12/04/2017
Le recours à l'appui extérieur (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La Spirale Prophétique, Le recours à l'appui extérieur, pp.189 à 191, Guy Trédaniel Éditions
« L'engagement spirituel de celui qui se voit mystérieusement tenu de chercher en lui-même sa propre vérité vivante et la puissance cosmogonique de celle-ci n'implique en rien l'aboutissement final, la réussite, fut-elle partielle, de la recherche entreprise, ni ne saurait en tenir le résultat espéré pour donner d'avance. Au contraire, le chemin de la marche en avant se trouve presque toujours sournoisement dévié, interrompu ou obstrué de noir, suspendu sans fin devant la tragédie de l'obstacle imprévu et à jamais insurmontable qui représente l'épreuve propre, l'épreuve que l'on pourrait appeler fondamentale de tout passage à un stade irrévocablement supérieur de l'être. Il n'empêche que les ralentissements de la montée, les éboulements mystiques et les arrêts en chemin, les longs passages au noir, considérés dans le déploiement même de la spirale gnostique en marche, doivent être tenus pour autant d'épreuves, pour autant de stations initiatiques d'écartèlement sanglant et de passage par les fournaises intérieures de la croissance de l'éveil si l'on ne veut pas qu'il deviennent, ces ralentissements, ces éboulements, ces arrêts, ces passages au noir, autant d'arrêts de mort, le brusque effondrement dans ce puits du néant défini comme l'irrémédiable même par tous ceux qui en sont venus à savoir de quoi ils parlent.
Cependant, l'épreuve, et quelle qu'elle fût, n'est jamais suscitée pour que l'on avise de la contourner subversivement, mais pour qu'elle soit prise nuptialement, dramatiquement à bras le corps, assumée jusqu'à en faire une nourriture intérieure et un feu intérieur de ce contre quoi elle s'est trouvé appelée à agir là même où elle agit, en nous ou hors de nous. Toute grande épreuve est donc une chance de vive, tranchante, l'offre unique d'amorcer une montée autre, de se hausser plus et encore, aventureusement, dans le perpétuel retournement sur soi-même de la spirale cosmogonique porteuse ; toute épreuve est sommation de gloire pour celui qui sait se résoudre à lui faire face héroïquement. Tel fut aussi le pouvoir du mot à couvert de ce qu'il était convenu d’appeler, l'heure venue, les vertus d’héroïcité dans la conception active et eucharistiquement vivante de la sainteté qui s'avère celle de certains ordres catholiques militants durant le grand été ontologique du moyen-âge (et même par la suite ; tout près de nous, n'instruisit-on pas les vertus d'héroïsme d'une Sainte Bernadette Soubirous, d'un saint Pie X, d'une sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, répondant tous d'une mystique, d'une vision spirituelle totale fondée exclusivement sur l'héroïsme). Aussi, dans la montée spirituelle, il n'y a jamais de retour en arrière, ni d'arrêt, l'un et l'autre étant chaque fois, le signe du glissement fatal, de l'abdication forcée devant la mort - ou, comme ils disent, devant la seconde mort - que craignent tous les grands confesseurs des voies ascensionnelles avant choisi le danger de la marche au bord du ravin qui longe l'irrémédiable. Alors ceux-ci se font-ils soutenir et porter, inconsciemment, par les souffles transcendantaux de Vâyu, le vent tout-puissant des abîmes ultimes qui, dans la tradition hindoue, hante les cieux intérieurs du Soufle vital, les poumons embrasés de l'unique poitrine. Mais, longer ainsi le bord du ravin fatal est aussi la marche de concert avec la volonté occulte et immédiatement agissante de Dieu, ce que l'hindouisme traditionnelle appelle du nom de brahmachariya, la marche du brahamacharî avec Dieu, dont on devient alors le compagnon unique.
C'est là, pourtant, qu'apparaît le véritable vertige de l'interdit ultime : si nulle épreuve ne saurait être fatale en elle-même , parce que chaque fois qu'elle présente comme épreuve, elle se trouve située à peine un peu au-dessus de la ligne du plus extrême effort que l'on peut livrer de soi-même pour la dépasser, pour la réduire, le nombre de ceux qui parviennent à se hisser, exclusivement de par eux-mêmes, au-dessus précisément de ce léger surplus au-delà de leurs dernières forces n'appartient plus, dans les sombres temps du Kâli-yuga, les nôtres, qu'aux plus grands, aux fondateurs éveillées des mondes en recommencement et des cycles d'illumination compassionnelle ou amoureuse d'un passé déjà immémorial ou qui resteraient à venir.
Car, en fait, nulle grande épreuve ne saurait être résolue sans le secours, sans l'appui extérieur d'une puissance occultement requise et engagée à cette fin décisive. Aussi le problème des terribles obstacles que l'on n'en finit plus de rencontrer dans la spirale du salut et de la délivrance de notre cheminement le plus intime, sera, à chaque fois, le problème de l'obtention du plus juste appui extérieur à l'heure la plus vide, à l'heure la plus noire.
Appui extérieur nécessaire à l'effort d'au-delà de notre plus grand effort propre, appui extérieur qui seul peut tenter de renverser l'ordination négative constituée, au-dessus de nous-mêmes et jusqu'en nous-mêmes, par toute mise à l'épreuve qui se veut et qui parvient à se trouver posée comme tout à fait décisive. Plus ses faveurs augmentent, plus vous devez être vigilante écrivait la bien heureuse Marie d'Agréda, maîtresse de l'ascension spirituelle par excellence puisqu’elle construisit mystiquement le mystère même de l'Assomption de Marie d'Agréda peuvent très bien être traduis sur mode négatif, et avancer ainsi que plus les épreuves sont grandes, insoutenables, plus on doit comprendre que le dessein très caché que le très amoureux dessein à l'égard de l'être ainsi éprouvé est un dessein surélevé, celui-ci éprouvé par e qu'il y a de plus impitoyablement déchirant dans sa marche, et parfois même par l'inéprouvable même.
Car une terrible chose doit enfin être dite : sans le secret spirituel de l'appui extérieur, il n'y a pas de vrai combat dans l'être, ni sur les hauteurs, ni dans les gouffres innommables de la même épreuve qui souvent se présente avec un double visage, rouge et noir. Le secret du passage de la ligne, c'est le secret de l'appui extérieur. »
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
Une « opposition nationale » inexistante, de pure frime (Jean Parvulesco)
Jean Parvulesco, La confirmation boréale, La Stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou, Une « opposition nationale » inexistante, de pure frime, pp. 307 à 308, aux éditions Alexipharmaque
« Et il n'est même pas impossible que l'épreuve de force entre la social-démocratie au pouvoir et les forces de contestations qui vont s'élever alors contre l'état de fait puisse prendre aussitôt les allures d'une guerre civile, les choses apparaissant ainsi d'autant plus étranges que les forces de contestations se levant contre la dictature à la fois sournoise et totalitaire de la social-démocratie seront tout à fait inconnues, n'ayant encore fait état, ouvertement, de leur existence, et ne manifestant donc aucune relation avec ce que l'on appelle, sans doute par dérision, l' « opposition nationale » – soi-disant « gaulliste » – et autres formations de la même frime, salement complice, à la traîne, et dans l'imitation honteuse du pouvoir en place – « opposition nationale » dont les positions affichées font ouvertement assaut d'allégeance aux mot d'ordre de la conspiration mondialiste se tenant présente dans l'ombre.
D'autre part, il faudra aussi que le déclenchement de la campagne, à Moscou, en faveur du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, coïncide en quelque sorte avec l'apparition soudaine, et avec la prise du pouvoir présidentiel par l' « homme providentiel », par « celui que l'on attend », de manière à ce que l'on puisse être certains de l'attitude du gouvernement russe à ce sujet. Le gouvernement de Moscou devant alors, en effet, s'emparer de la pétition en cours pour le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, pour en faire son propre cheval de bataille, au niveau propre de la « grande politique ». L'affaire devant être en dernière instance traitée d’État à État entre la Russie, la France et l'Allemagne. »
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |
11/04/2017
Ni Moscou, ni Washington (Jean Thiriart)
Jean Thirirat, Un Empire de quatre cents millions d'hommes, l'Europe, Chapitre I – Les dimensions de l'Etat européen, paragraphe 3 – Ni Moscou, ni Washington, p. 20, Avatar Éditions, Collection Heartland
« Entre le bloc soviétique et le bloc des USA, notre tâche historique est d'édifier une grande patrie : L'Europe unitaire, puissante, communautaire.
L'Europe, ce MIRACLE de l’histoire de l'homme, ce miracle qui a fait suite au miracle grec, a, par la prodigieuse fécondité de sa culture unique, donné naissance à une civilisation adoptée par le monde entier. Dans la compétition qui s'est livrée entre mes grandes cultures occidentale, indienne, chinoise, japonaise, c'est la nôtre qui a écrasé les autres. La culture est créatrice de civilisation.
La civilisation, par contre, ne crée jamais de culture. SEULE l'Europe possède la culture d'où sa primauté sur les Etats-Unis et la Russie communiste, qui ne détiennent que la civilisation née de notre culture, comme l'a admirablement démontré Oswald Spengler.
Cette civilisation coupée de sa culture est condamnée à la stérilité, ce qui se traduira d'abord par une sclérose puis un retour à la barbarie. Politiquement dominée par Moscou ou par Washington, la culture européenne est étouffée : elle risque d'être figée dans son état de civilisation. A remarquer que toutes les découvertes dans le domaine nucléaire et satellistique sont le fait d'Européens. On s'arrache les cerveaux européens.
Seule une Europe politique unitaire peut fournir les moyens de la puissance qui garantiront les conditions historiques indispensables à la survie de cette culture.
Nulle autre puissance n'est, d'autre part, capable de remplacer l'Europe dans sa mission humaniste. »
Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | |