Atlantide (Drieu la Rochelle) (02/03/2025)

Drieu la Rochelle, Le jeune européen, Écrits de jeunesse, Atlantide, pp. 57/58, éditions Bartillat

 

61HshqcdHRL._SL1278_.jpg

 

Atlantide, ressuscitée des eaux, ressurgie de ton Océan.

Destinée mystérieuse qui s'engrène dans la machination prodigieuse du fer extraite peu à peu du néant.

Là l'homme, là le plus dur ennemi de la nature.

Il forge hâtivement l'énorme outil de sa rancune.

Contre la matière la matière.

Contre la matière malveillante : broussailles malignes, minerais abstrus, chimie lascive et trouble

la matière fondue, forgée, articulée, disciplinée.

Ce sacré univers où il fait noir comme dans un four, il ne blague plus sous nos marteaux-pilons.

Mais le maître ne s'épuise-t-il pas à nourrir ses esclaves voraces ?

Ils dévorent tous les matériaux.

L'homme arcbouté aux leviers, pressant un bouton ici et là use son temps à servir les brutes fragiles qu'il a dressées à la chasse des atomes.

Cette force qu'il ploie lui échappe.

Les machines lâchées broient tout.

Le pouvoir créateur leur est défendu.

La beauté ne peut sortir de leur étreinte.

Les mains seules du maître.

De ses mains seules l'homme peut former la matière mais il ne peut transmettre son pouvoir aux forces qu'il a domestiquées.

Les forces transfuges qui sont au service de l'homme ne savent que massacrer les forces rebelles.

Jadis les pierres cédaient émues et fraternelles à l'ébranlement de la lyre sous les doigts. Maintenant c'est la guerre.

La concasseuse claque le silex et tord le claclcaire.

Machines, esclaves brutaux, mauvais serviteurs sourdement hostiles, inhumains.

Ils trahissent l'homme.

L'homme est débordé.

Les machines, démiurges vils sont entre le Dieu et son rêve.

Quel rêve ?

Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | | |