire une véritable et charitable œuvre métapolitique. Si le « camp identitaire et européen » s'en donnait les moyens il existerait depuis longtemps un grand Parti et il existe des personnes compétentes pour gérer une telle structure. Elle n'existe pas parce qu'il n'y a aucune volonté qu'elle existe.
Dans ces conditions, chacun doit se donner les moyens de fonctionner individuellement et nous serons collectivement fonctionnel sans avoir besoin de financer des fonds de caisse inconséquents pour entretenir l'un plutôt que l'autre. Souvent pour financer du divertissement qui enferme les multitudes anonymes connectées dans l'illusion des écrans superposés. S'il y avait moins d' « influenceurs », de « lanceurs d'alertes », de « libres penseurs » notre silence aurait certainement davantage d'influence et cela fait bien longtemps que les forces seraient libérées...
« Il existe une opinion couramment répandue selon laquelle le concept d'empire présuppose obligatoirement la présence d'un empereur. Cependant, une analyse objective de ce phénomène montre que l'histoire connaît nombre d'empires sans empereur. Certains étaient dirigés par un cercle réduit, choisi au sein de l’aristocratie. D'autres, par un parlement ou un Sénat. Par conséquent, la présence d'un pouvoir monarchique unipersonnel, celui de l'empereur, ne constitue pas une condition indispensable à l'existence de l'empire. De plus, il a existé nombre D’états monarchiques, despotiques, tyranniques, ou encore dictatoriaux dans lesquels le roi ou le chef autoritaire possédait un pouvoir absolu mais qui ne se nommaient pas empire et n'offraient rien de commun avec lui. De cette façon, nous pouvons pleinement examiner le concept d'empire indépendamment de celui d’empereur. » Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique - La Russie et les idées politiques du XXIème siècle, Chapitre X Le projet « Empire », L'empire sans Empereur, pp. 209-210, aux éditions Ars Magna
Amour du Secret et secret de l'Amour. Principe de fidélité et Fidélité aux principes.
Notre combat n'est pas l'actualité et le développement personnel, le fichage et la « fête du pays réel » imaginaire ! Des hommes libres et des hommes libres seulement. Une organisation sans membres ne peut être montrée du doigt, diffamée, accusée, démantelée, emprisonnée, écartelée avant d'émerger. On ne peut enfermer des principes et il n'y a pas besoin de se revendiquer d'une organisation pour porter des principes... Seul son noyau actif et éditorial, il en faut bien un, est en prise direct avec les ennuis administratifs, la censure et les cabales. Chacun décide de son niveau d'implication et fera ce qu'il aura à faire au moment où il faudra le faire et où il sera à ce moment puisqu'il est impossible de prévoir où, quand et comment vont se produire les événements qui permettront de faire émerger un Ordre.
Complotons, conspirons, soyons partout et nul part !
Soyons un culte à mystères, une franc-maçonnerie, une mafia.
Notre vision idéale du monde ne se réalisera pas totalement ni parfaitement dans la matière mais il faut en avoir une vision imaginale et accepter l'épreuve de la réalité et du présent comme seul réel. Trouver l'infini et l'éternité dans ce « présent toujours déjà présent » : car c'est là que réside l' « éternel retour » et nul part ailleurs. Il nous faut trouver cet essor ; cette « volonté de puissance », dans la « nostalgie du Sacré » et les joyeuses mélancolies qui l'accompagnent.
Un Ordre politique ?
Non !
Un Ordre poétique et épique. C'est l'Ordre qui devient le poème épique...
Un Ordre de l'esprit.
Nous faisons entièrement et totalement confiance aux hommes libres qui comprennent ce que nous exprimons ici et il n'y a pas besoin d'en dire davantage.
Sinon, ils ne nous restent que le renoncement et l'alignement à la parodie occidentale vers l'utopie chinoise, autrement dit la dystopie globaliste dans toute sa splendeur.
Le modéré qui voit un mal dans la totalité que nous évoquons et tremble de ce qu'elle pourrait supposer de « totalitarisme » ne pourra combattre le globalisme totalitaire et s'inquiète d'un changement qui s'opère essentiellement à l’intérieur des hommes. Et c'est un risque à prendre. C'est le réel et les événements qui créent les conditions de la « prise de pouvoir » puisqu'il n'est question que de ça. Nous pouvons perdre le contrôle de cet égrégore, de cette volonté de puissance supérieure, que nous mettons toutes nos forces à former, mais nous n'en perdrons le contrôle que par un manque de maîtrise, que par le mépris des principes et de l'éthique qui en découle. Le « génie européen » a le défaut de l'hybris et tout ce qui sous-estime ce défaut doit être violemment écarté. La courtoise grivoiserie ou la grivoise courtoisie des fidèles d'Amour est une façon d'exprimer le comportement « pagano-chrétien » que nous essayons d'incarner pour éviter toute vulgarité et tout puritanisme, retrouver la notion de panache qui caractérise notre civilisation sans tomber dans ses excès.
Quand on a prit toute la mesure et l'ampleur du Mal, on le défie.
La grande guerre spirituelle sera totale ou nous disparaîtrons dans la modération.
Quant à la guerre géopolitique, sur laquelle nous n'avons aucune prise, tous les moyens diplomatiques et multipolaires de la paix doivent être déployés pour combattre les guerres mais nous devons accepter l'éventualité de l'affrontement pour qu'il n'ait pas lieu. Le seul moyen d'éviter la guerre totale c'est de la préparer férocement, de dire non. Car nous devons faire avec la réalité telle qu'elle est et déjà les va-t-en-guerre de salon nous y plongent. Peut-être faudrait-il commencer par s'occuper de ceux-là...
La métapolitique n'est pas là pour remplir une fonction cathartique par le divertissement et le spectacle, nous faire oublier la présence de l'Adversaire que pourchasse le Grand Veneur dans l'immense forêt de l'autre côté de la Nuit. Le Grand Jeu des diplomaties souterraines s'est transformé en jeu vidéo mais le réel se réinvite dans le présent quand il le souhaite, pour le moment de façon aléatoire, et bientôt d'une manière permanente.
Il a déjà installé son ambiance, son temps et la qualité de l'air qui lui convient pour que lui et ses légions sortent de nous-même et survivent à la surface de la terre. L'enfer c'est les autres ? Voilà qu'il longe et renifle nos murs chaque nuits, traquant la moindre odeur de peur et de sympathie, d'ouvertures à lui ou, plutôt, de portes de sortie... Nous sommes les portails de l'Enfer, c'est la même porte qui mène à l'Enfer ou au Paradis.
La peur, ça n'est pas la méfiance ou la crainte, c'est l'ignorance, l’insouciance et l'inconscience de ce maraudeur qui traîne ses ombres et les installe où sa présence est ignorée, déniée.
Sonnons le cor et reprenons la grande chasse !
L'ambiance ! On ne prend pas suffisamment en compte l'importance de l'ambiance et de ce qu'elle dit de l'échange subtil d'un monde à l'autre, de la superposition du visible et de l'invisible. L'actualité des faits divers n'est rien comparé à la permanence malsaine de l'ambiance de derrière l'ambiance, au mal aise et au mal être qui planent d'ombres menaçantes dans l’atmosphère, ce climat mortifère qui voile notre Soleil, ce temps de chien que bravent les loups « à la vision d'aigle » de l'autre côté de la ligne...
« – Quelle logique ? Demanda-t-il d'un air mécontent... Le propre de notre action est justement de ne pas avoir de logique. C'est déjà beaucoup que nous ayons à nous mettre d'accord sur les précautions. Il n'y a pas entre nous de lien organique. L'idée de départ est de mon ami. Les moyens viennent de moi. La réalisation vous incombe. C'est tout. Notre solidarité joue sur les fins, non sur les moyens. Mais, avec des types comme vous, qui avez si longtemps vendu vos âmes à la politique et fait du double jeu une vertu, c'est une gageure peu confortable... Voici même la question que je me pose depuis que je vous connais, fit-il d'un ton dépourvu de toute amitié : Avez-vous réellement racheté votre âme ? » Raymond Abellio, La fosse de Babel, 15. Le dernier des Séphardim prophétiques provoque la colère d'un junker., p. 82, L'imaginaire Gallimard
Vous voulez un manuel de combat métapolitique ? Lisez La fosse de Babel.
La Fosse de Babel – la littérature de combat d'une manière générale – nous a plus apporté que tous les audios et vidéos que nous avons pu écouter et regarder ces vingt dernières années...
Vive l'Empire eurasiatique de la Fin !
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