La grande trahison métapolitique de la Droite – Première partie : Remise en contexte et introduction (18/03/2023)
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« Temps prodigieux où nos pères n’avaient plus qu’à nous suivre, où, partout, des jeunes aux yeux de loups, aux dents de loups, se dressaient, bondissaient, gagnaient, se préparaient à changer le monde… » Léon Degrelle
L'essai que nous allons vous présenter en plusieurs articles est, au départ, la troisième et dernière partie d'un « roman-essai » De la Fidélité – Journal d'une trahison, à paraître dans un avenir incertain.
Une succession de prises de notes qui demanderont certes des corrections et une remise-en-forme pour devenir un essai à part entière mais que nous tenions à partager à nos lecteurs depuis notre exil en désillusion. Nous nous excusons par avance pour nos éventuelles répétitions, imprécisions ou formulations hasardeuses.
Ce qui est donc devenu, par la force des choses, un essai à part entière est la synthèse d'une décennie de réflexion autour des grandes idées qui traversent les avants-gardes radicales et les stratégies métapolitiques déployées par ce qu'il convient d’appeler la « Droite » ; la Droite avec un grand « D » – bien que la plupart des avants-gardes rejettent le clivage Gauche/Droite.
Nous employons le terme de « Droite » par défaut, comme l’employait Evola et comme la situait Parvulesco, mais, fondamentalement et dans l'absolu, nous ne sommes pas « de droite ».
Non que nous ne voulons en être par coquetterie révolutionnaire ou radicalité excessive mais nous en sommes exclus et nous l'acceptons volontiers. Nous autres, eurasistes, sommes considérés être à l'extrême gauche de l'extrême-gauche par les droites-extrêmes et à l'extrême droite de l'extrême-droite par les gauches-extrêmes ; par tous les extrêmes-centres, car nous sommes, contre notre volonté et à notre corps défendant, inclassables.
Et, par cette « exclusion », nous comprenons que la Droite, pour qui élaborer une nouvelle théorie politique qui transcenderait toutes ses parties semble hors-sujet, n'existe pas ou que pour une catégorie de penseurs bien précise qui se sont arrêtés à la « contre-révolution » ou, au mieux, à la « révolution conservatrice ». Mais cette situation semble convenir à ceux qui s'en revendiquent, bien installés dans le ronronnement d'un moteur au point mort... Cela va du « conservatisme » au « prométhéisme », avec tous les particularismes royalistes, nationalistes, souverainistes et européanistes, dans toutes leurs variantes, qui composent la « Droite », ce que cela suppose sans rien proposer de renaissance idéologique et renouveau doctrinale : de grand « isme » qui s'impose à l'Histoire. Nous ne ferons pas la liste de toutes les chapelles idéologiques que compte la Droite et qui sont chacune les gardiennes d'une « sainte-relique ». Tantôt réactionnaire tantôt révolutionnaire, tantôt extrême à l'économie tantôt radicale à l'excès, la Droite vous dit donc : « à toute à l'heure ». Nous proposons à la « Droite » de se définir et d'elle-même se situer. Demain peut-être...
Nous parlerons dans cet essai des droites « identitaires » et « alternatives », des avants-gardes « conservatrices » et « révolutionnaires ». Les divers droites politiciennes ne sont pas notre sujet et le spectacle politicomédiatique de la marchandise démocratique ne nous intéresse pas. Nous sommes « eurasistes » et avons une « vision impériale » du monde, mais si nous devions nous référer à une droite française nous serions par défaut « royaliste », puisque les royalistes sont les derniers à contester la démocratie et la république, à rester fidèles à quelques principes traditionnels et à la Chrétienté en tant que continuité civilisationnelle concrète.
Nous n'avons pas besoin de préciser que nous sommes, de fait, « européens » et que notre mot d'ordre est « Europe d'abord ! ». Nous n'opposons pas « spiritualité païenne » et « religion catholique » puisque nous restons fidèles à l'identité et aux traditions de nos ancêtres et de nos anciens. Nous n’effacerons pas 2000 ans de Révélation christique pour faire plaisir aux néo-païens de la même manière que personne ne nous fera renier 30000 ans de traditions européennes – par définition « païennes » ou « pré-chrétiennes » – sur lesquels l’Église a fondé ses temples, son culte des Saints, etc. Pour nous, opposer paganisme et christianisme en 2022 dans un monde déspiritualisé et séparé du Sacré est contre-productif, nous aurons l'occasion d'y revenir.
Lorsque nous parlons d' « exclusion », nous ne parlons pas de notre exclusion en tant que personne – ce qui aurait peu d’intérêt –, nous parlons de l'exclusion des références traditionalistes en matière de réflexion métapolitique que seuls les penseurs « eurasistes » semblent articuler pour renouveler la pensée conservatrice et en venir au « sujet radical » contre tous les travestissements du Libéralisme. Nous ferons immédiatement remarquer l'occultation de l’œuvre de Jean Parvulesco, prophète de l'Eurasisme, qui en dit long sur les limites que s'imposent les penseurs conservateurs en terme de réenchantement des idées. Une lecture croisée de Jean Parvulesco et de Guillaume Faye nous semble un exercice nécessaire pour suractiver le renouvellement de la pensée euro-sibérienne. Une lecture croisée d'Alexandre Douguine et de Robert Steuckers nous semble également nécessaire pour le développement d'un « Eurasisme européen ».
Dans le même ordre d'idée, nous ne refusons pas le clivage Gauche/Droite par facétie, pour nous poser en dissidence, c'est lui qui se refuse à nous et, courtois, nous acceptons ce refus et fin de non recevoir à nos avances ; nous sommes objectivement « exclus » et « inclassables ». Et nous ne le sommes pas pour parodier le simulacre d'élégance que se confectionnent d'allure les dandys littéraires. Les héritiers d'une bourgeoisie qui se rêvait noblesse et aristocratie qui incarnent le style « fin de race » dans les éditoriaux en costume de leur entre-soi qui pue l'hospice et l'arrogance. Nous ne sommes pas de « Droite » parce que ses valeurs actuelles et son politiquement incorrect ne nous ressemblent pas, ne nous représentent pas. La Droite n'a aucune identité politique, elle est transgenre. Des beaux draps aux beaux tissus. Mais toujours les mêmes mensonges.
De la même manière que le clivage Gauche/Droite se refuse à nous, nous rejetons radicalement le ni-ni politique du « ni Gauche ni Droite ». Ce point sera préciser plus loin.
Nous ferons, sans fausse modestie, amende honorable concernant ce qui, dans notre essai, pourrait malencontreusement apparaître pour affirmatif ou injonctif. Nous émettrons l'idée que si nous avons mal compris, c'est peut-être que l'on nous a mal expliqué et sans doute que nous avons mal entendu. Si nos incompréhensions ne sont le fruit que d'un malentendu, nous nous réjouissons que tout le monde comprenne ce qu'est la Droite à part nous et espérons que l'on nous réponde pour que nous puissions enfin comprendre... Considérez que nos affirmations et injonctions sont autant de questions.
Il faudra donc à nos lecteurs potentiels remettre cet essai dans son contexte initial. Celui d'un roman qui combat l'essai, d'un roman qui combat le roman, d'un roman qui combat l'écriture. D'un chaos qui combat le logos pour le sauver de lui-même puisqu'il ne peut lui-même se sauver. Un roman qui parle de notre démarche militante à l'aune de nos aventures intérieures, de notre volonté de passer à autre chose ; à une autre forme d'écriture... et où nous prenons, entre les lignes, toute la part de nos échecs personnels et collectifs, de nos faiblesses et maladresses. Une « chanson de geste » métapolitique, un « lais » eurasiste. L'histoire d'un homme qui chute et se blesse, qui se relève et qui boîte, qui réapprend à marcher et se redresse, qui tombe, qui arrive en retard au carrefour de sa vie et qui, enfin arrivé au grand croisement, n'a d'autre choix que de franchir la ligne, d'emprunter le sentier perdu du rêve pour retrouver la voie de l'existence... car le retard provoqué par les actes manqués est un aperçu de la mort. D'une mort joyeuse et mélancolique qui désormais nous accompagne fidèlement et amoureusement sur les chemins de la connaissance du Soi vers la destination finale où nous avons tous rendez-vous.
« L'horizon forestière de la verte demeure reprenait son souffle à mesure que le Soleil se levait et dissipait la brume. Le frisson du matin dévoilait les mystères de la montagne. Premier réveillé, je suis sorti de la sapinière qui avait chaleureusement accueillie nos rêves et j'ai ranimer le feu de camp. Et c'est là que j'ai rencontré la grande dame. J'étais en face du Mont-Blanc. Cela fait longtemps que je n'ai foulé l'humus de la belle au bois dormant, fleurer l'humidité de son feuillage, découvert la roche claire, entendu le chant du ciel. Revoir la pudeur déshabillée du temps s'épanouir, et mourir. Le Mont-Blanc m'attend, je le sais. »
Comme nos lecteurs habituels l'auront remarqué, la trentaine d'essais ; de rapports métapolitiques, que nous avons rédigé cette dernière décennie, à l'attention des militants et des avants-gardes, ont tous disparu de notre blog.
Les différentes corrections, remises-en-forme et mises-à-jour de nos travaux ont été retardées ou perdues à cause de divers problèmes d'ordre technique, abandonnées à cause de raisons pratiques et personnelles. Nous parlons de centaine d'heures de travail qu'il nous faut reprendre, de milliers de pages de prise de notes dans lesquelles il nous faut remettre de l'ordre... Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs et ferons le nécessaire pour une remise-en-ligne ; un jour peut-être et sans doute jamais. Nous essayerons ici de dégager les grands thèmes que nous abordions dans ces différents essais et qui ouvraient des pistes de réflexion, sans nulle autre prétention que de mettre l'accent sur ce qui nous apparaissait comme des « angles morts », et bien morts, de leur belle mort.
Nous ne croyons pas à la seule force de la réussite personnelle et de l'exemple individuel ni aux projets collectifs et à la reconquête massive de l'opinion publique, pas plus que nous ne croyons à la possibilité d'influencer les multitudes anonymes connectées par la « réinformation » ou la « guérilla culturelle », ou encore au « survivalisme communautaire ». Tout ce qui serait de l'ordre du quantitatif, nous le rejetons. La fraternité et les solidarités artificielles entre des anonymes, pseudos, avatars et autres trolls : ça n'existe pas ! Quand bien même il ferait temporairement « communauté ». Les réseaux-sociaux provoquent des effets de loupe et les entre-soi sont autant de cours des miracles. Et quand on ferme les écrans superposés de la grande hallucination, on ne peut que constater le néant, la réalité diminuée, ce qui reste d'hypnose...
Il y a le centre et la périphérie. Nous sommes aux confins de la périphérie, en bordure du dernier confins, au bord de l'abîme.
Nous croyons à la volonté d'un petit nombre de se préparer à prendre le contrôle, de maîtriser les événements par une action souterraine quand le Chaos viendra, lui redonner un second souffle quand il s’essoufflera – « Risquerons-nous à bout de souffle un souffle de plus ? ». Nous croyons à la capacité des avants-gardes de devenir une seule et même avant-garde, une seule et même stratégie, un seul et même terrorisme métapolitique qui ne commente pas l'actualité mais la commande. Qui ne parle pas. Une seule et même tragédie... Les portés disparus de la Nuit que l'on aperçoit les nuits de pleines lunes car ils sont plus noirs que la Nuit. Faisons rougir les ténèbres et pâlir l'obscurité que les ombres nous fuient. Ils ne verront que nos yeux et ça sera leur dernière vision. Faire silence et disparaître. Le goût du secret, de la vie, de l'amour.
Morts pour Europe !
Blonde sauvageonne aux yeux verts des Siciles éternelles. Brune ougrienne aux yeux bleus des Laponies qui bordent ciel. Noire prussienne aux yeux ambres des Livonies aux peaux de miel. Rousse kièvienne aux yeux bruns des Celtides charnelles. Blonde apollinienne aux yeux gris des Cythères immortelles... Morts pour Aphrodite, Vénus, Cliodhna, Freyja... Pour Artémis, Diane, Arduinna, Skadi... Pour Athéna, Minerve, Belisama, Snotra...
Morts pour Marie, pour la Sainte-Trinité et Notre-Dame !
« Vénérable déesse, qui aime les ténèbres... visible et invisible.... Dont toutes choses émanent, car tu donnes des lois au monde entier, et tu commandes même aux Parques, souveraine de la nuit ! »
Tombés pour le Soleil invaincu et sa Belle endormie ; Dame céleste des braves. J'irai lui donner « Fier baiser » au tombeau du Graal retrouvé, comme un trouvère éperdu lui chanterai l'Amour. Car l'Amour c'est la mort !
« Sur le plan de l'esprit, il existe quelque chose qui peut déjà servir de trace aux forces de résistance et de renouveau : c'est l'esprit légionnaire. C'est l'attitude de ceux qui surent choisir la voie la plus dure, de ceux qui surent combattre tout en étant conscients que la bataille était matériellement perdue, de ceux qui surent convalider les paroles de la vieille saga : « Fidélité est plus forte que feu », et à travers lesquels s'affirme l'idée traditionnelle qui veut que ce soit le sens de l'honneur ou de la honte – et non des petites mesures tirées de petites morales – qui crée une différence substantielle, existentielle, entre les êtres, comme entre une race et une autre race. » Julius Evola, Orientations, Point 3, pp. 46-47, Pardés
Les analyses politiques et critiques du système médiatique sont impuissantes, infécondes, stériles. Tout ce qui devait être dit sur la crise du monde moderne et le déclin de l'Occident, la faillite des élites et la servitude volontaire, l'ingénierie sociale et la psychologie des foules, la propagande et le spectacle de la marchandise, l'immigration-invasion et le grand remplacement, la convergence des catastrophes et l'effondrement des sociétés complexes, qui sont autant de causes et de conséquences d'un long pourrissement de la civilisation européenne, a été dit. Nous ne le dirons pas mieux que nos prédécesseurs et ne prendrons pas le pouvoir par les voies démocratiques !
Où est le pouvoir ?
L'ennemi, le grand adversaire, a compris que si nous ne pouvons le désigner nous ne pouvons le combattre et sa plus grande ruse est de faire croire qu'il n'existe pas. Nous dînerons donc avec lui avec de longues cuillères tandis que les premiers invités à sa table ne remarquent pas la chaise vide. Mais l'hôte est bien là.
« (...) Avec Vladimir Dimitrijevic, dans le sous-sol conspiratif de la librairie de l'Age d'Homme, rue Férou. Il me fait part d'une troublante vision qu'il a eu il y a quelques jours à Martigny en Suisse, lors d'une exposition d'icônes russes présentée par Vladimir Volkoff à la fondation Pierre-Gianadda. Cela avait commencé par un malaise ; une nausée l'avait submergé quand il s'était remémoré la relative inutilité de « tous nos combats, toutes nos activités actuelles ».
En face de la Bête qui se dresse devant nous, immense, remplissant les cieux de ses tumultueuses ténèbres, nous ne faisons rien d'autre, disait-il, que l'agacer indéfiniment par des petites banderilles, alors que le moment de l'estocade décisive a sonné depuis longtemps déjà ; tous nos efforts actuels sont donc aussi dérisoires qu'imbéciles, et le plus souvent le produit d'une manipulation menée par l'ennemi lui-même, pour faire diversion ; parce qu'à présent ne compte plus que le coup final, l'épée placée directement dans la grosse veine du cœur ; la mort immédiate, fulgurante. Et personne – aucun des nôtres – ne s'avisait d'y penser, tenus, par le terrifiant travail hypnotique de la Bête, par l'embrassement hallucinatoire de son regard. « Le commandement du moment présent : la Bête, il faut la frapper à mort. » » Jean Parvulesco, Un retour en Colchide, Nous sommes déjà en Colchide, tout en n'y étant pas encore, pp. 109-110, Guy Trédaniel Éditeur
Car il serait pratique et confortable de penser agréablement, de se satisfaire de représenter une opposition au système politicomédiatique, de se donner supplément d'âme et grand frisson, de fanfaronner, avant même de nous remettre en question par auto-proclamation du bien fondé de notre bien fondé ; le bien fondé d'un « autre camp du bien », d'un « autre système politicomédiatique » pour d' « autres troupes d'occupation mentale », que nos empêchements et incapacités ne sont le fruit que de manipulations et subversions extérieures aux avants-gardes de l'esprit qui sont, par définition, le cœur ardent de la révolte que nos cercles, groupes et mouvements contiennent et que toutes les agences au service de la Bête travaillent discrètement et occultement au corps. Mais nous sommes d'abord divisés entre nous et en nous-mêmes divisés, auto-diabolisés, les différentes agences de subversion ; de division et de diabolisation, n'ont pas grand chose à faire d'autre que d'agiter les chiffons rouges et les drapeaux noirs...
Est-ce que nous contenons ce feu contre le monde postmoderne comme on retient sa colère ou est-ce que nous l'emprisonnons dans nos désespoirs ?
Des hideux désespoirs déçus, ou déceptions désespérées, dissimulés derrière le masque d'espoirs vitalistes et natalistes qui cachent le visage d'une lassitude et d'un suicide qui ne disent pas leur nom : Civilisation. Des espoirs et enthousiasmes habillés en conservatisme ou transhumanisme pour l'occasion, en habit du Dimanche, mais nous ne nous rendons pas à une communion ni à un baptême, ce sont à des funérailles que nous assistons !
Ils viennent déguisés comme pour le carnaval ou apprêtés comme pour un mariage... Ne voyez-vous pas qu'il s'agit d'un enterrement ? Et pas un enterrement de vie de garçon où vous trouveriez encore l'occasion de faire la fête. Celui d'un vieillard. Nous pourrons rire et danser après l'enterrement, mais pas pendant la messe. C'est la veillée funèbre. C'est l'heure du recueillement : la civilisation occidentale est morte. Qu'elle repose en paix. Fermons-lui les yeux et déposons un bouquet de roses rouges sur sa tombe et honorons la en restant fidèles à ses principes mais acceptons sa mort. Une petite fille naîtra qui s'appellera Europe. Car aux enterrements succèdent mariages et naissances.
Le système tremblera lorsque que nous disparaîtrons des réseaux-sociaux, ne participerons plus au débats, refuserons de réagir à la bêtise pour créer le réel. Dans un monde bruyant, le silence est notre dernière arme. Imaginez qu'ils ne se retrouvent qu'entre eux et face à eux-mêmes, que, tout à coup, nous les privions de leur sac de frappe : parce que nous ne sommes que ça. Nous sommes les souffres douleur de psychopathes et de pervers. Internet est un asile de fous et seule la folie a sa place dans ce monde virtuel uniquement et exclusivement matérialiste dont le virtualisme est l'aboutissement. Toute tentative de poésie y est systématiquement détruite. Et si nous leur laissions le virtuel pour retourner au présent, au seul réel ? Mais nous le ferons pas, et nous perdrons : nous avons déjà perdu.
Nous entendons parler de « sécession », la bonne blague, collection automne-hiver des modes métapolitiques, mais là est la seule sécession : la sécession de toutes activités métapolitiques virtuelles pour un retour du politique dans le monde réel. Mais nous sommes effrayés par cette simple idée, nous sommes dépendants, drogués au virtuel, au superficiel et à l'artificiel, il nous faut notre dose. Nous ne voulons pas être libres. Nous trouverons toujours une petite excuse pour y aller encore un peu, une dernière fois... Dés qu'un des nôtres à une autre activité que celle de la pratique du virtuel, il ne peut s'empêcher de la virtualiser et d'en faire part sur les réseaux-sociaux, toute autre activité que celle du virtualisme devient exceptionnelle. Pendant des mois, nous n'étions pas présents sur les réseaux, nous lisions et écrivions, vivions parmi les ombres, mourrions aussi un peu, venions de temps à autres observer silencieusement ce qu'il s'y passait, et nous avons vu toutes les névroses postmodernes s'exprimer, la solitude et la détresse des nôtres, l'assuétude à la plus puissante des drogues qui ne fut jamais inventée et que nous nous injectons tous les jours. Le plus grand tabou se dressait devant nos yeux et nous ne le voyions pas, il suffisait de prendre du recul, d'y êtes forcés. Nous sommes dans le déni, réel et virtuel se sont hybridés pour former une seule et même réalité où la part de vérité spirituelle ne peut avoir sa place et ne l'aura jamais.
La génération Internet n'a rien connu d'autre que ce mélange de vrai et de faux. En dehors de quelques exceptions qui ont découvert la politique, le traditionalisme, la religion « grâce à internet », la majorité suit le flux global du grand spectacle du divertissement et de la marchandise.
Ce que nous observons c'est que la métapolitique rigolarde du troll et du mème reflète une angoisse et ne remplit son rôle de catharsis qu'à moitié. D'une « catharsis » au service du statu quo, qui est de l'ordre du soulagement par un « autre divertissement ». Un divertissement froid qui n'est que le masque hilare de notre impuissance. Le divertissement à en mourir.
Le système politicomédiatique globaliste, dont nous faisons l'erreur d'analyser sa toute puissance comme de la suffisance ou de la médiocrité, a trouvé dans la réinfosphère sa partenaire idéale et ceux-là ont fait pleins de petits. La servitude volontaire des multitudes anonymes connectées à l'actualité, aux formats et aux écrans superposés du grand spectacle de la marchandise, fournit toutes les datas nécessaires qui permettent à la Gouvernance de renforcer sa résilience, de perfectionner son ingénierie psychosociale cybernétique et d'augmenter sa « puissance de calcul » grâce au cerveau global formé par « Internet » : la mise en réseau de nos ordinateurs, tablettes et smartphones offre au système cybernétique la grande triangulation de nos cerveaux connectés, nos âmes ainsi pourchassées dans le moindre recoin de notre esprit. Il n'y a plus de refuges, de recours aux forêts, nous sommes déjà dans le Métavers de la réalité diminuée. Nous fournissons gracieusement au système toutes les informations sur nos stratégies pour le « pirater » ou en « prendre le contrôle ». Nous travaillons actuellement pour le forum de Davos.
La démocratisation d'internet fut le plus grand événement du XXIe siècle. Cela a radicalement changé les théories classiques de l'information, de la propagande et de l'art de la guerre, et nous y avons vu une aubaine métapolitique alors que c'était une cuisante défaite ; à se brûler les doigts sur les claviers de l'Enfer. Une mise-à-jour s'impose ! La révolution en promotion, la révolte à moitié prix. Nous en sommes restés à Gramsci, Orwell, Huxley... alors qu'Internet est finalement l'arme militaire ultime, l'arme de destruction massive des esprits, l’outil chirurgical de toutes les opérations subversives et l'instrument de la contre-initiation permanente. Mais les avants-gardes sont fascinées et hypnotisées par cette technologie au service du système diabolique des écrans superposés, organe d'une propagande épileptique, d'une ingénierie psychosociale cybernétique où nous ne jouons qu'un rôle analogique et numérique d'ajustement des paramètres globalistes.
Nous affirmons qu'Internet et les réseaux-sociaux sont le lieu de l’internement, de l'expression invisible de tous les résidus psychiques dont nous ne sommes que les avatars, les véhicules anonymes d'influences infrahumaines et démoniaques auxquelles nous donnons un corps virtuel au service de l'Intelligence Artificielle, si ça n'est sa préfiguration archétypale, qui n'est autre que la parodie de l'Esprit. Le goulag de nos âmes enfers ouverts et à guichets fermés, verrouillés.
Maintenant que Dieu et diable sont morts, ne reste que le néant. Nous sommes possédés par la machine dans son expression la plus maléfique. Le « prince de ce monde » a perdu le contrôle, ses plus fidèles disciples ne croient plus en lui, et sa colère abandonnée, d'avoir perdu d'avance sur tous les plans, va produire un retournement inattendu de l'Histoire, une surprenante alliance du Sacré et du profane, de celui qui n'a d'autre choix que le repentir sincère pour continuer à jouer son rôle céleste. Le grand déshérité, le profanateur, car c'est bien à lui qu'a été confié le destin de la terre et de l'humanité qui lui est aujourd'hui confisqué par des forces qui ne supportent plus aucune idée de bien et de mal, ne peut que retourner au créateur qui l'a déjà pardonné pour recouvrir son trône et maintenir l'équilibre. Prions pour sa rédemption. Le déchaînement des puissances dans l'invisible va provoquer des événements inédits dans le visible et l’humanité va se retrouver face à elle-même. Homo-mythologicus face à homo-deus. L'homme-dieu face à sa création.
« Tout catholique, soumis à l’Église enseignante, doit croire que les hommes sont prisonniers et esclaves du Diable, que la terre est le royaume de Satan. Durus est hic sermo, mais il ne laisse aucun échappatoire : qui ne croit pas fermement être sujet et serviteur du Diable ne peut se dire catholique.
Car notre assujettissement, notre esclavage n'a point été effectivement aboli par la Rédemption. (…) Après la venue de l'Homme-Dieu ont été rachetés, libérés, ceux-là seulement qui sont en union intime avec le Christ (…) combien s'en trouve-t-il qui ne sont chrétiens que de nom, ou de pure forme ? (…) cèdent aux mirages et aux tentations de Satan. (…) très rares, même parmi les chrétiens, sont ceux qui parviennent à conserver la vertu de la purification baptismale. (…) La conséquence est, qu'aujourd'hui encore, la presque totalité du genre humain – tous ceux qui n'ont pas acceptés le Christ – et la plupart encore de soi-disant chrétiens, est esclave et prisonnière de Satan. » Papini, Le Diable, La nécessité de connaître le Diable, Le Diable maître des hommes, pp. 22-23, Flammarion (1954)
« Le péché satanique par excellence est l'orgueil, la présomption, l'arrogance. Or, nous voyons tous les jours des hommes qui prétendent donner un fondement à l'univers grâce à quatre concepts ou à quatre formules ; des hommes qui proclament avoir conquis, avec leurs machines, les attributs divins ; des hommes de peu de cervelle et d'esprit médiocre qui s'arrogent le droit de dominer et guider les peuples et les nations, et qui les conduisent, avec une vanité stérile, à l'esclavage et à l'extermination ; des hommes sans générosité de sentiments ni profondeur de pensée, qui se posent maître de poésie, de philosophie, de morale et de politique. Si le Diable est orgueil, nous sommes tous, plus ou moins, diaboliques.
(…)
De quelle façon pouvons-nous donc entreprendre notre révolte contre Satan ?
(…)
Détester le Diable ne suffit pas. Le défense contre le Démon se montre de plus en plus vaine, de plus en plus faible.
Alors, que faire ?
(…)
Si les hommes ne sont pas capables de se transformer en anges, il est nécessaire que Lucifer redevienne lui-même un ange. Si les hommes sont incapables d'une conversion effective et totale, nous ne pouvons compter que sur la conversion de Satan.
Mais une pareille conversion est-elle concevable ?
(…)
Dieu pourrait obtenir cette conversion, mais une conversion imposée par le Ciel serait en contradiction avec la liberté que Dieu a concédée à ses créature.
Or les hommes, que Dieu même a invités à collaborer à la Rédemption, ne pourraient-ils pas à faire quelque chose pour la rédemption de Satan ?
Chaque jour, les chrétiens se tournent vers Dieu pour lui demander de les « délivrer du Malin »., mais personne ne pense que cette délivrance ne peut venir de Dieu seul. Peut être est-il nécessaire que le corps mystique du Christ s'offre en victime pour le salut de Satan même et, par une conséquence naturelle, pour le salut de tous ? » Papini, Le Diable, Le Diable et les hommes, La révolte contre Satan, pp. 185-186, Flammarion (1954)
Nous autres, cœurs sauvages et farouches de l'Empire eurasiatique de la Fin, louvoyants dans la Nuit, nous en appelons au Chaos.
Le Chaos, ça n'est pas les ténèbres. C'est le moment métaphysique et cosmique où la Lumière commence à percer l'obscurité ; où le vide féconde le néant et où les premières formes du vivant apparaissent. Le Chaos est la condition primordiale à la création de quelque chose de nouveau, l'élément principiel et co-créateur du présent « toujours déjà présent », du présent en ce qu'il est vérité infinie et réalité éternelle. Seulement ensuite viennent le logos – l'information, le discours, la propagande – et l'ordre – l’organisation, la civilisation – qui reflètent les qualités de l'Esprit dans les principes métaphysiques primordiaux et la matière première.
« Le Sujet radical qui fait le choix de suivre le Divin, dévoilé dans son âme/conscience au moment de sa naissance dans le Chàos, lors de la première catharsis qui l'a conçu au préalable, sous l'effet de la lumière divine aveuglante, ainsi que des consolations spirituelles et des visions métapolitiques qui le confirment dans le choix qu'il a fait, voit aussi les ténèbres de sa nature, la zone d'ombre de son être, la pollution des vices capitaux à travers sa personne et sa personnalité.
La lumière du Divin éclaire et aveugle et, dans cette obscurité chaotique, le Sujet radical voit la substance fragile dont il est fait, le masque qu'il a lui-même placé sur le visage de sa vraie nature où, s'adorant lui-même comme Narcisse, il a construit un royaume égocentrique de faussetés et de croyances déformées qu'il croit lui-même, dont il s'est convaincu et dont il a convaincu les autres. Ainsi, la vision initiale du caractère fallacieux de sa propre nature, la prise de conscience de l'obscurité impliquant le corps, l'esprit et l'âme créent comme réponse différentes dynamiques intérieures de type égoïste, du rejet d'une telle vision et prise de conscience négatives à la recherche exclusive de consolations spirituelles, de la lumière du Divin sans l'ombre de sa propre nature contaminée que l'on ne tolère pas de voir. » René-Henri Manusardi, Le sujet radical, le masque et la chute des dieux, Euro-synergies
Nous attendions, fidèles d'Amour, dans la patience étouffée d'un feu qui couve, les premières étincelles qui raviveraient la flamme, mais les porteurs de flambeaux n'allument que les bûchers de vanité et des petites différences. Le grand feu johannique de la Quatrième théorie politique n’éclaire que quelques âmes qui brûlent et les printemps s'achèvent dans l'odeur des pétards mouillés et la fumée chimique de barbecues réactionnaires.
« Porteur de lumière » dites-vous ?
Notre ennemi est le Libéralisme, le postmoderne, le globalisme. Notre adversaire est le complotisme, le prométhéisme, l'occidentalisme.
Nous attendons l'épreuve du feu et notre front est rouge encore du baiser de la Reine.
Vive l'Empire !
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