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18/07/2022

Au sujet des Yezidis

Papini, Le Diable, IX Les amis du Diable, 55 Les adorateurs du Diable, pp. 196-197, Flammarion (1964)

 

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Il y a encore sur terre environ soixante-dix mille adorateurs du Diable. Ce sont les Yezidis, qui vivent sur le mont Sindyar, dans la haute Mésopotamie. Il s'agit d'une secte hérétique musulmane, qui vénère comme son héros le calife Yezid qui fit mettre à mort le neveu de Mohammed Husaya. Mais le Diable qu'ils adorent n'est pas, comme certains l'imaginent, celui que l'on connaît et que l'on craint dans notre Occident. Le Diable musulman, Iblis, selon les théologiens de l'Islam, se damna pour l'amour exclusif qu'il portait à la pure idée de la Divinité.

 

Selon les livres sacrés des Yezidis – le Livre de la Révélation et le Livre Noir – le Diable est bien un Archange déchu, mais qui reçut ensuite son pardon et auquel Dieu confia le soin de gouverner le monde et de conduire les âmes vers leur transfiguration. Cet ange, que les Yezidis appellent Malak Tawus, c'est-à-dire l'Ange Paon, est donc ministre de la Divinité suprême, un rebelle repenti et pardonné, digne par conséquent de respect et même d'un culte.

 

Ce Diable pourrait paraître, à première vue, diffèrent du Satan du Judaïsme et du Christianisme, mais toute la différence, en vérité essentielle, tient au fait que Dieu lui a pardonné. Or, certains des anciens Pères chrétiens considèrent aussi, de même que les Yezidis, que le gouvernement du monde matériel a été confié à Satan ; et l'un d'eux, Origène, a soutenu que, à la fin des temps, Satan recevra aussi son pardon.

 

Il n'est pas sans importance d'ajouter que les Yezidis vénèrent, en même temps que le Diable, le fameux Hallaj qui fut crucifié à Bagdad en l'an 922 de notre ère, pour sa doctrine de la déification de l'homme par le moyen du pur amour de Dieu.

 

La théorie de la déification de l'homme se rencontre aussi, bien que théologiquement purifiée, dans la philosophie chrétienne, et elle peut trouver facilement sa justification dans l’Écriture. Mais ce n'est que dans la religion des Yezidis trop calomniée, que l'on voit réunis ces deux sommets paradoxaux de la foi : que le Démon redeviendra ange et que l'homme deviendra semblable à Dieu. Ces prétendus « adorateurs du Diable », qui adorent au contraire le pardon de Dieu et la divinité de l'homme représentent un des plus hauts témoignages de la conscience religieuse.

 

Malgré cela, leur nombre ne cesse de s'affaiblir, et c'est à peine si l'on parle d'eux comme d'une étrange curiosité locale de l'Asie déchue et superstitieuse.

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