Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/12/2014

Du sens des Mots : Res Publica et République moderne (Charles Horace)

 

« La France contre la République », tel était le slogan de la campagne estivale menée l’Eté dernier par la Dissidence Française. Il est en effet évident que le combat anti-oligarchique doit se porter contre la « République des partis, des loges et des lobbies » dont l’incarnation la plus récente se trouve être la « Cinquième » mais dont le premier avatar s’est manifesté en France en 1789i. Cependant, à un moment où une partie de la mouvance « Traditionnaliste »ii commence à se réapproprier la notion d’Imperium, il peut paraître paradoxal de rejeter la notion même de « République » alors que celle d’Imperium s’est développée au sein d’une République. Cet article a pour objet de démontrer que les républiques modernes et la Res Publica romaine ne sont, malgré les apparences, aucunement comparables, et encore moins réductibles l’une à l’autre.

 

La Res Publica

 

Pour commencer, qu’est-ce que la Res Publica ? Il ne s’agit pas à proprement parler d’un système de gouvernement en soiiii. Le terme désigne plutôt la « chose publique », en réalité, la gestion de cette chose publique, que l’on peut comprendre comme celle du bien commun. Ainsi, ce que nous appelons « République » désigne une manière de concevoir le bien commun, et un ensemble d’institutions destinées à le préserver tout en garantissant la bonne marche de l’Etat. La République romaine a duré près de cinq sièclesiv. Elle est née suite à la chute du dernier roi étrusque de Rome, Tarquin le Superbev. Pour les Romains, la forme républicaine de gouvernement constitue un rejet de la tyrannie incarnée par la monarchie étrusque, ainsi que l’avènement de la notion de libertas, opposée à celle de regnum (le règne). La libertas romaine désigne les droits personnels et politiques du citoyen, garantis par les institutions républicaines. Pour assurer le bon fonctionnement de ces institutions, un respect scrupuleux des lois était nécessaire, ainsi qu’une égalité de tous les citoyens devant la loi. Ce principe d’égalité n'empêche pas la Res Publica de conserver un caractère aristocratique. En effet, quelques grandes familles monopolisent la gestion des affaires publiques de par leur valeur et leur rang. La liberté des citoyens était maintenue par l’équilibre des pouvoirs, célébré par l’historien grec Polybe (203-120 av. J.-C.) comme étant l’équilibre parfait entre monarchie, aristocratie et démocratie. Le pouvoir est en effet partagé entre le Sénat (institution archaïque, fondée selon la légende par Romulus lui-même, au pouvoir d’inspiration aristocratique, jouant de son Auctoritas pour valider ou invalider les décisions des assemblées), les magistratsvi (dont les deux magistrats supérieurs, les consuls, se partagent un pouvoir de type monarchique) et le Populus (s’exprimant démocratiquement dans le cadre des diverses assemblées). La réalité du pouvoir est toutefois exercée par l’aristocratie, qui gouverne grâce à sa dignitas (prestige dû à la naissance et au rang). L’esprit dominant la République romaine n’a d’ailleurs jamais été démocratique, en plus d’être farouchement hostile à toute idée monarchique. Pour Cicéron (106-43 av. J-C), le Sénat, par essence aristocratique, doit être le véritable pivot de l’Etat, contre les tentations monarchiques de certains magistrats supérieurs et chefs militaires (consuls, imperatores), et les éruptions démocratico-démagogiques (telles celles qu’elle a connu au cours du Ier siècle av. J.-C.). La république romaine est donc par définition aristocratique, la nobilitas, s’arrogeant le contrôle de la tête de l’Etat. Cet Etat de fait s’explique pour une raison fort simple : le rôle de magistrats nécessitait deux choses : du temps et des moyens. Or, l’aristocratie foncière était le seul groupe dont les membres disposaient de fortunes suffisantes pour consacrer leur temps aux affaires de la cité d’une part, et pour financer leurs politiques d’autre part (organisations de cérémonies, de jeux, construction d’infrastructures…)vii. Il fallait de même entretenir une clientèle d’hommes fidèles pour conforter son influence politique.

 

Enfin, la notion même de citoyen, comprise dans son sens antique, est bien différente de ce qu’elle est dans les démocraties modernes. La « chose publique » des Romains désigne dans une définition aristotélicienne la participation d'un grand nombre de citoyens aux affaires de la cité. Le citoyen, selon la conception d’Aristote, est un magistrat à part entière, puisqu’il est censé participer aux affaires publiques. Ce statut du citoyen renforce l’aspect aristocratique de la République au sens antique du terme. La question de la citoyenneté est un point d’achoppement majeur entre les deux conceptions de la République : selon la conception antique, le citoyen appartient à une élite (la majorité des habitants de Rome n’étais pas des « citoyens »). Pour les modernes, cette notion a vocation à s’élargir indéfiniment à une abstraite « Humanité ». Le citoyen antique a des droits politiques (droit de vote, droit de se présenter pour être élu (à condition d’être assez riche). Il peut et doit participer aux sacerdoces, à la vie religieuse. Il dispose aussi de droits d’appel devant les tribunaux, et de droits civils, le commercium (le droit très réglementé de commercer), le mariage légitime (connubium). Il a aussi un certain nombre de devoirs : il doit se soumettre au recensement, participer à la défense de la cité, et payer un impôt (le tributum). On nous rétorquera peut être qu’en 212, l’Empereur Caracalla offrit à tous les individus libres de l’Empire la citoyenneté romaine. Ce serait oublier les siècles de fermentations qui ont été nécessaires à cet élargissement, et l’évolution de l’Etat romain, bien différent en 212 de ce qu’il était sous la République.

 

La République Moderne

 

Chez les Lumières, notamment Jean-Jacques Rousseau (Du contrat social, 1762), la République prend un nouveau sens. La République renvoie à une conception de la souveraineté ayant pour origine le peuple, quel que soit le régime politique considéré, fût-il monarchique (même si cette conception rejette l’hérédité et l’incarnation de la nation dans le corps du roi)viii. Selon Jean-Claude Bussière, « ce changement signe, dans l'histoire des idées politiques, l'émergence du peuple comme figure du grand nombre et, dans la sphère de l'action politique, la disparition du peuple au sens antique de rassemblement de citoyens magistrats ». Ainsi, « les dimensions de démocratie et de représentation du plus grand nombre dans la formation de la souveraineté sont donc indissociables de la notion de république, au sens moderne. » (Jean-Claude Bussière). La République moderne incarne ainsi le passage du populus à la « masse ».

 

La République Moderne est donc fondamentalement en rupture avec son ancêtre antique, elle perd son caractère aristocratique –au profit d’un caractère démocratique en apparence, oligarchique dans les faits- et traditionnel (c’est-à-dire hiérarchique). De plus, le citoyen n’est plus « actif » (citoyen-magistrat), mais passif (système représentatif). Parallèlement, l’affirmation de la nécessité d’une représentation politique pose la question de la citoyenneté. Qu’est-ce qu’un citoyen ? Qui est citoyen ? A Rome, la question était simple. Etait citoyen un homme de plus de 16 ans, qui était né d’un père citoyen, dans le cadre d’un connubium (mariage légitime), ou qui avait obtenu par ses mérites ou ses services rendus une concession officielle de la citoyenneté, ou encore, les esclaves affranchis. Dans les républiques modernes, dès la Révolution de 1789, ceux qui travaillent, paient l'impôt ou versent leur sang pourront dorénavant recevoir la qualité de citoyenix. Suivant cette logique, l'Américain Thomas Paine fut élu à la Convention en devenant citoyen français en vertu de sa résidence en France.

 

La république romaine était enracinée, exclusive, aristocratique, la république moderne porte en elle les valeurs du mondialisme niveleur, elle est donc déracinée, inclusive-extensive, et démocratique. En effet, dès la Révolution de 1789, est développée l'idée d’une « République universelle » sous la plume d’Anarchasis (Jean-Baptiste) Cloots, mais déjà présente chez Kant et Hegel. Selon cette idée, l'humanité tout entière pourrait former un corps politique, et la république serait la forme de celui-ci. Un autre élément diffère : l’idéologie du progrès. Comment en effet concilier l’esprit de tabula rasa qui mue l’esprit révolutionnaire (« du passé faisons table rase ») et un retour à l’antiquité européenne ? En réalité, les références à cette Antiquité ne furent que purement formelles. L’esprit positiviste, une vision linéaire de l’histoire, l’auto-persuasion qu’il nous a été confié une mission eschatologique voulant faire tendre l’humanité vers un « progrès » abstrait, fin, et non plus moyen du bien commun, voilà sans doute la différence fondamentale entre les anciens et les modernes. La Res Publica, conservatrice, n’avait pour vocation que de maintenir le bien commun, au mieux, à garantir la paix des dieux, la concordia, les libertés et la sécurité de la cité. La République universelle quant à elle est prise dans une fuite en avant vers le « progrès ». Les droits de l’Homme, abstraction malléable par excellence ont remplacé la transcendance comme source de la souveraineté. La république moderne a vocation à s’étendre à l’infini, à rassembler sous son giron l’intégralité de l’ « humanité ». Elle ne saurait se satisfaire des frontières, puisqu’il n’y a plus de races, de religions, de nations, de peuples, il n’y a que LE Peuple, la masse, la somme des individualités formant le genre humain. La république moderne ne reconnait que des individus, il n’est donc pas étonnant que l’on débatte aujourd’hui sur le fait de donner le droit de vote aux étrangers. En vertu de quoi leur refuserait-on ? Ils sont aussi des individus, appartiennent aussi au genre humain, et à ce titre, en vertu des droits de l’homme, peuvent prétendre aux mêmes droits que les nationaux, malgré leur caractère exogène. Ce débat aurait été impensable dans le cadre la Res Publica antique. Quand la citoyenneté n’est pas une coquille vide, on ne parle pas de l’étendre à l’infini. Et c’est bien parce que le contenu de la citoyenneté moderne a été progressivement détruit (par le parlementarisme, l’abandon de souveraineté des Etats au profit de structures supranationales technocratiques, l’extension de la citoyenneté à des populations exogènes sans assimilation effective préalable) que la « République Française » n’est pas la Res Publica. Parce qu’elle tend à se fondre dans la république universelle, elle ne défend plus le bien communx d’un corps de citoyens défini, donc fini, mais l’intérêt généralxi d’une province « France » de l’Empire du vide. La république romaine ne s’est jamais caché son caractère aristocratico-oligarchique, la république française déploie des stratagèmes poussés pour persuader ses administrés qu’ils vivent en « démocratie ».

 

En conclusion

 

Le tableau des divergences entre ces deux républiques pourrait être poursuivi sur de longues pages. Il apparait toutefois évident qu’elles diffèrent fondamentalement en esprit. L’usage de termes identiques ne doit pas cacher les profondes lignes de fractures séparant ce que nous connaissons aujourd’hui de ce qu’a représenté l’idée de Res Publica. Cette idée ne va pas à l’encontre de notre engagement, la recherche du bien commun dans la gestion des affaires publiques devant être notre énergie motrice, et les valeurs aristocratiques romaines peuvent être pour nous, européens en recherche de ré-enracinement, un phare bien lumineux. L’essentiel réside dans la distinction à effectuer entre ce qui relève de la « modernité », et ce qui relève de la Tradition, entre ce qui relève de la pérennité, et de la fuite en avant.

 

i Plus précisément en 1791, mais nous considérons que la monarchie constitutionnelle esquissée entre 1789 et 1791 constitue une première victoire de la subversion moderne sur l’ordre traditionnel représenté par la Monarchie.

 

ii Nous préfèrerons pour cet article le terme « traditionnaliste » à celui de « dissidente », dans la mesure où la mouvance « dissidente » est en grande partie républicaine, notamment en ce qui concerne sa frange néo-souverainiste.

 

iii L’Etat impérial a toujours affirmé défendre la Res Publica malgré la fin de la forme républicaine de gouvernement.

 

iv De 509 à 29 av. J.-C., même si l’année 509 est le fruit d’une construction mémorielle purement artificielle, les rois étrusques n’abandonnant leurs souveraineté sur Rome que dans les années 480-470.

 

v Archétype de la tyrannie dans l’imaginaire romain.

 

vi Magistrats d’inégales importances, n’ayant pas tous les mêmes pouvoirs. On distinguait les magistratures inférieures (détentrices de la potestas, c’est-à-dire d’une « compétence » sur un domaine précis, comme l’édilité ou la questure) et les magistratures supérieures (détentrices de l’imperium, pouvoir de souveraineté dont l’origine est divine, telle le consulat). La Res Publica a donc un fort aspect hiérarchique. A noter de même que les magistratures étaient collégiales, et limitées dans le temps. Les sénateurs quant à eux, anciens magistrats, siégeaient à vie.

 

vii Il y a fort à parier qu’un citoyen athénien du Ve siècle av J-C ou un romain du IIe siècle av. J-C, constatant que nos parlementaires sont payés par la collectivité pour exercer leurs fonctions –en se permettant parfois un absentéisme et un cumul des mandats indécents- serait fort surpris. Certes, la politique était un moyen d’enrichissement (notamment dans l’administration provinciale romaine) mais il eut été impensable qu’un magistrat ne donne pas de sa fortune à sa cité lors de sa mission. Certains en sortaient endettés.

 

viii Autre différence notable, chez les modernes la souveraineté du peuple a pour origine le peuple lui-même quand chez les anciens, la souveraineté du peuple est inséparable de l’action des dieux, donc de la transcendance divine, la pietas étant une valeur essentielle du citoyen romain.

 

ix Même si le suffrage censitaire fut maintenu jusqu’en 1848, empêchant une large frange du corps civique de s’exprimer par le vote, servant à maintenir l’initiative politique dans le camp de la Bourgeoisie dont elle émanait, nouvelle aristocratie, mais aristocratie d’argent, sans noblesse.

 

x Comprenez le bien de la collectivité.

 

xi Comprenez ce qui correspond aux aspirations de la majorité des individualités sur un espace donné.

 

2551954476_a36b061308.jpg

 

Du sens des Mots : Qu’est-ce que l’Imperium ? (Charles Horace)

 

Cela fait déjà quelques années que les milieux nationalistes et eurasiens, notamment au sein de la « Nouvelle Droite », se réapproprient la notion d’imperium comme moyen de la restauration/fondation et de la pérennité de l’Europe-Nation ou Europe-Puissance. Cette notion est souvent confondue avec celle d’ « Empire », pour la simple et bonne raison qu’elle en est étymologiquement la racine. Cependant, il conviendrait de clarifier ce qu’est l’imperium, afin d’en appréhender toutes les potentialités, qui dépassent la simple perspective d’un « empire » au sens commun du terme (c’est-à-dire au sens d’une structure politique supranationale).

 

Origine

 

La notion d’imperium prend corps dans l’Antiquité romaine, plus précisément à l’époque républicaine (schématiquement comprise entre 509 et 31 av. J.-C.). Etymologiquement, il vient d’« ordonner », « préparer pour ». Il s’agit d’un pouvoir souverain délégué aux consuls, préteurs et à certains gouverneurs de province, par les dieux dont la volonté était censée se manifester au travers du peuple dans le vote des assemblées (élisant les magistrats). L’imperium est donc un pouvoir souverain (c’est-à-dire ne reconnaissant pas de supérieur temporel) d’ordonner et de juger, symbolisé par les faisceaux (haches entourées de verges portées par les licteurs).

 

Le titulaire d’un imperium pouvait être désigné sous le terme d’imperator (chef militaire victorieux –souvent consul-, ayant droit à ce titre à un triomphe à Rome). Sous la République, l’imperium était néanmoins un pouvoir limité dans le temps et dans l’espace. De plus, il subissait la concurrence d’autres pouvoirs comme la puissance tribunicienne (tribunitia potestas rendant sacrosainte la personne des tribuns chargés de représenter et de défendre la Plèbe de Rome). Les guerres civiles de la fin de la République (de 88 à 31 av. J.-C.), voyant différents imperatores se disputer l’exclusivité de l’imperium (Marius, Sylla, César, Pompée, Octave-Auguste, Antoine)débouchent finalement sur l’avènement de l’Etat Impérial (à partir du règne d’Auguste de 27 av. J.-C. à 14 de notre ère) dans lequel tous les pouvoirs sont accolés à un imperium permanent entre les mains d’un seul homme : le césar auguste imperator. Imperator devient un surnom, un nom puis un prénom des empereurs, uniques détenteurs de l’imperium.

 

A ce stade, un certain nombre d’erreurs ne doivent plus être commises : L’imperium n’est pas l’ « Empire ». Si « Imperium » a bien donné « Empire », les romains n’ont pas eu de mots pour décrire précisément le système impérial en tant que système de gouvernement en soi, ou comme territoire. Rome et son Empire sont restés malgré la fin du système républicain la Res Publica. L’imperium est donc un type de pouvoir, et non un système politique ou un territoire, du moins à l’origine. De même, « imperator » ne désigne la fonction d’empereur que tardivement, l’imperator étant avant tout un chef de guerre victorieux.

 

L’empire romain : un imperium euro-méditerranéen permanent

 

A ce titre, ce concept est à l’image de la culture politique et de la pratique du pouvoir des Empereurs Romains : souple, pragmatique, concrète. Il en va de même de la nature du pouvoir impérial, difficile à appréhender et à définir, puisque construit par empirisme (sa nature monarchique n’est cependant pas contestable). En plus de quatre siècles, le pouvoir impérial a su s’adapter aux situations les plus périlleuses (telle la « crise » du IIIe siècle). Rien de commun en effet entre le principat augustéen, système dans lequel l’empereur est le princeps, le prince, primus inter pares, c’est-à-dire premier entre ses pairs de l’aristocratie sénatoriale ; la tétrarchie de Dioclétien (284-305), partage du pouvoir entre quatre empereurs hiérarchisés et l’empire chrétien de Constantin (306-337), dans lesquels l’empereur est le dominus, le maître.

 

Le système impérial s’accompagne d’une idéologie confortant la souveraineté suprême de l’Empereur. L’empereur est sacrosaint (il a accaparé la puissance tribunitienne). Il doit assurer la paix (la fameuse pax romana inaugurée par Auguste), assurer le retour à l’âge d’or, il bénéficie de la protection des dieux (ou de Dieu, dont il est le comes, le comte –ou compagnon- sur terre, à partir de Constantin) et d’un charisme divin (c’est là tout le sens du titre d’Augustus). Il doit posséder les vertus de justice, de clémence, de piété, de dévouement à l’Etat. Au-delà de cela, il doit corréler respect des traditions et nécessité de fédérer un empire constitué d’une myriade de cités au passé prestigieux et attachées à leur indépendance. En cela, les empereurs romains n’ont point failli, comme le souligne Lucien Jerphagnon dans sa biographie d’Augustin : « Sur 3 300 000 km2 autour de la Méditerranée […] soixante à soixante-dix millions de gens s’affairent ou se laissent vivre, tous différents, avec leurs langues régionales, leurs dieux bien à eux. S’ils avaient plus ou moins renâclé à passer sous domination romaine, ils se trouvaient dans l’ensemble plutôt bien de la Pax Romana. Bref s’était instauré un universalisme qui n’effaçait rien des identités locales. Depuis Caracalla (212), […] on était citoyen romain tout en restant Africain, Syrien… ».

 

Si la nature de la fonction impériale a évoluée, son fondement est resté inchangé : un pouvoir souverain, transcendant, à la fois civil, militaire et religieux, soutenu par un charisme divin, un pouvoir surhumain, nivelant par le haut, ayant pour horizon la pax aeterna, écartant les prétentions des forces centrifuges, donnant une orientation commune à toutes les composantes d’une même koiné (communauté culturelle et politique), tout en préservant leurs identités profondes.

 

Pérennité du concept

 

La notion d’imperium recèle donc des potentialités multiples, et représente un projet valable pour la France et l’Europe que nous appelons de nos vœux. Elle n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, un pur objet historique limité à l’histoire romaine, et dont le champ d’action concret s’arrêterait en 476 avec la chute de l’Empire d’Occident. En effet, la notion de souveraineté héritée de l’imperium a survécu en Europe sous une infinité de forme : Byzance, survivance de l’Empire d’Orient, de culture chrétienne orthodoxe et gréco-romaine, dont l’Empire russe s’est toujours vécu comme un héritier (« tsar » est un titre dérivé de celui de « césar ») ; Le Saint-Empire, chrétien catholique, germanique, issu de l’Empire Carolingien dont la vision était de faire renaître l’Empire Romain d’Occident, témoigne de la prégnance de l’idée d’Empire, y compris chez les barbares installés sur son territoire dans les dernières années de l’empire d’Occident. Charlemagne (Carolus Magnus) ne s’était-il pas fait couronné par le pape dans la ville même de Rome selon le rituel d’intronisation des empereurs (ou du souvenir qu’il en restait), n’a-t-il pas repris la symbolique impériale, en sommeil depuis la chute de l’Empire (orbe impériale, sceptre, couronne –issu du diadème impérial des empereurs tardifs, lui-même repris des rois helléniques-) ? Enfin, les royaumes « barbares », en premier lieu le royaume franc, ont eux aussi recueilli l’héritage de l’imperium romain et de la culture classique à travers l’Eglise. Les mérovingiens (ainsi que les ostrogoths, les wisigoths ou les burgondes), fascinés par le prestige impérial, ont tenté d’imiter le faste des empereurs (imitatio imperii). C’est cependant la monarchie française issue de l’éclatement de l’empire carolingien (Capétiens, Valois, Bourbons) qui sera –à notre sens- parmi les nations européennes la plus belle héritière de la tradition politique romaine. Les rois de France, notamment à partir des derniers capétiens (deuxième moitié du XIIIe siècle), nourris de la redécouverte du droit romain, vont affirmer le principe de souveraineté contre les puissances cherchant à la subjuguer ou à la faire éclater. Le pouvoir royal français comprend de nombreuses similitudes et d’emprunts à l’imperium romain : son côté surnaturel, total –ou plutôt absolu-, divin, la coexistence d’aspects civils, militaires, et religieux, certaines des regalia (l’orbe, la couronne…).

 

Ainsi, à l’éclatement politique de l’Europe au Moyen Âge et à l’époque Moderne a correspondu un éclatement du pouvoir souverain, de l’imperium. L’idée d’un pouvoir souverain fédérateur n’en n’a pas pour autant été altérée. Il en va de même de l’idée d’une Europe unie, portée par l’Eglise, porteuse première de l’héritage romain. Le regain d’intérêt que connait la notion d’imperium n’est donc pas le fruit d’une passion romantique pour l’antiquité européenne, mais la preuve qu’en rupture avec la conception moderne positiviste de l’histoire, nous regardons les formes d’organisations politiques passées comme autant d’héritages vivants et qu’il nous appartient de nous les réapproprier (les derniers empires héritiers indirects de la vision impériale issue de Rome ont respectivement disparu en 1917 –Empire Russe- et 1918 –Empire Austro-Hongrois et Empire Allemand-). Si ce court panorama historique ne peut prétendre rendre compte de la complexité du phénomène, de sa profondeur, et des nuances nombreuses que comporte l’histoire de l’idée d’imperium ou même de l’idée d’Empire, nous espérons avant tout avoir pu clarifier son origine et son sens afin d’en tirer pour la réflexion le meilleur usage possible. L’imperium est une forme du pouvoir politique souple et forte à la fois, capable de redonner du sens à l’idée de souveraineté, et d’articuler autorité politique continentale et impériale de l’Eurasisme avec les aspirations à la conservation des autonomies et des identités nationales portées par le Nationalisme ou même le Monarchisme. A l’heure où le démocratisme, les droits de l’homme, et le libéralisme entrent dans leur phase de déclin, il nous revient d’opposer une alternative cohérente et fédératrice et à opposer l’imperium au mondialisme.

 

10402613_10203912722879786_9208182677671878464_n.jpg

 

 

 

 

Du sens des mots : Race et Racisme (Charles Horace)

"Lacunaires, réductrices, ou simplistes" (Pierre André Taguieff, à propos de la définition commune du racisme).

 

"Racisme", un terme clivant, usé jusqu'à l'os par des utilisations multiples, peu rigoureuses, souvent mal à propos, et systématiquement polémiques. Car aujourd'hui en France, et par extension en Occident, "raciste" est avant tout un anathème -donc un réflexe de non-pensée- dont l'objectif est de charger l'adversaire d'une faute morale supposée dans le but de ne pas avoir à l'affronter sur le terrain dialectique (c'est-à-dire à l'aide d'un argumentaire construit à partir d'idées logiquement agencées). Ainsi, peu importe ce qu'avance l'interlocuteur, une incantation, et le discours adverse est frappé d'interdit, ce n'est plus de la logique, c'est de la magie !

 

Ce terme pose un autre problème : sa résonance dans les subjectivités individuelles, donnant un contenu émotionnel à tout discours sur la question. Prendre la peine d'aborder le sujet en dehors d'un certain discours convenu -  du type "le racisme est condamnable"- revient à marcher en terrain miné. Mieux, dans la mesure où les races "n'existent pas" (les sexes non plus d'ailleurs), certains pourraient penser qu'il n'y a pas de débat : pas de races, pas de racisme (et là, l'affaire devient savoureuse, nous y reviendront).

 

Cependant, le sujet est trop récurrent pour être contourné, et que l'on veuille le voir ou non, dans une société multiculturelle projetée comme la notre, la question raciale se posera tôt ou tard, comme dans toutes les sociétés multiculturelles contemporaines.

 

Racisme: essai de définition

 

Pour commencer, essayons de définir ce qu'est le "racisme", ou plutôt ce que le commun des mortels entend sous ce terme. Cet essai de définition passe par la question de ce qu'est une race. Nous écartons bien sûr la définition généalogique du mot race (ensemble des membres d'une même lignée, ainsi la race capétienne). Une race est une subdivision d'un espèce donnée. Les races humaines seraient des subdivisions, des sous-groupes appartenant à l'espèce humaine, et, partant, partageraient une racine commune. "Race et "racine" appartiennent d'ailleurs à la même famille étymologique. Cette définition très biologique de la notion de race peut être contrebalancée par une acception plus large, culturelle (distinction race du corps / race de l'esprit de Julius Evola). Une race serait un ensemble de personnes présentant des caractères communs, à commencer par des caractéristiques physiques, génétiques.

 

Reste à définir le "racisme". Généralement, deux définitions sont proposées, ou du moins sous entendues :

  • Le racisme est une idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, entre les races. il s'accompagne en général d'un découpage schématique des races, simpliste et assez peu pertinent entre "blancs", "noirs", "jaunes" etc ...
  • Le racisme est une attitude d'hostilité systématique à l'égard de certaines catégories de personnes.

    

Ces deux définitions courantes, issues d'un dictionnaire lambda, posent problème. Avant tout, remarquons que le racisme ne désigne pas l'idée qu'il existe des races humaines différentes (la différence n'impliquant nullement une hiérarchie ou une discrimination nous y reviendrons). Il n'en demeure pas moins que ces définitions restent floues. La deuxième définition surtout, pose problème : qu'est-ce que l'on entend au juste par "catégorie de personne" ? Si l'on suit cette logique, les jeunes étant une catégorie de personnes -certes artificielle-, une expression aberrante comme le racisme "anti-jeune" devient imaginable. Ces remarques liminaires devraient à elles seules souligner l'écueil que présente le terme "racisme". Tout peut être racisme, autant dire que dans son usage courant, le "racisme" ne désigne souvent rien.

    

Il ne s'agit pas cependant de nier l'existence d'attitudes discriminatoires fondées sur l'appartenance raciales, mais de souligner que l'accusation et l'utilisation courantes du terme "racisme" n'est bien souvent pas valable car floue, dévoyée et il faut le dire, facile, et bien souvent à sens unique. En effet, si l'on s'en tient au discours dominant, ne peuvent être racistes et agir par racisme que les européens, ou les "blancs").

 

Une -rapide-histoire du Racisme

    

La définition du racisme ne peut se passer de l'analyse de sa place dans l'histoire des idées. Avant toutes choses, il convient de distinguer les théories racistes, relevant de cette histoire des idées, et les comportements racistes, relevant de la psychologie et de la sociologie.

    

Le racisme a bel et bien une histoire. Ce n'est pas une maladie, au mieux, il s'agit d'une doctrine historiquement datée, ou un réflexe hérité de l'histoire, comme nous le verrons. En cela, le racisme est éternel, on pourrait même dire naturel dans la mesure où sur tous les continents à toutes les époques, les peuples ont eu des réflexes que l'on qualifierait de nos jours de "racistes".

 

Les doctrines racistes puisent leurs racines dans le positivisme scientiste des XVIIIe-XIXe siècle (donc à la même source que toutes les autres sciences de l'époque), issu des Lumières (est-il besoin de rappeler ce que ces derniers pensaient des africains ? ). Cette philosophie scientifique et politique postulait qu'il est possible de tout mesurer scientifiquement y compris la valeur des sociétés humaines. Cet évolutionnisme et son corolaire le darwinisme social affirment que l'histoire humaine est une évolution vers le Progrès, divisée en "stades", en étapes menant vers celui-ci. Il est donc possible de mesurer le degré de "civilisation" des races, donc de les hiérarchiser. Les théories racistes affirment d'une part qu'il existe des inégalités entre les races (disons plutôt des différences qualitatives légitimant une distinction entre le supérieur et l'inférieur), et d'autre part, que le fait racial constitue le facteur explicatif de l'Histoire. Ces thèses n'ont pas donné naissance à des mouvements politiques et sociaux significatifs en France, même dans les partis et les mouvements nationalistes qui n'étaient pourtant pas les derniers à défendre la race - à raison-. Les postulats de ce racisme "scientifique" sont erronés : s'il existe des races humaines différentes, c'est une évidence, qu'elles divergent par rapport à des critères statistiques, si elles n'ont pas produit historiquement des civilisation comparables, il n'y a pas de différences qualitatives absolues et intrinsèques entre elles. Les différences civilisationnelles entre les races sont historiques avant d'être génétiques. Elles existent malgré tout et participent qu'on le veuille ou non du temps long.

 

Nous pourrions ajouter une autre forme de racisme : déclarer les différences des groupes humains inexistantes ou superficielles, en d'autres termes : nier l'existence de l'Autre et privilégier le Même (c'est là l'apanager de l'"antiracisme" nous allons y revenir). Nier à l'Autre sa spécificité, n'est-ce pas la forme suprême de Haine ?

 

Cette mise en perspective historique très rapide montre qu'il y a deux erreurs à éviter :

  • L'anachronisme (le "pire péché entre tous" selon L. Febvre) : le sens de "race" a évolué. Jusqu'à peu, l'inégalité des races était tenue pour une évidence (Ferry, Blum, ont tous les deux parlé de races inférieures malgré le fait qu''ils étaient républicaines et "de gauche"). Transporter notre rapport au racisme dans le passé n'a pas de sens.
  • Considérer comme "raciste" le simple fait de penser qu'il existe des groupes humains génétiquement différenciés, que l'on choisit ou non -selon que l'on décide de se voiler la face ou non- de races. Il est en effet indiscutable que l'espèce humaine s'est diversifiée en populations différentes ayant chacune leurs traits génétiques distincts. Cette simple constatation n'implique en aucun cas de jugement de valeur. Il est aussi absurde d'affirmer le contraire qu'il ne l'est de dire sexiste le fait d'affirmer que les sexes existent ! Sexisme et Racisme sont pourtant des termes cousins : ils appartiennent à la famille des termes vagues et ne voulant plus rien dire.
  • Une autre erreur consiste à nier l'existence des races en s'appuyant sur la science. C'est oublier ce que nous venons de voir, à savoir que les résultats de la science sont systématiquement provisoire, et motivés par des considérations idéologiques. Cela reviendrait à dire dans le même temps que le racisme serait justifié si la science l'affirmait (ce qu'elle a fait par le passé).
  • Le véritable problème réside dans le fait suivant : "la désignation des différences (races, sexes, catégories sociales...) repose sur un raisonnement implicite : toute différence impliquerai une discrimination" (Nathalie Heinich).

 

Cette dernière remarque constitue une parfaite transition vers le cas de l'antiracisme institutionnel, tournant de l'histoire du racisme, à partir de 1945, et surtout à partir des années 1970.

 

Soyons sérieux deux minutes -plus si possible-. Une société sans préjugés raciaux est utopique. les comportements xénophobes (méfiances ou hostilité envers un étranger peu importe la race), sont des réflexes de survie, on n'y peut rien, c'est universel. Le racisme comportemental est une attitude de méfiance irraisonnée, instinctive, spontanée, envers des membres d'une autre race, s'enracinent dans des réflexes acquis (prudence envers l'inconnu, ou ce qui ne nous est pas familier). Ce sentiment est indépendant de l'appartenance sociale ou du niveau d'éducation. Une société sans xénophobie n'est même pas imaginable dans l'hypothèse d'une société sans races, puisqu'elle existe entre individus de même race.

 

L'arnaque de l'antiracisme

 

Au passage, évacuons la tartufferie de l'Antiracisme, qui n'est qu'un racisme à deux vitesses. "Antiracist is a code vord for anti white" ("Antiraciste es un nom de code pour anti-blanc") dit - on dans les milieux nationalistes et identitaires européens et surtout anglo-saxons. Cela est difficile à lire, à entendre mais réfléchissez : pourquoi SOS racisme et la LICRA -entre autres associations du même type- ne semblent s'intéresser qu'aux cas où ce sont des juifs, africains ou autres non européens qui sont victimes de "racisme"? (voir l'interview d'Omar Djellil, ancien militant de SOS Racisme sur le sujet). Pourquoi les médias ont-ils célébré la mort de Nelson Mandela comme celle d'un héros de l'antiracisme en dépit du fait que ses partisans brandissaient des pancartes où il était écrit "kill the farmer, kill the boers" (tuons le fermier, tuons le boers -la blanc) ? Quoi ? les blancs sont moins victimes de racisme que les autres ? Imaginez-vous que ces blancs dont je parle -français de souche- sont aujourd'hui ethnicisés -c'est à dire désignés comme une ethnie parmi d'autres dans le pays dont ils sont issu, et dans le pays qui est issu d'eux ! En d'autres termes, ayant perdu le contrôle de sa propre narration, le français de souche n'est plus qu'un type de population parmi d'autres sur son propre sol. A ce sujet je ne peux que vous diriger vers Gérald Pichon "Sale blanc ! chronique d'une haine qui n'existe pas" ou encore l'excellent Laurent Ozon, ou que sais-je, votre propre vécu, votre bon sens ou votre empathie ! Des exemples de 2 poids 2 mesures son légions. Passons sur l'ethnomasochisme (vous verrez rien qu'en lisant le mot de quoi il en retourne). Passons aussi sur l'argument fallacieux, malhonnête et usé consistant à justifier le racisme anti-blanc par le passé colonial de la France, cet article s'éternisant déjà suffisamment.

 

Revenons à l'antiracisme. On peut distinguer 2 formes de discours antiracistes :

- Celui qui consiste à dire : "les races n'existent pas", donc, prônant la négation des différences ethniques (donc des identités).

- Celui qui consiste à faire des différences des valeurs transcendantes intouchables ("la différence/diversité est une richesse/force").

 

Outre le fait que ces deux discours se contredisent spectaculairement, ils reprennent tous les deux un thème "raciste", le mythe du sang : l'exaltation du Métis, du "sang mêlé" suppose la même vision raciale de l'Homme que le racisme scientifique. Alors, antiracisme ou foutage de gueule ? Vous commencez dès lors à comprendre pourquoi l'antiracisme institutionnel n'a pas arrêté le racisme bien au contraire. Non. L'antiracisme terroriste est un arsenal d'accusations empêchant toute critique sérieuse dans certains domaines. Racisme inversé, imputant à une partie de la population -les "de souche", les européens- des opinions infâmes, héritées d'un atavisme colonial et suprématiste. Pourquoi? Parce que sans racisme pas d'antiracisme, donc, plus de subventions pour faire vivre ses structures improductives, mais qui entretiennent leurs cadres.

 

L'antiracisme n'a que deux fonctions objectives :

  • Empêcher toute critique de l'immigration. C'est bien connu, critiquer l'immigration relève du racisme pur. Or, c'est l'inverse. Le racisme ne pousse pas à être anti-immigration, mais l'immigration provoque du racisme. L'habitude, le patriotisme ou le nationalisme, le fait de se sentir petit à petit étranger dans son propre paysage social (fait devenu une réalité dans de plus en plus d'endroits), le désir d'homofiliation physique (désir d'avoir une descendance semblable à son ascendance), désir que les cultures ne deviennent pas identiques, l'idée que les humains ne sont pas interchangeables.... tout cela n'a rien à voir avec du racisme au sens où on l'entend couramment. Pourtant, tout cela est considéré comme tel, après des décennies de sape intellectuelle.
  • Dissimuler le ralliement de la gauche traditionnelle au système capitaliste. L'antiracisme et l'antifascisme ont remplacé la lutte des classes et la lutte contre le capital par la lutte contre les discriminations. Bref l'antiracisme donne aux naïfs un combat politique de substitution. L'immigré a remplacé le prolétaire comme figure angélique de ralliement. L'antiracisme aujourd'hui est d'autant plus populaire qu'il est sans risques. Son discours est relayé dans tous les médias, dans les établissements scolaires, par des "intellectuels", le show-business...
  • On pourrait en ajouter une troisième qui englobe les deux autres : promouvoir le métissage et la société multiculturelle.

Petit aparté. Avez-vous remarqué l'importance numérique de juifs, sionistes, dans ces structures antiracistes ? Le président de la LICRA? Alain Jacubovitz (juif askénaze). Celle de SOS Racisme ? Cyndi Léonie (qui se dit "juive sénégalaise"). Je vous laisse vérifier par vous même le pourcentage de juifs dans les cadres de ces structures (ainsi que dans l'histoire de leur fondation). Dès lors, comment expliquer ce soutien à l'antiracisme de la part d'individus qui soutiennent un pays stérilisant les immigrées éthiopiennes ? Quelle leçon d'antiracisme avons-nous à recevoir d'individus dont la philosophie religieuse est elle même racialiste, accordant une importance primordiale à la pureté de sang ? Certains juifs n'en sont pas à un paradoxe près. Faut-il lier cette attitude à un projet messianique présent dans leurs livres fondateurs (torah et talmud) ? A lire sur le sujet : les "espérances planétariennes" d'Hervé Ryssen.

 

Mixomanie, société multiculturelle et mondialisme : les races n'existent pas, vive le Métis !

 

On l'aura compris, le racisme n'a jamais davantage été une question épineuse que depuis qu'il n'y a plus de races... Les races n'existent pas, mais l'imagerie antiraciste est omniprésente, toute critique de l'immigration est raciste et la figure du métis est valorisée. Notre société n'est pas avare en paradoxes.

 

La question de la définition du racisme étant esquissée, les différents écueils marqués afin d'être évités, vient l'heure de la question fatidique : pourquoi cet état de fait ? D'où vient cet insolent déni ? Comme toutes les questions contemporaines, celle du dévoiement du terme "racisme" a plusieurs racines. Elles ont cependant un tronc commun : l'idéologie mondialiste.

 

Le mondialisme n'a pas qu'un volet politique ou économique. L’État mondial et le libéralisme économique généralisé ne peuvent exister qu'en s'accompagnant d'une ingénierie sociale aboutissant à une humanité malléable, déracinée, interchangeable, bref, servile. Travailler à produire une humanité composée d'individus interchangeables revient à vouloir supprimer tout ce qui participe de la différenciation des individus, de leur identité : nationale, culturelle, sexuelle et raciale ! Alain de Benoist désigne ce désir comme l'"idéologie du Même". Alors que d'un côté on valorise les différences pour les uns, on cherche à uniformiser l'Humain. Cette uniformisation passe par la généralisation de comportements standardisés de modèles calibrés pour faciliter la naissance de l'open society  où l'idée, les biens, les services et les hommes pourraient circuler sans entraves. Les traditions, les habitudes, les sensibilités, les goûts, les visions du monde doivent s'aligner sur ce modèle unificateur, niveleur. L'Homme de demain doit se débarrasser de ses déterminismes (comme l'a dit un certain Vincent Peillon), de ses "préjugés", de ses attaches séculaires - donc forcément obscurantistes- pour rentrer dans le moule progressiste. Les races ne doivent pas échapper à cette centrifugeuse. En résulte une "mixomanie", une obsession du mélange, une valorisation de la figure du Métis, intrinsèquement progressiste. Ne symbolise-t-il pas l'union des races, n'est - il pas antiraciste dans sa propre chaire ? après tant de guerres et de barbaries dues aux questions raciales - et au complexe de supériorité de l'homme blanc- le salut du monde ne réside - t - il pas dans ce Métis désamorçant tout conflit ? Un paradoxe -encore un - : ce raisonnement pro-métissage relève techniquement d'une vision racialiste du monde. Le Méits, c'est l'aryen du monde moderne.

 

Cette valorisation n'est pas nouvelle. Un pays l'a déjà pratiqué : le Brésil, dès la première moitié du XXe siècle. La jeune république brésilienne émergeant à partir de 1889, un an après l'abolition de l'esclavage, est dirigée par une oligarchie blanche qui a en charge un pays où les noirs, du fait de l'esclavage, étaient majoritaires. Cette situation était quelque peu inconfortable, en effet, la jeune république brésilienne avait une nation à construire et elle voulait le faire sur le modèle civilisationnel dont elle était en partie issue : le modèle européen. Or, comment créer une nation sur le modèle européen avec une population blanche minoritaire ? Pire, cette masse d'esclaves noirs déracinés, pourraient s'avérer dangereuse pour le pouvoir et la stabilité de l’État. Que faire ? Facile ! L'industrie et l'agriculture brésilienne a besoin de bras, et de bras qualifiés ! Or, l’Allemagne, l’Italie, l'Espagne, le Portugal et d'autres pays européens sont en trop plein démographiques, mieux, ce sont des pays industrialisés où la main d’œuvre est expérimentée ! Mieux encore, leur installation permettrait de "blanchir" la population noire (le terme est historique) par le métissage. Et dans le pire des cas, si un métis ne parvient pas à s'intégrer, à devenir blanc, il ne sera pas non plus un noir ! La contradiction interne du métis lui interdisant ou lui rendant difficile toute revendication identitaire, les élites intellectuelles brésiliennes ont donc mis en avant la figure du métis : tout cela se retrouve dans les textes mêmes de ces penseurs. La "démocratie raciale" brésilienne a été un mirage pour beaucoup d'afro-américains, notamment étasuniens, dont un certain nombre immigra vers le Brésil dans l'espoir d'une vie meilleure. Autant dire que la différence entre la ségrégation légale (USA) et la ségrégation de fait (Brésil) est mince et que beaucoup ont déchanté. Fait intéressant, la politique de blanchiment a provoqué l'émergence d'un Front Noir Brésilien (FNB) dans les années 1930, inspiré de l’Hitlérisme, dont le but était de rejeter cette politique, de rassembler les communautés noires brésiliennes autour d'une identité communautaire basée sur la race (malgré une acceptation des métis). Le mouvement disposait même de son propre journal : " la voix de la race" (A voz da raca) et de ses jeunesses organisées sur le modèle des jeunesses hitlériennes. Il dura de 1931 à 1937 (année de son interdiction) mais éclatât en plusieurs autres groupements.

 

Cette page méconnue de l'histoire nous enseigne plusieurs choses :

  • Les blancs n'ont pas le monopole de la lutte politique pour la préservation de leur intégrité raciale.
  • Un État, une oligarchie, peuvent choisir l'immigration comme arme contre son peuple ou une partie de son peuple, ou plus généralement, l'immigration peut être une arme politique d’ingénierie sociale. (L'immigration est positive en France pour la gauche qui y voit un électorat de substitution au vote ouvrier par exemple). De même, la démarche des élites brésiliennes est comparable à celle des élites israéliennes dans les années suivant la chute de l'URSS (politique de rapatriement forcenée des juifs ashkénazes russes pour contrebalancer l'importance numérique des séfarades (juifs arabes) en Israël, voir sur le sujet le témoignage de Marion Sigaut dans "Juifs errants sans terre promise").
  • Le métissage peut constituer une arme oligarchique. Comprenez moi bien, le métissage en lui même n'est rien d'autre qu'une aventure humaine individuelle comme il y en a eu des centaines de milliers dans l'histoire, il n'est pas intrinsèquement critiquable (il n'est ni "bon" ni "mauvais" en soi, il est, point à la ligne). Seulement, le métissage de masse constitue comme l'affirment la plupart des ethnologues comme notamment Claude Lévi-Strauss, un génocide (ou plutôt un ethnocide). Certes, il y a eu des métissages par le passé, mais les conditions actuelles rendent la situation inédite (les possibilités offertes par les moyens de transports et de communications modernes et les logiques du Capital permettent le déplacement de populations en nombre beaucoup trop important pour qu'une assimilation effective soit possible (du point de vue numérique, mais aussi civilisationnelle). Le métis est l'archétype de ce que cherche l'oligarchie mondialiste : un individu déraciné, dont l'hésitation, la contradiction interne désamorce la réflexion identitaire et compromet son enracinement. Bref, un individu malléable, l'idéal du mondialiste. Pire, le métissage promu par les tenants de la diversité à tout prix aboutit en dernière instance à l'annulation des la diversité, à l'uniformisation. En sommes, un seul exemple historique parvient à casser 3 idoles du discours moderne sur les races. Quand le métissage n'est plus un choix individuel mais un programme politique, collectif, il est clairement mortifère.

 

Conclusion

 

Cet exemple démontre une dernière chose, la volonté refoulée par nombre de nos contemporains de préserver l'intégrité de sa race n'est pas mue par le racisme au sens où la masse l'entend habituellement. Cette volonté de préserver sa race dans son corps et son esprit, est mue non pas par une haine, une pulsion de mort nihiliste, mais au contraire par une pulsion positive, créatrice, vitale. S'il prend parfois des formes exacerbées et caricaturales (c'est un signe des temps), cela est du à un manque de formation politique, à la baisse des capacités de verbalisation, mais aussi et surtout au tabou jeté depuis 1945 sur cette question. Une question que l'on aborde pas de front et la tête froide et une question sur laquelle on se passionne, et la passion mène aux excès de tous les types. Des années que l'on refuse à tous les "identitaires" (ou nationalistes) la parole, ou le droit à la respectabilité quand ils s'expriment sur la question, comment garder la tête froide dans ces conditions ? Comment aborder sans donner dans la caricature un sujet dont on a pas le droit de parler ? Défendre ses semblables, les siens à travers sa famille, son métier, sa nation, sa race est une démarche non point haineuse, mais relevant fondamentalement de ce que l'on appelle l' "Amour". Seulement il s'agit d'un amour moins abstrait que l'"amour" républicain, universaliste, tiers-mondiste, qui se tourne volontiers vers le lointain en ignorant le Sdf de chez lui. Il s'agit aussi d'un "amour" enraciné, et il faut le dire, sélectif, discriminant. Cependant, il n'implique nullement de haine de ce qui est "différent". Au contraire, la condition de l'amour véritable de l'Autre (au sens de l'altérité), prend ces racines dans l'amour que nous accordons à nos semblables. Un Homme conscient de ses racines, aimant ses racines, les prenant comme référent ultime au détriment des autres logiciels, est plus à même d'être capable de s'ouvrir à l'Autre.

 

Nous appartenons à une race, un peuple, une culture donnée avant d'appartenir au "genre humain", l'appartenance raciale, culturelle, nationale, conditionne notre rapport au reste de l'humanité, et non l'inverse. Il n'y a rien de haineux à défendre son mode d'appartenance au genre humain. Comment dès lors penser notre rapport au reste du monde sans tomber dans le pur tribalisme, et en échappant à l'universalisme mixophile abstrait ? Comme pour tout, il existe une troisième voie, l'approche différentialiste (illustrée par Alain de benoist, Lévi-Strauss, Henri Lefebvre), selon laquelle l'unité n'est pensable qu'à partir de la diversité. Toutes les différences doivent être préservées, y compris la particularité européenne, au risque de défigurer à jamais notre monde...

 

"Quel est l'objectif ? L'objectif est de relever le défi du métissage. L'objectif du métissage que nous adresse le XXIe. Ce n'est pas un choix, c'est une obligation, c'est un impératif on ne peut pas faire autrement au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables. Nous devons changer, alors nous allons changer. On va changer partout en même temps dans l'entreprise, dans les administrations, dans l'éducation, et dans les partis politiques. Et on va se mettre des obligations de résultats. [...] Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra que la république passe à des méthodes plus contraignantes encore." N. Sarkozy.

 

EST-CE ASSEZ CLAIR ? ?

 

Charles Horace

 

10294507_669079866480040_613596441506163390_n.jpg