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21/03/2016

Emission n°268 : "Robert Dun, un éveilleur de la conscience européenne" (Méridien Zéro)

 

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17/11/2015

Le Cœur du Monde (La Grande Touriste)


"La France, ai-je dit ailleurs, est tellement le premier des peuples que tous les autres, quels qu'ils soient, doivent s'estimer honorablement partagés quand ils sont admis à manger le pain de ses chiens. Quand elle est heureuse, le reste du monde est suffisamment heureux, dût-il payer ce bonheur de la servitude et de l'extermination."
Léon Bloy


Pour retrouver la Gaule, il faut ajouter la Belgique à l'Hexagone et en retrancher l'Aquitaine. Une soixantaine de tribus celtes y vit encore, bien cachée sous d'innocents toponymes : Paris pour les Parises, Nantes pour les Namnètes, Bourges pour les Bituriges, Troyes pour les Tricasses, Poitiers pour les Pictons, Périgueux pour les Pétrocores, et cætera. Quoiqu'on en dise, ils conservent jusqu'à nos jours une certaine homogénéité ethnique. Que l'on nous permette d'en étudier ici le caractère.


D'après les auteurs antiques, les Gaulois sont vantards, ingénieux et très propres (ce sont même eux qui ont inventé le savon). Pour savoir le temps qu'il va faire, ils égorgent leurs semblables et lisent dans leurs dernières convulsions. Ils ne respectent pas les traités, s'enflamment volontiers pour qui leur semble victime d'injustice. Ils sont fougueux dans l'attaque mais ils se découragent facilement. Nous dirons qu'ils sont un peu bipolaires. Curieux de l'étranger, ils posent beaucoup de questions aux voyageurs. Dans leurs familles, le père a droit de vie et de mort sur ses enfants. 


Les Gaulois vénèrent le ciel, les montagnes, les rivières, les animaux et les vieux chênes. Ils élèvent des autels aux croisements des routes. Des prêtres appelés druides assurent seuls la cohérence de leur territoire : ils se réunissent tous les ans en son centre géométrique, quelque part dans la forêt des Carnutes. Sinon, les Gaulois n'ont ni roi, ni langue, ni état qui les unisse. Quand Vercingétorix entreprend de les fédérer contre César, il est banni par sa propre tribu : c'est dire si l'idée nationale leur pose problème. "Terrifiant par son physique, son armement, son intelligence, son nom même", le chef arverne parvient néanmoins à tenir Rome en respect. 


Vers l'an zéro, Vercingétorix commet l'inexplicable erreur de s'enfermer dans l'oppidum d'Alésia, où il est capturé. Avec tous les honneurs qui lui sont dûs, César l'amène à Rome et le fait étrangler sur l'autel de Jupiter. Les Gaulois en déduisent qu'ils sont Romains depuis toujours. Leur pays se hérisse de villes, tandis qu'ils se prosternent devant l'empereur et apprennent le latin. Mais bientôt, ils se laissent trucider par leurs maîtres en leur riant au nez. Ils fondent les statues d'or de l'Auguste pour en faire des reliquaires. De Rome à Rome, les Gaulois deviennent catholiques. Cinq siècles plus tard, Clovis le Franc salien est leur nouveau seigneur. Il demande le baptême et troque le crapaud pour le lys à trois pétales, ce qui persuade les Gaulois qu'il sont Français, à jamais. 


L'ombilic du pays se déplace. Des Carnutes, il migre à Paray-le-Monial, puis à Rocamadour. Entre-temps, les Francs s'organisent pour ne pas disloquer le royaume dans les querelles d'héritage. Vers l'an mil, la loi salique est actée : est Roi le fils aîné du Roi quand le Roi meurt, point barre. Mais cela ne suffit pas à faire tenir ensemble les morceaux. Un siècle plus tard, Louis VII répudie Aliénor d'Aquitaine. Vexée, celle-ci s'offre en mariage au Roi d'Angleterre et avec elle, la moitié du pays. Dans le Sud, des Gaulois se catharisent et contestent l'autorité de Louis VIII, ce qui l'oblige à sévir. Survient ensuite une nouvelle catastrophe : Jean Ier meurt à trois jours, sans laisser de fils. Le Royaume est reconduit, moyennant quelques sanglantes transactions. Mais la trêve ne dure guère. Alors qu'il chemine à cheval dans la forêt du Mans, Charles VI est pris de folie. Il tue quatre hommes de sa garde avant d'être maîtrisé. Ses oncles prennent la régence mais ne tardent pas à s'entretuer. Il faudra cent ans de guerre et une bergère analphabète pour reconstituer la France.


La monarchie des Francs ne vaut pas cher. Les Mérovingiens sont faibles, les Carolingiens sont fainéants, les Capétiens sont fourbes. Après quatorze siècles de patience, les Gaulois coupent enfin la tête de Louis XVI, qui fut pourtant le plus Gaulois de tous les souverains de leur Histoire. Ils proclament ingénument que Paris suffit désormais à faire la France et ce faisant, menacent toutes les têtes couronnées d'Europe. Il faudra encore des millions de morts et un général corse et pour maintenir à peu près intactes leurs frontières. 


Puis, pendant tout le dix-neuvième siècle, la France se cherche. A court d'arguments, Napoléon III entreprend des fouilles archéologiques à Alésia, devenue Alise-Sainte-Reine. Les Gaulois découvrent hébétés que leurs ancêtres sont Gaulois. Pour marquer le coup, l'empereur commande une statue de Vercingétorix. Le colosse fait près de sept mètres. Il a des cheveux longs et une grosse moustache. Comme il est impossible de le coucher, il est convoyé debout depuis Paris jusqu'en Bourgogne. Sur son passage, les Gauloises s'agenouillent et font le signe de Croix, croyant saluer « Saint Gétorix ». Mais Napoléon III n'en perd pas moins son trône avec l'Alsace et la Lorraine, et la France se décide enfin pour le statut de Chose Publique.


A l'orée du vingtième siècle, un curé soudainement enrichi prétend avoir trouvé un trésor. Le nouveau centre du pays enchanté se situerait dans sa paroisse, à Rennes-le-Château. Une enquête révèle qu'il prospérait sur la crédulité de ses fidèles. Malgré l'avertissement, des Gaulois se précipitent dans la petite bourgade du Roussillon et finissent en hôpital psychiatrique. Les autres, restés sains d'esprit, jurent de reprendre l'Alsace et la Lorraine et se ruent dans une guerre épouvantable dont il ressortent exténués. Hélas ! Quelques années plus tard, une deuxième guerre épouvantable les achève. Leurs patois disparaissent. Leurs familles se décomposent. Leurs campagnes se couvrent de carrefours giratoires et de centres commerciaux. Ils se surprennent alors à broyer du noir en marchant dans les sous-bois. De là à virer Charlie, il n'y a qu'un pas.


Aujourd'hui, la France est un petit pays coincé entre la Bretagne et la Belgique. Ses habitants s'accommodent tant bien que mal des inconvénients de la démocrature. Ils regardent bêtement les Arabes qui les appellent par leur vrai nom. A qui veut l'entendre, ils se vantent de ne pas supporter d'entendre parler de Dieu. Que Ton nom ne soit pas sanctifié, que Ton règne jamais n'arrive, telle est leur litanie secrète. Dans les enclaves royalistes, il se dit que le fils aîné du Comte de Paris ne peut prétendre au trône, car il est handicapé mental. Mais alors, qui est le Roi de France ? 


Toute Histoire n'est jamais qu'une devinette. Chez les Gaulois rien n'a changé. Il y a le ciel, les montagnes, les rivières, les chevaux et les vieux chênes. Donc, le jour vient après la nuit et la mort n'existe pas. 


Ainsi soit-il.

 

La Grande Touriste

 

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02/07/2015

RENCONTRES EURASISTES II

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« Si tu n'existes pas, comment veux-tu mener quelque guerre que ce soit ? Il n'est qu'une seule guerre. Depuis la Défaite, jamais le soleil ne s'est plus levé. Plus une seule fois. Ne crois pas qu'il soit simple de faire la guerre. Ni la guerre, ni l'ennemi, ni le faux ami ne suffisent à mener, à déclarer, à combattre une guerre. Ne crois pas non plus qu'il soit si simple que le soleil se lève. Fais que le soleil se lève. Alors seulement, la guerre reprendra. Alors seulement, tu seras invité à danser la danse de la guerre. » Olivier Mathieu, Châteaux de sable, p. 250, aux Éditions des Aprems