29/10/2023
Saxons et Souabes – origines des « Guelfes » et des « Gibelins »
Benoist-Mechin, Frédéric de Hohenstaufen ou le rêve excommunié (1194-1250), Deuxième Partie – L'enfant des Pouilles (septembre 1202 – décembre 1212), V., pp. 61-70, Librairie Académique Perrin
(...) En rentrant à Palerme, il apprit une nouvelle qui le combla de joie. Constance venait de lui donner un fils, qui fut baptisé Henri en mémoire de son grand-père. En somme, Innocent III avait raison d'écrire à Pierre d'Aragon : « Chez Frédéric, la virilité devance le nombre des années. » Il était déjà père et avait à peine seize ans...
Les choses allaient donc pour le mieux à la Cour de Palerme en ce mois de juin 1211 lorsqu'un nouvel ouragan, venu du nord, faillit tout compromettre. Du jour au lendemain, Frédéric dut faire face à la plus terribles des tempêtes qu'il n'ait jamais eu à affronter. Non seulement le royaume de Sicile, mais toute l’œuvre des Normands en Méditerranée risquaient d'être balayés.
V
Pour mieux mesurer la gravité du péril, il nous faut revenir un peu en arrière.
Depuis le jour de Pâques 1079 où l'empereur salien Henri IV avait fait don du duché de Souabe à son homme lige Frédéric de Hohenstaufen (1047-1105), sans doute dans l'intention de faire pièce aux trop puissants et trop entreprenants seigneurs de Saxe et de Bavière, il avait posé l'amorce d'une querelle qui devait déchirer pendant plus d'un siècle l'Empire germanique et, finalement, l'Occident chrétien tout entier.
La lignée des Hohenstaufen avait pris naissance vers 987 dans un château érigé au sommet d'une colline du même nom, dans la vallée du Neckar. Par la suite, les Staufer, comme on les appelait, avaient ajouté à leur patronyme celui de Waiblingen, au nom d'un fief que leur avait apporté en dot Agnès (ou Adélaïde) de Waiblingen, une des filles de l'empereur Henri IV. Avec le temps, on avait tiré (par déformation) du nom de Waiblingen le terme de « Gibelin ». Quant à la lignée des Welfes – e ou « Guelfes » –, c'est-à-dire celle des ducs de Saxe, elle provenait de Zehringen, plus au nord de l'Allemagne.
Dés qu'ils entrèrent en scène. Souabes et Saxons s'étaient dressés les uns contre les autres, pour la raison très simple qu'ils aspiraient à la possession de la couronne impériale. Chacun de leurs actes, chacune de leurs alliances, n'avait qu'un seul but : agrandir leur domaine pour conférer à leur pouvoir plus qu'un caractère régional : une dimension nationale, voire universelle. Ils s'étaient affrontés en tant que ducs ; ils avaient continué à le faire en tant que princes ; ils devaient persister à s'opposer en tant qu'empereurs, en sorte que leur lutte qui, à son début, n'avait été qu'une querelle de hobereaux, était devenue, avec le temps, un corps à corps de géants. Toute la Germanie pour commencer, toute la Lombardie ensuite s'étaient partagées en deux camps. Le parti guelfe (pro-saxon) et le parti gibelin (pro-souabe) s'affrontaient en des rivalités chaque jour renaissantes. Non seulement les seigneurs, leurs vassaux, leurs armées et leurs flottes subissaient les effets de cette contestation, mais les villes elles-mêmes – y compris celles qui semblaient les moins concernées par cette querelle dynastique – s'en trouvaient scindées en deux. Une partie de la population en venait aux main avec l'autre sous le simple prétexte que l'une était « guelfe » et l'autre « gibeline ». Avec le temps, ces mots avaient changé de sens. Ils ne servaient plus à désigner les partisans des deux dynasties qui se disputaient l'Empire : le parti « guelfe » était devenu le parti du Pape et le parti « gibelin » le parti de l'Empereur. Ce qui était absurde, car le Pape, changeant de camp selon les besoins de sa cause, soutenait tantôt les uns et tantôt les autres.
Jusque-là, Frédéric n'avait guère eu l'occasion de porter ses regards au-delà du détroit de Messine. A présent, qu'il le voulût ou non, il allait être entraîné dans l'engrenage de cette terrible rivalité. En d'autres termes, dés le début de son règne, il allait se heurter à l'ennemi le plus puissant, le plus hardi, le plus dangereux qui pût lui être opposé. De même que Henri le Noir avait tenu tête à l'empereur Conrad III, qu'Henri le Lion avait été pour Frédéric Barberousse un adversaire redoutable, Othon IV, duc de Brunswick, et Frédéric de Hohenstaufen, allaient s'affronter comme représentants des deux Maisons rivales « entre lesquelles », comme devait le dire Otton von Freising, « Il ne pouvait y avoir ni trêve ni paix ».
Qui était donc ce tout-puissant Othon de Brunswick qui venait menacer Frédéric, encore adolescent, jusque dans son lointain royaume de Sicile ? « Il avait », nous dit Marcel Brion, « le caractère violent, intrépide, orgueilleux et sans scrupules de tous les Welfes ». A quoi Karl Hampe ajoute : « C'était un chevalier de haute taille et d'une force herculéenne, belliqueux et aventureux, téméraire à la manière des chevaliers normands, mais arrogant, cassant et rude. Il manquait de la tenue que donne la culture et la supériorité intellectuelle. Audacieux jusqu'à la témérité, du moment qu'il se sentait le plus fort, il n'avait rien d'un politicien sachant édifier une œuvre durable avec prudence et diplomatie. Dans l'ensemble il offrait l'exemple, pas trop réussi, d'un mélange des qualités héréditaires que l'on retrouve chez les Welfes et les Plantagenêts » auxquels il était apparenté. Mais la touche finale, c'est un chroniqueur de l'époque qui nous la donnera : « Il ressemble à un taureau déchaîné, dont les naseaux crachent le feu. »
Fils de Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, et de Mathilde Plantagenêt, sœur de Richard Cœur de Lion, il avait été élevé en Angleterre où il avait conservé de puissantes attaches. Il était également un seigneur français, de par les fiefs qu'il possédait en France. Il revendiquait l'Aquitaine, sans cependant reconnaître la suzeraineté du roi de France, ce qui le mettait en conflit permanent avec Philippe Auguste.
Comme nous l'avons dit, Saxons et Souabes visaient un même but : le pouvoir impérial. Mais ils comptaient l'atteindre par des moyens différents : les Saxons, grâce à leur alliance avec l'Angleterre ; les Souabes, grâce à l'appui bienveillant des Français. Cette différence contribuait à aggraver encore le caractère implacable de leur rivalité.
Une légende apocryphe veut que le jour où Othon IV de Brunswick apprit la nouvelle de la mort d'Henri VI, il se trouvait à la Cour de Richard Cœur de Lion, en train de banqueter avec le roi d'Angleterre et le roi de France, Philippe Auguste. Aussitôt la nouvelle connue, Richard tendit un plat d'or à Othon, en lui disant : « Prenez, beau neveu, vous êtes digne d'avoir la couronne d'Allemagne, et vous l'aurez ! » Sur quoi Philippe Auguste avait tendu son gant à Othon et lui avait dit, sur un ton de défi : « Tenez aussi ceci : quand vous aurez la couronne d'Allemagne, je vous donnerai Chartres et Paris. » Sans doute n'est-ce qu'une légende, mais elle éclaire assez bien la position des trois principaux protagonistes.
Philippe de Souabe, huitième fils de Frédéric Barberousse et frère puîné d'Henri VI, n'était pas de taille à résister au « taureau aux naseaux de feu ». C'était un homme aimable et discret, délicat, auquel aurait beaucoup mieux convenu l'état ecclésiastique auquel on l'avait tout d'abord destiné. En 1195, son père lui avait confié l'administration de la Toscane, ce qui l'avait plongé, dés l'âge de dix-huit ans, dans l'imbroglio de la politique italienne. Après quoi son frère Henri VI l'avait chargé de gérer son domaine allemand tandis qu'il guerroyait pour entrer en possession de son héritage sicilien, ce qui l'avait inséré dans la querelle entre Guelfes et Gibelins. Othon, semble-t-il, avait juré de l'abattre, ce à quoi il allait parvenir sans trop de difficultés car il avait, selon les témoins, « une toute autre encolure ».
Né en 1177, Philippe de Souabe avait vingt et un ans lorsqu'un groupe de Gibelins réunis en diète à Mayence lui avait offert la couronne d'Allemagne (1198). Ne voulant pas se laisser prendre de court au moment où il avait l'impression de toucher au but, Othon en avait profité pour se faire empereur, l'année suivante, par un groupe de Guelfes réunis en diète à Francfort (1199). Il y avait donc simultanément deux empereurs germaniques, un César gibelin (Philippe, élu à Mayence) et un anti-César guelfe (Othon, élu à Francfort). En tout autre temps et en tout autre lieu, la chose eût paru impossible. Mais dans l'état d'anarchie qui régnait en Allemagne, cette anomalie ne fît qu’aggraver la confusion des esprits. Les têtes étaient si échauffées que l'élection d'un anti-César risquait d'entraîner à son tour l'élection d'un anti-Pape, ce qui n'était pas du goût d'Innocent III.
Prenant les devants, le Souverain pontife offrit son arbitrage. Se référant au discours qu'il avait prononcé devant le Concile de 1200, il proclama que « le Pape avait le droit de décider quel était, de deux souverains, le légitime auquel devait appartenir la Couronne ». Ce droit découlait du fait que c'était le Pape qui avait posé la couronne impériale sur la tête de Charlemagne. « Ce précédent illustre », ajoutait-il, « tranche la question une fois pour toutes et doit commander toutes les relations future entre l'Empire et la papauté ». Autant dire que le Pape considérait tout l'Empire comme son fief, et l'Empereur – quel qu'il fût – comme son vassal.
Cette déclaration de principe fut accueillie avec faveur par certains, mais elle ne fut guère appréciée par Philippe de Souabe, d'autant plus qu'Innocent III, se rangeant aux conseils du roi d'Angleterre, avait rendu son verdict en faveur d'Othon IV, malgré des protestations du roi de France.
Philippe de Souabe ayant refusé de s'incliner devant cette décision, Innocent III recourut à la seule sanction qui lui restait : il excommunia Philippe. Inutile de dire qu'Othon IV exultait.
Il exultait d'autant plus que l'excommunication de Philippe ne renforçait pas seulement sa légitimité : elle créait peu à peu le vide autour de son rival. De hauts dignitaires ecclésiastiques de plus en plus nombreux quittaient le camp des Hohenstaufen pour se rallier au sien. On y trouvait déjà l'archevêque de Cologne, entouré d'un clergé actif et influent ; on y trouvait aussi le nouvel archevêque de Mayence, ainsi qu'une foule de prélats rhénans, car Othon avait sauté sur l'occasion pour pourvoir d'hommes à lui tous les postes devenus vacants, du fait que leurs titulaires étaient partis pour la Quatrième Croisade...
Tout cela exacerbait les haines et les convoitises personnelles. De quelque façon que ce fût, cette situation ne pouvait durer.... Elle trouva un dénouement le 21 juin 1208. Ce jour-là, Philippe de Souabe fut assassiné dans le palais épiscopal de Bamberg par le comte palatin de Bavière, Othon de Wittelsbach. Celui-ci – comme par hasard – était du parti guelfe. Mais on camoufla fort habilement ce crime politique en drame passionnel. On l'attribua au fait que Philippe de Souabe avait refusé à Othon de Wittelsbach la main de sa fille Béatrice.
La disparition de Philippe de Souabe simplifiait les affaires allemandes. Elle laissait Othon IV seul maître de l'Empire. L'arbitrage qu'Innocent III avait rendu en sa faveur avait beaucoup contribué à accroître sa puissance. Mais Othon avait encore un concurrent à abattre. C'était le jeune roi Frédéric de Sicile, puisque son père Henri VI l'avait fait proclamer Roi des Romains. Mais à présent, plus personne ne s'interposerait entre les deux prétendants. De toute évidence, un nouvel affrontement était inévitable.
Pour donner une base légale à ses prétentions sur la Sicile, et aussi se rallier le dernier quarteron de seigneurs qui hésitaient encore à prendre parti pour lui. Le premier geste d'Othon fut d'annoncer ses fiançailles avec Béatrice de Hohenstaufen, la fille aînée de Philippe de Souabe, ce qui laissait prévoir une réconciliation entre les deux lignées. Née à Worms en juin 1198, Béatrice était alors agée de douze ans. Plusieurs années s’écouleraient donc avant que le mariage puisse être consommé. Mais cela importait peu. Cette alliance n'était que le premier jalon d'une manœuvre plus vaste.
Voyant que la puissance d'Othon IV ne cessait de grandir, Innocent III trouva plus sage de prendre ouvertement fait et cause pour lui, avant qu'il ne soit trop tard. Mais il estima prudent de s'entourer auparavant de quelques précautions. Il demanda à Othon de respecter l'intégralité du Patrimoine de saint Pierre ; de confirmer la suzeraineté du Pape sur la Sicile ; de renoncer au « droit de dépouille » sur la succession des dignitaires ecclésiastiques et de reconnaître au Souverain pontife le droit exclusif de nommer les évêques allemands. Othon – qui n'en était pas à une promesse près – accorda au Pape tout ce que celui-ci lui demandait. Agréablement surpris, Innocent III déclara alors qu'Othon était « un homme selon son cœur », et l'invita à venir à Rome pour s'y faire couronner. C'était exactement ce qu'Othon souhaitait.
Le fils d'Henri le Lion se rendit donc à Rome, escorté de forces militaires disproportionnées avec les exigences de la cérémonie. Leur ampleur étonna tout le monde, car personne n'avait encore percé ses desseins. Son pèlerinage au tombeau de saint Pierre – tout comme ses fiançailles avec Béatrice de Hohenstaufen – n'était qu'un prélude à la conquête de la Sicile et à l'écrasement de Frédéric II.
A Rome, Innocent III fut soudain saisi d’inquiétude. N'avait-il pas eu tord de prendre pour argent comptant toutes les promesses d'Othon ? Ne venait-il pas de commettre, mais à une beaucoup plus grande échelle, la même erreur que lorsqu’il avait soutenu les ambitions de Gauthier de Brienne ? Il ne disposait d'aucune force militaire capable de tenir tête à celles du Guelfe triomphant. Craignant le pire, il s’efforça de lui lier les mains en lui faisant confirmer sous la foi du serment tous les engagements qu'il avait pris à son égard à la veille de l'élection.
Sans se faire prier, Othon renouvela toute ses promesses au Pape. Le sacre eut donc lieu le 4 octobre 1209. Dés le lendemain, au plus grand mépris de sa parole, Othon renia tous ses engagements et fit marcher ses armées vers le sud de l'Italie. L'objectif qu'il leur assigna était la conquête de Naples et des Pouilles, opération préliminaire à l'invasion de la Sicile.
Le Pape fulminait. Othon l'avait odieusement grugé ! A présent, il était trop tard pour arrêter son avance. Nul doute n'était plus permis : une fois la Sicile conquise, Othon profiterait de ce surcroît de puissance pour se retourner contre Rome et avoir « une explication finale » avec la papauté. Innocent III recourut donc à la seule arme dont il disposait : il frappa Othon d'excommunication – comme il avait excommunié Philippe de Souabe, lorsque cet acte lui était apparu conforme aux intérêts de l’Église. En d'autres termes, Innocent III, après avoir été « gibelin », était devenu « guelfe » ; maintenant il cessait d'être « guelfe » pour redevenir « gibelin ».
Othon n'était pas homme à « s'effrayer des menaces d'un prêtre » – surtout quand ce prêtre n'avait aucune armée à lui opposer. Passant outre aux fulminations du Pape, il ordonna à ses troupes de poursuivre leur avance. Bientôt Sora, Camino, Suessa, Teano, Capoue, Aversa et Naples tombèrent entre ses mains. De là, Othon lança un certain nombres de colonnes qui occupèrent sans difficulté Salerne, Melfi, Barletta, Bari, Policoro et Tarente. A l'automne de 1211, toute la partie continentale du royaume de la Sicile était à lui. Il ne lui restait plus à conquérir que la partie insulaire.
Othon prépara sans désemparer cette deuxième opération. Il conclut une alliance avec les Pisans qui, étant guelfes, n'avaient pas pardonné à Frédéric de les avoir expulsés des ports siciliens avec l'aide des Génois qui étaient gibelins. Ensuite il se mit en rapport avec les Arabes de l'île, auxquels il promit toutes sortes d'avantages s'ils se ralliaient à lui.
A Palerme, l'approche des armées d'Othon avait semé la panique. Déjà des galères pisanes croisaient au large de Catane et de Messine. Dans les montagnes, les Arabes fourbissaient leurs armes pour mieux accueillir les nouveaux arrivants. Les barons allemands manifestaient ouvertement leur sympathie pour Othon. Quant au parti pontifical, il ne savait littéralement où donner de la tête, car les volte-face du Saint-Siège l'avaient désemparé. De lui-même, il aurait volontiers pris parti pour Othon, aussi longtemps que celui-ci avait été le candidat du Pape. Mais que faire maintenant qu'il était excommunié ? Selon les dires d'un témoin, « toute l'île semblait avoir perdu la tête et ressemblait à un nid de frelons affolés. »
Frédéric se faisait tenir au courant de la situation par des messagers secrets venus des Pouilles ou de Messine. Ceux-ci lui décrivaient d'heure en heure avec effroi l'avance irrésistible des armées d'Othon ; leur arrivée imminente à Reggio de Calabre ; les villes conquises se ralliant à lui les unes après les autres ; l'activité accrue des galères pisanes au large de l'île. Dés à présent, Othon pouvait se considérer comme ayant gagné la partie. En dehors du soutien du Pape, il avait mis tous les atouts dans son jeu. Impossible de lui opposer la moindre résistance...
Frédéric suivait la marche des événements avec une attention soutenue. Mais il n'en conservait pas moins la maîtrise de lui-même. Il avait fait armer une galère dans le port de Palerme pour pouvoir s'enfuir de Sicile avant qu'il ne soit trop tard. Son capitaine n'attendait plus qu'un signe de lui pour hisser ses voiles et le transporter à Tunis, lui, sa femme Constance, son fils Henri et son trésor. Mais tout au fond de lui-même, Frédéric conservait une confiance inébranlable en sa fortune (c'est le moment qu'il choisit pour faire ajouter à son blason le soleil et la lune, symboles de la domination universelle).
Soudain, arriva à Palerme une nouvelle stupéfiante. Sans aucune raison apparente, Othon avait disparu ! Des messagers venus des Pouilles décrivirent les feux de camp éteints, leurs cendres dispersées et les colonnes d'Othon refluant précipitamment vers le nord de l'Italie. Au moment où l'ouragan menaçait de s'abattre sur la Sicile, tout danger était miraculeusement écarté... Comment s'expliquer ce brusque coup de théâtre ?
VI
Frédéric II et Innocent III n'avaient pas été les seuls à s’inquiéter de l'avance d'Othon IV. Un troisième personnage s'en était alarmé autant qu'eux et il possédait des moyens de dissuasion beaucoup plus puissants que les leurs : c'était Philippe Auguste. Opposé à Othon, qui était l'allié des Anglais, le roi de France ne voyait pas sans inquiétude son rival accroître ainsi son influence. En conséquence, il était entré en pourparlers avec Innocent III en vue d'élaborer un plan susceptible de lui barrer la route.
Innocent III était ulcéré par la façon dont Othon IV avait foulé aux pieds ses promesses. Mais il n'était pas pour rien le plus grand diplomate de son temps : il était décidé à réparer son erreur et à faire échec d'une façon ou d'une autre aux ambitions du fils d'Henri le Lion et de Mathilde d'Angleterre . « Je regrette d'avoir fait cet homme ! » rugissait-il en faisant les cent pas dans les couloirs de son palais de Latran, ce qui signifiait qu'à présent il ne reculerait devant rien pour le défaire. D'accord avec le roi de France et un certain nombre de princes allemands, il décida de réunir en toute hâte une diète à Nuremberg. Celle-ci déférant aux vœux du Souverain pontife, avait proclamé Frédéric Empereur germanique.
Othon IV était sans doute impulsif et brutal. Mais il était assez avis pour comprendre ce que signifiait cette élection que rien ne laissait prévoir. Il avait immédiatement donné l'ordre à ses troupes de faire demi-tour et de rentrer précipitamment en Allemagne. Pouvait-il s’enfoncer davantage dans le Sud, en laissant grandir dans son dos une pareille menace ?
Aux premiers jours de janvier 1212, une délégation de princes allemands arriva à Palerme. Conduite par Conrad von Ursberg et Anselm von Justingen, elle voulait expliquer à Frédéric ce qui venait de se passer. La décision de la diète de Nuremberg – organisée en secret par Innocent III avec l'accord de Philippe Auguste – ne modifiait pas seulement le rapport des forces sur le continent : ses conséquences allaient se faire sentir jusqu'au cœur de la Sicile.
Lors du couronnement de Frédéric, en 1198, l'évêque de Palerme, obéissant aux injonctions de Célestin III, avait passé sous silence le fait que le fils d'Henri VI était Roi des Romains. Et voici qu'Innocent III, s'appuyant justement sur ce fait, le proclamait le candidat du Souverain pontife à la couronne impériale. Comme il avait eu raison, à l'heure la plus sombre, de ne pas perdre confiance en son étoile !
Ce brusque revirement lui avait déjà valu une série de ralliements spectaculaires. Les barons allemands, qui avaient escompté la victoire d'Othon et qui ne pouvaient plus rien espérer de lui, se pressaient au palais de Palerme pour faire oublier leur défection. Les Arabes, qui avaient dégainé leurs sabres trop tôt, submergeaient le jeune roi de présents et de louanges. Quant aux dirigeants du parti pontifical, ils ne pouvaient plus rien lui refuser, puisque le Pape l'avait désigné comme le candidat officiel du Saint-Siège...
Lorsque Anselm von Justingen, Conrad von Ursberg et les princes qui les accompagnaient supplièrent Frédéric de se rendre immédiatement en Allemagne afin d'y recevoir la couronne impériale, ce fruit succulent que lui tendaient à la fois un pape et un roi de France, Frédéric demanda à réfléchir. Mais au fond de lui-même sa décision était déjà prise : l'enjeu était trop grand pour qu'il pût le laisser échapper.
Lorsqu'il demanda l'avis de ses conseillers, ceux-ci commencèrent par l'exhorter à ne pas y donner suite, tant l'offre des ambassadeurs allemands leur paraissait invraisemblable. Ils répugnaient à laisser un homme aussi jeune s'engager dans une aventure semée d'autant d’embûches. Constance elle-même le supplia en pleurant de ne pas l'abandonner, faisant valoir que la pacification de l'île était encore loin d'être achevée.
Prenant à son tour la parole, Frédéric leur exposa les raisons qui le poussaient à accepter la proposition des princes germaniques. Il commença par leur dire qu'il ne serait pas digne d'être roi s'il se laissait arrêter par la peur du danger, il ne pouvait refuser ce qui lui appartenait de naissance et acheva de les convaincre en leur démontrant qu'une pareille occasion ne se représenterait pas deux fois. Il fallait donc la saisir au vol. Constance fut la première à lui donner raison et les autres conseillers se rallièrent à sa manière de voir.
Tandis que se poursuivaient ces délibérations, Anselm von Jusingen et les princes allemands déambulaient à travers les rues de Palerme, qui suscitaient en eux un double sentiment d'émerveillement et de perplexité. Tout ce qu'ils y voyaient était si diffèrent de l'Allemagne ! Certes, ils étaient séduits par la limpidité du ciel, par la douceur du climat, par l'atmosphère ensoleillée dans laquelle vivaient les populations méditerranéennes ; certes, ils étaient éblouis par le scintillement des mosaïques byzantines qui ornaient la cathédrale, l'église de la Martorana et la chapelle Palatine. Mais ce qui les étonnait le plus, c'était Frédéric lui-même. Sa personnalité était pour eux une véritable énigme. Qu'était-il au juste ? Un Sicilien ? Un Normand ? Une chose était certaine : il était le fils d'Henri VI et le petit-fils de Barberousse. A ce titre le sang des Hohenstaufen coulait dans ses veines et c'était là l'essentiel. Mais de quelle étrange mission ne s'étaient-ils pas chargés ! Etre venus du fond des brumes de la Germanie pour offrir la couronne su Saint Empire à ce jeune homme à peine sorti de l'adolescence, qui parlait couramment le sicilien, l'arabe et le provençal, ainsi qu'un peu de français, de grec, de catalan et d'hébreu, mais pas un seul mot d'allemand ! Il y avait dans tout cela quelque chose d'extravagant qui leur donnait le vertige.
Sitôt qu'ils eurent quitté Palerme, Frédéric prit un certain nombre de disposition en prévision de son départ.
Tout d'abord, il fit couronner roi de Sicile son fils Henri, à peine âgé d'un an, pour qu'il n'y eût pas d'hiatus dans la succession du trône au cas où il ne reviendrait pas. Puis il nomma son épouse Constance régente du royaume. Enfin, il rappela à Palerme l'ancien chancelier Gauthier de Pagliara et le plaça auprès de la régente pour qu'il lui servît de conseiller. Cette décision peut surprendre quand on sait combien leurs rapports étaient tendus. Sans doute lui fut-elle « suggérée » par Innocent III et Frédéric s'empressa d'y souscrire pour lui fournir une preuve supplémentaire de sa docilité.
Après avoir pris congé de tous, Frédéric se rendit à Messine (février 1212). Là, Innocent III, qui ne voulait pas être dupé de nouveau comme il l'avait été par Othon IV, lui demanda de contracter solennellement entre les mains de son légat, le cardinal-diacre de Saint-Théodore, un certain nombre d'engagements qui, s'ajoutant aux clauses qui figuraient déjà dans le Concordat conclu treize ans plus tôt entre sa mère et Célestin III, étaient si nombreux et si variés que leur somme équivalait à un véritable « Acte de soumission ».
« En présence du légat pontifical », écrivit Frédéric à Innocent III, « Nous Vous jurons fidélité à Vous et à Vos successeurs et Nous promettons que si si Vous et Vos successeurs Vous rendez dans une partie quelconque de Notre Royaume et que, appelé par Vous, Nous puissions sans danger venir en Votre présence, Nous Vous rendrons personnellement l'hommage d'homme lige. »
L'accord comportait ensuite un certain nombre de dispositions réglementant l'élection des évêques de Sicile.
Cette formalité accomplie, le petit-fils de Barberousse se dirigea vers le port, où était mouillée une galère. C'était la même qui, quelques semaines plus tôt, devait l'emmener en Afrique pour le soustraire aux griffes d'Othon IV. Mais, cette fois-ci, au lieu de mettre le cap vers le sud, elle allait remonter vers le nord, vers les Etats pontificaux, où le Pape attendait Frédéric avec impatience.
L'embarquement fut rapide. Frédéric n'emmenait avec lui qu'une très petite escorte : une trentaine de chevalier en tout, parmi lesquels se trouvait Bérard de Castacca, archevêque de Bari, que le Pape avait nommé son légat pour la durée du voyage. (Il devait être promu plus tard archevêque de Palerme).
La galère leva l'ancre le 18 mars 1212 et cingla vers le large. Elle portait à son bord un jeune homme de dix-sept ans qui, sans armes et les mains vides, partait reconquérir l'empire de ses pères.
Il ne se doutait pas que son absence allait durer huit ans.
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18/03/2023
La grande trahison métapolitique de la Droite – Deuxième partie : L'Ordre révolutionnaire
Les états multiples du clivage Gauche/Droite : l'Ordre révolutionnaire, la Droite et l'occidentalisme, l'identité et le prométhéisme, le Progrès comme représentation, la double contrainte de l'antiracisme/racisme et autres digressions autour du clivage Gauche/Droite
Article précédent : La grande trahison métapolitique de la Droite – Première partie : Remise en contexte et introduction
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« Bien creusé, vieille taupe ! s'exclame Hamlet à la vue du fantôme de son père, apparaissant au prince du Danemark si loin de son lieu de sépulture. Bien creusé, vieille taupe, Karl Marx réitérera dans Le dix-huit brumaire de Louis Napoléon, confiant dans l'esprit de la révolution prolétarienne.
La taupe qui a creusé le plus profondément est l'idée de progrès, née au 18ème siècle et devenue le totem et le tabou de la modernité occidentale. Elle est apparue lorsque le besoin s'est fait sentir d'attribuer à l'homme, vidé de tout contenu religieux, un destin ayant une signification matérielle. L'invention du progrès est devenue une idéologie, à tel point que des partis et des forces culturelles se disent progressistes et que ceux qui ne sont pas de leur acabit éprouvent le besoin de se justifier, de circonscrire ou de nier leur opposition.
Comment échapper à l'idée de progrès, à son avancée inexorable, à opposer ce qui signifie opposer au progrès de l'humanité, au mouvement positif vers des degrés ou des stades supérieurs, le concept implicite de perfection, d'évolution, de transformation continue vers le mieux. » Roberto Pecchioli, L'invention du progrès, Euro-Synergies
« Après Hegel et après Evola, une instance totale, productive à la fois d'une théorie et d'une phénoménologie, n'était plus apparue dans la philosophie. Le sujet radical, dans son apparition même, génère de jure de nouveaux scénarios et de nouvelles voies, comme un alchimiste transforme radicalement une matière vile et grossière en captant d'autres essences dans les profondeurs, atteignant la limite de la conjonction entre matière, structure et esprit. Un nouveau mot: catalyser, réagir. Un Homo Novissumus, le sujet radical, mais libéré des incrustations idéologiques de la modernité et de son suicide post-moderne, dans la mesure où il est ouvert, intérieurement, à la transcendance et à la métaphysique, à travers une voie opérative, théurgique, chamanique, « héroïco-mythogonique ». » Giacomo Maria Prati, Le sujet radical d'Aleksandr Douguine, Géopolitika
***
Se revendiquer de Droite, et en particulier de la Droite identitaire et alternative – entendez la Droite européenne – n'affirme pas notre idéologie, notre théorie politique, notre philosophie, notre spiritualité, notre religion, notre imaginaire, nos rêves, notre esthétique, notre mystique, notre ésotérisme, notre doctrine : notre vision du monde et notre métaphysique. Ne dit rien de notre empire intérieur. C'est une position de principe, pour ne pas dire une posture.
Le mot « identitaire » vide le mot « identité » de son sens en le séparant de sa totalité dimensionnelle et ses multiples états. De l'être soumis à l'expérience de la matière et du réel, aux contingences et nécessités de l'époque dans laquelle il s'inscrit. Certes, nous sommes le fruit de notre époque et de ce qui l'a précédé, mais n'oublions pas que nous ne sommes que de passage. Notre devoir est, dans le temps qui nous est imparti et qu'il nous reste, de prévoir ce qui va lui succéder, de nous préparer à bien mourir et de laisser le juste message aux prochaines générations. Un étrange mélange de patience et de sauvagerie, de très haute retenue et de sévère pulsion, doit s'emparer de nous.
La somme des combats menés par nos groupes, avec des moyens limités – il faut l'admettre et nous prenons en compte cette réalité –, est une somme nulle si nous ne résolvons pas l'équation globale et nous ne pouvons la résoudre qu'en proposant une démonstration intégrale. La démonstration compte davantage que le résultat, fut-il exact.
Cette « démonstration intégrale », qui sera exclusivement théorique dans son énoncée première, se cristallisera dans une vision du monde totalisante qui doit éviter deux travers : l'utopie et la parodie. Ce qui, du métapolitique au politique, se traduit par la volonté d'incarnation de nos idées dans un concept absolu et un corps politique par la fondation d'un grand « isme » : un centre, un axe, un ordre, un parti.
D'abord par l'élaboration d'une nouvelle théorie politique – tous les cadres socio-politiques ont explosé ; tous les constats ont été déposés ; la proposition de retour à une forme nostalgique de pouvoir sera rejetée –, ensuite par la constitution d'une avant-garde manifeste et doctrinaire. Une nouvelle forme de pratique politique qui, à défaut d'être « traditionnelle » dans un monde qui ne l'est plus, pour le meilleur et pour le pire ; et souvent celui de la cruelle loi de l'entropie vers la mort que nous n’éviterons pas mais que nous retenons le plus longtemps possible comme le déferlement des forces dévastatrices sur nos vies, peut se concevoir sous la forme d'une organisation informelle, revêtir le caractère imperiumique et sacral d'un katechon europae principiel, sans être une association ni une communauté, mais un pacte d'honneur et fidélité à des principes, une organisation métapolitique d'hommes libres mise à l'épreuve du réel, soutenue par la seule volonté, les compétences et habilitations particulières de ses « membres », reposant sur la confiance et le secret.
Pour acquérir ce niveau de discipline « aristocratique » et se mettre au service d'un tel Ordre « méritocratique », il est nécessaire d'introduire une notion de réenchantement et de transcendance à l'exercice. De réenchantement de notre « représentation du monde » et de transcendance de notre « être au monde ».
C'est à ce moment de l'exercice que tout s'écroule car un tel raisonnement fait appel à des aspects psychologiques et une force de caractère qui ne sont plus en vigueur dans nos groupes métapolitiques éclatés dans le réseau. On ne les retrouve pas davantage dans les communautés artificiellement organiques – ré-assemblées autour d'un critère unique et exclusif ou d'un divertissement. Il est donc nécessaire, avant toute chose, de réenchanter les idées politiques et transcender les milieux métapolitiques pour motiver cette discipline et obtenir l'allégeance sincère des militants éparpillés, contourner ce qui fait obstacle à cette tentative à la recherche de totalité dans sa hiérarchie et toutes ses subsidiarités. L'idée est de créer cet Ordre avec une poignée d'hommes et de faire comme-ci. Nous avons prêté allégeance à l'Empire eurasiatique de la Fin, nous sommes prêts à mourir pour nos idées et nous n'attendons rien en retour. Voilà un homme eurasiste.
La constitution d'un « empire intérieur » en l'homme est primordiale – pour imaginer la possibilité de rétablir un empire continental multipolaire européen il faut premièrement que les hommes le portent en leurs cœurs et le réalisent de générations en générations car nous ne verrons pas l'avènement de cette grande Nation et d'un monde multipolaire de notre vivant, nous le craignons. Les projets à courts et moyens termes, les programmes politico-politciens qui ne sont souvent que l'expression de nos propres limites, les analyses désespérantes et déprimantes qui en résultent, les démonstrations réactionnaires complotistes ou réalistes de nos mécontentements, les psychanalyses en ligne et le commerce de développements personnels, les solidarités idéologiques vocifératrices virtuelles qui ne se font peur qu'à elles-mêmes, les projections planificatrices rationnelles et rigoureuses d'une pratique du pouvoir conférencière, l'exposition de nos névroses, la reproduction des nouveaux lieux communs postlibéreaux de prolétaires avec une connexions internet qui rêvent d'être bourgeois, etc, toute ces merdes que produit internet, ça n'est pas pour les hommes libres.
Nous ne devons nous concentrer que sur ce qui est caché, souterrain, secret, invisible. Si nous sommes nous-mêmes capables de fonctionner souterrainement et secrètement alors nous serons aptes à « prendre le pouvoir » quand l’événement se présentera. Nous devons rétablir le Grand Jeu ; vivre souterrainement et secrètement à l'air libre. Éteindre tous les écrans superposés de la grande subversion. S'extraire de cette plus grande servitude volontaire de l'illusion du combat sur les réseaux-sociaux qui sépare déjà les hommes en deux : ceux qui y croient et ceux qui ont comprit dés le début l'inutilité de tous nos combats. Nous nous adressons aux seconds. Nous couperons la tête des premiers avec Amour : ce sont les premiers responsables de nos erreurs, fautes et échecs métapolitiques car ils maintiennent les nôtres dans l'illusion et la servitude volontaire.
« Pour le dire autrement, et afin que je me fasse bien comprendre : le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.
Les complotistes d’aujourd’hui sont nos Cohn-Bendit à nous. Et j’espère bien qu’on n’attendra pas soixante ans pour leur crever la panse.
Le complotisme est une colonisation supplémentaire de l’esprit européen par l’Amérique des bas-fonds, l’Amérique des ratés.
Si tant est que nous soyons eurasistes, nous autres hyperboréens, il semble cependant que nous le soyons autrement que l’on ne le serait selon la volonté de puissance de certains. Nous ne sommes pas des complotistes… Nous n’en croyons pas nos oreilles, lorsque nous les entendons parler, tous ces conférenciers internautes. « Voici les modalités du complot ! » C’est avec cette exclamation qu’ils se précipitent tous sur nous, avec une recette à la main, la bouche hiératique pleine de vomi. « Mais qu’importe à nous le complot ? » - répondons-nous avec étonnement. « Voici le complot ! » - reprennent ces sales vociférateurs endiablés : et voici la vertu, le nouveau chemin du bonheur !... Car, en plus de tout le reste, voici qu’ils se piquent de vertu et de puritanisme, nos petits héros… Nous sommes, de par notre nature, beaucoup trop heureux pour ne pas voir qu'il y a une petite séduction dans le fait de devenir eurasiste ; c'est-à-dire immoraliste et aventurier... Nous avons pour le labyrinthe mégalithique de nos ombilics limbesques une curiosité particulière, nous tâchons, pour cela, de faire connaissance de monsieur le Minotaure dont on raconte des choses si dangereuses. Chut ! Écoutez ! Le Taureau trépigne sur les parois de nos grottes antédiluviennes, il revient à la vie, ses naseaux frémissent et crachent de l’air chaud. Que nous importe votre corde à complots qui, prétendez-vous, nous aiderait à sortir de la caverne ! Vous voulez nous sauver au moyen de votre corde ! Et nous, nous vous supplions instamment de vous pendre avec !
A quoi sert tout cela en fin de compte ! Il n'y a pas d'autre moyen pour remettre l’eurasisme en honneur : il faut d'abord pendre les complotistes. » Laurent James, Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon, Parousia
Et les occidentalistes et prométhéens de par leur occultisme scientiste n'en sont pas moins « complotistes » ! Comme les complotistes, leur deux cible sont l'Eurasisme et la Tradition.
« Leur mot d’ordre : tous contre la Sainte-Baume ! »
L'épanouissement et l'accomplissement de ces hommes de principes au sein d'une structure métapolitique qui, à terme, pourrait devenir une force politique, est la démonstration par l'exemple que notre pratique politique est fonctionnelle sur la base de quelques principes. Une nouvelle pratique politique principielle et sacrale, le rétablissement d'une verticalité organique par le redressement individuel des hommes de leur propre initiative.
Une organisation où une grande part de liberté individuelle se révèle créatrice et réalisatrice sans même avoir besoin de communiquer, de proposer des formations, d'imposer des réunions, de donner des instructions, de reproduire des entre-soi, car les projets collectifs sont voués à l'échec – notre doctrine doit devenir naturellement organique : à partir du moment où des hommes partagent une « vision du monde totalisante », défendent les mêmes principes et portent le même combat, ils n'ont même pas besoin de se connaître, de se parler, de s'auto-congratuler et se rassurer du bien fondé de ce combat pour vivre et « savoir quoi faire ». Nous faisons appel aux hommes vivants et libres. Des hommes que nous n'avons pas besoin de convaincre sur le fait que, avant de prétendre combattre le système politicomédiatique, nous devons attaquer frontalement les idéologies subversives à l'intérieur de nos propre camp qui sont là pour empêcher, bloquer, pourrir, tuer toute pulsion de vie et de révolution.
Il est important de faire société et d'appartenir à une communauté, cela va sans dire, mais cela ne regarde pas notre « organisation métapolitique ». L'homme adulte et libre d'accomplir ses devoirs fait société et appartient à la communauté qui lui correspond et lui ressemble, fait partie de toutes les associations qu'il veut, même et surtout celles de l'adversaire, tant qu'il porte au fond de lui cette vision supérieure et totalisante du monde nous pouvons compter sur lui sans même qu'il se fasse connaître avant que la nécessité se fasse sentir. Le besoin d'appartenir à un groupe et de reconnaissance, d'attirer et de recevoir de l'attention, doit s'accomplir dans sa vie personnelle : l'homme qui vient à la politique pour ses raisons, pour combler un vide, n'est pas fiable... Il ne s'agit plus de produire du constat et de la réinformation, de convaincre et de rassurer, de vendre des modèles économiques et des produits de consommation...
Vivre leur propre chaos, être en capacité de reconnaître les signes, se tenir prêts, se rallier et s'aligner à la nécessité, ne pas avoir besoin de réfléchir pour agir, être une meute de « loups solitaires », voilà ce que nous attendons de nos lecteurs.
Des héros, ça s'exhorte et s'exalte sur le champ de bataille ; nous n'en sommes pas là, mais la seule confiance doit résister à toutes les tentations postmodernes de reproduire de la Gouvernance et du calcul froid. Une littérature de combat et des mots d'ordre, seulement des mots d'ordre et la liberté. Un « Empire sans empereur » de cœurs ardents et d'âmes qui brûlent. Une grande revue ; qui suscite une littérature de combat ordonnatrice, et un réseau librement organique ; de petites cellules ou d'électrons libres, vivant localement, nationalement et à l'échelle continentale européenne, suffisent pour former une « avant-garde » et un « réseau ». Notre premier combat est celui contre des mentalité, notre guerre est psychologique et spirituelle, d'abord à l'intérieur de nos groupes. Nous pouvons nous rencontrer mais notre premier mot d'ordre serait : les principes avant le Prince.
Les organisations qui cherchent à retenir les hommes dans leur girond socio-économique sont celles qui n'ont pas confiance en elles-mêmes et leurs idées, qui n'aiment pas la liberté, qui veulent faire vos fonds de poche, qui ne sont pas européennes, qui ne sont pas eurasistes !
Elles ne rassembleront que des hommes qui n'ont pas confiance en eux et ressentent le besoin d'être dirigés ; qui ne se sont pas encore libérés de leurs droits démocratiques à posséder pour être des hommes d'honneur et de fidélité : de devoir être et n'être que devoir. Des hommes de devoir et de vouloir, voilà les hommes que nous attendons.
De nombreuses associations prennent le problème à l'envers. Elles considèrent que l'argent est le nerf de la guerre. Ce qui, en l'état actuel des choses, tient du délire car personne, à notre connaissance, n'a nommer la guerre. Quelle guerre ?
Ça n'est pas en finançant des journalistes et quelques divertissements ça et là, qui ne font que retenir les hommes dans l'angoisse de l'information/désinformation/réinformation qui ne fait que semer le doute et la confusion, qui éloigne du combat, que nous pourrions devenir une force organisationnelle, institutionnelle ou partisane de type classique suffisamment importante que pour rivaliser avec les milliards déversés contre nos groupes. Cette logique d'auto-financement est la première erreur métapolitique et une première preuve de défaillance de nos groupes qui veulent reproduire des modèles économiques qui ne correspondent pas aux échelles des combats que nous menons pour, enfin, combattre la guerre. Pour le dire autrement, nous ne finançons que pauvrement des individus qui, premièrement le demandent et qui deuxièmement pensent le mériter...
Nous ne sommes pas une entreprise et ne sommes pas la pour entretenir qui que cela soit. Nous considérons que les critères méritocratiques sont forts mal établis, qu'il n'y a aucun moyen de calculer l'influence réelle des initiatives personnelles, que sans une juste contribution et redistribution efficace des peu de moyens dont nous disposons, nous ne pouvons construire une véritable et charitable œuvre métapolitique. Si le « camp identitaire et européen » s'en donnait les moyens il existerait depuis longtemps un grand Parti et il existe des personnes compétentes pour gérer une telle structure. Elle n'existe pas parce qu'il n'y a aucune volonté qu'elle existe.
Dans ces conditions, chacun doit se donner les moyens de fonctionner individuellement et nous serons collectivement fonctionnel sans avoir besoin de financer des fonds de caisse inconséquents pour entretenir l'un plutôt que l'autre. Souvent pour financer du divertissement qui enferme les multitudes anonymes connectées dans l'illusion des écrans superposés. S'il y avait moins d' « influenceurs », de « lanceurs d'alertes », de « libres penseurs » notre silence aurait certainement davantage d'influence et cela fait bien longtemps que les forces seraient libérées...
« Il existe une opinion couramment répandue selon laquelle le concept d'empire présuppose obligatoirement la présence d'un empereur. Cependant, une analyse objective de ce phénomène montre que l'histoire connaît nombre d'empires sans empereur. Certains étaient dirigés par un cercle réduit, choisi au sein de l’aristocratie. D'autres, par un parlement ou un Sénat. Par conséquent, la présence d'un pouvoir monarchique unipersonnel, celui de l'empereur, ne constitue pas une condition indispensable à l'existence de l'empire. De plus, il a existé nombre D’états monarchiques, despotiques, tyranniques, ou encore dictatoriaux dans lesquels le roi ou le chef autoritaire possédait un pouvoir absolu mais qui ne se nommaient pas empire et n'offraient rien de commun avec lui. De cette façon, nous pouvons pleinement examiner le concept d'empire indépendamment de celui d’empereur. » Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique - La Russie et les idées politiques du XXIème siècle, Chapitre X Le projet « Empire », L'empire sans Empereur, pp. 209-210, aux éditions Ars Magna
Amour du Secret et secret de l'Amour. Principe de fidélité et Fidélité aux principes.
Notre combat n'est pas l'actualité et le développement personnel, le fichage et la « fête du pays réel » imaginaire ! Des hommes libres et des hommes libres seulement. Une organisation sans membres ne peut être montrée du doigt, diffamée, accusée, démantelée, emprisonnée, écartelée avant d'émerger. On ne peut enfermer des principes et il n'y a pas besoin de se revendiquer d'une organisation pour porter des principes... Seul son noyau actif et éditorial, il en faut bien un, est en prise direct avec les ennuis administratifs, la censure et les cabales. Chacun décide de son niveau d'implication et fera ce qu'il aura à faire au moment où il faudra le faire et où il sera à ce moment puisqu'il est impossible de prévoir où, quand et comment vont se produire les événements qui permettront de faire émerger un Ordre.
Complotons, conspirons, soyons partout et nul part !
Soyons un culte à mystères, une franc-maçonnerie, une mafia.
Notre vision idéale du monde ne se réalisera pas totalement ni parfaitement dans la matière mais il faut en avoir une vision imaginale et accepter l'épreuve de la réalité et du présent comme seul réel. Trouver l'infini et l'éternité dans ce « présent toujours déjà présent » : car c'est là que réside l' « éternel retour » et nul part ailleurs. Il nous faut trouver cet essor ; cette « volonté de puissance », dans la « nostalgie du Sacré » et les joyeuses mélancolies qui l'accompagnent.
Un Ordre politique ?
Non !
Un Ordre poétique et épique. C'est l'Ordre qui devient le poème épique...
Un Ordre de l'esprit.
Nous faisons entièrement et totalement confiance aux hommes libres qui comprennent ce que nous exprimons ici et il n'y a pas besoin d'en dire davantage.
Sinon, ils ne nous restent que le renoncement et l'alignement à la parodie occidentale vers l'utopie chinoise, autrement dit la dystopie globaliste dans toute sa splendeur.
Le modéré qui voit un mal dans la totalité que nous évoquons et tremble de ce qu'elle pourrait supposer de « totalitarisme » ne pourra combattre le globalisme totalitaire et s'inquiète d'un changement qui s'opère essentiellement à l’intérieur des hommes. Et c'est un risque à prendre. C'est le réel et les événements qui créent les conditions de la « prise de pouvoir » puisqu'il n'est question que de ça. Nous pouvons perdre le contrôle de cet égrégore, de cette volonté de puissance supérieure, que nous mettons toutes nos forces à former, mais nous n'en perdrons le contrôle que par un manque de maîtrise, que par le mépris des principes et de l'éthique qui en découle. Le « génie européen » a le défaut de l'hybris et tout ce qui sous-estime ce défaut doit être violemment écarté. La courtoise grivoiserie ou la grivoise courtoisie des fidèles d'Amour est une façon d'exprimer le comportement « pagano-chrétien » que nous essayons d'incarner pour éviter toute vulgarité et tout puritanisme, retrouver la notion de panache qui caractérise notre civilisation sans tomber dans ses excès.
Quand on a prit toute la mesure et l'ampleur du Mal, on le défie.
La grande guerre spirituelle sera totale ou nous disparaîtrons dans la modération.
Quant à la guerre géopolitique, sur laquelle nous n'avons aucune prise, tous les moyens diplomatiques et multipolaires de la paix doivent être déployés pour combattre les guerres mais nous devons accepter l'éventualité de l'affrontement pour qu'il n'ait pas lieu. Le seul moyen d'éviter la guerre totale c'est de la préparer férocement, de dire non. Car nous devons faire avec la réalité telle qu'elle est et déjà les va-t-en-guerre de salon nous y plongent. Peut-être faudrait-il commencer par s'occuper de ceux-là...
La métapolitique n'est pas là pour remplir une fonction cathartique par le divertissement et le spectacle, nous faire oublier la présence de l'Adversaire que pourchasse le Grand Veneur dans l'immense forêt de l'autre côté de la Nuit. Le Grand Jeu des diplomaties souterraines s'est transformé en jeu vidéo mais le réel se réinvite dans le présent quand il le souhaite, pour le moment de façon aléatoire, et bientôt d'une manière permanente.
Il a déjà installé son ambiance, son temps et la qualité de l'air qui lui convient pour que lui et ses légions sortent de nous-même et survivent à la surface de la terre. L'enfer c'est les autres ? Voilà qu'il longe et renifle nos murs chaque nuits, traquant la moindre odeur de peur et de sympathie, d'ouvertures à lui ou, plutôt, de portes de sortie... Nous sommes les portails de l'Enfer, c'est la même porte qui mène à l'Enfer ou au Paradis.
La peur, ça n'est pas la méfiance ou la crainte, c'est l'ignorance, l’insouciance et l'inconscience de ce maraudeur qui traîne ses ombres et les installe où sa présence est ignorée, déniée.
Sonnons le cor et reprenons la grande chasse !
L'ambiance ! On ne prend pas suffisamment en compte l'importance de l'ambiance et de ce qu'elle dit de l'échange subtil d'un monde à l'autre, de la superposition du visible et de l'invisible. L'actualité des faits divers n'est rien comparé à la permanence malsaine de l'ambiance de derrière l'ambiance, au mal aise et au mal être qui planent d'ombres menaçantes dans l’atmosphère, ce climat mortifère qui voile notre Soleil, ce temps de chien que bravent les loups « à la vision d'aigle » de l'autre côté de la ligne...
« – Quelle logique ? Demanda-t-il d'un air mécontent... Le propre de notre action est justement de ne pas avoir de logique. C'est déjà beaucoup que nous ayons à nous mettre d'accord sur les précautions. Il n'y a pas entre nous de lien organique. L'idée de départ est de mon ami. Les moyens viennent de moi. La réalisation vous incombe. C'est tout. Notre solidarité joue sur les fins, non sur les moyens. Mais, avec des types comme vous, qui avez si longtemps vendu vos âmes à la politique et fait du double jeu une vertu, c'est une gageure peu confortable... Voici même la question que je me pose depuis que je vous connais, fit-il d'un ton dépourvu de toute amitié : Avez-vous réellement racheté votre âme ? » Raymond Abellio, La fosse de Babel, 15. Le dernier des Séphardim prophétiques provoque la colère d'un junker., p. 82, L'imaginaire Gallimard
Vous voulez un manuel de combat métapolitique ? Lisez La fosse de Babel.
La Fosse de Babel – la littérature de combat d'une manière générale – nous a plus apporté que tous les audios et vidéos que nous avons pu écouter et regarder ces vingt dernières années...
Vive l'Empire eurasiatique de la Fin !
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Réaction à l'audio de Thomas Ferrier au sujet de l'identitarisme européen
« Les « nationaux » s’attaquent aux effets du mal, pas à ses racines. Ils sont anticommunistes mais oublient que le capitalisme et les régimes libéraux sont les principaux artisans de la propagation du communisme. Ils étaient hostiles à la politique algérienne du gouvernement, mais oublient que cette politique était le produit d’un régime, de son idéologie, de ses intérêts, de ses maîtres réels financiers et technocrates, comme de ses structures politiques et économiques. Ils voulaient sauver l’Algérie française contre le régime, mais ils reprennent à leur compte ses principes et ses mythes. Imagine-t-on les premiers chrétiens adorant les idoles païennes et les communistes chantant les louanges du capitalisme ? » Dominique Venner, Pour une critique positive
« – Retenez bien ceci, lui-dit-il d'une voix ardente. Dans ce siècle où les hommes meurent comme des mouches, c'est une chose trop quotidienne que la souffrance pour qu'on ne la regarde pas avec dégoût. Le christianisme est perdu s'il se contente d'être une religion de sacrifice, de privation et de refus. Ne prêchez pas la souffrance, ni la vôtre, ni celle des autres, ni celle du Christ. Le monde en déborde déjà. Prêchez la conquête et la victoire ! C'est de victoire que l'homme a faim ! Et ne confondez pas ! La victoire de l'homme, pas celle de la société : Revenez aux sources. La société n'est que matière et la matière est maudite. Elle n'est faite que pour obliger l'homme à vaincre la malédiction. Distancez-vous ! Soyez neutre ! La révolution n'a pas plus de droits que la contre-révolution. Retrouvez l'intelligence dont vos maîtres ont perdu les clefs. Ils ont voulu la communiquer trop tôt à tous, et ils l'ont perdue. Ce n'est pas parce que vous la garderez invisible qu'elle sera inopérante, au contraire. Sur l'autel du monde, c'est l'intelligence invisible qui célèbre le vrai sacrifice !...
Ces mots brûlèrent d'Aquilla comme un fer. » Raymond Abellio, La Fosse de Babel, Deuxième partie, VIII, 33. Drameille et l'abbé d'Aquilla discutent de façon socratique sur la notion de « prolétariat », p. 209, L'imaginaire Gallimard
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L'audio Telegram de Thomas Ferrier : Conférence sur l'histoire de l'identitarisme européen
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Quelques murmures étouffés d’intellectuels blêmes au chevet de la Droite agonisante, blanche comme une morte, évoquent à demi-mot le râle occidentaliste, dans le silence d'un dernier recueillement. Qu'elle repose en paix.
L'âme s'envole. Ce qui n'existait pas hier apparaît, à la suite de Laurent Ozon, c'est Thomas Ferrier qui se soumet à l'exercice des derniers sacrements : une introduction similaire sur l'histoire de l'identitarisme européen ; avec la même allusion. Un ange passe. Il est né le divine enfant.
Après test de paternité, le trait de caractère identitaire du nouvel occidentalisme français est fruit du hasard, et c'est là toute sa particularité. Le néo-occidentalisme est né d'une vierge. Le lien filial entre néo-occidentalisme et identitarisme européen est fortuit. En rien héréditaire.
La noire tache de naissance du néo-occidentalisme est la marque au fer rouge du prométhéisme – transhumanisme de « Droite ».
Le « prométhéisme » ; mélange de philosophie matérialiste et de spiritualité new age – c'est du moins notre première intuition –, en dit davantage sur l' « esprit occidentaliste », typiquement postmoderne, que les différents commentaires d'actualité et divers positions métapolitiques des animateurs et influenceurs de ce jeune mouvement. C'est une autre génération que celle des occidentalistes, qui n'a pas cette culture métapolitique du Nationalisme révolutionnaire et nonconformiste qui, timidement, commençait à ouvrir ses pages à l'école pérennialiste, une littérature de combat par ailleurs ignorée sinon occultée par les néo-occidentalistes et les prométhéens en voie d'hybridation.
Il n'y a pas véritablement de solution de continuité entre nationalisme européen et néo-occidentalisme ; c'est ce que les intellectuels ne comprennent (toujours) pas, mais nous développerons ce point ailleurs – dans notre essai La grande trahison métapolitique de la Droite.
Nous nous concentrerons ici sur les conclusions précoces de Thomas Ferrier au sujet de l' « altérité nécessaire » de l'occidentalisme et de l'eurasisme – et le dépassement hypothétique de cette « altérité » par un européisme fantôme.
***
« L'engagement spirituel de celui qui se voit mystérieusement tenu de chercher en lui-même sa propre vérité vivante et la puissance cosmogonique de celle-ci n'implique en rien l'aboutissement final, la réussite, fut-elle partielle, de la recherche entreprise, ni ne saurait en tenir le résultat espéré pour donner d'avance. Au contraire, le chemin de la marche en avant se trouve presque toujours sournoisement dévié, interrompu ou obstrué de noir, suspendu sans fin devant la tragédie de l'obstacle imprévu et à jamais insurmontable qui représente l'épreuve propre, l'épreuve que l'on pourrait appeler fondamentale de tout passage à un stade irrévocablement supérieur de l'être. Il n'empêche que les ralentissements de la montée, les éboulements mystiques et les arrêts en chemin, les longs passages au noir, considérés dans le déploiement même de la spirale gnostique en marche, doivent être tenus pour autant d'épreuves, pour autant de stations initiatiques d'écartèlement sanglant et de passage par les fournaises intérieures de la croissance de l'éveil si l'on ne veut pas qu'il deviennent, ces ralentissements, ces éboulements, ces arrêts, ces passages au noir, autant d'arrêts de mort, le brusque effondrement dans ce puits du néant défini comme l'irrémédiable même par tous ceux qui en sont venus à savoir de quoi ils parlent. » Jean Parvulesco, La Spirale Prophétique, Le recours à l'appui extérieur, p.189, Guy Trédaniel Éditions
Le logos européaniste entre conservatisme de « guerre de retard » et identitarisme « sur le retour » ne peut se sauver lui-même, justifier sa propre orientation par lui-même, sans évoquer le recours nécessaire à l' « appui métapolitique extérieur » de l'Ouest « orientale » ou de l'Est « occidentale ». Ceux qui entretiennent ce logos (comme on entretient une vieille maîtresse) le savent pertinemment. Cela s'observe par l'esthétique « discrète » et « subtile » qui sublime leur choix : l'occidentalisme.
Un « appui extérieur » qui ne peut être qu'occidentaliste « du plus grand Ouest » ou eurasiste « du plus grand Nord » ; il n'y a pas d'autres choix. Ils l'ont donc fait en pleine conscience. Qui ne dit mot consent.
L'occidentalisme européen peut effectivement se présenter comme une instance diplomatique souterraine avec les États-Unis de la même manière que l'eurasisme européen peut remplir cette fonction avec la Russie, mais nous n'en sommes pas là. Et la question « spirituelle » reste posée. Ils prêteront allégeance sans même avoir assumer ce choix géopolitique.
L'état métapolitique actuel du camp européen, sous tutelle politique du camp national, est celui du « déni occidentaliste ». Un occidentalisme « par défaut » mais qu'on ne peut que constater – comme on ne peut que constater le fond spirituel qui l'anime. La preuve en est que Thomas Ferrier lui-même est contraint et forcé de passer par des médias souverainistes ou occidentalistes pour s'exprimer. L'européanisme se cherche un nouveau centre et un nouvel axe de diffusion pour atteindre les jeunes générations, un nouvel Ordre révolutionnaire, libre et indépendant de la « Nouvelle Droite » et de la « réinfosphère ».
L'analyse introductive de Thomas Ferrier se termine où elle devrait commencer...
***
Pour ce qui nous intéresse ici, cette première analyse souffre d'une incompréhension de la Quatrième théorie politique et peine à s'en expliquer.
« On dit non à Douguine ! »
Mais il faudrait dire pourquoi, ou ça ne vaut rien.
Guillaume Faye n'est malheureusement plus là pour s'expliquer, et nous n'avons rien trouver dans nos archives qui justifie ce « Non ! ». Nous ne retiendrons pour l'instant que cette absence de justification de laquelle on ne peut rien faire, à laquelle on ne peut pas répondre. Partout le dialogue est rompu.
Des « théories eurasistes » dont il serait une première erreur de penser qu'elles ne sont que des théories purement spéculatives et dont il reste à démontrer précisément en quoi, sur quels thèmes, quels concepts, quels points ; car l’œuvre d'Alexandre Douguine est dense, elles seraient fausses ou iraient à l'encontre des « théories européanistes » ou « euro-sibériennes ». Douguine cherchant la voie de cette « Europe puissance » que nous cherchons tous dans l'articulation des pôles historiques européens et de l'axe Paris-Berlin-Moscou.
Thomas Ferrier commet cette première erreur qui engendre les autres, et ne démontre pas en quoi les « théories eurasistes » seraient fausses du point de vue russe mais également du point de vue européen bien comprit. Il n'aime pas Douguie et l'Eurasisme. Très bien. Nous n'aimons pas les salsifis.
Il admet lui-même que le « regard vers l'Est » est le seul qui convient à l'Europe, ce qui était l'avis de Faye, et quelque part celui des expatriés occidentalistes à l'Est, il s'agit donc de s'adresser à la puissance russe avec diplomatie et apprendre de l'Eurasisme en ce qu'il propose d' « assomption de l'Europe ».
Le « néo-eurasisme » d'Alexandre Douguine, qui s'inscrit dans un mouvement métahistorique à la suite de nombreux penseurs et écrivains, est une forme d' « européanisme russe », à moins que Thomas Ferrier prétende mieux définir l'esprit russe qu'un penseur russe, que les russes « blancs » ne sont pas des européens et, pourquoi pas, retire à Douguine le droit de lui-même se définir ?...
Nous pensons que c'est le défaut principal des discours occidentalistes : prétendre définir et penser à la place des autres européens. Et même penser à la place des européens d'Amérique...
Ce qui fait de Thomas Ferrier un occidentaliste contrarié, malgré lui.
***
Il y a deux manières de concevoir l'Europe, pas trois, pas quatre, pas cinq.
L'Europe sans la Russie comme « civilisation occidentale ».
Et l'Europe avec la Russie comme « civilisation européenne ».
On ne fera pas des Russes des occidentaux à marche forcée, ils ne le seront jamais, et on ne fera pas l'Europe sans la Russie. Les occidentalistes confondent le fait de s'approcher d'un mode de vie occidental par l'effet du progrès techno-scientifique et les mentalités : les identités profondes des peuples. Cette confusion vient du fait que les occidentalistes ont une pensée trop mécanique de l'histoire et de l'homme. Ne pas relier uniformisation et indistinction : globalisation et occidentalisation, est une marque de fabrique occidentaliste.
La volonté de profiter des innovations techno-scientifiques (et nous noterons que les ingénieurs russes ne sont pas absents des divers avancées techno-scientifiques dont profite l'Occident et, par extension, le monde globalisé et occidentalisé), d'un certain confort matérielle que ces innovations apportent comme elles apportent un certain ramollissement des sociétés, ne change pas intrinsèquement – pas encore tout à fait – l' « écologie profonde » de la civilisation bio-culturelle européenne et sa destinée géopolitique manifeste.
Cela fait bien longtemps que les États-Unis d'Amérique ne sont plus une « extension de l'Europe » et ont un destin extra-européen qui leur est propre ; ça sera donc la civilisation européenne libre – autant qu'on puisse l'être ! – ou la civilisation occidentale sous le joug étasunien. Les fameux « européens d'Amérique » que les néo-occidentalistes s'inventent d'amis imaginaires, nous aimerions bien les rencontrer. Nous avons rencontrer des Russes amoureux de la France et de l'Europe, mais des américains qui combattent le globalisme et l'hyperpuissance étasunienne au nom de l'Europe nous n'en connaissons pas. Qu'on nous montre ces bêtes de foire. L'Occidentalisme est un cirque métapolitique, des nains qui dressent de grands fauves invisibles, des jongleurs sans quilles et cracheurs de feu sans flamme, des clowns blancs sans auguste, des équilibristes sans hauteur, des magiciens qui répètent ce tour vu mille fois, des « faiseurs d'illusions qui sortent des lapins morts de leurs chapeaux »...
Par manque de vision, ou de réel intérêt pour les plus grandes idées européennes qui dépassent les frontières de la France et ne peuvent se limiter à certaines rancunes slaves envers le bloc soviétique, qui ne seraient pas les siennes ou celles des identitaires, Thomas Ferrier ne peut définir l'européanisme sans y intégrer la vision du monde russe et eurasiste, sans penser la multipolarité et l'idée de Troisième Rome ; « il n'y en aura pas de quatrième ». Des idées européanistes très « franco-françaises » dont l'influence est à relativiser. Sans l' « appui extérieur » de la Russie, l'Europe ne renaîtra pas de ses cendres. C'est l'histoire qui tranchera ; nous ne pouvons qu'en faire le pari comme celui de Dieu.
Thomas Ferrier fait le pari que l'Europe peut se sauver et se construire elle-même sans l' « appui politique extérieur » de la Russie et l' « appui métapolitique extérieur » de l'Eurasisme, ce qui nous apparaît « hérétique » du point de vue de la plus grande « littérature de combat » foncièrement « eurasiste » que Thomas Ferrier ne peut reconnaître à défaut de la connaître.
Ne s’intéressant pas aux legs médiévaux, aux romans et à la poésie du Siècle, oubliant ce qui de mémoire orthodoxe permit la Renaissance, refusant toute lecture pérennialiste – et dénigrant l'histoire comparée des religions qui équilibre la vision du monde postmoderne occidentaliste pour rendre l'Europe à une Tradition comme médiation entre les civilisations passés, présentes et futures –, préférant regarder des comics américains et écouter du métal néo-païens, nous ne pouvons, en effet, partager la vision du monde européen, sans littérature et sans ésotérisme, de Thomas Ferrier... Et cette dernière remarque n'est pas gratuite, elle est fondamentale. Rien de personnel.
En effet, il ne suffit pas d'affirmer, arbitrairement, l'incompatibilité des idées européanistes et des idées eurasistes pour que cette incompatibilité soit indépassable ; quand bien même cette incompatibilité existerait-elle. Cette « incompatibilité » est indiscutable dans la situation géopolitique actuelle. Nous pouvons affirmer, au contraire, qu'il n'y a aucune incompatibilité entre ce qui sont deux points de vue qui regardent dans la même direction d'une seule et même grande Europe : celle de l'Empire eurasiatique de la Fin.
N'importe qui regardant une carte comprend que la péninsule européenne, occidentale et méridionale, berceau de notre civilisation, autant que sa partie centrale ; et des grands apports scythiques et indo-iraniens dans notre culture profonde, fait partie du grand continent eurasiatique et que, pour intégrer la Russie à l'Europe, il faut penser une géopolitique européenne et eurasiatique, prendre en considération le grand espace russe et le fait que la Russie est une « prison des peuples » qui contient le déferlement des hordes asiatiques sur l'Europe. Douguine ne dit pas autre chose, il prend en considération les réalités russes dans une perspective multipolaire et revendique un particularisme russe mais il ne renie pas le caractère européen de la Russie, il rejette son caractère occidentale ; de l'Occident symbolique.
Ils n'ont qu'Occident à la bouche mais c'est « autre chose » que les néo-occidentalistes feignent de comprendre ; car ils le comprennent très bien.
Lorsque nous autres, eurasistes, parlons négativement d'Occident, nous ne parlons uniquement et exclusivement de l'espace géographique et civilisationnel occidental au sens stricte, nous parlons de la fonction eschatologique de l'Occident à la fin des temps. Mais il se veut que l'Occident est né en Europe. De la même manière, quand nous parlons d'Orient, nous ne parlons pas du monde arabe ou encore d'un tiers-monde libérateur, nous parlons d'un Orient symbolique et, au delà de cet Orient, des origines polaires de notre Tradition indo-européenne, « aryenne », « boréenne », « thuléenne », ce que nous pourrions indiquer de « plus grand Nord ».
« Le rôle des États-Unis, la dernière superpuissance restante dans le monde, est aujourd’hui central dans la géopolitique globale. А partir de la fin du XIXe siècle, un continent marginal, qui n’avait jusqu’alors représenté qu’une province secondaire du Vieux Monde, de l’Europe, devint progressivement un géant politiquement et culturellement autonome, jusqu’au moment où, après la seconde guerre mondiale, les États-Unis se proposèrent comme modèle paradigmatique universel aussi bien pour ces mêmes pays d’Europe que pour l’Asie. L’importance de l’Amérique s’accrut sans cesse, se répandit un ensemble de critères idéologiques, culturels, psychologiques et même philosophiques associés à l’Amérique qui vont bien au-delà de son influence proprement économique et militaire. Se manifesta de plus en plus l’existence d’une « Amérique mythologique », d’une « Amérique comme concept », d’une « Amérique comme idée de l’Amérique ». Et si une telle « idée de l’Amérique » a pu s’enraciner dans la conscience géopolitique universelle et devenir quelque chose de « néo-sacral », il doit y avoir à cela des raisons très sérieuses associées à l’inconscient collectif de l’humanité, et à cette géographie secrète continentale qui plonge ses racines dans les millénaires mais dont le souvenir continue à vivre comme archétypes psychiques. L’objet de ce chapitre est précisément d’examiner les dessous « mythologiques » de l’Amérique comme « continent intérieur »... » Alexandre Douguine, La Terre verte – l'Amérique
Nous vous renvoyons à la lecture complète de ce texte fondamental d'Alexandre Douguine au sujet de l'Amérique et de l'Occident.
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L'avenir de l'Europe est la Russie, et celui de la Russie, l'Europe. Nos destins sont liés, faire semblant de ne pas le comprendre revient à considérer que l'avenir de l'Europe sont les États-Unis. Nous invitons les occidentalistes à rejoindre New-York, ou un autre état du « nouveau monde ».
Le mythe identitaire qui veut que la Russie ne voudrait pas être « européenne » est d'abord un mythe occidentaliste inspiré de la propagande étasunienne, davantage nationaliste dans la mentalité qu'il ne fut jamais impérial, qui ne distingue pas Europe et Occident.
La Russie ne veut pas être occidentale ; et elle n'a pas besoin de nous pour se connaître elle-même européenne.
Un mythe occidentaliste qui oublie, de courte mémoire, la main tendue de Vladimir Poutine à l'Europe jusqu'à la montée en intensité et en puissance du conflit russo-ukrainien. Un conflit qui a commencé il y a dix ans alors que les occidentalistes n'existaient et n'en avaient que faire de l'Ukraine – sauf pour ses femmes ; ce qui devrait répugner les ukrainiens –, ne s’intéressaient pas davantage à l'Eurasisme, et à peine à l'Européanisme dont ils contestent aujourd'hui toutes les filiations intellectuelles conservatrices et révolutionnaires qui les relient. Les occidentalistes sont dans le grand reniement des idées européennes et aucuns intellectuels européens n'a le courage de le dire, de les remettre à leur place et de les instruire de nos traditions. Mais ça n'est pas de la lâcheté, c'est un calcul.
L'idée « eurasiste » n'est pas neuve et repose sur une littérature de combat « de très longue mémoire » qui fait actuellement défaut aux européanistes, sur une œuvre métapolitique totale qui a renouvelé la pensée européenne de fond en comble, notamment en ce qui concerne les « métamorphoses du Libéralisme », lui ont donné une perspective et une orientation, un centre et un axe, qui ne pouvait aboutir qu'au choix ultime entre l'Ouest et l'Est, et que nous pouvons nous réapproprier pour en faire un Ordre révolutionnaire – ce qui est le souhait de Douguine clairement exposé dés le début de son livre sur la Quatrième théorie politique...
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Où est le « Douguine français » ?
On le cherche, on ne le trouve pas...
Si Thomas Ferrier veut devenir ce « Douguine français », qu'il se mette au travail et propose une œuvre, sinon équivalente de son point de vue « européaniste », une critique davantage développée. Nous espérons que Thomas Ferrier ne compare une œuvre qu'il n'a pas écrite aux nombreux travaux d'Alexandre Douguine et ceux des « eurasistes »... Pourquoi Thomas Ferrier ne débat-il pas avec Douguine ou ne dialogue pas avec Laurent James, sont-ils moins européens que lui ?
On ne passera pas notre temps à l'attendre et vous vous isolerez dans l'occidentalisme pour continuer à exister : nous le prédisons et c'est ce qui arrivera car il n'y a pas d'autre voie. Faites attention, nos intuitions s'avèrent très souvent vraies et se révèlent sévèrement opératives dans le temps... Les occidentalistes vous abandonneront. Ils ont un autre projet que celui de votre Europe. Ce sont aujourd'hui des agents au service des états-unis.
Nous choisissons la voie eurasiste de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Vous choisirez la voie occidentaliste de l'axe Paris-Kiev-Washington. C'est votre destin d'indécis qui veut certes faire l'Europe, mais une Europe personnelle et privée qui restera imaginaire et utopique.
Les êtres bornés aux théories spéculatives et dogmatiques sont des enfants capricieux qui finissent toujours esseulés à jouer seuls.
Thomas Ferrier, tant qu'il ne s’intéresse pas à l'Eurasisme comme « nouvelle tradition européenne supérieure » et « littérature de combat prophétique » poursuivant le concept de Rome comme centre spirituel et civilisationnel ne peut prétendre à la sincérité. S'arrêter au mot « Eurasisme » est cette épreuve que nous avons initiatiquement imposée aux grands européens d'Occident pour qu'ils retrouvent le chemin du plus grand Nord.
Nous autres, eurasistes, avons porté allégeance à l'Empire eurasiatique de la Fin et à la Troisième Rome car nous sommes de grands européens, des fidèles d'Amour à Notre Dame d'Europe.
Et nous deviendrons, à terme, des ennemis, pour le moins des adversaires. Ce que nous ne souhaitons nullement.
L'Occidentalisme finira par se replier sur lui-même, se durcir et devenir agressif de ne pas reconnaître et rencontrer l'Eurasisme sur un terrain d’entente multipolaire comme le centre de commandement de la plus grande Europe et d'une géopolitique transcendantale ; qu'ils ignorent également comme ils ignorent les traditions européennes souterraines des plus grandes profondeurs de l'être fondamental européen de la Sibérie au Finistère.
Quand on ne possède pas d'identité métapolitique, pas de littérature, pas de poésie, pas d'esthétique, pas d'ésotérisme et que notre spiritualité est typiquement new... On ne peut que devenir agressif pour gagner, pour vendre. Et les occidentalistes le sont et le seront de plus en plus, et plus ils seront à découvert, plus ils le seront encore. C'est la course à l’échalote. Peut-être même le sont-ils depuis le début ?... que l'Europe refuse leurs avances pour qu'ils jouent un rôle, et sans doute avons-nous eu tord de leur donner du crédit par sympathie, camaraderie et fraternité.
En rejetant l'Eurasisme c'est toute une littérature de combat, abyssalement européenne, c'est l'Europe elle-même qu'ils rejettent finalement. On ne peut pas être fidèle et amoureux à la fois de l'Occident et de l'Europe.
Quoiqu'il en soit des intentions occidentalistes, le respect que nous leur accordions de bonne grâce n'est jamais rendu en retour ; mais que les occidentalistes ne se voient pas plus grands qui ne le sont. Désormais, ils ne peuvent plus se cacher derrière l'européanisme.
Les semaines et mois à venir vont devenir intéressants, les contradictions et schizophrénies occidentalistes vont être de plus en plus exposées et ça ne va pas leur plaire.
Que vont-ils faire ?
Ils vont troller et clasher, c'est tout ce qu'ils savent faire, même s'ils s'en défendent et prétendent se défendre, c'est toujours comme cela qu'ils ont fonctionné. Nous autres ne les avons jamais attaqué. Il y a déjà cinq ans et plus que nous leur demandons fraternellement de s’intéresser à l'Eurasisme et de nous répondre à ce sujet. Nous avons vu venir le mouvement occidentaliste et la tendance prométhéenne alors que les intellectuels européanistes évitent le sujet. Cette « demande » est restée lettre morte alors que ceux-ci n'avaient rien d'autre à faire. Cet acte manqué est un manquement d'Honneur et Fidélité à l'idée de plus grande Europe. Rien d'autre.
Nous espérons nous tromper et que le dialogue sera possible demain mais nous en doutons fortement...
Les occidentalistes vous feront dire ce que vous ne dites pas et vous éprouverez toujours plus de difficultés à vous en défendre, contraint et forcé de vous aligner sur les positions occidentalistes et prométhéennes pour continuer à faire exister l'idée d'une utopie qui ne se réalisera jamais, sans même laissé une trace dans le monde des idées ; idéaliste et idéale. Mais rien ne l'est. Nous n'avons jamais préconisé un copier/coller de l'eurasisme russe. Nous avons même proposé tout à fait autre chose : le développement d'un eurasisme européen pour, précisément, pouvoir dialoguer avec les avants-gardes russes.
Nous, nous ne voulons pas que la grande Europe reste une utopie ou devienne une parodie globaliste.
Nous sommes des hommes libres de penser l'Europe car nous sommes eurasistes et des européens authentiques. L'Eurasisme et la « multipolarité » offrent cette liberté. L'Occidentalisme et l' « unipolarité » ne l'offre pas. Et l'Eurasisme a d'ors et déjà imprimé sa marque profondément dans la plus grande Histoire. Il est en train de le faire et, aveuglez par l'hydre occidentaliste, vous ne le voyez pas.
Il est assez arrogant d'opposer le néant français à une œuvre métapolitique européenne dont Parvulesco a prophétisé l'avènement. Pas parce qu'il était « prophète » au sens théologique ou ésotérique comme ses écrits pourraient nous le laisser penser. Mais parce qu'il était authentiquement militant et prophète et qu'il continuait le « grand œuvre » d'autres « grands européens » avant lui.
Qu'avez-vous à nous dire au sujet du concept absolu « Jean Parvulesco » ?
Allez-vous salir sa mémoire ?
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Le conflit russo-ukrainien est le début de la fin de la Fin de l'Histoire que seuls les pseudo-intellectuels français ne voient ou ne veulent pas voir...
Entre Parvulesco, Faye, Steuckers, Douguine, pour ne citer qu'eux, dont la lecture croisée est fondamentale et essentielle quand on prétend « penser vivement l'Europe », il y a tout de même de quoi dégager l'idée métapolitique d'une forme « Eurasisme européen » altier et nécessaire, apte à répondre, dialoguer et débattre avec l'Eurasisme russe qui dépasse amplement ses frontières. On ne peut pas « penser l'Europe » à partir d'un seul penseur, ou d'un seul vecteur. Vous n'avez que Faye, et encore, vous avez ce que vous voulez bien faire dire à Faye. Votre pensée est trop petitement politique et trop assurément historique que pour penser l'Europe ; épique et poétique, des nouveaux prophètes et terroristes métapolitiques.
Les penseurs européanistes français pensent l'Europe comme les néo-souverainistes pensent la France et comme les occidentalistes sont volontairement incapables de penser l'Europe sans tenir la main de papa Occident, ce sont de petits enfants métapolitiques qui veulent jouer dans la cour des grands et qui pleurent dés qu'ils ramassent le moindre coup. Ils jouent de sentimentalisme et sont des pleurnichards idéologiques qui réclament aux États-Unis la puissance qu'ils n'ont pas. Cette même « puissance » qui viole leur mère et dont ils sont les bâtards. Cette naïveté de leurs petits genoux en sang et de leur questionnement identitaire est touchante, mais après les avoir soigné et câliné, leur avoir préparé un goûté, raconté une histoire et mis au lit, pourrons-nous passer aux choses sérieuses et ne pas devoir répéter éternellement ce qu'ils refusent de reconnaître ni n'apprendront à l'école ; et ne peuvent donc rien en déduire, avant qu'ils ne s'endorment et rêvent des écrans superposés du spectacle cybernétique de la marchandise jusqu'à leur éclatement définitif dans le réseau ?
Ils nous demandent de leur conter une histoire que nous connaissons par cœur, nous le faisons, mais ils refusent d'ouvrir le grand livre Europe. Nous pensons qu'ils sont assez grands pour apprendre à lire seuls désormais, qu'ils arrêtent de nous réclamer une dernière petite histoire, qu'ils continuent de rêver et apprennent à se lever tout seul... Comme des grands.
D'ailleurs, vous pressentez vous-même l’ « altérité nécessaire » de l'occidentalisme et de l'eurasisme mais n'arrivez pas à franchir le gué pour des raisons vaguement néo-païennes et de ce défaut de l’intellectualisme français qui est de penser que vous êtes le seul à penser et avoir (presque) toujours raison – rien à envier à un Soral ou un Ozon sur ce point – vous entraîne à ne plus penser l'Europe mais l'idée que vous vous en faite.
C'est la grande maladie des penseurs français.
Douguine est immunisé contre cette maladie de l’intellectualisme et d'un certain parisianisme mental, il a tendu la main aux penseurs français le plus longtemps qu'il fut possible... Il n'est pas étonnant qu'il ne s’intéresse plus à la France. Tandis que les réseaux eurasistes s'étendent, l'européanisme français reste confidentiel et confiné au néo-occidentalisme.
Les « intellectuels » auront mis cinq ans à regarder timidement, à identifier maladroitement l'occidentalisme... Cinq ans ! Combien d'années encore pour l'introduire dans leur histoire très personnel des idées ? Et combien d'années encore pour prendre conscience qu'il faut le raisonner ou l'arraisonner, l'affronter fraternellement, avant de devoir le combattre sauvagement ?
Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Avant de critiquer l' « Eurasisme », toute chose que vous n'avez pas compris, que les français ne connaissent que par la rumeur, allez jusqu'au bout de la critique du néo-occidentalisme et de la subversion prométhéenne au lieu d'éluder la question de ces renversements dialectiques comme vous le faites dans cet audio à bras raccourcis montés sur des petits pieds qui ne vous mène pas très loin alors que vous avez les moyens d'un retour sur vous-même et d'une remise-en-question de cette nouvelle droite alternative... Vous qui parlez de courage et de prendre des risques, nous ne comprenons pas quel risque avez-vous pris ici ?... Et nous nous doutons de ce qui suivra, c'est-à-dire rien. Pour nous, des attaques occidentalistes, on s'en doute.
Il ne se passera rien.
Pas plus que vous – la Droite européenne – n'avez collectivement et frontalement engager une lutte métapolitique à mort contre le « camp national » et la subversion néo-souverainiste qu'il abrite, vous n'engagerez un combat contre le néo-occidentalisme. Le néo-occidentalisme est diamétralement opposé à l'européanisme d'Evola, de Parvulesco, de Venner ou encore de Faye, ce qui n'est pas le cas de l'Eurasisme qui est son avant-garde silencieuse et disciplinée que vous vous permettez de mépriser, de dénigrer...
Mais, encore une fois, pour se permettre d'être dans l'invective, il faudrait avoir quelque chose à opposer à l'Eurasisme. Hors, vous n'avez rien. Gardez-vous d'invectives stériles et infécondes, elles n'impressionnent personne et ne servent pas les idées européennes. Vous êtes doublement perdant, sur toute la ligne, de par votre ralliement par défaut à l'occidentalisme et votre hostilité à l'eurasisme.
***
Que Faye n'aimait pas Douguine ; puisque c'est votre seul argument, ne démontre strictement rien.
L'avait-il seulement lu ?
Nous en doutons.
Nous y voyons plus un transfert de griefs qu'il pouvait y avoir entre lui et de Benoist (et contre le « tiersmondisme » d'une manière générale) qu'un rejet de Douguine lui-même. Si Faye avait rencontré Douguine, l'histoire ce serait peut-être passée autrement. Nous sentons cette « intuition eurasiste » chez Faye mais nous éviterons de lui faire dire ce qu'il ne disait pas.
Quoiqu'il en soit, le fait que Faye, qui aurait voulu finir ces jours en Russie, se méfiait de Douguine (et par extension de l'Eurasisme) – beaucoup plus proche de l'archéofuturisme que ne le sera jamais le prométhéisme –, ne prouve rien, ne discrédite pas la perspective eurasiste qui n'est pas très différente de la perspective euro-sibérienne.
Les différentes pensées européennes nationales, isolées les unes des autres, sont par définition imparfaites et il faut en faire la synthèse pour convenir à toutes parties prenantes dans la défense de l'Europe, selon leurs intérêts respectifs et respectables.
Se priver des eurasistes qui ont l'Europe et l' « Empire au cœur » dans un moment aussi critique pour les idées européennes serait une grave erreur, une faute métapolitique.
N'insultez plus gratuitement Douguine et les eurasistes, soyez précis sur ce que vous auriez à lui reprocher et à nous reprocher, ou n'en parlez plus, surtout pour ne rien dire, car vous ne savez pas vous-même ce que vous avez à lui reprocher autrement que vous n'êtes pas lui et qu'il n'est pas vous, vous butez systématiquement sur la question. Tout dans l'Eurasisme reste pour vous un mystère. Et ça le restera. Avez-vous lu Abellio cher Thomas ?
Camper sur ses positions nationalistes dans l'immobilité métapolitique profite systématiquement à l'inertie, et ce, de manière systémique, au statu-quo. D'autant que nous ne sommes pas certains que les penseurs français européistes fondamentalistes ou européanistes dogmatiques soient en position d'imposer quoique cela soit à la Russie et au reste de l'Europe...
Et il serait peut-être temps de s'adresser à l'Allemagne, d'expliquer aux européanistes français que la France doit s’ « intégrer » à l'Allemagne. Vous découvrirez alors que les néo-occidentalistes restent très nationalistes et souverainistes dans l'esprit, leur soumission inconsciente aux États-Unis, à leur Occident imaginaire, n'a d'égal que leur incompréhension fondamentale du concept d'imperium. Ils ne sont pas davantage romains qu'ils ne sont européens, de petits occidentaux sans ambition autre que d'être dans le sens de la fin de l'Histoire, une ambition de feuille morte.
Faire de Faye un « penseur occidentaliste » est une forfaiture idéologique sur laquelle nous ne reviendront pas ici, nous exposerons cette forfaiture ailleurs, à travers une lecture croisée de Faye et Parvulesco qui pourrait en surprendre plus d'uns. Steuckers reste positivement critique de l'Eurasisme mais peut être considérer, à bien des égards, comme un penseur sinon « eurasiste » : euro-sibérien, au même titre que Faye.
Limiter une pensée sur la base d'une terminologie qui déplaît est, d'un point de vue intellectuel, médiocre, et confine à un orgueil mal-placé.
En réalité, vous n'avez rien à opposer à l'Eurasisme, ce pourquoi vous n'avez pas le choix d'être ou de rester évasif sur la question. Quand on pense sincèrement et sérieusement l'Europe on pense l'occidentalisme et l'eurasisme simultanément, nous dirions même : synchroniquement. Occidentalisme et Eurasisme sont comme l'aile gauche et l'aile droite de l'Européanisme. Se sentir obligé de dire qu'occidentalisme et eurasisme ne veulent rien dire, pour se rassurer, dénote un doute. Vous avez raison d'en douter, occidentalisme et eurasisme veulent tout dire, absolument tout. Si les deux grandes orientations européanistes ne veulent rien dire, nous nous demandons qu'est-ce qui veut dire quelque chose quand on pense l'Europe ?...
La pensée européenne monomaniaque et autistique ne mène nul part.
Nous autres, eurasistes, ne nions pas l'occidentalisme et y prenons notre part. Nous sommes, en tant qu'européens et qu'occidentaux, des penseurs « occidentalistes » et des « prométhéens », mais d'un tout autre Ordre que les occidentalistes et que les « archéo-progressistes » tels qui se présentent.
Tout n'est pas tout noir ou tout blanc, certes, nous l'admettons volontiers, et il y a des choses à prendre dans l'occidentalisme et dans le prométhéisme, qui sont comprises et intégrées dans l'Eurasisme depuis Parvulesco (que l'on pourra difficilement confondre en « complotisme » et « tiers-mondisme »). Notre cher Jean, dont toutes les droites de la trahison en mouvement de subversion n'osent prononcer le nom, et c'est bien à cela qu'on les reconnaît.
« Notre honneur, je viens de le dire, s'appelle recommencement. A condition, toutefois, que l'on eût compris que tout ce qui revient est autre. »
***
L'Eurasisme repose sur une œuvre qui a le mérite d'exister, à partir de laquelle nous pouvons nous projeter, qui permet de développer des méthodes et des stratégies autres que le « gramscisme de Droite » ; qui lui non plus ne mène nul part, qui permet de s'inscrire en manifeste et doctrine, de se rassembler sous une bannière, de revêtir une esthétique de combat, de réenchanter les idées politiques européennes, et qui est sans équivalent à l'Ouest.
Si comparaison n'est pas raison : on ne peut comparer que ce qui est comparable, cher Thomas.
Nous attendons donc une œuvre strictement européaniste qui exclurait définitivement l'eurasisme par un argumentaire infaillible et une « volonté de puissance » qui plierait la Russie à cette volonté supérieure, une œuvre que vous tardez à exprimer sous la forme d'une littérature de combat aussi vaste que la littérature fondamentalement eurasiste, qu'elle le soit directement ou indirectement, explicitement ou implicitement... « Lire entre les lignes » n'est pas votre fort, malgré votre intelligence certaine que nous ne remettons nullement en question.
Si vous étiez davantage curieux et attentifs aux mouvements métapolitiques des avants-gardes européennes et du réseau eurasiste international vous remarqueriez que l'Eurasisme gagne du terrain et rallient des forces desquelles on ne peut pas se priver...
En attendant, interdire l'accès à l'Eurasisme aux jeunes européens, sous des prétextes fallacieux et des pinailles terminologiques excessives, c'est ouvrir le champ à l'occidentalisme sans proposer d'autres voies d'exploration, ce qui, d'un point de vue intellectuel, est condamnable. Nous ne rejetons aucune critiques de l'eurasisme pourvues que celles-ci soient motivées et nous en aurions nous-mêmes à formuler.
Les européens sont des hommes libres qui refusent qu'on leur interdise de s’intéresser, d'être curieux, d'orientations et de perspectives métapolitiques qui ne sont pas moins européennes que vos idées qui supportent un occidentalisme sans contradiction alors qu'elles se refusent à découvrir de nouveaux horizons.
Notre seul intérêt est la grande Europe et chacun prendra la responsabilité des névroses personnelles qui lui font obstacle puisque le problème est ici davantage psychologique qu'il n'est métapolitique.
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Tous ceux qui s'affirment européens, européistes ou européanistes, mais qui n'ont aucun recul critique sur l'occidentalisme (et qui ne voit pas une certaine subversion dans le prométhéisme), sont des pitres ou des cuistres, au choix. Vous n'en avez rien à faire de l'Europe et de la « formation imaginal du futur ».
La Droite européenne, de tendance néo-païenne, joue avec le feu de Prométhée.
Apparemment, l'Europe passe toujours après les passions françaises, la « civilisation occidentale » et le « monde blanc ». Mort de la tragédie et naissance de la comédie. Les « identitaires » sont les chroniqueurs de la nécrologie française et européenne. Une pensée de croque-mort, de mort-vivant, de zombie.
La Droite va donc passer du néo-souverainisme (des années dissidences) au néo-occidentalisme (des années décisives), d'une soumission l'autre, ça change la couleur des costumes, pas la texture de la soumission au statu-quo. Dans les deux cas les États-Unis peuvent dormir tranquille, sur leurs grandes oreilles, dans les beaux draps de l'idéologie française qui ne change pas de tissu qu'elle soit « de gauche » ou « de droite », dollar blanc et blanc dollar : du wokisme au prométhéisme sans transition.
Voulant rester neutre ou penser l'Europe seule comme les souverainistes pensent la France seule, on s'enferme dans cette inertie qui profite au statu-quo, c'est comme un bug informatique dans le logiciel européaniste qui charge dans le vide : il faut relancer le programme.
Quand on pense l'Europe, la question des États-Unis et celle de la Russie ; et aussi celle de l'Allemagne dont il n'est que rarement question dans cette perspective européenne, viennent directement sur le tapis descendant, soit on regarde plutôt vers l'Ouest outre-atlantique, soit plutôt vers l'Est continental, c'est inévitable, on ne peut pas faire l'impasse de cette question résolument géopolitique. C'est LA question.
Et bien évidement qu'il y a trahison.
Le pseudo-empire étasunien, avec l'appui du Commonwealth et du réseau Echelon, ne défend que ses intérêts « anglo-saxons » et « judéo-protestants » ; il n'est pas notre allié. L'histoire européenne est l'éternelle histoire d'une confrontation entre la France et l’Angleterre si nous voulons bien y regarder de plus près. Si les États-Unis ne sont pas notre « ennemi » au sens que cet « empire » fût fondé par des européens, il n'en reste pas moins notre « adversaire » sur le plan géopolitique. Nous possédons suffisamment de preuves et autres faisceaux d'indices pour accuser les États-Unis de subversion contre l'Europe américanisée jusqu'au trognon.
De quelles menaces que nous ne pourrions nous-mêmes écarter, ou desquelles elle nous inonde, nous protégerait cette « Troisième Rome parodique » de l' « Empire du non-être » de l'autre côté de l'Atlantique ?
Les États-Unis mènent une guerre de positionnement, stratégique et géopolitique, économique et culturelle, cybernétique et spirituelle, à l'Europe, que cela soit par le droit international ou militairement, dans des manœuvres explicites que les occidentalistes nomment pudiquement de séduction, la bonne blague du « soft power » et autres douceurs américaines... Les origines européennes du peuple américain ne peuvent le justifier ni même le minimiser. Ne plus le dire ou affirmer que la main mise des États-Unis sur l'Europe serait secondaire, voire que c'est affirmation est carrément fausse, est une trahison politique. Le parapluie étasunien est une menace qui plane au-dessus de nos têtes davantage qu'il nous protège. La puissance du globalisme c'est l'hyper-puissance étasunienne. Le bras armé du globalisme c'est le Pentagone et l'OTAN. Qui va dire le contraire ?
Les États-Unis commettent cette erreur de pousser la Russie dans les bras de la Chine. La seule chose qui pourrait écarter la menace chinoise est de « faire l'Europe ». Les États-Unis ont vu à court terme en soutenant Zelenski pour déstabiliser l'Europe et la Russie. Et la Russie ; le nouvel axe Moscou-Pékin-Théhéran qui se dessine, a fait ce qu'elle avait faire, penser que Poutine a commit une erreur est une ixième confusion néo-occidentaliste qui n'entendent pas les nouvelles règles multipolaires du Grand Échiquier et d'un Grand Jeu géopolitiques que l'Occident est en train de perdre, sur le moyen-long terme.
Pourquoi les occidentalistes ne vont-ils pas construire leur « rêve américain » de « civilisation occidentale judéo-chétienne » et de « monde blanc » aux États-Unis plutôt que se rapprocher de la nouvelle Russie ?... c'est assez étrange que pour le souligner une ixième fois.
L'Européanisme est notre grande famille métapolitique dont l'occidentalisme ; le regard vers l'Ouest, et l'eurasisme ; le regard vers l'Est, sont, dans les faits, les deux grandes orientations. On peut le nier mais les faits sont têtus, le conflit russo-ukrainien nous le montre, la « neutralité métapolitique axiologique » ne fonctionne pas et la géopolitique transcendantale commande.
Parlez d'autre chose que d'Europe, de votre nombril, par exemple, puisqu'il n'y a que ça qui vous intéresse et qui intéresse vos petites communautés de souscripteurs et de consommateurs « occidentalistes » qui sont aussi européanistes que nous sommes rabbins. Et nous ne nous adressons pas spécifiquement à « Thomas Ferrier » ici. Nous pensons à ces gens qui n'ont que Europe et Civilisation à la bouche pour nous vendre l'anti-civilisation des « États-Unis ». Nous n'en voulons pas. Leur vision du monde n'est pas inférieur à la notre, elle est autre, mais il n'y a plus personne à convaincre ici. Que ne savons-nous pas au sujet des États-Unis que nous ne devrions savoir ? L' « état profond » globaliste ne veut pas d'une Europe européenne. Qu'ils – les occidentalistes – essayent de se convaincre eux-mêmes du bien fondé métapolitique de leur choix qui n'apporte rien de nouveau (mais qu'ils ne cachent pas les autres voies et, surtout, ne les sous-estime pas). Rien de neuf. La Droite identitaire et alternative essaye de réinventer la Droite progressiste et libérale à l'extrême-centre du globalisme, rien de plus négativement conservateur que cette démarche.
Qu'est-ce que l'occidentalisme apporte aux idées européennes qu'il ne lui a déjà enlevé ?
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« Contrairement à ce que proclament les évolutionnistes, toute irruption dans l’histoire d’une nouvelle technologie est un signe direct de l’affaiblissement des connaissances humaines. Plus l’homme est intelligent, et moins il connaît. Et c’est même parce qu’il connaît de moins en moins, du fait de l’éloignement progressif et historique des origines de sa création, que son intelligence analytique se complexifie afin de pouvoir reproduire des phénomènes qu’il savait contrôler auparavant par d’autres moyens que technologiques : des moyens cognitifs et spirituels. L’invention de la roue – et de la charrette – ne prouve rien d’autre le fait que l’homme était alors devenu suffisamment moderne pour ne plus savoir se déplacer autrement que par des moyens matériels. » Laurent James, L'Atlantide contre l'Atlantisme, Parousia
Nous ne connaissons qu'un eurasiste français, c'est Laurent James.
L'Eurasisme ça n'est pas être pro russe, éditer Douguine, l'avoir préfacé ou en avoir vaguement parlé il y a dix ans.
Et Thomas Ferrier sera d'accord avec nous pour dire que l'eurasisme ne gêne aucunement l'européanisme ? Sinon il faut nous dire en quoi quelque chose qui n'existe pas vous dérange...
Nous ferons encore quelques efforts pour tendre la main, mais pas davantage, la métapolitique d'extrême-droite et le gramscisme pour adolescents ne nous intéressent pas, la métapolitique ne se fait pas sur YouTube, X ou Telegram, en tout cas pas sans moyens algorithmiques et cybernétiques, sans une « volonté de puissance » autre que celle des mèmes de France : autre confusion des penseurs français qui s'excluent eux-mêmes des diplomaties souterraines et ne se parlent qu'à eux-mêmes en réalité.
Nous ne sommes pas responsables des soumissions dissidentes et souverainistes à la propagande « de bonne guerre » du Kremlin. Pas plus que nous sommes responsables des soumissions nonconformistes et occidentalistes à la propagande « de bonne guerre » de Washington...
Nous sommes militants et partisans du « monde multipolaire » – dans lequel l'Empire russe et l'Empire européen peuvent convenir d'être dans le même nid sans avoir la même tête –, nous n'avons rien à voir avec le produit français des dissidences vocifératrices dont nous avons été les premiers à dénoncer le complotisme maladif. Ça ne sont pas des « eurasistes » qui insultent tous les jours Thomas Ferrier, se sont des dissidents et des souverainistes, demain les occidentalistes dogmatiques...
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« L’affrontement entre la thalassocratie anglaise et le continentalisme russe débute dès les premières conquêtes de Nicolas I, qui règna de 1825 à 1855 et consolida les conquêtes d’Alexandre I dans le Caucase, tout en avançant profondément dans les steppes du Kazakhstan, entre 1846 et 1853. Nicolas I désenclave également la Mer Noire, en fait un lac russe: alarmée, l’Angleterre fait signer une convention internationale en 1841, interdisant le franchissement des détroits pour tout navire de guerre non turc. Elle avait soutenu le Sultan contre le Pacha d’Égypte, Mehmet Ali, appuyé par la France. En 1838, elle s’installe à Aden, position stratégique clef dans l’Océan Indien et à la sortie de la Mer Rouge. C’est le début d’une série de conquêtes territoriales, en réponse aux avancées russes dans le Kazakhstan actuel : sont ainsi absorbés dans l’Empire thalassocratique anglais, le Baloutchistan en 1876 et la Birmanie intérieure en 1886. Pour contrer les Russes au nord de l’Himalaya, une expédition est même lancée en direction du Tibet en 1903.
Dans ce contexte, la Guerre de Crimée (1853-1855), suivie du Traité de Paris (1856), revêt une importance toute particulière. L’Angleterre entraîne la France de Napoléon III et le Piémont-Sardaigne dans une guerre en Mer Noire pour soutenir l’Empire ottoman moribond que la Russie s’apprête à absorber. Les intellectuels russes, à la suite de cette guerre perdue, vont cultiver systématiquement une méfiance à l’égard de l’Occident, posé comme libéral, “dégénéré” et “sénescent”, sans pour autant abandonner, dans les cinq dernières décennies du XIX° leur eurasisme indo-européanisant: l’obsession du danger “mongol”, qualifié de “panmongoliste”, demeure intacte. L’Orient de ces intellectuels orthodoxes et slavophiles est russe et byzantin, les référents demeurent donc de matrice grecque-chrétienne et européenne. Dans ce contexte, Vladimir Soloviev prophétise une future nouvelle invasion “mongole” en 1894, à laquelle la Russie devra faire face sans pouvoir compter sur un Occident décadent, prêt à trahir son européanité. Neuf ans plus tard, la défaite russe de Tchouchima laisse entrevoir que cette prophétie était juste, du moins partiellement.» Robert Steuckers, Eurasisme et atlantisme: quelques réflexions intemporelles et impertinentes, L’affrontement entre l’Empire continental des Tsars et l’Empire maritime des Britanniques, Le blog de Robert Steucker
Occidentalisme et Eurasisme sont des altérités métapolitiques nécessaires, c'est de leur désaccord et synthèse que peut naître une Quatrième théorie politique multipolaire européenne.
L' « Européanisme » est une boussole qui impose une orientation sans issue dont elle ne peut par définition indiquer la direction pour en sortir, ce qui est problématique dans une maison en feu.
Les aiguilles s'affolent, le nord magnétique des idées européennes bascule.
Nous allons traduire ce que Thomas Ferrier nomme d' « européanisme 2.0 », ça n'est ni plus ni moins que l'occidentalisme. Un occidentalisme par défaut, mais un occidentalisme quand même. Cela se vérifiera dans le temps. Sans le recours métapolitique extérieur à l'Eurasisme de contradiction c'est le destin de l'européanisme de se confondre de plus en plus avec l'occidentalisme. Quand on ne choisit pas c'est l'Histoire qui choisit pour vous.
Vous n'avez pas voulu de l'Eurasisme, vous aurez l'Occidentalisme !
Le commentaire d'actualité et l'analyse politique sont insuffisants pour impulser une révolution métapolitique, fonder un grand « isme » et un grand Parti européen. L'Occidentalisme joue du même « flou artistique » que les influenceurs et créateurs de contenus journalistiques et idéologiques – exagérément qualifier de « culturels » – et le Prométhéisme reste l'angle mort de la critique sommaire de l'Occidentalisme que vous entamez ici. Qu'il vous faudra poursuivre jusqu'au bout.
Nous attendrons donc une équivalence purement européenne et justifiée pour pouvoir développer davantage nos propos et, en attendant cette œuvre, nous restons « eurasistes » à défaut de pouvoir rencontrer l'altérité qui manque à notre dialectique esseulée. Nous ferons la même remarque aux occidentalistes dont la pensée virtualiste et artificielle ne repose sur aucune œuvre métapolitique dédiée.
Il y a ce qu'on veut et ce qu'on peut : les moyens qu'on se donne ou que l'on fantasme.
Les récupérations et recyclages occidentalistes ne font pas une littérature de combat originale et principielle.
L'Eurasisme se donne les moyens métapolitiques et esthétiques, philosophiques et métaphysiques, pour combattre le globalisme dans tous ses travestissements et subversions, ce que nous ne trouvons nullement dans un quelconque « européanisme » incapable d'identifié et de définir le travestissement occidentaliste et la subversion prométhéenne – qui ne sont autre qu'un alter-globalisme. Tout va se justifier et se vérifier en temps voulu car ça n'est qu'une question de temps.
Premièrement, la tendance néo-païenne de l'ex-Nouvelle Droite est injustifiable du point de vue de la Tradition et c'est pour cela qu'elle est excessivement discrète sur les questions de « spiritualité » et de « religion ».
Deuxièmement, il n'existe pas de Douguine « européaniste ». Il y a un défaut d'incarnation. Car vous pouvez rejeter les idées de Douguine, et même pour d'excellents raisons, mais personne d’intellectuellement honnête ne peut nier qu'il est un des derniers « philosophes » vivants ?...
Nous aborderons, dans un prochain article, le problème du complotisme et de l'anticomplotisme (zététisme) de Droite, ce qu'il suppose de subversion et de non-dit. Car du complotisme « neo-souverainiste » à l'anticomplotisme « néo-occidentaliste » c'est la même impasse, la même maladie infantile, le même statu-quo qui s'exprime, qui nous éloigne de l'idée fondamentale et sacrale d'Europe européenne.
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« Maintenant vient le temps de révéler la vérité, de dévoiler une essence spirituelle que les lèche-bottes ordinaires définissent comme de l' « extrémisme politique ». Nous les avons embrouillés, changeant les registres de nos sympathies politiques, la couleur de nos héros, passant du chaud au froid, du droitisme au gauchisme et inversement. Tout cela n'était qu'une préparation intellectuelle, une sorte de réchauffement idéologique.
Nous avons effrayé et séduit à la fois l'extrême droite et l’extrême gauche, et maintenant toutes deux ont perdu leurs lignes directrices, toutes deux ont été attirées hors des sentiers battus. C'est merveilleux. Comme le grand Evgueni Golovin aimait à le répéter : « Celui qui marche face au jour ne doit pas craindre la nuit ». Il n'y a rien de plus agréable que de sentir le sol se dérober sous vos pieds. C'est la première expérience de vol. Cela tuera la vermine. Cela endurcira les anges.
Qui sommes-nous en réalité ? Ceux dont le visage menaçant apparaît plus clairement, jour après jour, derrière le courant politique radical paradoxal qui répond au nom effrayant de national-bolchévisme ?
Aujourd'hui il est possible de répondre à cette question sans équivoques ni définitions évasives. Cependant, avec cette fin en vue, il est nécessaire de faire une brève digression dans l'histoire de l'esprit.
L’humanité a toujours eu deux types de spiritualité, deux votes – la « Voie de la Main Droite » et la « Voie de la Main Gauche ».
La première est caractérisée par une attitude conciliant envers le monde environnant qui est vu comme harmonie, équilibre, bien, paix. Tout le mal est considéré comme un cas particulier, une déviation par rapport à la norme, quelque chose d'inessentiel, de passager, sans raisons transcendantales profondes. La Voie de la Main Droite est aussi appelée la « Voie du Lait ». Elle ne blesse pas la personne, elle la préserve de toute expérience radicale, de l'immersion dans la souffrance, du cauchemar de la vie. C'est une fausse voie. Elle conduit à un rêve. Celui qui la suit n'arrive nulle part.
La seconde voie, la « Voie de la Main Gauche », voit tout selon une perspective inverse. Pas de tranquillité laiteuse, mais une sombre souffrance ; pas de calme silencieux, mais le drame torturant et ardent de la vie déchirée. C'est la « Voie du Vin ». Elle est destructrice, terrible, ne connaît que la colère et la violence. Pour celui qui suit cette voie, toute la réalité est perçue comme un enfer, comme un exil ontologique, une torture, une immersion au cœur de quelque catastrophe inconcevable tombée des hauteurs des cieux.
Dans la première voie tout semble bon, dans la seconde tout parait funeste. Cette voie est monstrueusement difficile, mais seule cette voie est vraie. Celui qui la suit trouvera gloire et immortalité. Celui qui l'endurera conquerra et recevra la récompense, qui est plus élevée que la vie.
Celui qui suit la « Voie de la Main Gauche » sait qu'un jour l’emprisonnement prendra fin. La prison de la matière disparaîtra, se transformant en cité céleste. Les chaînes de l'initié préparent passionnément un moment désiré, le moment de la Fin, le triomphe de la libération totale.
Ces deux voies ne sont pas deux traditions religieuses différentes. Les deux sont possibles dans toutes les religions, dans toutes les confessions, toutes les Églises. Il n'y a pas de contradiction externe entre elles. Elles font appel aux traits les plus intimes d'une personne, à son essence secrète. Ces voies ne peuvent être choisies. Ce sont elles qui choisissent une personne, comme une victime, comme un serviteur, comme un outil, un instrument.
La Voie de la Main Gauche est appelée « gnose », « connaissance ». Elle est amère, en tant que connaissance elle engendre la douleur et froide tragédie. Jadis, dans l'Antiquité, quand l'Humanité attachait encore une signification décisive aux aspects spirituels, les gnostiques développèrent leurs théories à un niveau philosophique, comme une doctrine, comme des mystères cosmologiques, comme un culte. Graduellement les êtres se dégradèrent, cessèrent de prêter attention au royaume de la pensée, tombèrent dans la physiologie, dans la recherche de la vie privée, de la vie personnelle. Mais les gnostiques ne disparurent pas. Ils transférèrent le débat au niveau des choses compréhensibles par les humains modernes et ordinaires. L'un deux proclama les slogans de la « justice sociale », développa les théories de la lutte des classes, le communisme. Le « mystère de la Pistis Sophia » devint la « conscience de classe », la « lutte contre le Démiurge mauvais, créateur du monde damné », prit la caractère d'une bataille sociale. Les fils de l'ancienne connaissance conduisirent Marx, Netchaïev, Lénine, Staline, Mao, Che Guevrara... Le Vin de la révolution socialiste, le plaisir de la révolte contre les forces du destin, la passion furieuse et sacrée de la destruction totale de tout ce qui est sombre pour l'amour de trouver une nouvelle Lumière non-terrestre...
D'autres opposèrent à la médiocrité l'énergie secrète de la race, le murmure du sang. Ils érigèrent les lois de la pureté et de la nouvelle sacralité, proclamèrent le retour à l'Age d'Or, le Grand Retour contre le mélange, la dégradation. Nietzsche, Heidegger, Evola, Hitler, Mussolini dissimulèrent la volonté gnostique dans des doctrines raciales nationales.
Il est vrai que les communistes n'avaient pas d’intérêt particulier pour les travailleurs, ni Hitler pour les Allemands. Mais ce n'était aucunement dû à leur cynisme. Tous deux étaient submergés par une aspiration plus profonde, plus ancienne, plus absolue – l’esprit gnostique ordinaire, la secrète et terrible Lumière de la Voie de la Main Gauche. Ni travailleurs, ni aryens... C'est un cheval d'une autre couleur.
Des personnalités créatrices invoquèrent la Voie de la Main Gauche sur le chemin de la gnose ils balancèrent entre le « rouge » et le « noir », le « blanc » et le « brun », se ruèrent dans des recherches spirituelles. Troublés par les doctrines politiques, allant vers les extrêmes, incapables d'exprimer clairement les contours métaphysiques de leur vision, les artistes, de Shakespeare à Artaud, de Michel-Ange à Marc Eemans, des troubadours à André Breton, se nourrissent du vin secret de la souffrance, imprégnèrent avidement la société, les passions, les sectes et les confréries occultes avec les fragments épars de la terrible doctrine qui vous prive de la possibilité de sourire. Les Chevaliers du Temple, Dante, Lautréamont... Ils ne souriaient jamais. C'est le signe de l'élection particulière, la trace de la monstrueuse expérience qui était commune à tous les « voyageurs de la Voie de la Main Gauche ». Un gnostique survole notre monde avec un regard sévère. Le même regard qu'avaient ses précurseurs, maillons d'une ancienne chaîne des élus, choisis par l'Horreur. La marque répugnante lui est visible. L'Occident perdu dans sa psychose de consommation, l'Orient dégoûtant par sa lenteur d'esprit et son obéissance misérable. Un monde en train de se noyer, une planète touchant le fond.
« Dans les bosquets sous-marins la pensée est inutile et le geste s'interrompt. » (Evgueni Golovin.)
Mais le gnostique continuera à l’œuvre de la vie. Il n'abandonnera jamais. Ni aujourd'hui, ni demain. Au contraire, il a toutes les raisons de triompher intérieurement. N'avons-nous pas dit aux naïfs optimistes de la « Voie de la Main Droite » où leur excessive confiance ontologique les conduirait ? N'avons-nous pas prédit la dégradation de leur instinct créatif dans cette grotesque parodie, représentée par les conservateurs modernes qui se sont abandonnés à tout ce qui horrifiait leurs précurseurs les plus séduisants (Mais non moins hypocrites) deux mille ans auparavant ? Ils ne nous ont pas écoutés... Maintenant qu'ils ne s'en prennent qu'à eux-mêmes et qu'ils lisent les livres du New Age ou les manuels de marketing.
Nous n'avons abandonné personne ; nous n'avons rien oublié.
Nous n'avons pas été trompés par le changement du théâtre et des acteurs politiques.
Nous avons une très bonne mémoire, nous avons de très « long bras ».
Nous avons une très sévère tradition.
Labyrinthes de vie, spirales d'idées, tourbillons de colère... » Alexandre Douguine, Le prophète de l'eurasisme, Partie IV - Essais philosophiques, Le gnostique, pp. 217-220, Avatar éditions, Collection Heartland
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Si Thomas Ferrier ne veut pas le faire, nous réconcilierons De Gaulle et Degrelle !
A bat l’État ! A bat la République ! A bat la Démocratie ! A bat le Globalisme !
A bat tous les extrêmes centres de la subversion !
Nous autres, eurasistes, cœurs sauvages et farouches de l'Empire eurasiatique de la Fin louvoyants dans la Nuit, n'avons peur de l'anarchie ni du chaos « toujours déjà présent » ; qui viendront férocement avec l'hiver aride et glacial d'un cycle affamé, car nous ne supportons aucune formes de travestissements et de parodies de l'Empire et de son Ordre.
Les loups ont faim, entendez-les hurlez au loin, sous la pleine lune du Minuit cosmique.
Les États-Unis ; les « européens d'Amérique », se révolteront contre le globalisme lorsque l'Europe renaîtra. Et nous reconnaîtrons nos frères.
Notre Phoenix a de très grandes ailes... de fer, il est de feu, et son ombre s'étend telle l'ombre d'un Soleil noir et invaincu.
« Honneur et Fidélité »
Vive la France!
Vive L'Europe!
Vive l'Empire!
Laurent Brunet
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