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09/08/2020

L'Apollon gaulois – Constantin visite le « plus beau temple du monde »

 

Alexis Charniguet/Anne Lombard-Jourdan, Cernunnos, dieu Cerf des Gaulois, Chapitre V L'Apollon gaulois, Constantin visite le « plus beau temple du monde », pp. 123/126, aux éditions Larousse Dieux, mythe & Héros

 

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...Le maintien d'un culte au Lendit n'empêche pas sa relative éclipse au cours des premiers siècles de notre ère. Les Romains n'avaient pas intérêt à renforcer le prestige de ce sanctuaire. La période gallo-romaine préfère au Lendit et à la période des Parisii la nouvelle métropole religieuses des Gaules, Lyon, Capitale des trois provinces (Aquitaine, Lyonnaise et Belgique), la ville est surnommée la « Tête des Gaules ». C'est là d'ailleurs que les chrétiens établiront très logiquement leur tête de pont, avec les deux premiers évêques de la ville, tous deux venus d4asie mineure : Pothin, martyrisé vers 177, puis le grand théologien Irénée, sans doute martyrisé à son tout en 208.

 

La grandiose architecture du temple de Lyon, consacré à Rome et à Auguste, supplante les aménagements du vieux Lendit. Plus question, au demeurant, de poursuivre les anciennes réunions druidiques, dont le caractère « national » déplaisait aux Romains.

 

Mais l'attachement à ce centre religieux des Gaules demeure vivace, ainsi que le prouve l'attitude de deux empereurs romains : tout d'abord le jeune Constantin qui baignait dans le climat religieux de l'Antiquité tardive, combinant culte du Soleil et tendance au monothéisme ; le second empereur n'est autre que Julien, qui sera dit l'Apostat. Au Ive siècle, c'est encore au Lendit que ces deux hommes solliciteront les suffrages des Gaulois.

 

Constantin visite le « plus beau temple du monde »

 

La vie du premier empereur chrétien (mort en 337) nous est connue par les discours honorifiques, les panégyriques, prononcés par des orateurs gaulois, à Trèves et à Rome, entre 310 et 321. En 310, un premier panégyriste évoque le voyage qu'entreprit l'empereur , un mois plus tôt, vers le sanctuaire gaulois qu'il dit dédié à Apollon.

 

A cette époque le futur empereur n'a pas encore officiellement rallié la cause des chrétiens.

 

Au cours de cette visite au « plus beau temple du monde » (ad templum toto orbe pulcherrimum), le dieu solaire rendu un oracle, qui désignait Constantin comme un « élu » d'Apollon.

 

L'empereur voulait se faire garantir une origine divine, à l'instar d'Alexandre visitant l'oracle d'Amon, à Siwa, en Egypte. Le parallèle avec Alexandre était un lieu commun de cette mise en scène « divine » du pouvoir propre à l'idéologie impériale.

 

Où se trouvait le sanctuaire de ce dieu solaire, de cet « Apollon gaulois » ? Les spécialistes n'ont pas fini d'en discuter. La rencontre entre l'empereur et le dieu ne pouvait se produire que dans un sanctuaire reconnu, et pas dans un obscur fanum (« temple »). L'hypothèse du grand historien Camille Jullian (1859-1933) a longtemps prévalu : le temple se serait trouvé à Grand, près de Neufchâteau, dans les Vosges. Les fouilles ont en effet mis au jour un important lieu de culte antique dédié justement à Apollo Grannus (Grannus étant le dieu guérisseur des Celtes). D'autres, toutefois, l'ont placé à Nîmes ou à Aix-la-Chapelle (Aquae Grani). En étudiant longuement les itinéraires suivis par Constantin lors de sa remontée vers Trèves, ainsi que le vocabulaire soigneusement choisi par l'orateur, on peut argumenter valablement en faveur du sanctuaire du Lendit.

 

Cet Apollon-là s'associait fort bien à Teutatès « le Tribal »dans le rôle d'un Protège-pays, désormais romanisé, qui conservait également ses fonctions gauloises. On comprend mieux pourquoi les rédacteurs des Vies de saint Denis donnent progressivement à l'évêque martyr certaines fonctions de l'Apollon gaulois.

 

Les textes assimilent aussi très souvent le martyr au soleil levant.L'idée n'est pas neuve. Les métaphores se multiplient à propos du saint, « rayon éblouissant et oriental du vrai soleil Jésus-Christ » qui « brillera » sur toute la Gaule. Comme saint Jean-Baptiste, auquel il est identifié, Denis symbolise le triomphe du matin. On sait que, dans les premiers siècles, l'adjectif lucifer (« porte-lumière ») désignait le Christ lui-même. Le soleil, écho du Bien, rend visible la présence de Dieu. L'assimilation du fils de Dieu à l'astre solaire fait partie des explications avancées pour justifier la conversion de Constantin.

 

Le territoire parisien requiert l'attention souvent renouvelée des évêques. En 829, se tint dans la cathédrale Saint-Étienne de Lyon (ancienne titulaire de l'actuelle Notre-Dame) un concile condamnant les restes du paganisme dans la région : les « sorciers » devaient être pourchassés et punis d'autant plus sévèrement qu'ils servaient le diable « plus ouvertement avec audace et témérité », cinq siècles après la conversion officielle de l'Empire.

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